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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

vendredi 27 décembre 2019

399: 'Les petits de Décembre' de Kaouther Adimi

Genre : "Résiste !"

Histoire
2016, Dely Brahim, une petite commune de l'ouest d'Alger.
C'est l'histoire d'un terrain vague situé au milieu d'un lotissement de logements de militaires.
C'est l'histoire d'enfants qui ne veulent pas plier devant le pouvoir corrompu et arrogant.



Impressions
Chronique de la société algérienne des années 80 à nos jours, des stigmates des périodes récente agitées.
Un conte d'apparence légère mais profond dans la dénonciation de la violence de la société algérienne, un monde de lâcheté, corruptions, de duperies.
Un message d'espoir en un avenir plus équitable porté par une jeunesse décomplexée, prête à résister, à l'image de cette nouvelle génération algérienne qui a su s'opposer au cinquième mandat de Bouteflika.

"- Les temps ont bien changé. Depuis quand laissons-nous faire?
- Depuis que le cours du pétrole a dégringolé, que les réseaux sociaux ne nous permettent plus d'empêcher les gens de parler, commenter, dénoncer. Depuis que tout le monde a un téléphone portable avec lequel prendre des photos et des vidéos. Oui, cher ami, les temps ont bien changé et seuls ceux qui le comprennent peuvent survivre."

"Papa si tout le monde ne pense qu'à son petit avenir et son petit confort, comment ferons-nous changer les choses ?"

L'écriture est élégante et efficace, le rythme entraînant. 

Une petite histoire qui peint les remous de la grande histoire de l'Algérie moderne. Élégante, instructive et efficace satire assortie d'une peinture sensible de la jeunesse.

Née en 1986 à Alger, Kaouther Adimi vit désormais à Paris. Après deux premiers livres, L'Envers des autres (prix de la Vocation 2011) et Des pierres dans ma poche, elle connaît un important succès avec Nos richesses (Prix Renaudot des lycéens), paru au Seuil en 2017, évocation du légendaire libraire et éditeur Edmond Charlot.

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Quelques dates de l'histoire d'Algérie

8 septembre 1963 : adoption de la Constitution et instauration d’un régime de parti unique.
19 juin 1965 : coup d'État qui va placer Houari Boumédiène à la tête du pouvoir.
1966 (mai) : nationalisation des mines et des compagnies d’assurances étrangères.
24 février 1971 : nationalisation des hydrocarbures.
7 février 1979 : élection de Chadli Bendjedid président de la république.
1980 (avril) : Printemps berbère pour la reconnaissance de la culture berbère.
1988 (octobre) : émeutes dans le pays qui font plusieurs centaines de victimes.
18 février 1989 : adoption d'une nouvelle constitution instituant le multipartisme.
12 juin 1990 : large victoire du Front islamique du salut (FIS) aux élections municipales.
1991 : début des affrontements entre forces de l’ordre et militants du FIS.
26 décembre 1991 : large victoire du Front islamique du salut (FIS) aux élections législatives.
11 janvier 1992 : démission de Bendjedid et annulation du second tour des élections législatives ; instauration de l'état d'urgence ; dissolution du FIS ; assassinat de Mohamed Boudiaf.
7 février 1993 : prorogation de l’état d'urgence.
1994 : apparition du Groupe islamique armé (GIA).
16 novembre 1995 : élection du général Liamine Zéroual, président de la république.
15 avril 1999 : première élection d'Abdelaziz Bouteflika, président de la république.
8 avril 2002 : le tamazight reconnu langue nationale.
22 février 2019: manifestations nationales contre le 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika. Les manifestations durent plusieurs semaines et se déroulent tous les vendredi.
11 mars: retrait de la candidature de Abdelaziz Bouteflika aux élections du 18 avril 2019 et annulations des élections.
2 avril 2019: démission du président Abdelaziz Bouteflika.


mardi 24 décembre 2019

398: 'Au-revoir là-haut' de Pierre Lemaitre

Genre : histoire de poilus qui se fendent la gueule...

Histoire
Albert était un modeste employé de banque.
Edouard,  issu d'une riche famille parisienne, était un artiste extravagant et doué.
Leur point commun: la guerre 14-18 les a miraculeusement laissés en vie mais leur a tout volé, l'amour, le goût de la vie.
Sauront-ils prendre une revanche sur ce destin ?....




Impressions
Voilà qui me réconcilierait presque avec le prix Goncourt (année 2013).
Un gros pavé, certes, mais le temps a couru et j'ai avalé ce prix en quelques jours ! Gloup :)

Tous les ingrédients d'un Grand livre sont réunis.

Une fresque historique remarquable, extrêmement documentée: la fin de la guerre 14-18, avec ses épisodes de boucherie, de terreur, de sacrifice pour des objectifs absurdes dans un monde de décideurs vénal et sans compassion.
"Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après."

Un  livre de réflexion sur le patriotisme, le courage, la couardise, la loyauté, l'amitié. 

Un roman rythmé, à suspense, scénarisé avec talent (Pierre a écrit de nombreux polars), où l'humour noir est brillamment manié. 

