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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

jeudi 21 janvier 2010

15ième chronique: "Ni fleurs ni couronnes" de Maylis de Kerangal

Un recueil composé de 2 longues nouvelles qui se répondent. Une impression mitigée.


4ième ouvrage du concours Alice InterCE 2010.

2 récits:
- "Ni fleurs ni couronnes", en Irlande au printemps 1915, un jeune homme et une femme coopèrent pour une activité bien macabre...
- « Sous la cendre » en Italie pendant l’été 2003, 2 jeunes Français et une italienne gravissent le Stromboli.

D'un côté, j'ai apprécié
- l'écriture efficace et fluide (les dialogues sont fusionnés dans le corps de la narration, sans tiret et guillemets qui découpent les paragraphes), présente des phrases ciselées, souvent elliptiques, des descriptions percutantes et poétiques
"... on dit que les corbeaux volent sur le dos pour ne pas voir la misère - ça vous plante un décor."
- Une ambiance troublante de jeu de séduction
"Parfois il dévie son regard sur la fille comme on rapine en douce..."
"... elle a une belle peau, ça se confirme, une peau de cinéma qui absorbe et réfléchit la lumière..."

De l'autre, pour rebondir sur l'adjectif 'troublant', c'est une lecture qui est tendue, inquiétante, où on attend que derrière le désir et la sexualité surgisse la mort.

En conclusion, 2 nouvelles puissantes, mystérieuses, mais dérangeantes. Ce n'est pas un roman franchement noir, genre que je n'apprécie pas personnellement, mais sa lecture n'a pas été confortable en dépit de sa très belle écriture.

dimanche 17 janvier 2010

14ième chronique: "Venise.net" de Thierry Maugenest

Un policier court et efficace (150 pages) aux éditions Liana Levi dans la collection "piccolo".


Le principal attrait de ce roman est sa construction originale, où les chapitres oscillent dans le temps et dans leur forme:
- d'un côté des échanges de mails entre un professeur d'histoire de l'art vivant à New-York et un inspecteur de police italien qui mène l'enquête sur la mort à Venise d'une jeune universitaire française.
- de l'autre côté des scènes du passé vénitien, qui pour la plupart peignent la période où Jacopo Robusti, dit "il Tintoretto", décora La Scuola Grande di San Rocco, parfois surnommée “La Sixtine du Tintoret”.

Ce policier mêle histoire de l'art et fiction autour d'une société secrète (vraiment fictive?): il assimile intelligemment à l'intrigue des épisodes historiques véritables (par exemple le récit du concours de peinture en 1564 organisé par la Confrérie de la Scuola).
(Je vous invite d'ailleurs à visiter le site suivant:
http://www.e-venise.com/scuole_venise/scuola_grande_san_rocco_venise_1.htm)


Grâce à son découpage originale, ce polar qui exploite des ficelles similaires à celles du "Da Vinci Code" en évite cette écriture formelle (et excessivement lourde à mon goût) où un rebondissement (très souvent complètement tiré par les cheveux) survient systématiquement à la chaque fin de chapitre.

En conclusion, "Venise.net" se dévore très vite avec plaisir, et pour l'amoureux inconditionnel de Venise que je suis, voilà une belle occasion de flâner à travers ses édifices et son histoire.

samedi 16 janvier 2010

13ème chronique: "Firmin" de Sam Savage

Un roman anthropomorphique qui fait hommage aux rats de librairie

Roman récemment traduit en Français chez Actes Sud (2006), iconoclaste à l’image de son auteur qui publie là à 68 ans son premier manuscrit. Si on se réfère à sa biographie, Sam Savage a exercé une liste de professions à la Prévert : professeur, mécanicien pour vélos, charpentier, pêcheur, commercial, imprimeur…

Il n’est donc pas surprenant de découvrir dans cet ouvrage l’histoire d’un rat, Firmin, qui après avoir englouti des chapitres entiers de livres pour tromper sa faim, se révèle capable de déchiffrer les pages d’écriture. Cet appétit de lecture pourra s’exercer sans peine, puisque notre héros et ses 12 frères et sœurs sont nés dans le sous-sol d’une librairie de Boston. C’est d’ailleurs parce que seules 12 mamelles étaient disponibles pour allaiter la portée que Firmin, moins vaillant que les autres, a dû se rabattre sur le papier mâché…

Firmin découvre alors le monde à travers ses lectures boulimiques, les grands auteurs bien sûr mais aussi les autres ouvrages disponibles dans les autres sections de la librairie, connaissances hétéroclites qu'il exploite jusque dans son exploration du réseau de tuyaux de l'immeuble en se référant à un manuel de plomberie. Cette activité cérébrale développe alors chez ce rat une grande mélancolie, nourrie d’un côté par son isolement intellectuel au sein de sa communauté animale et d’un autre côté par son incapacité de se faire comprendre des hommes. Son ultime tentative de communication avec les hommes en gesticulant le langage des signes auprès de 2 jeunes filles se solde par une jambe cassée sous un coup de bâton de ses poursuivants...

Ce roman anthropomorphique chante incontestablement les louanges de la lecture, présentée comme un vecteur d’évasion, d'imagination; Firmin découvre le monde, sa géographie, son actualité, son histoire. Mais aussi -et c'est là l'originalité principale de ce livre- la lecture un germe de réflexion, d’idées hors des sentiers battus, voire anticonformistes: ces idées peuvent entraîner un rejet par les autres et un sentiment de décalage par rapport à ses congénères, d'où la grande solitude du lecteur vécue par Firmin. Cette atmosphère assez amère est renforcée par le décor de ce récit, le quartier de Scollay Square à Boston, où les immeubles sont abattus les uns après les autres pour faire place à un grand projet de rénovation urbaine.

