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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

vendredi 27 décembre 2019

399: 'Les petits de Décembre' de Kaouther Adimi

Genre : "Résiste !"

Histoire
2016, Dely Brahim, une petite commune de l'ouest d'Alger.
C'est l'histoire d'un terrain vague situé au milieu d'un lotissement de logements de militaires.
C'est l'histoire d'enfants qui ne veulent pas plier devant le pouvoir corrompu et arrogant.



Impressions
Chronique de la société algérienne des années 80 à nos jours, des stigmates des périodes récente agitées.
Un conte d'apparence légère mais profond dans la dénonciation de la violence de la société algérienne, un monde de lâcheté, corruptions, de duperies.
Un message d'espoir en un avenir plus équitable porté par une jeunesse décomplexée, prête à résister, à l'image de cette nouvelle génération algérienne qui a su s'opposer au cinquième mandat de Bouteflika.

"- Les temps ont bien changé. Depuis quand laissons-nous faire?
- Depuis que le cours du pétrole a dégringolé, que les réseaux sociaux ne nous permettent plus d'empêcher les gens de parler, commenter, dénoncer. Depuis que tout le monde a un téléphone portable avec lequel prendre des photos et des vidéos. Oui, cher ami, les temps ont bien changé et seuls ceux qui le comprennent peuvent survivre."

"Papa si tout le monde ne pense qu'à son petit avenir et son petit confort, comment ferons-nous changer les choses ?"

L'écriture est élégante et efficace, le rythme entraînant. 

Une petite histoire qui peint les remous de la grande histoire de l'Algérie moderne. Élégante, instructive et efficace satire assortie d'une peinture sensible de la jeunesse.

Née en 1986 à Alger, Kaouther Adimi vit désormais à Paris. Après deux premiers livres, L'Envers des autres (prix de la Vocation 2011) et Des pierres dans ma poche, elle connaît un important succès avec Nos richesses (Prix Renaudot des lycéens), paru au Seuil en 2017, évocation du légendaire libraire et éditeur Edmond Charlot.

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Quelques dates de l'histoire d'Algérie

8 septembre 1963 : adoption de la Constitution et instauration d’un régime de parti unique.
19 juin 1965 : coup d'État qui va placer Houari Boumédiène à la tête du pouvoir.
1966 (mai) : nationalisation des mines et des compagnies d’assurances étrangères.
24 février 1971 : nationalisation des hydrocarbures.
7 février 1979 : élection de Chadli Bendjedid président de la république.
1980 (avril) : Printemps berbère pour la reconnaissance de la culture berbère.
1988 (octobre) : émeutes dans le pays qui font plusieurs centaines de victimes.
18 février 1989 : adoption d'une nouvelle constitution instituant le multipartisme.
12 juin 1990 : large victoire du Front islamique du salut (FIS) aux élections municipales.
1991 : début des affrontements entre forces de l’ordre et militants du FIS.
26 décembre 1991 : large victoire du Front islamique du salut (FIS) aux élections législatives.
11 janvier 1992 : démission de Bendjedid et annulation du second tour des élections législatives ; instauration de l'état d'urgence ; dissolution du FIS ; assassinat de Mohamed Boudiaf.
7 février 1993 : prorogation de l’état d'urgence.
1994 : apparition du Groupe islamique armé (GIA).
16 novembre 1995 : élection du général Liamine Zéroual, président de la république.
15 avril 1999 : première élection d'Abdelaziz Bouteflika, président de la république.
8 avril 2002 : le tamazight reconnu langue nationale.
22 février 2019: manifestations nationales contre le 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika. Les manifestations durent plusieurs semaines et se déroulent tous les vendredi.
11 mars: retrait de la candidature de Abdelaziz Bouteflika aux élections du 18 avril 2019 et annulations des élections.
2 avril 2019: démission du président Abdelaziz Bouteflika.


mardi 24 décembre 2019

398: 'Au-revoir là-haut' de Pierre Lemaitre

Genre : histoire de poilus qui se fendent la gueule...