Chronique magistrale, macabre et jubilatoire, triste et drôle. Comme dit par le journal 'Les Echos', un livre qui réconcilie littérature populaire et littérature tout court.


  • Un florilège de prix décerné pour ce roman: prix Goncourt 2013, mais aussi grand prix du roman de l'Académie française, prix Femina, prix des libraires de Nancy Le Point 2013, Roman français préféré des libraires à la rentrée 2013, Meilleur roman français 2013 décerné par le magazine Lire, Prix roman France Télévisions 2013, coup de cœur 2014 de l'Académie Charles-Cros pour sa version livre-audio, Prix Tulipe du meilleur roman français 2014, Premio letterario internazionale Raffaelo-Brignetti 2014



  • Adapté au cinéma par Albert Dupontel



  • Et pour mémoire de ces victimes de l'histoire... Le 28 juin 1919 lors de la signature du traité de Versailles, Clemenceau a exigé la présence d’une délégation de cinq gueules cassées afin que nul n’oublie les ravages de la Première Guerre mondiale. Les gueules cassées rencontrent de nombreuses difficultés de réinsertion après la guerre, pour cette raison sera créée en 1921 l’Union des blessés de la face dont la devise est : “Sourire quand même”.


La souffrance de ces hommes fut non seulement physique mais psychique : privés de la perte d’une partie de leur individualité, empêchés d’exprimer leurs émotions, perçus comme pas tout à fait humains, ils nous renvoient l’image de la précarité de notre condition humaine.

mercredi 18 décembre 2019

397: 'D'après une histoire vraie' de Delphine de Vigan

Genre : équilibre entre fiction et vrai 

Histoire
Après le succès fulgurant de son dernier livre,"Rien ne s'oppose à la nuit" qui est basé sur l'histoire "vraie " de sa mère, l'écrivaine Delphine est assaillie par le doute sur ce qu'elle va bien pouvoir écrire ?
C'est dans cette période tourmentée, qu'elle fait la rencontre d'une femme étrange, L.


Impressions
Comment démêler le vrai du faux ? Une question posée à plusieurs niveaux.

    D'abord celui de l'écriture, en bonne correspondance avec le métier d'écrivain de Delphine, l'héroïne de ce roman. Un roman qui s'interroge sur le rôle de l'écriture -pas très original-
"L'écriture est une arme de défense, de tir, d'alarme, l'écriture est une grenade, un missile, un lance-flammes, une arme de guerre. Elle peut tout dévaster, mais elle peut aussi tout reconstruire."
       Mais, plus spécifiquement pour cet ouvrage, un sujet clé de réflexion tourne autour ce que doit raconter un roman, sur la nécessité ou non de montrer et raconter la réalité pour intéresser voire fasciner les lecteurs.
"J'étais d'humeur maussade quand je suis sortie du café. C'était donc ... vrai, voilà ce que les gens attendaient, le réel garanti par un label tamponné sur les films et sur les livres comme le label rouge ou bio sur les produits alimentaires, un certificat d'authenticité. Je croyais que les gens avaient seulement besoin que les histoires les intéressent, les bouleversent, les passionnent. Mais je m'étais trompée. Les gens voulaient que cela ait lieu, quelque part, que cela puisse vérifier. Ils voulaient du vécu."

Cette attraction vers les frontières entre le vrai du faux s'illustre également dans notre quotidien.
          "Parfois, même, la fiction était tellement puissante qu'elle avait des prolongements dans le réel. Quand j'étais allée à Londres avec Louise et Paul, nous avions visité la maison de Sherlock Holmes. Des touristes venus du monde entier venaient visiter cette maison. Mais Sherlock Holmes n'a jamais existé. On vient pourtant voir sa machine à écrire, sa loupe, sa casquette...


Cette question est aussi le fil conducteur de la composante thriller psychologique de ce récit. Qui est L. ? Une amie ou une ennemie, fictive ou réelle ? Est-elle une femme-miroir qui compose en permanence, s'inspirant des éléments environnants, comme Verbal Kint compose avec les objets du bureau du shérif dans le film "Usual suspects" de 1995.
          "Encore aujourd'hui, j'ignore si L. reproduisait ce soir là des propos qu'elle avait lus ou qui lui avaient été rapportés, ou si elle les avait réellement devinés"

Et enfin, dernière niveau d'interrogation, quelle part d'autobiographique constitue cette histoire ? D'où le titre ...

Le résultat final est un livre que j'ai vraiment apprécié, qui allie une prose agréable, des indiscrétions sur sa soi-disant vie privée (sa relation avec François B. critique de livres à la télévision par exemple), et des digressions sur l'amitié, les enfants, la vie à deux, la féminité.

Roman thriller psychologique assorti d'une réflexion sur l'écriture. Qui embrouille la tête et plaisant à lire.