Un semblant d’optimisme s’installe à mi-chemin du roman, quand Firmin est recueilli par Jerry, un écrivain marginal de l’immeuble. Mais ce ne sera qu’un bref entracte…

Un portrait agréable à lire, riche en références littéraires entremêlées avec humour dans les errances de Firmin, qui vous remuera le jour où un rat "petit, poilu, large de hanches et rétroprognathe" vous fixera des yeux…
Ce récit en forme de fable de la Fontaine porté par la voix du rat peut être déchiffré comme une allégorie du pouvoir de la lecture à faire rêver, réfléchir, sortir des sentiers battus de la normalisation, une démarche marginalisée dans un monde lobotomisé, saturé de télévision, de consommation multimédia sans efforts. Un avant-goût de "Farenheit 451", de "1984"...

jeudi 14 janvier 2010

Brève: Un enlèvement qui s'achève par un dénouement heureux

Dépêche AFP du 14 janvier 2010.


De retour d'un réveillon en Bourgogne, une chaussette bleue a découvert que sa compagne Sette avait disparu. Aussitôt un comité de soutien "Chaussette en détresse" a été mis en place, travaillant jour et nuit d'arrache-pied, faisant des pieds et des mains pour obtenir la libération de leur amie. Des messages de soutien ont été diffusés sur les médias:
"Courage Sette, on ne te laissera pas tomber comme une vieille chaussette !" ou encore
"Ne te laisse pas marcher sur les pieds, Sette, on a le b(r)as long !".

Cette agitation médiatique perpétrée jusque dans les ministères, où le comité de soutien était partagé entre mettre les deux pieds dans le plat ou faire des ronds de jambe, a fait chou blanc. Le talon d'Achille de ce comité était que certains de ses membres ne pouvaient se sentir, d'autres marchaient à côté de leurs pompes, et enfin certains étaient de mauvais poil, ce qui est inconfortable pour une chaussette.

Mais après 3 jours d'angoisse, la chaussette esseulée Chô a reçu un colis envoyé par les ravisseurs, dont voici le courrier joint (les noms ont été volontairement cachés pour préserver l'anonymat des protagonistes de cette triste histoire...):



Soulagement, le comité de soutien salue le mouvement de générosité et de chausseté (Note du Traducteur: ''d'humanité'') des ravisseurs.
Heureuses, Chô & Sette ont retrouvé goût à la vie, se sentent à nouveau bien dans leurs petits souliers.
Sette a confié à un journaliste qu'elle avait craint de partir les pieds devant, et qu'elle s'estimait très chanceuse de pouvoir partir sur la pointe des pieds.

Un fait divers d'hiver sans queue ni tête...

dimanche 3 janvier 2010

12ième chronique: "Coyote attend" de Tony Hillerman

Un polar best-seller de Tony Hillerman, décédé assez récemment (le 26 octobre 2008) à l'âge de 83 ans.


Why Hillerman ?...

J'avais d'excellentes raisons de me plonger dans les romans de cet auteur:
1- D'abord mon père, puis plus tard une amie m'en ont fait la promotion musclée, s'en montrant des lecteurs conquis ('tout est bon');
2- Ensuite, cet été nous avons fait en famille un circuit dans les parcs nationaux américains autour des "Four Corners", cet unique et étonnant point de jonction à angles droits entre les frontières de 4 états: Nouveau-Mexique, Arizona, Colorado et Utah. Et il se trouve que la plupart des romans de Tony se déroulent dans cette région.
3- Enfin, en plus d'avoir sillonné ces vastes états, nous avons visité quelques sites Navajos, Hopis, ou Anasazis (Wupakti National Monument, Canyon of Chelly, Monument Valley...). Et c'est là l'atout séducteur de Hillerman: ses intrigues policières menées par Joe Leaphorn et Jim Chee de la police tribale Navajo regorgent de détails culturels et sociaux de ces tribus indiennes du sud-ouest nord-américain.


L'intrigue...
A ce titre, "Coyote Attend" présente un lexique de mots navajos qui permet de mieux comprendre cette culture, ses rites, et en particulier l'histoire de ses mythes anciens autour desquels ce roman est centré. En effet, Hosteen Pinto, le personnage central est un vieux chaman, sollicité par de nombreux professeurs d'histoire pour sa connaissance des histoires de l'Ouest et des légendes navajos.

Mais Pinto est aussi le coupable parfait et 'trop évident' de l'assassinat du policier navajo Delbert Nez: il a été retrouvé par le sergent Chee lui-même, près de la voiture incendiée de Nez, ivre, portant l'arme du crime et disant pour unique parole: 'Mon fils, j'ai honte.'.
Mais ce meurtre dont le FBI juge l'enquête bouclée laisse trop de questions sans réponse : comment Pinto s'est-il rendu si loin de son domicile ? Comment s'est-il procuré un révolver si cher et du whisky de luxe ?...
Chacun de leur côté, le lieutenant Leaphorn et le sergent Chee enquêtent en dehors de la voie officielle des fédéraux qui déjà organisent le procès.


Pour conclure...
C'est un polar mélancolique, voire amer, avec des personnages attachants, gonflés d'humanité, une fresque ethnologique, où blancs et navajos se côtoient en quête de la vérité sur ces lieux sacrés empreints de magie, là où le coyote attend.


Un livre qui donne envie de retourner à la bibliothèque emprunter par exemple "Porteurs de peau", "Le voleur de temps" ou "Dieu-qui-parle", histoire de retrouver Joe et Jim et leurs états d'âme.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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