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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

dimanche 29 novembre 2015

217: 'La douce empoisonneuse' de Arto Paasilinna

Genre : humour noir finlandais


Histoire
Linnea Ravaska, veuve et colonelle à la retraite, vit des jours tranquilles dans sa maison de campagne proche d'Helsinki. Seule -et non des moindres- tâche à ce tableau: 3 crétins, son neveu et ses acolytes viennent une fois par mois lui empoisonner la vie.


Impressions
Remède à la morosité, sentiment plutôt d'actualité ces jours-ci.
Les situations cocasses se succèdent, moins frénétiquement cependant que dans le Lièvre de Vatanen. C'est un motif plus consistant qui guide le récit, à savoir cette lutte entre la vieille et respectable colonelle et ces 3 abrutis délinquants.
Ecriture fluide, drôle et à prendre au second degré.
Les péripéties sont rocambolesques et ponctuées de références inattendues.

Savoureux d'immoralité, humour décalé et décalqué.

vendredi 27 novembre 2015

216: 'Bienvenue au Club (The Rotters' Club)' de Jonathan Coe

Genre : tranches de vie sous l'ère du Tchatchérisme, Bienvenue chez Jonathan Coe


Histoire
Benjamin, Doug, Philip, Steve, Cicely, Miriam, Lois, des jeunes de Birmingham dans les années 70, vivant les années collège puis lycée, une bande de potaches avec un rigolo, une jolie fille, un amoureux de la musique, un beau et sportif Jamaïcain, des disques et des baisers échangés, des virées nocturnes ou à la capitale.
Comme dans de nombreux autres pays occidentaux, une société qui mute, qui subit des attentats, une société empreinte d'humanité et d'universalité.



Impressions
Tableau de l'Angleterre foisonnant de personnages et d'angles de vue. La chronique de l'adolescence de Benjamin est au cœur du roman, mais s'y entremêlent avec brio de nombreux autres destins auxquels l'auteur donne de l'épaisseur, comme ceux injustes de sa sœur Lois ou de Steve. C'est aussi une chronique sociale, où la crise économique et sociale se pointe, où le punk remplace le rock, où la solidarité entre les gens s'effrite.
L'ambiance est douce-amère, servie par une écriture dynamique et de styles très variés, lettres, articles, interviews...


Instructif et divertissant. En fermant ce roman, pas de souvenirs précis mais plutôt une impression rémanente d'avoir partagé un bout de chemin d'un groupe de potes et de leur entourage dans un contexte de société en mutation vers l'individualisme.

Une suite existe, 20 ans après.

samedi 14 novembre 2015

Vendredi 13 novembre : Paris et la France endeuillés

Tristesse jusqu'au fond des tripes, pensées solidaires avec les familles de victimes de ces barbares, et profond besoin de résister et de lutter

posté sur son site par un graphiste français vivant à Londres: http://www.jeanjullien.com/

jeudi 12 novembre 2015

215: 'Opium Poppy' de Hubert Haddad

Genre : destin tragique d'une enfance instrumentalisée et sacrifiée


Histoire
Un jeune paysan afghan voit son destin d'enfant sacrifié par la guerre et le trafic d'opium.

'On part découragé, en lâche ou en héros, dans l'illusion d'une autre vie, mais il n'y a pas d'issue. L'exil est une prison.'


Impressions
Du producteur au consommateur de cette poudre diabolique, butin précieux convoité par les différents clans, les ethnies, les groupes religieux plus ou moins extrémistes.
Les paysans pauvres qui sèment et collectent ces fleurs n'ont pas leur mot à dire, ils subissent.

"Lorsque les balles remplacent les mots, l'instinct de vie s'étiole avec l'espérance."

"Malalaï était le lait chaud de ses yeux ; elle l'accueillait presque nue, dans sa longue tunique serrée à l'encolure et aux poignets. Son cou d'oiseau migrateur, ses mains de sucre, ses fines chevilles qui vibraient à chaque pas, n'était-ce pas ce que nul ne pouvait voir ?"

Servie par une écriture distillée et sans apparat, la construction du roman est très habile, le présent d'Alam en terre française alterne avec le passé afghan et la fuite vers un monde plus respectueux, quoique... D'un enfant curieux d'apprendre, vibrant au voisinage de la belle Malalaï, la cruauté des hommes et de leurs guerres le transforme en un être dépourvu de tout repère, de tout sens de la vie, ayant perdu sa capacité de rire ou d'aimer, son nom, et même plus...
Corps déchiquetés, visages de femmes vitriolés, l'horreur règne, les violences barbares pleuvent. Pistolets, kalachnikovs, bazookas, grenades, les armes de guerre massacrent et consomment la chair des innocents dont ces soldats-enfants envoyés en avant-poste par ces assassins sans humanité.