Prix Renaudot 2015
Adapté au cinéma par Roman Polanski, qui fait beaucoup parler de lui ces temps-ci...

jeudi 12 décembre 2019

396: 'Sauvage' de Jamey Bradbury

Genre : Bloody Alaska 

Histoire
Depuis la mort de sa mère, Tracy Petrikoff vit avec son père et son frère Scott dans une maison isolée dans la nature de l'Alaska.
A dix-sept ans, la jeune adulte rebelle a un besoin incontrôlable de vivre comme un animal. Elle n'existe que quand elle prend soin des chiens de traîneau, fait du mushing, chasse, court dans les espaces enneigés de l'Alaska, relève les collets.
Entourée de l'amour de ses proches, de manière précaire elle tente de se reconstruire, jusqu'à cette agression…

Impressions
Ma chair a vibré de froid et de poésie dans cette forêt de tous les dangers et de toutes les beautés.
L'animale Tracy est une adolescente attachante et énigmatique. Elle s'épanouit dans l'univers rude de la nature sauvage, dont elle a appris les secrets avec sa mère disparue mais toujours très présente dans son cœur, et son père qu'elle vénère. Fantastique par son don de lire dans ce liquide chaud…

Les 8 dixièmes du roman m'ont emporté par sa description de la faune et de la flore des grands espaces d'Alaska, m'ont séduit par la richesse des personnages, -comme le père fort et fragile à la fois, ou Jesse androgyne menteur mais attachant-, m'ont intrigué par son goût de fer comme celui du sang.

Mais je n'ai pas aimé le dénouement, dérangeant et morbide, une fin de roman noir (genre que je n'apprécie pas) qui s'accélère en contraste avec le rythme posé du reste du récit.
Alors on pourra citer que :
"On ne peut pas fuir la sauvagerie qu'on a en soi." Certes ! Mais finalement j'ai été dérangé par cette composante 'thriller' que les 'bandeaux promotionnels' annoncent, citant Stephen King ou les sœurs Brontë.
Cette plongée dans la nature sauvage était souillée par le goût de sang de cette dernière victime qui venait de redonner goût à la vie à cette petite famille…

Titre original 'Wild inside'. De l'animalité des humains. Enthousiasme souillé.

mardi 3 décembre 2019

395: 'Le port de la Mer de Glace' de Dominique Potard

Genre : alpinisme rabelaisien

Histoire
Un bistrot marin est tenu par l'Amiral dans le hameau de Val-Misère, à deux pas de la Mecque de l'Alpinisme, Chamonix. Un vieux loup de mer, Clint Eastwood, parle d'un naufrage sur la Mer de Glace.


Impressions
A mon avis, ce roman plait ou déplaît franchement.

C'est complètement absurde, sans queue ni tête. Et assez machiste aussi, il faut reconnaître.
L'ascension hivernale des Drus est particulièrement farfelue mais pas dépourvue d'une certaine poésie. La succession de repas roboratifs cuisinés en pleine paroi comme une fondue dans son caquelon est truculente...

Après mes 2 lectures précédentes plutôt austères, j'ai apprécié  cette détente sans prétention qui m'a donné soif :)

Farce alpine et culinaire. Loufoque. A votre santé !

L'auteur en a écrit 2 tomes suivants. C'est un best-seller des Éditions Guérin.

dimanche 1 décembre 2019

394: 'L'art de perdre' d'Alice Zeniter

Genre : Une quête d'identité et de réconciliation avec soi 

Histoire
Saga d'une famille Kabyle racontée par Naïma, la petite fille d'Ali, la fille de Hamid.

Impressions
C'est le récit de l'exil forcé d'Ali et ses enfants, avec la perte d'identité et l'invisibilité dans les camps de harkis puis dans un HLM normand, 
C'est l'enquête de Naïma, née en France d'une mère française, qui butte contre la barrière de la langue et de la culture.

Une peinture subtile de l'histoire de l'Algérie depuis les années 30 à aujourd'hui.
Une histoire assez taboue dans la France actuelle.

Beaucoup d'émotions, d'amour, même si il n'est pas exprimé.

"Ils veulent une vie entière, pas une survie. Et plus que tout, ils ne veulent plus avoir à dire merci pour les miettes qui leur sont données. Voilà, c'est ça qu'ils ont eu jusqu'ici : une vie de miettes. Il n'a pas réussi à offrir mieux à sa famille. "

Roman magistral sur les Harkis et ses descendants.


393: 'Le fusil de chasse' de Yasushi Inoué

Genre : tragédie épistolaire en 3 actes

Histoire
Trois lettres adressées au même homme expriment leurs sentiments: amour, trahison, blessure, regrets...

Impressions
Ces trois lettres donnent un éclairage sous des angles de vue complémentaires sur les relations que leur destinataire, Josuke Misugi, a et a eu avec les trois auteures de ces écrits.
Un style dépouillé et une pudeur raffinée, signatures de la culture japonaise, servent à merveille cette peinture qui touche par touche dévoile les dessous du drame qui vient de se produire. 
Shoko, Saïko et Midori successivement tirent à bout portant avec délicatesse dans le cœur de Jusoke...
Quel tour de force que celui de métamorphoser une banale histoire d'adultères en une perle littéraire servie par une langue qui frise la perfection.