Histoire
Albert était un modeste employé de banque.
Edouard,  issu d'une riche famille parisienne, était un artiste extravagant et doué.
Leur point commun: la guerre 14-18 les a miraculeusement laissés en vie mais leur a tout volé, l'amour, le goût de la vie.
Sauront-ils prendre une revanche sur ce destin ?....




Impressions
Voilà qui me réconcilierait presque avec le prix Goncourt (année 2013).
Un gros pavé, certes, mais le temps a couru et j'ai avalé ce prix en quelques jours ! Gloup :)

Tous les ingrédients d'un Grand livre sont réunis.

Une fresque historique remarquable, extrêmement documentée: la fin de la guerre 14-18, avec ses épisodes de boucherie, de terreur, de sacrifice pour des objectifs absurdes dans un monde de décideurs vénal et sans compassion.
"Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après."

Un  livre de réflexion sur le patriotisme, le courage, la couardise, la loyauté, l'amitié. 

Un roman rythmé, à suspense, scénarisé avec talent (Pierre a écrit de nombreux polars), où l'humour noir est brillamment manié. 

Chronique magistrale, macabre et jubilatoire, triste et drôle. Comme dit par le journal 'Les Echos', un livre qui réconcilie littérature populaire et littérature tout court.


  • Un florilège de prix décerné pour ce roman: prix Goncourt 2013, mais aussi grand prix du roman de l'Académie française, prix Femina, prix des libraires de Nancy Le Point 2013, Roman français préféré des libraires à la rentrée 2013, Meilleur roman français 2013 décerné par le magazine Lire, Prix roman France Télévisions 2013, coup de cœur 2014 de l'Académie Charles-Cros pour sa version livre-audio, Prix Tulipe du meilleur roman français 2014, Premio letterario internazionale Raffaelo-Brignetti 2014



  • Adapté au cinéma par Albert Dupontel



  • Et pour mémoire de ces victimes de l'histoire... Le 28 juin 1919 lors de la signature du traité de Versailles, Clemenceau a exigé la présence d’une délégation de cinq gueules cassées afin que nul n’oublie les ravages de la Première Guerre mondiale. Les gueules cassées rencontrent de nombreuses difficultés de réinsertion après la guerre, pour cette raison sera créée en 1921 l’Union des blessés de la face dont la devise est : “Sourire quand même”.


La souffrance de ces hommes fut non seulement physique mais psychique : privés de la perte d’une partie de leur individualité, empêchés d’exprimer leurs émotions, perçus comme pas tout à fait humains, ils nous renvoient l’image de la précarité de notre condition humaine.

mercredi 18 décembre 2019

397: 'D'après une histoire vraie' de Delphine de Vigan

Genre : équilibre entre fiction et vrai 

Histoire
Après le succès fulgurant de son dernier livre,"Rien ne s'oppose à la nuit" qui est basé sur l'histoire "vraie " de sa mère, l'écrivaine Delphine est assaillie par le doute sur ce qu'elle va bien pouvoir écrire ?
C'est dans cette période tourmentée, qu'elle fait la rencontre d'une femme étrange, L.


Impressions
Comment démêler le vrai du faux ? Une question posée à plusieurs niveaux.

    D'abord celui de l'écriture, en bonne correspondance avec le métier d'écrivain de Delphine, l'héroïne de ce roman. Un roman qui s'interroge sur le rôle de l'écriture -pas très original-
"L'écriture est une arme de défense, de tir, d'alarme, l'écriture est une grenade, un missile, un lance-flammes, une arme de guerre. Elle peut tout dévaster, mais elle peut aussi tout reconstruire."
       Mais, plus spécifiquement pour cet ouvrage, un sujet clé de réflexion tourne autour ce que doit raconter un roman, sur la nécessité ou non de montrer et raconter la réalité pour intéresser voire fasciner les lecteurs.
"J'étais d'humeur maussade quand je suis sortie du café. C'était donc ... vrai, voilà ce que les gens attendaient, le réel garanti par un label tamponné sur les films et sur les livres comme le label rouge ou bio sur les produits alimentaires, un certificat d'authenticité. Je croyais que les gens avaient seulement besoin que les histoires les intéressent, les bouleversent, les passionnent. Mais je m'étais trompée. Les gens voulaient que cela ait lieu, quelque part, que cela puisse vérifier. Ils voulaient du vécu."

