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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

lundi 24 décembre 2018

354: 'Des corps en silence' de Valentine Goby

Genre : dissection du couple au scalpel


Histoire
Roman à deux voix / voies, deux détresses féminines à deux époques différentes.
Henriette et Claire.
Toutes les deux face aux doutes, une qui lutte en 1914 pour rester celle que Joseph désire, l'autre qui ne peut faire le deuil d'une vie "plus grande que ça" et ne ressent plus rien pour son mari...



Impressions
Désir, désenchantement, jalousie, passion, ... le kaléidoscope des sentiments est mis à nu autour d'un dénominateur commun, l'amour charnel éteint.

'Ce serait bon que ce lieu ressemble à Henriette, à quelqu'un, une pièce vivante et lacérée, marquée comme l'est toute peau, toute écorce.'

L'écriture est belle, ciselée.
Récit plutôt féminin, fouillant la psychologie de femmes aimantes.

Un roman de la désillusion, de la mort de la passion. Un peu lent et long.

vendredi 21 décembre 2018

353: 'le roi des scarabées' de Anne-Caroline Pandolfo & Terkel Risbjerg

Genre :  épopée romanesque dans le Danemark de la fin du 19ième siécle


Histoire
Aksel est né dans une famille de riches propriétaires terriens dans le Danemark de la fin du XIXe siècle. Il rêve de devenir poète. Mais son destin risque d'être source de désenchantement...

Impressions
Énorme coup de cœur pour ce très beau roman graphique.
Poésie fantastique au début, d'un univers onirique en osmose avec la nature qu'Aksel, son ami Frederik et son entourage inventent et apprivoisent.
Puis Aksel croisent quatre femmes, quatre Muses aux caractères affirmés. Sa mère, sa cousine Laurine, une jeune femme moderne Sofie, et enfin l'épouse de son meilleur ami Frederik. Une errance initiatique assez douloureuse, digne d'un Dostoïevski.


Le graphisme noir et blanc est maîtrisé, très efficace, somptueux souvent, parfaitement adapté au récit. De grands aplats noirs poétiques, des paysages de neige envoûtants, des tableaux féeriques et magiques.





Romantique, sombre et poétique. Superbe !!!

jeudi 20 décembre 2018

352: 'Le règne du vivant' d'Alice Ferney

Genre : éco-centrique éco-guerrier


Histoire
Un journaliste norvégien photographe - caméraman embarque à bord de l'Arrowhead, un navire piloté par Magnus Wallace qui lutte contre la pêche illégale en mer. Un homme qui se bat, jusqu'à la mort.


Impressions
Un roman maritime grave où les thèmes essentiels sont abordés.
De l'urgence 
'Quatre cents zones marines sont déclarées mortes. Les grands prédateurs disparaissent. Nous léguons à nos enfants un océan où des modèles réduits n'ont pas le temps de grandir. Les espèces protégées ne le sont qu'en théorie. La pêche pirate est si gigantesque et profitable que l'extinction est une affaire de quelques années. Le poisson n'est plus l'être vivant universel du globe, éternel dans toutes les eaux. L'infini ou l'inépuisable sont des idées fausses qu'il faut de toute urgence nous ôter de la tête.'

De la justification de ce combat d'actions, surtout dans un contexte médiatique dominé par les acteurs du massacre de la planète.
'La disqualification est l'arme majeure du terrorisme intellectuel qui règne depuis quelques années. Il y a l'idéologie dominante, ses ramifications, et tout le monde est prié de penser conformément. Mais cette pensée totalitaire est soumise aux grands intérêts et celui qui voudrait s'en libérer est descendu.'



De la considération juridique des animaux
'Les animaux ne sont pas des sujets mais ils ne peuvent pas être utilisés et jetés comme des objets. Ils pourraient être d'ailleurs des sujets sans être des personnes, et s'ils avaient des droits, il ne faudrait bien sûr pas les penser sur le modèle des nôtres. Nous ne pouvons plus traiter et consommer les animaux de la même façon qu'autrefois. Nous savons que nous dépendons d'eux. Nous avons évolué avec eux. Nous sommes advenus grâce à eux. Nous avons acquis le pouvoir de les détruire. Nous devons légiférer pour eux.'