"Jusqu'à présent, je croyais que l'amour était semblable au soleil, éclatant et victorieux. à jamais béni de Dieu et des hommes.
Je croyais que l'amour gagnait peu à peu en puissance, tel un cours d'eau limpide qui scintille dans toute sa beauté sous les rayons du soleil, frémissant de mille rides soulevées par le vent et protégé par des rives couvertes d'herbe, d'arbres et de fleurs. Je croyais que c'était cela, l'amour. Comment pouvais-je imaginer un amour que le soleil n'illumine pas et qui coule de nulle part à nulle part, profondément encaissé dans la terre, comme une rivière souterraine ?"

"Même à seize ou dix-sept ans, alors que nous ne savons pas tout à fait en quoi consiste « aimer » ou « être aimée », nous autres femmes, nous semblons connaître déjà d’instinct le bonheur d’être aimées "

Court, dépouillé et terriblement puissant. Un roman virtuose.
Haïku de l'adultère ?

Le Fusil de chasse (猟銃, Ryōjū?) est paru en 1949. 

jeudi 28 novembre 2019

392: 'Le dieu vagabond' de Fabrizio Dori, BD

Genre : épopée graphique lumineuse

Histoire
Après avoir offensé Artémis, le satyre Eustis est condamné à vivre comme un vagabond sur Terre. Pour se libérer de cette condition, il doit rendre service à Séléné, une des sœurs d'Artémis.


Impressions
Ce roman graphique de 150 pages est tout simplement un bijou.
Il réunit:
  • Un graphisme éclatant de couleurs,
  • un univers humoristique et poétique de dieux côtoyant les soins psychiatriques, 
  • des références à Van Gogh et à d'autres artistes majeurs,
  • et des personnages attachants, Eustis, le satyre héros du récit, attachant, le vieux professeur qui cite Homère et Virgile, Léandros à la dent douloureuse, en manque de reconnaissance de sa bravoure.
Et une invitation à un voyage onirique dans le monde de l'Olympe.
En rencontrant Pan, dieu des forêts et des pâturages, Artémis, déesse de l'Olympe et fille de Zeus, déesse de la Lune, soeur d'Apollon, la Lune déclinée selon ses 3 visages:
  • Lune croissante, gouvernée par Artémis
  • Lune décroissante qui revient à Hécate, déesse de la magie, reine des spectres, gardienne des portes et de la croisée des chemins.
  • Pleine Lune sous le règne de Séléné.

En visitant:
- Le Royaume des morts, domaine souterrain du dieu Hadès
- La fabrique des âmes : l'image de l'homme est remise à Ananké, la déesse de la Destinée, qui la plante dans l'âme comme une graine en terre, puis l'âme est plongée dans le Léthé, le fleuve de l'oubli.
Le puits de Thanatos, le dieu de la mort, dans le monde des Invisibles, qui communique avec le puits d'Hypnos, dieu du sommeil, situé dans le domaine d'Arès, fils de Zeus, dieu de la guerre
- Les Portes du sommeil, gardées par les Oneiroi, fils du sommeil et de la nuit, constructeurs des rêves.avec "la porte d'ivoire qui mène aux rêves trompeurs, celle faite en corne aux rêves véritables...
Homère en parle dans l'Odyssée... Virgile également dans l'Enéide."



Thanatos et Hypnos transportant Sarpédon

Thanatos (Gr. Θάνατος; Lat. Mors), personnification de la Mort, et Hypnos (Gr. Ὕπνος; Lat. Somnus) son frère jumeau, personnification du Sommeil étaient les fils de Nyx, la Nuit.

A la poésie s'ajoute un ton désabusé mêlé à de l'humour, à l'image du cabinet du docteur Chiron, psychothérapeute des dieux, médecin spécialiste dans les troubles d'adaptation...


Le dieu vagabond 2


Quel graphisme ! Mélange d'humour et de poésie, une bande dessinée onirique bijou de 150 pages.




vendredi 15 novembre 2019

391: 'J’ai vendu mon âme en bitcoins' de Jake Adelstein

Genre : cyber-braquage de bitcoins en pays Nippon

Histoire
Mark Karpelès, patron français de la société japonaise Mt. Gox, une gigantesque plateforme d’échange de bitcoins basée à Tokyo, est arrêté par la police nippone qui le soupçonne d’avoir détourné 850 000 bitcoins (environ 500 millions de dollars). Comment en est-il arrivé là ?




Impressions

Ce roman fait découvrir ces objets financiers imaginés en 2008, les Bitcoins, et la blockchain associée.

Le Bitcoin (₿, BTC) (de l'anglais bit : unité d'information binaire et coin « pièce de monnaie ») est une cryptomonnaie autrement appelée monnaie cryptographique. Dans le cas de la dénomination unitaire, on l'écrit « bitcoin » et, dans le cas du système de paiement pair-à-pair on l'écrit « Bitcoin ». L'idée fut présentée pour la première fois en novembre 2008 par une personne, ou un groupe de personnes, sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Le code source de l'implémentation de référence fut quant à lui publié en 2009.

Une blockchain est une base de données partagée entre tous les membres d'un réseau qui s'accroît sans interruption et dont l'objectif est l'enregistrement chronologique, immuable et sécurisé des transactions réalisées entre les membres de ce réseau.
Les données sont stockées dans des blocs scellés et reliés les uns aux autres à l'aide d'un processus cryptographique.
Les blocs sont ajoutés les uns après les autres sans qu'il soit possible de changer leur ordre d'ajout.
Chaque membre du réseau détient une copie de la blockchain.


