251: 'Les échoués' de Pascal Manoukian

Genre : brut de décoffrage

Histoire

1992: avant les grandes vagues migratoires.
Trois origines géographiques: des pays où vivre est un enfer. 
Pour une destination unique: un chantier de Villeneuve-le-Roi en région parisienne.

2 soudanais, un moldave et un bangladais, une rencontre improbable de désespérés, 4 clandestins désormais membres du quart monde de notre monde occidental. 

Impressions

Troisième roman du Concours Inter CE 2016-2017, et ... on retrouve ce goût du jury de sélection pour les histoires de désespoirs humains aboutissant à des 'sad ends'...

Pas de pathos, on est dans le dur, sans concession, que ce soit pour décrire les parcours périlleux, effroyables et douloureux que pour peindre la cruauté de notre monde occidental qui fait son beurre de ces soumis.
C'est presque journalistique, marqué par l'empreinte de l'auteur qui connait bien les mécanismes géopolitiques. Les parcours de vie de ces 3 familles de clandestins sont sûrement calqués sur des vécus réels.
Guerre sauvage, dictature communiste, misère écologico-économique, tous ont fuit la mort certaine ou la sous-vie, ce no-man's land où le corps doit être sacrifié à la prostitution ou au trafic d'organes...
Le scénario est peu crédible mais on a envie d'y croire pour se donner un peu d'espoir à travers l'humanité et la solidarité exprimée. Et aussi éclairer ce récit plutôt noir.

Histoires d'hommes et femmes auxquels l'auteur offre un porte-voix. En espérant changer les visions et la situation ?....
Un roman fort mais à ne lire qu'en ayant la patate et le moral ;)

**Pascal Manoukian est journaliste grand reporter, il a couvert la plupart des grands conflits qui ont secoué la planète entre 1975 et 1995.
Il est directeur éditorial de l'agence de presse Capa et auteur.

Il a obtenu en février 2016, à la Foire du Livre de Bruxelles, le prix Première pour son roman Les échoués. 

250: 'Marabunta' de Corinne Faure

Genre : un thriller qui prend aux tripes...

Histoire

Le commissaire Marsac échange sur la vie et Nietsche avec un SDF dans le Square du Vert Galant à Paris tandis que des cadavres sont retrouvés dans des poubelles...

Impressions

Deuxième roman du Concours Inter CE 2016-2017, et depuis que j'y participe, un thriller sélectionné, une première !
L'auteure est psychologue et cela se ressent dans ce roman. La peinture d'un flic héros désabusé et plutôt dépressif existe certes dans d'autres polars, mais il est entouré de nombreux autres personnages dont les phobies, les faiblesses sont décrites avec justesse et humanité: Stéphane son ami journaliste, Raimbauld un flic et pas un poète, ... Sur ce fond de toiles de l'âme humaine, l'intrigue est bien construite et soutenue, je n'avais plus envie de lâcher ce livre.

Une belle découverte. A quand un opus suite ?

Corinne Faure est iséroise, et la maison d'édition Guinet basée à St Martin-Le-Vinoux a été créée il y a un an.

BD globbing: 'Come prima' d'Alfred, prix fauve d'Angoulême 2014

Coup de cœur pour cet "road-bd-y" (à l'image d'un road-movie) de deux frères à bord d'une Fiat 500.

Disputes, silences, accolades, flash-backs, nostalgie, rancune, joies,..

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L'auteur excelle à la fois dans l'écriture et dans le dessin.

Alternances entre couleurs ensoleillées et palette tricolore, entre planches avec et sans dialogue, le trait présente un juste équilibre entre trop travaillé et minimaliste.

Bravo !

249: 'La Saison des Mangues' de Cécile Huguenin

Genre : multiculturalité

Histoire

3 générations de femme à la recherche de leur identité et de leur propre histoire dans 3 continents chamboulés par l'Histoire.

Impressions

Ça y est, voici le premier roman du Concours Inter CE 2016-2017.
C'est aussi le premier roman de l'auteure, et fait non anodin, Cécile Huguenin l'a écrit à l'âge de 74 ans. 

C'est un roman centré sur le bilan sur la vie, avec en personnage cœur Anita qui se concentre sur sa préparation du petit-déjeuner pour ne pas se perdre, pour "récolter les morceaux d'elle-même que la nuit a dispersés [...]".

"Le major la voulait anglaise Sa mère et ses tantes l'avaient déguisée en Indienne. François l'avait emmenée en France. Son amour pour lui était le sens de sa vie, sa direction, son but ultime. [...]
Anita se répète : "Je suis moi, je suis moi, je suis moi." Son nouveau mantra."

A travers ce périple en Inde, Angleterre, France et Afrique, chacun apprend la tolérance, la lutte contre les préjugés, et à se reconstruire dans un nouvel univers culturel.
Les thèmes abordés sont forts et la construction de ce roman est très habile.

C'est peut-être de la trop grande richesse de thèmes abordés que souffre cet ouvrage très court (170 pages). Inde coloniale, Angleterre, la France et l'immigration -le personnage de Fatou est séduisant- les actions humanitaires dans une Afrique instable, la folie, les rites vaudou, la place de la femme dans la société...
Je n'ai pas été happé dès le début par l'écriture et l'articulation du récit. C'est sans doute à partir de la rencontre entre Mira et l'élève ingénieur en Afrique que la magie a plus opéré et que les fils de l'histoire se sont noués jusqu'à une fin subtile.

Récit humain.