Le personnage de Magnus à la tête de l'association Gaïa est inspiré de l'activiste Paul Watson, co-fondateur controversé de Greenpeace puis de Sea Shepherd, réputé pour sa détermination et ses offensives spectaculaires en faveur de la protection des mammifères marins .
Les Sea shepherd ont été arrêté le 30 août 2014 (soit 10 jours après la parution du livre) et les autorités ont laissé faire ce massacre annuel où une trentaine de dauphins pilotes ont été sauvagement exécutés sur les îles Feroe, au nom d'une tradition vieille de 1000 ans 

Le roman décrit avec poésie les océans, avec une écriture fine, parfois brute, pour faire écho à la brutalité de l'homme.
'Seul à la poupe, les avant-bras sur la rambarde, je filmais le sillage que laissait l’Arrowhead dans la surface à peine plissée. J’enfermais dans la boîte les boucles blanches de cette frise éphémère que traçait notre route dans l’indifférence de la mer.'



'Je revoyais l’œil dilaté de l'animal pendant qu'un braconnier découpait son aileron. J'avais détourné mon attention, anesthésiant mon regard, filmant presque en aveugle, et c'était le silence de la bête qui m'avait ébranlé.'

Je regrette l'absence d'un fil conducteur. Des chapitres relatant des opérations maritimes alternent avec la description des temps de conférences, d'interviews où on s'éloigne de l'action et perd en rythme. En dépit de l'évidente force du sujet, j'ai du me forcer à achever la lecture de ce livre, qui des fois tourne au reportage journalistique et à d'autres nous plonge dans des tableaux poétiques et vibrants de la nature.


Un plaidoyer engagé, pour une cause mondiale, sans pathos. Mais manque un petit zeste pour en faire un roman qui transporte. Comme par exemple un Animal doué de raison de Robert Merle.

lundi 10 décembre 2018

351: 'Un soir de décembre' de Delphine De Vigan

Genre :  comme un (roman) boomerang*

Histoire
Matthieu mène une vie confortable avec sa femme et ses deux enfants. Son premier roman écrit de manière impulsionnelle remporte un vif succès qui lui vaut de recevoir de nombreuses lettres. Parmi celles-ci, une l'intrigue et le trouble...

"Je suis immobile. Il m'arrive de penser que je suis l'immobilité même. Je conjugue le verbe attendre, j'en épuise les sens, sur tous les modes, sur tous les tons. J'attends le bus, j'attends mon heure, j'attends que tu viennes, j'attends mon tour, attends-moi, attends que je t'y reprenne, j'attends que jeunesse se passe, j'attends de pied ferme, j'attends le bon moment, tout vient à point à qui sait attendre, le train n'attendra pas, j'attends qu'il revienne, je l'attends comme le messie, ça attendra demain, qu'attends-tu de moi, je t'attendrai le jour et la nuit, j'attendrai toujours, je n'attends pas après toi, je n'attends pas d'enfant, j'attends qu'il m'appelle, j'attends qu'il me parle, en attendant mieux, je ne m'y attendais pas, surtout ne m'attends pas."



Impressions
On peut ne pas aimer le récit de ce roman, et en particulier être agacé par les questionnements 'métaphysiques' de personnes qui vivent confortablement.
Un blogueur donne son verdict en correspondance avec une citation du livre:
« Une histoire d'amour à la sauce rose, parsemée d'écueils dérisoires et d'heureuses coïncidences, de celles qui vous feraient croire que la vie peut couler à flots ». Quelle lucidité dans cet aveu, à lire page 68

D'autres pourront se sentir plongés dans un hymne à l'amour, au désir, une peinture d'un passage dans la vie où derrière l'apparent confort, peuvent naître des fragilités, des brisures, des nostalgies.
"Le style de Delphine de Vigan exsude la ferveur, l'intensité et l'urgence du désir. Au plus près du corps. A vif." Marie-Claire

Personnellement j'aime l'écriture vive et élégante de Delphine De Vigan. L'auteure sait transcrire avec finesse la sensualité, la solitude, l'amertume. Les chapitres sont courts et apportent de la respiration.

"Parfois la peau frémit, palpite, implore, parfois la peau appelle une main, n'importe quelle autre, une main inconnue, étrangère, ou bien est-ce la cicatrice, invisible, d'une caresse perdue"

Un roman aussi qui aborde frontalement la question de l'écriture, de l'inspiration qui peut surgir comme disparaître, du processus d'écriture et d'abandon du livre fini.