On apprend aussi sur le dark web -la partie cachée du Web-, ou l'expression du mouvement libertarien dans le Web.

"Si la première commande en bitcoins fut pour une pizza, il ne fallut pas attendre longtemps pour que les gens se rendent compte que cette monnaie anonyme était parfaite pour se procurer des armes, de la drogue, des médicaments, des champignons hallucinogènes, des films pornos ultra-hardcore et toutes ces petites choses que vous aimeriez pouvoir acheter et vendre sans que cela se sache. "

Cette enquête tourne autour de plusieurs protagonistes principaux:
  • Mark Karpelès, jeune geek français émigré au Japon,
  • Satoshi Nakamoto, le mystérieux ‘inventeur’ du bitcoin, 
  • Dread Pirate Roberts (dit DPR), le créateur de Silk Road (un Amazon de la dope et des armes, et à peu près tout ce qui est illicite)
Et d'autres intervenants comme Carl Mark Force IV, un agent des stups chargé d’une mission d’infiltration montée par un dénommé Der-Yeghiayan.


Ne vous attendez pas à un récit romancé, ou à un thriller avec un fil conducteur qui vous tiendra en haleine.
C'est factuel, le résultat d'un enquête menée par l'auteur assisté de Nathalie Stucky.

Reportage instructif qui se lit vite. Documentaire mais pas littéraire.

A propos de l'auteur
Installé à Tokyo depuis une trentaine d’années, cet ancien collaborateur de VICE News a été le premier journaliste non-japonais à écrire pour le Yomiuri Shimbun, le plus grand hebdomadaire nippon.




vendredi 8 novembre 2019

390: 'Tokyo Sanpo' de Florent Flavouet, BD

Genre :  "Il paraît que Tokyo est la plus belle des villes moches du monde"

Histoire
Florent a accompagné sa copine en stage de 6 mois à Tokyo en juin 2006.
Six mois pour explorer cette mégalopole en croquant les scènes du quotidien dans plusieurs quartiers, armé d'une chaise pliante et d'une boîte de crayons de couleur.





Impressions
Ce n'est pas un guide Vert ou du Routard, ni une étude sociologique des Tokyoïtes, ni un roman graphique.
C'est un carnet de voyage, illustré de croquis souvent craquants des gens, des immeubles étonnants, d'anecdotes, des objets en vente pour lesquels il collectionne les étiquettes qu'il ne comprend pas... 
Les dessins sont soignés, le graphisme est vivant et animé de détails humoristiques.




L'auteur enrichit ses croquis de nombreuses descriptions, d'impressions personnelles et de réflexions générales. "A mon retour en France, on m'a demandé si c'était bien, la Chine. Ce à quoi j'ai répondu que les Japonais, en tout cas, y étaient très accueillants."




"Un peu spécial le nô.
J'ai pas trop suivi ce qui se tramait, mais à la fin du dernier spectacle, un acteur a balancé plein de petits paquets d'apéro à la foule. Et une dame m'en a donné.
Imaginez André Dussollier jeter des Apéricube à son public."

Je reviens d'un séjour à Tokyo, et la lecture des pages de ce recueil graphique me replonge avec plaisir dans ces quartiers où comme l'auteur j'ai la chance de venir assez régulièrement et d'éprouver énormément de plaisir à déambuler.

Gros coup de cœur. Quel regard d'observation et quel coup de crayon !

Petite suggestion: allez sur son blog 
https://florentchavouet.blogspot.com/

lundi 4 novembre 2019

389: 'Le capital au XXIè siècle' de Thomas Piketty

Genre : des inégalités de la répartition des richesses

Histoire
Thomas Piketty traite de l’évolution de la répartition des richesses dans le long terme et du rapport entre l’accumulation de capital privé et sa concentration. Il s’agit, « au début de ce siècle de tirer de l’expérience des siècles passés quelques modestes clefs pour l’avenir » portant sur l’évolution des inégalités de revenu et de patrimoine tout en sachant que « l’histoire invente ses propres voies » 

Impressions

Il faut un grand élan de courage ou d'inconscience pour se lancer dans ce pavé de presque 1000 pages dans son édition initiale...
Certes l'écriture et les explications sont accessibles pour un non initié à la science de l'économie et du social, mais c'est dans le dur avec de nombreuses références que l'étude est présentée.

Dans le monde de l’enseignement et de la recherche, Piketty se situe avec un certain panache du côté de celles et ceux qui cherchent à résister à l’emprise presque sans faille que les néolibéraux ont établie sur les départements de science économique et sur la section économie du CNRS.

"Il est français, économiste et, selon certains de ses critiques, marxiste. Et pourtant, le pavé de 685 pages qu'il a fait paraître sous le titre Le Capital au XXIe siècle trône depuis mardi dernier au sommet de la liste des best-sellers de la version américaine d'Amazon."