Cette attraction vers les frontières entre le vrai du faux s'illustre également dans notre quotidien.
          "Parfois, même, la fiction était tellement puissante qu'elle avait des prolongements dans le réel. Quand j'étais allée à Londres avec Louise et Paul, nous avions visité la maison de Sherlock Holmes. Des touristes venus du monde entier venaient visiter cette maison. Mais Sherlock Holmes n'a jamais existé. On vient pourtant voir sa machine à écrire, sa loupe, sa casquette...


Cette question est aussi le fil conducteur de la composante thriller psychologique de ce récit. Qui est L. ? Une amie ou une ennemie, fictive ou réelle ? Est-elle une femme-miroir qui compose en permanence, s'inspirant des éléments environnants, comme Verbal Kint compose avec les objets du bureau du shérif dans le film "Usual suspects" de 1995.
          "Encore aujourd'hui, j'ignore si L. reproduisait ce soir là des propos qu'elle avait lus ou qui lui avaient été rapportés, ou si elle les avait réellement devinés"

Et enfin, dernière niveau d'interrogation, quelle part d'autobiographique constitue cette histoire ? D'où le titre ...

Le résultat final est un livre que j'ai vraiment apprécié, qui allie une prose agréable, des indiscrétions sur sa soi-disant vie privée (sa relation avec François B. critique de livres à la télévision par exemple), et des digressions sur l'amitié, les enfants, la vie à deux, la féminité.

Roman thriller psychologique assorti d'une réflexion sur l'écriture. Qui embrouille la tête et plaisant à lire.

Prix Renaudot 2015
Adapté au cinéma par Roman Polanski, qui fait beaucoup parler de lui ces temps-ci...

jeudi 12 décembre 2019

396: 'Sauvage' de Jamey Bradbury

Genre : Bloody Alaska 

Histoire
Depuis la mort de sa mère, Tracy Petrikoff vit avec son père et son frère Scott dans une maison isolée dans la nature de l'Alaska.
A dix-sept ans, la jeune adulte rebelle a un besoin incontrôlable de vivre comme un animal. Elle n'existe que quand elle prend soin des chiens de traîneau, fait du mushing, chasse, court dans les espaces enneigés de l'Alaska, relève les collets.
Entourée de l'amour de ses proches, de manière précaire elle tente de se reconstruire, jusqu'à cette agression…

Impressions
Ma chair a vibré de froid et de poésie dans cette forêt de tous les dangers et de toutes les beautés.
L'animale Tracy est une adolescente attachante et énigmatique. Elle s'épanouit dans l'univers rude de la nature sauvage, dont elle a appris les secrets avec sa mère disparue mais toujours très présente dans son cœur, et son père qu'elle vénère. Fantastique par son don de lire dans ce liquide chaud…

Les 8 dixièmes du roman m'ont emporté par sa description de la faune et de la flore des grands espaces d'Alaska, m'ont séduit par la richesse des personnages, -comme le père fort et fragile à la fois, ou Jesse androgyne menteur mais attachant-, m'ont intrigué par son goût de fer comme celui du sang.

Mais je n'ai pas aimé le dénouement, dérangeant et morbide, une fin de roman noir (genre que je n'apprécie pas) qui s'accélère en contraste avec le rythme posé du reste du récit.
Alors on pourra citer que :
"On ne peut pas fuir la sauvagerie qu'on a en soi." Certes ! Mais finalement j'ai été dérangé par cette composante 'thriller' que les 'bandeaux promotionnels' annoncent, citant Stephen King ou les sœurs Brontë.
Cette plongée dans la nature sauvage était souillée par le goût de sang de cette dernière victime qui venait de redonner goût à la vie à cette petite famille…

Titre original 'Wild inside'. De l'animalité des humains. Enthousiasme souillé.

mardi 3 décembre 2019

395: 'Le port de la Mer de Glace' de Dominique Potard

Genre : alpinisme rabelaisien

Histoire
Un bistrot marin est tenu par l'Amiral dans le hameau de Val-Misère, à deux pas de la Mecque de l'Alpinisme, Chamonix. Un vieux loup de mer, Clint Eastwood, parle d'un naufrage sur la Mer de Glace.