Un livre n'est jamais fini. Même imprimé, il continue à vivre, comme un organisme autonome, appelle les ratures, les précisions, il souffre de ses amputations, il attend réparation. Un livre est comme un amour blessé, lacunaire, il contient en lui ce qu'il aurait pu être et qu'il n'a pas été, cet impossible retour en arrière, ce qu'on aurait dû dire, ce qu'on aurait dû taire, il porte en lui la douleur d'avoir été abandonné.

Roman à la fois nostalgique et lumineux, à l'écriture pudique et subtile.


* rien à voir avec Daho, mais cette expression est présente dans un courrier de Sara à Mathieu...

samedi 8 décembre 2018

350: 'Hé cool, la Seine' de Cicéron ANGLEDROIT

Genre :  entracte intellectuel

Histoire
Cicéron, détective privé, accompagné de 2 Pieds Nickelés, enquête paresseusement sur la disparition du mari d'une cliente, entre deux visites chez des amis ou parties de jambes avec ses nombreuses maîtresses...

Impressions
Tout est prétexte à gags potaches.
Du titre, dérivé d'un Fred Vargas ('Coule la Seine')...
Du pseudo de l'écrivain (pourquoi pas PACARRE, déjà couru ?). L'auteur s'appelle Claude Picq.
De la numérotation des chapitres en anglais détourné, please...
De l'enquête sans grands enjeux, (et après tout l'auteur s'en fout, ce n'est qu'un prétexte)

Soit on aime, soit on déteste.
Personnellement je souris, ris parfois, mais franchement c'est comme un San Antonio, on peut s'en passer.

Policier loufoque, dans un décor banlieusard et une gouaille banlieusarde. Sympa mais pas incontournable.

mercredi 5 décembre 2018

349: 'A la lumière du petit matin' d'Agnès Martin Lugand

Genre : ...

Histoire
'À l'approche de la quarantaine, Hortense se partage entre son métier de professeur de danse et sa liaison avec un homme marié.  Jusqu'au jour où le destin la fait trébucher...'

Impressions
Contrairement au livre précédent:
- Je n'ai pas eu dès le début de cette lecture un sentiment de déjà-lu, je m'en serai souvenu.
- Le plaisir était très ténu, voire plutôt absent. C'est assez lent et mou, saturé de clichés (le bel amant qui lorsqu'il entre quelque part " son seul charisme irradiait une pièce"), de redites, de banalités.
- L'écriture est vraiment quelconque, avec des tentatives de traits poétiques qui font plouf !
- Le message ne m'inspire pas  d'émotion, même si l'auteure s'acharne à nous faire fondre de tristesse et d'empathie, pour l’héroïne blessée à la cheville et au cœur, pour cet homme solitaire qui échoue dans sa bastide du Lubéron, qui pleure et fuit les humains...

J'arrête là mes critiques, vous aurez compris que je n'apprécie pas, tout en reconnaissant que ce genre de roman peut plaire à certain(e)s, comme le prouve le fait qu'Agnès Martin-Lugand a déjà vendu plus deux millions d'exemplaires de sa littérature.
Sans doute ses lecteurs et lectrices apprécient de pouvoir se projeter personnellement dans les personnages, à partager les situations sentimentales décrites.
Ainsi par exemple une lectrice qui a beaucoup aimé écrit:
"Hortense est vraiment attachante, en tant que femme on se sent vraiment proche d'elle, par contre Aymeric est un beau modèle d'égoïsme, il ne pense qu'à lui et à son plaisir personnel. Sans vouloir juger car je pense qu'il aime sincèrement Hortense mais est incapable de faire un choix qui lui coûterait, je n'ai pas de sympathie pour le personnage."

Livre au récit sans relief qui m'a ennuyé, écriture banale, des répétitions, une construction linéaire...

mardi 4 décembre 2018

348: 'Pierre de Patience' de Syngué Sabour

Genre : grand déballage  pour soulager la souffrance, la colère, les humiliations

Histoire
Monologue d'une femme afghane qui veille sur un corps d'homme allongé, inerte, mourant.

Impressions
J'ai eu dès le début de cette lecture un sentiment de déjà-lu. Et en effet j'avais déjà parcouru ce roman, mais le plaisir est toujours là, tant l'écriture est belle et le message poignant.

Livre splendide, un des rares Goncourt (2008) auquel j'adhère à 100%.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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