En effet c'est un livre édité en 2013 qui a eu un succès retentissant, surtout en regard de son aridité et de son caractère critique de la pensée dominante des dirigeants et de la sphère des économistes.
Une analyse reposant sur une étude approfondie des données mondiales en impositions et patrimoines qui permet de mettre à plat les dogmes. Et surtout qui met sur la table de manière factuelle les situations paradoxales que les dirigeants s'évertuent à faire paraître comme naturelles et inexorables.

Par exemple les efforts  continuellement demandés en agitant l’épouvantail de la dette publique ...

Il n'en reste pas moins qu'avec une dette publique avoisinant une année de revenu national (environ 90 % du PIB) en moyenne dans les pays riches le monde développé se retrouve aujourd'hui avec un niveau d'endettement qu'il n'avait pas connu depuis 1945. Le monde émergent, qui est pourtant plus pauvre que le monde riche, à la fois en revenu et en capital, a une dette publique beaucoup plus modérée (autour de 30 % du PIB en moyenne). Cela montre à quel point la question de la dette publique est une question de répartition de la richesse, en particulier entre acteurs publics et privés, et non pas une question de niveau absolu de la richesse. Le monde riche est riche ; ce sont ses États qui sont pauvres. Le cas le plus extrême est celui de l'Europe, qui est à la fois le continent où les patrimoines privés sont les plus élevés du monde et celui qui a le plus de mal à résoudre sa crise de la dette publique. Étrange paradoxe."

Ou le mythe de l'autorégulation du système capitaliste pour le bienfait des citoyens grâce à un mécanisme naturel et vertueux...

Mais une conclusion apparaît d'ores et déjà clairement : il serait illusoire d'imaginer qu'il existe dans la structure de la croissance moderne, ou dans les lois de l'économie de marché, des forces de convergence menant naturellement à une réduction des inégalités patrimoniales ou à une harmonieuse stabilisation.

Le fondement théorique en est (p.92-93) une « inégalité fondamentale », pour ne pas dire une loi, qui ne peut être corrigée que par l’action politique et des mesures étatiques. Elle se résume dans la notation toute simple r > g, qui dit que le taux de rendement du capital, lequel comprend les profits, les dividendes et les intérêts nourrissant la rente financière, mais aussi les loyers attenants à la rente immobilière à laquelle Piketty prête fort justement grande attention, est tendanciellement supérieur au taux de croissance. Le constat statistique est que, sur un siècle et demi, le rendement du capital après impôt a été de l’ordre de 4 à 5 % par an, tandis que la croissance moyenne des pays riches a été de l’ordre de 1 à 2 %, conduisant mécaniquement à une concentration toujours plus élevée des patrimoines. 

La lecture du livre section par section est généralement claire et facile, sa structure en rend le maniement ardu et l’accessibilité assez difficile.


Conclusion: une lecture ardue et extrêmement riche. L'auteur conseille son ouvrage plus récent 'Capital et idéologie'.

Thomas Piketty

Directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'École d'économie de Paris, il est l'auteur de nombreux travaux historiques et théoriques consacrés à la relation entre développement économique, répartition des richesses, et conflit politique.

jeudi 31 octobre 2019

388: 'La Sudestada' de Saenz Valiente, BD

Genre : bougon mais pas insensible 

Histoire
Jorge est un détective, désabusé et pas aimable pour un sou.
Le mari de la célèbre chorégraphe Elvira Puente débarque dans son cabinet, persuadé qu’elle a un amant...

Impressions
Coup de cœur.

Je ne connaissais pas cet auteur né à Buenos Aires en 1981 et qui vit toujours en Argentine.
Et quelle belle découverte.

Le graphisme est efficace, gracieux (quelle élégance dans ces dessins de danseuses et danseurs), souligné par des couleurs à l'aquarelle.
Le scénario est dynamique et intelligent, il surprend le lecteur.
Rien d'angélique dans cette enquête de mœurs bien banale, le cynisme et le réalisme prévaut. Les protagonistes de ce récit ne sont pas de jeunes éphèbes, les années ont marqué leurs corps et leurs visages, et ils ne brillent pas par leur charisme (Jorge reconnaît se sentir être 'un connard').

"- Tu sais quoi ? Aujourd'hui il m'est arrivé quelque chose qui ne m'arrivait plus depuis longtemps ?
- Quoi ?

- Je me suis senti un vrai connard..."

Et étonnamment, magie de l'auteur, ce roman graphique nous émeut, la coquille du vieux bougon se fissure et on se sent bouleversé.
Le rythme est assez lent et en même temps de nombreux rebondissements ont lieu.
Comme la fluidité de la danse, où le corps se meut dans des mouvements qui peuvent paraître suspendus dans le temps.


Une très belle bande dessinée, au graphisme efficace et élégant, au scénario solide.
Gros coup de cœur !

Vent sec ou pluvieux, le Sudestada sévit dans une grande partie de la région de Río de la Plata (à cheval entre l'Argentine et l'Uruguay).