"Rien n'échappe à la violence, le monde n'existe plus, on égorge l'agneau et l'enfant d´un même geste, dès qu'une femme rit trop fort ou danse avec un autre, on l'attache et l'assomme de pierres aiguës. "

Une claque. Un récit poignant servi par un artiste de la langue française. Quelle puissance narrative. Voici un auteur dont je m'empresserai de lire d'autres œuvres.


Prix Renaudot Poche 2009

mardi 10 novembre 2015

214: 'Mémoire d'un porc-épic' de Alain Mabanckou

Genre : agent double africain


Histoire
Un porc-épic se confie à un baobab; il lui raconte sa vie de double maléfique d'un être humain nommé Kibandi. Kibandi est mort mais bien des actes sanguinaires ont été perpétrés avant...

'... ces hommes qui vont en Europe, nom d’un porc-épic, deviennent si bornés qu’ils estiment que les histoires de doubles n’existent que dans les romans africains, et ça les amuse plutôt que de les inciter à la réflexion, ils préfèrent raisonner sous la protection de la science des blancs, et ils ont appris des raisonnements qui leur font dire que chaque phénomène a une explication scientifique.'


Impressions
Selon une légende africaine, chaque homme possède son double animal dans la nature. Terrifiant, quel est mon animal double ?

"... pour simplifier les choses et ne pas polluer ton esprit, je dirai que les romans sont des livres que les hommes écrivent dans le but de raconter des choses qui ne sont pas vraies, ils prétendent que ça vient de leur imagination, il y en a parmi ces romanciers qui vendraient leur mère ou leur père pour me voler le destin de porc-épic,..."

Ni ponctuation ni majuscule, seules des virgules permettent de souffler. Le récit est enlevé, rythmé, passé et présent s'entremêlent.
Ambiance africaine qui m'a fait penser à la poésie et à la fantaisie de Kirikou. On retrouve les fétichistes, les sorciers, les sceptiques, les cases, les animaux sauvages. Cet animal se montre attachant et drôle, plus que son alter ego humain dont on ne pleure pas la mort. C'est même sans doute cet avis critique envers la nature humaine qui sauve le porc-épic !

Une histoire qui ne manque pas de piquants, dont il ne faut pas trop s'approcher ! Alain Mabanckou est un excellent conteur.

Prix Renaudot 2006

lundi 9 novembre 2015

213: 'Le Miel' de Slobodan Despot

Genre : yougosnostalgie, sucré - salé


Histoire
Une herboriste serbe Vera descend du car tombé en panne pour donner 300 deutschemarks à un forcené qui hurle et menace un vieux prostré dans l'habitacle d'une voiture, elle aussi en rade sur cette autoroute. Vera donne toutes ses économies pour que l'énergumène, Vesko K. épargne la vie du vieillard. De son nom Nikola K., ce vieillard est en réalité le père de l'excité,  un apiculteur dans l'âme...

'... elle discernait dans l'habitacle un pantalon de flanelle usé, un blouson bleu d'ouvrier et, posée sur la cuisse, une main maigre et frémissante comme un oiselet.'

'La succession de crises qui avaient frappé la Yougoslovie avait ôté à cet humble serviteur de la ligne 67 tout espoir de relève.'


Impressions
Après la guerre des districts de ce monde des jeux (Hunger Games), voilà un court roman qui plonge dans ce conflit hélas beaucoup moins fictif de cette ex-Yougoslavie.

L'auteur suisse d'origine  remémore pas seulement la guerre des années 90 mais aussi celles de la seconde guerre mondiale, avec l'évocation des crimes des Oustachis qui ont créé le premier camp de concentration à Jasenovac. Guerres de religion, d'ethnies, de politiques, beaucoup de souffrances, de proches disparus, et tous perdants.
Heureusement le miel adoucit les rudesses, soigne les blessures, réconcilie les anciens ennemis. C'est la leçon du vieux Nikola, sauvé par Vera qui partage avec cet ancien la connaissance du pouvoir de ce nectar divin.

Construction extrêmement habile avec ce jeu de relais de narrateurs: le narrateur écoute Vera qui l'a soigné, Vera témoigne de l'histoire confiée par Vesko venu lui apporter les 50kg de miel sur ordre de son père, et Vesko raconte. 

Des épisodes de l'Histoire avec un grand H ponctuent les pérégrinations et les destins mouvementés des uns et des autres. Cette Iliade du fils qui a oublié ses terres d'origine et qui doit rapatrier son père au péril de sa vie en traversant ces régions tout juste pacifiées est extrêmement prenante, servie par une écriture juste et parfois drôle.