Impressions
A mon avis, ce roman plait ou déplaît franchement.

C'est complètement absurde, sans queue ni tête. Et assez machiste aussi, il faut reconnaître.
L'ascension hivernale des Drus est particulièrement farfelue mais pas dépourvue d'une certaine poésie. La succession de repas roboratifs cuisinés en pleine paroi comme une fondue dans son caquelon est truculente...

Après mes 2 lectures précédentes plutôt austères, j'ai apprécié  cette détente sans prétention qui m'a donné soif :)

Farce alpine et culinaire. Loufoque. A votre santé !

L'auteur en a écrit 2 tomes suivants. C'est un best-seller des Éditions Guérin.

dimanche 1 décembre 2019

394: 'L'art de perdre' d'Alice Zeniter

Genre : Une quête d'identité et de réconciliation avec soi 

Histoire
Saga d'une famille Kabyle racontée par Naïma, la petite fille d'Ali, la fille de Hamid.

Impressions
C'est le récit de l'exil forcé d'Ali et ses enfants, avec la perte d'identité et l'invisibilité dans les camps de harkis puis dans un HLM normand, 
C'est l'enquête de Naïma, née en France d'une mère française, qui butte contre la barrière de la langue et de la culture.

Une peinture subtile de l'histoire de l'Algérie depuis les années 30 à aujourd'hui.
Une histoire assez taboue dans la France actuelle.

Beaucoup d'émotions, d'amour, même si il n'est pas exprimé.

"Ils veulent une vie entière, pas une survie. Et plus que tout, ils ne veulent plus avoir à dire merci pour les miettes qui leur sont données. Voilà, c'est ça qu'ils ont eu jusqu'ici : une vie de miettes. Il n'a pas réussi à offrir mieux à sa famille. "

Roman magistral sur les Harkis et ses descendants.


393: 'Le fusil de chasse' de Yasushi Inoué

Genre : tragédie épistolaire en 3 actes

Histoire
Trois lettres adressées au même homme expriment leurs sentiments: amour, trahison, blessure, regrets...

Impressions
Ces trois lettres donnent un éclairage sous des angles de vue complémentaires sur les relations que leur destinataire, Josuke Misugi, a et a eu avec les trois auteures de ces écrits.
Un style dépouillé et une pudeur raffinée, signatures de la culture japonaise, servent à merveille cette peinture qui touche par touche dévoile les dessous du drame qui vient de se produire. 
Shoko, Saïko et Midori successivement tirent à bout portant avec délicatesse dans le cœur de Jusoke...
Quel tour de force que celui de métamorphoser une banale histoire d'adultères en une perle littéraire servie par une langue qui frise la perfection.

"Jusqu'à présent, je croyais que l'amour était semblable au soleil, éclatant et victorieux. à jamais béni de Dieu et des hommes.
Je croyais que l'amour gagnait peu à peu en puissance, tel un cours d'eau limpide qui scintille dans toute sa beauté sous les rayons du soleil, frémissant de mille rides soulevées par le vent et protégé par des rives couvertes d'herbe, d'arbres et de fleurs. Je croyais que c'était cela, l'amour. Comment pouvais-je imaginer un amour que le soleil n'illumine pas et qui coule de nulle part à nulle part, profondément encaissé dans la terre, comme une rivière souterraine ?"

"Même à seize ou dix-sept ans, alors que nous ne savons pas tout à fait en quoi consiste « aimer » ou « être aimée », nous autres femmes, nous semblons connaître déjà d’instinct le bonheur d’être aimées "

Court, dépouillé et terriblement puissant. Un roman virtuose.
Haïku de l'adultère ?

Le Fusil de chasse (猟銃, Ryōjū?) est paru en 1949. 

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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