(En rédigeant cette chronique j'ai découvert que Télérama avait attribué 3 T à cette BD, 'On aime passionnément'.
Une manga repérée par Télérama à rechercher:
Mimikaki - L'étrange volupté auriculaire.
Comme par hasard, un auteur japonais :)

lundi 28 octobre 2019

387: 'La vie des Elfes' de Muriel Barbery

Genre : les elfes ne piquent pas comme les hérissons mais communiquent avec les lièvres 

Histoire
Dans l’entre-deux-guerres, sont contées les destinées parallèles de deux petites filles : Clara, une prodige du piano qui vit en Italie dans les Abruzzes ; et Maria, qui, dans la campagne bourguignonne, a une connexion hors du commun avec la nature...


Impressions
Warning ! Très surprenant roman de Muriel Barbery édité après l''Elégance du Hérisson', et qui n'a rien de commun.

Loin du quotidien contemporain d'une gardienne d'immeuble parisien, nous voici plongés dans un Monde ancien onirique et merveilleux. 
Si vous n'aimez pas les univers fantastiques (mais pas trop tout de même, ce n'est pas Tolkien), passez votre chemin.
Si vous n'appréciez pas un rythme étiré, aussi.
Et si vous n'aimez pas les descriptions avec de nombreux détails, des tournures de phrase complexes et désuètes,  vous risquez de dire comme les Inrockuptibles: 'On s'en fout.'. 

"Le dîner, composé d’une pintade truffée encadrée d’une terrine de foie et d’un pot-au-feu en ravigote (le tout agrémenté de cardons si bien caramélisés que le jus en coulait encore dans les gorges en dépit du vin de côte), fut un éblouissant triomphe. Quand il finit par s’échouer sur une tarte à la crème qu’on avait servie avec les pâtes de coing d’Eugénie (…)”.

(Quand je relis ces phrases, j'ai l'impression d'assister à une dictée de Pivot !!)

Ou comme Télérama, 'Ampoulé et opaque'...

"Ce qui était certain, c'est qu'elle pouvait parler aux animaux avec une aisance qui s'augmentait chaque jour et de la même façon qu'avec les arbres, cela passait par la capture des ­vibrations et des flux qui émanent d'eux, qu'elle lisait comme des relevés topo­logiques et qu'elle distordait légèrement pour faire entendre ses propres pensées."

Voilà c'est dit. Je l'ai vraiment bien vendu !! :)

Alors ai-je lâché avant la fin ce roman -qui n'est en fait que la première partie avec une suite intitulée 'Un étrange pays'- ? :)



Eh non ! Comme la bernique, je me suis accroché et j'ai apprécié la flamboyance de l'écriture, un plaisir lié à la force des mots, à cette écriture raffinée - parfois tarabiscotée- et bouillonnante d'odeurs, de sens magiques. 
Mais ce fut une lecture 'en biais' pour achever les 100 dernières pages, parce qu'à la longue, la flamboyance stylistique écrantée par un sens confus et des actions très lentes, cela finit par lasser le plus tenace :)
Et, je ne lirai sans doute pas la suite.


Une écriture flamboyante que certains peuvent qualifier de maniériste. A moins d'être un 'addict' des belles phrases, vous pouvez éviter de vous perdre chez ces Elfes.

vendredi 25 octobre 2019

386: 'Âme brisée' de Akira Mizubayashi

Genre : contre un monde au garde-à-vous*

Histoire
1938, Tokyo. La Japon est en guerre contre la Chine. La répétition d'un quatuor à cordes sino-japonais est brutalement interrompue par un officier violent accompagné de soldats. Rei, le fils du maître des lieux, assiste à la scène, réfugié et dissimulé dans une armoire...

Impressions
Souvenir, deuil et déracinement, ces thèmes sont magistralement exposés à travers une musique des mots. Ecrit directement en Français ce roman démontre une maîtrise bluffante de cette langue par cet auteur japonais déjà récompensé.

"Rei éprouva comme une brûlure d'estomac, une chaleur acide, à la fois intense et diffuse, qui vous monte à la gorge. Un énorme bloc d'émotions glacées se mettait à fondre peu à peu sous l'effet de cette chaleur intérieure dormante, semblable à celle d'un ours noir d'Amérique en somnolence hivernale, s'éveillant lentement, s'activant progressivement au fur et à mesure de l'arrivée tant attendue du printemps.
Le temps se défossilisait, recommençait à trembler. "

C'est un roman sur la patience, celle des apprentis luthiers qui doivent apprendre patiemment le métier, celle des échanges polis mais vibrants entre ces témoins vieillissant du drame de l'histoire, celle de la reconstruction du violon, hymne à la mémoire de ce père disparu de manière si brutale.

C'est un roman musical, invitant à écouter
- Rosamunde, Op. 26, D 797, une musique de scène en une ouverture et dix parties (dont quatre chantées) composée par Franz Schubert en 1823 
- la chaconne de la partitat N°3 de Bach
- la mémoire d'un ange d'Alban Berg 

Gros coup d'âme !! Touchant, sensible, humain. Merci à Caro pour ce cadeau :)

*Excellent critique du journal 'La Croix'

dimanche 20 octobre 2019

385: 'Et si les chats disparaissaient du monde...' de Genki Kawamura

Genre : petit conte farfelu

Histoire
A 30 ans, le narrateur passe un marché avec le Diable ... 