Très beau conte d'une famille éparpillée par les aléas de la guerre.
Gros coup de cœur pour ce premier roman (et de l'auteur et du concours InterCE Alice de cette année).

Quelques éléments pour vous aider à situer les actions, surtout le périple où Vesko part récupérer son père dans la montagne de Velebit.
Carte de la République serbe de Krajina de janvier 1993 à mai 1995.
'L'histoire de Vesko était un fil rouge, ou plutôt une rivière souterraine qui disparaissait pour faire place à d'autres destins, d'autres paysages, pour surgir à nouveau là où on ne l'attendait plus.'

La république Serbe de Krijina autoproclamée en 1991 lors de la guerre d'indépendance de la Croatie, est située autour de la frontière Est avec la Bosnie. En août 1995 l'opération "Tempête" a éradiqué cette éphémère république. 200 000 Serbes prennent le chemin de l'exode, dont le frère de Vesko.
Etendu entre la plus haute crête du Mont Velebit (Vaganski vrh de 1758 m) et la côte Adriatique, une aire de plus de 95 km2, il y a le parc national de Paklenica. Ces majeures attractions sont les monumentaux canyons de Velika et Mala Paklenica, qui ont de profondes falaises, verticales de plus de 400 m de haut. 

'Les ruches de Nkola se trouvaient sur les contreforts du mont Velebit..."


"Il passait son temps à ausculter les essaims et à contempler leur danse affairée et chargée de sens. L'idée de redescendre parmi les humains ne lui était pas venue à l'esprit."

Le parc de Plitvice faisait partie de cette région.

Vesko part de Belgrade en direction du Nord, Szeged, une ville hongroise.
Puis redescend en Croatie vers Osijek, puis Vukovar, suivi de Brod et Karlovac.
Avant de pénétrer dans l'ex RSK...
Vukovar, l'un des théâtres des épisodes les plus sanglants du conflit yougoslave. Le 18 novembre, après 87 jours de siège par les forces de la République Fédérale de Yougoslavie à majorité serbe, les combattants croates quittent la ville. Les Serbes pénètrent la ville en ruine et réunissent les habitants dans le stade, séparant les hommes en âge de se battre des femmes, des vieillards et des enfants. Aucun des hommes ne sera épargné. Même sort pour les 420 blessés de l'hôpital.


mercredi 4 novembre 2015

211 & 212: 'Hunger Games, Tome 2 L'embrasement' et 'Tome3, La Révolte' de Suzanne Collins


Genre : fiction

Histoire

La suite du tome 1.
Après ces jeux sanglants où Katniss a sauvé Peeta en menaçant de se suicider avec les graines empoisonnées, elle devient malgré elle le symbole de rébellion face à la dictature du Capitole. Entre elle et le président, c'est devenu une lutte à mort, l'amour face au pouvoir.




Impressions

Eh oui, je dois l'avouer: j'ai été pris dans ce thriller au point de les dévorer en quelques jours.
La traduction offre un Français simple mais correct, et les événements sont amenés avec adresse, tenant le lecteur en haleine mais aussi introduisant cette empathie pour ces héros malmenés dans leur chair et leur coeur.
Evidemment l'héroïne est vulnérable et endosse le symbole de la révolte à son insu. Ces traits évoquent une forte ressemblance avec Harry Potter, lui aussi faillible et subissant  ce rôle de héros. Tous les deux trouvent leur courage et énergie dans leur amour pour leurs proches, leur famille, amis et être aimé. (Pour Katniss, au niveau sentiments amoureux, le scénario est plus alambiqué car son coeur balance entre 2 hommes.)

Le tableau est noir voire excessivement violent, mais hélas l'actualité quotidienne se fait l'écho de tant de ces violences et injustices. Génocides, guérillas urbaines, otages mais aussi manipulations médiatiques, Panem et Circenses, anéantissement de tout esprit de réflexion, les ingrédients de la géopolitique de notre société sont présents. L'auteur a l'intelligence de nuancer les équilibres, pas de manichéisme, les trahisons, violences, morts sont partagés par tous les camps.

Le troisième tome ne décrit plus un jeu d'arène, mais le lecteur est désormais prisonnier de ces destins alors que la folie s'exprime crescendo. A l'image de Peeta victime d'un lavage de cerveau, la démence s'empare de tous, dans la soif de vengeance de Gale, l'acte imprévisible de Katniss, la décision impardonnable de la présidente du district 13...
Ce format de trilogie amène avec intelligence ce dernier acte dont les blessures des survivants mettront du temps à se fermer.

Un "page-turner" apportant un bon moment de lecture, évoquant la dictature et l'absurdité de la guerre. Un best-seller en livre et en film pour les adolescents.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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