Impressions
Très court roman, d'où un synoptique décrit de manière lacunaire pour éviter autant que possible de spoiler cette courte fable.
Comment ne pas être interpellé par ce titre terrible pour un amoureux des chats, sans compter la frimousse craquante du chat de la couverture de ce livre...
Le conte s'égrène au rythme des visites journalières du Diable.

L'écriture souffre d'une relative pauvreté stylistique, les dialogues s'articulent dans le registre familier.
Le charme et le plaisir apporté par cet écrit se situent davantage sur le plan philosophique. Cette échéance incontournable qui attend le narrateur l'oblige à s'interroger sur le sens de la vie, sur le rapport souvent futile aux choses de notre quotidien. Qu'est ce qui importe dans la vie ?

"Sans rien dire, j’ai attrapé mon chat pour le serrer contre moi. Il était chaud et doux, j’avais l’impression de porter une écharpe. Je câline souvent ce petit félin sans y penser, mais cette fois-ci c’était différent. C’est ça, la vie, ai-je songé. "

Pas un chef d'oeuvre mais un petit roman à lire avec un chat ronronnant campé confortablement sur vos genoux...

lundi 7 octobre 2019

384: 'Désaccords imparfaits' de Jonathan Coe

Genre : short notices

Histoire
Un recueil de 3 nouvelles avec en bonus un article sur Billy Wilder 'Journal d'une obsession'.

  • 'Ivy et ses bêtises' relate des souvenirs d'enfance hantés
  • '9e/13e'  suit les circonvolutions de l'imagination d'un pianiste en mal de séduction
  • 'Version originale' qui se déroule dans le cadre d'un festival de films d'horreur met en scène un des membres du jury qui découvre qu'un des films a été réalisé par une ancienne amie de cœur éconduite...


Impressions
Les nouvelles ne constituent pas un genre que j'affectionne particulièrement, préférant en général un format plus long où l'auteur a l'espace pour camper des personnages ou des intrigues.
Il se trouve que ce recueil très court est une réussite.
Ces textes différents se rejoignent sur le thème de la musique, du souvenir (enfance, ancien amour), sur les regrets, les rendez-vous ratés. Un parfum de mélancolie mêlé à celui d'un humour léger flotte sur ces récits brefs et denses.

"Il est important que certaines choses demeurent perdues. L'évanescence est une composante essentielle du cinéma."

Et j'aime les accords enrichis d'une neuvième et d'une treizième !

D'accord avec ces désaccords :) Partitions touchantes et mélancoliques.


lundi 23 septembre 2019

383: 'Yeruldelgger' de Ian Manook

Genre : polar en Mongolie

Histoire
Yeruldelgger Khaltar Guichyguinnnkhen, commissaire de Police à Oulan-Bator, enquête sur la découverte du cadavre d'un enfant dans la steppe et sur l'homicide de chinois. Son assistante Oyun, la médecin légiste Solongo et l'enfant de la rue Gantulga l'assistent dans ces enquêtes en terres mongoles.

Impressions
Un roman au profil 'pot-pourri', au Yin et Yang qui s'entremêlent.

Tradition et modernité.
Yourtes et isbas.

Gentils et pourris.
Violence et sagesse

"C'est de ton ignorance que se nourrit ta peur.

Steppes balayées par le vent et égouts putrides des entrailles d'Oulan-Bator.

"Il y eut pourtant un instant de grâce, au crépuscule, quand une ombre mauve coula sur la région de Sanzai. Les collines érodées et douces ondulèrent dans le couchant, plantées de pins et de mélèzes bleus espacés, et parsemées de vastes prairies argentées immobiles. Le ciel, au-dessus du camp, s'enflamma de rose et de pourpre, courut en longues traînées obliques de petits nuages violets. Le feu de bois embrasait le centre de la clairière et chacun écoutait descendre le soir dans le crépitement des flammes et le sifflement des braises."

Très vite on connaît les coupables, les rebondissements sont tirés par les cheveux et désordonnés (le coup de la plaque d'immatriculation qui arrête la balle par ex), et la violence est omniprésente: on scalpe, on émascule, on enterre, on ment, on viole...
En synthèse, la dimension thriller est à mon goût trop caricaturale.

Mais -il y a un grand Mais- une certaine magie opère; l'auteur nous peint les traditions mongoles, ses paysages, les plats traditionnels (les marmottes farcies aux galets chauds, des ravioles de mouton gras...). 
Et il illustre la richesse offerte par le respect de la tradition dans une société qui perd toute valeur, toute boussole.

"Quand tu seras là-bas, offre-lui un berceau décent. Fais tapisser le fond de vert pour qu'elle y repose comme sur la terre de la steppe, et l'intérieur du couvercle d'un tissu bleu comme le ciel sur la plaine. Et tu feras aussi coller sept petites boules de coton blanc sur le tissu bleu du ciel, au-dessus de sa tête, pour que les sept divinités de la Grande Ourse portent bonheur à son âme pendant son voyage. N'oublie pas : tu l'as arrachée à la terre, la tradition exige que tu la conduises au ciel."

Un polar à boire en savourant un thé salé au beurre rance, allongé auprès du foyer de la yourte. Avant un galop effréné dans les steppes sauvages.

Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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