New !!

Liste par auteurs & titres dans Kronik list

jeudi 25 février 2021

440: ' De pierre et d'os' de Bérangère Cournut

Genre : Uqsuralik - femme de pierre au caractère d'ours, au nom d'hermine

Histoire

Uqsuralik se retrouve livrée à elle-même suite à une fracture de la banquise qui l'a séparée de sa famille.
Seule avec 4 chiens, elle doit affronter la dure loi de la nature et des hommes. Et devenir une femme. 

Impressions

Survie picaresque en milieu hostile d'une jeune femme inuit.

Froid glacial, blizzard pénétrant, où la famine peut décimer toute la tribu.
Et pour survivre, il faut se nourrir et donc il faut savoir chasser le caribou, le bœuf musqué, l'ours, et pêcher et harponner phoques et morses en se déplaçant à bord de kayak.
Uqsuralik apprend vite et est douée.

"Le quatrième jour, je commence à mâcher la peau de mes bottes, qui est la plus fraîche, la plus mangeable de tous mes vêtements. J’ai si froid que mes jambes commencent à durcir."


Pour survivre il faut que les clans se réunissent pour les naissances et les deuils, ou quand les éléments de la nature deviennent trop hostiles.
Les familles doivent alors gérer cruauté, inimité, jalousies entre les hommes mais aussi bonté, amour, solidarité, entraides, réconciliation, surtout entre les femmes.
Uqsuralik, orpheline et très vite veuve, réussit à se faire accepter par les autres.

"Tu es déjà quelqu'un d'étrange, à mi-chemin entre l'homme et la femme, l'orpheline et le chasseur, l'ours et l'hermine. ...Qui sait ce que tu peux encore devenir ?"


Pour survivre, les esprits aident les Inuits à comprendre l'invisible.
Les Inuits animistes invoquent les esprits, respectent la figure tutélaire du chamane, croient aux histoires mythiques (le géant, l’homme lumière…).
Uqsuralik est initiée par la vieille Sauniq, puis par le chamane Naja.
Et elle est douée.

"Naja m’a aidée à atteindre cet état d’extase qui permet de rejoindre l’espace céleste. Je sais maintenant, grâce à mon propre chant, me propulser hors de mon corps jusqu'au monde des esprits. J’apprends petit à petit à dialoguer avec eux sans avoir peur. Le voyage est pourtant terrifiant."

Portrait de Magito, jeune Inuit de Netsilik, dans le Nunavut (Canada).
(Photo anonyme, 1903-1905 Bibliothèque nationale de Norvège)

Ce récit est très documenté sur les us et les coutumes de ce peuple arctique; l'auteure s'est inspirée de nombreux ouvrages et des documents de la Bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle de Paris. 

Le grand mérite de ce roman est de nous faire partager au quotidien la vie des Inuits à travers un récit initiatique et poétique. Ce n'est pas un ouvrage scientifique aride, mais réellement une belle écriture simple et fluide qui nous immerge dans la culture ancestrale de ce peuple malmené par la modernité.
Des poèmes constellent le récit, des cris, des chants, hantés de personnages fabuleux ou créatures magiques.

Un très beau livre. Conte délicat dans un univers extrême. Poétique et magnétique.
Prix du roman FNAC 2019

vendredi 12 février 2021

439: 'Les Indes Fourbes' de Alain Ayrolles & Juanjo Guarnido - Roman graphique

Genre :  "Tu ne travailleras point"

Histoire

Roman graphique d'aventures picaresques.
Don Pablos de Ségovie fait le récit de ses aventures picaresques dans cette Amérique qu'on appelait encore les Indes au siècle d'or.

Éditée en 2019.
Juanjo Guarnido est le dessinateur,
Alain Ayrolles le scénariste.


Impressions
 
Un épais roman graphique de 160 pages.

Scénario extrêmement bien construit en trois actes, une véritable horlogerie de flashbacks, épicée de retournements de situation,  d'humour.
Comme écrit sur la couverture, le scénario s'inspire d'un roman « La vie de l'aventurier don Pablos de Ségovie », écrit par Francisco de Quevedo, auteur majeur de la littérature espagnole durant le Siècle d'or (1580-1645) . Ce récit graphique est présenté comme le second volume de ce roman espagnol qui se termine au moment où Pablos s'embarque pour les « Indes »,


Dopé par un fort instinct de survie, le vaurien est un farouche activiste du moindre effort. Il suit en cela un des commandements de son père : « Tu ne travailleras point ».
Le rythme est enlevé, le graphisme coloré impulse de l'énergie au récit.
Seul bémol personnel, je ne suis pas complètement séduit par le dessin, même si certaines pleines pages sont magnifiques, notamment les paysages luxuriants de la jungle chatoyante et de l'Eldorado.
Les traits crayonnés et colorisés à l'ancienne sont expressifs et de couleurs vives, mais trop à mon goût. J'ai regretté que cette maîtrise ne soit pas mise au service d'un dessin plus poétique et aux personnages moins caricaturaux.



Un canular brillant au scénario magistralement construit. 



438: 'Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part' d'Anna Gavalda

Genre : kaléidoscope de tranches de vie

Histoire

Récit de douze nouvelles.
Un roman sur le cours ordinaire de la vie.


Impressions
 
Toujours un grand plaisir de se plonger dans une oeuvre de cette auteure. (Son premier, édité en 1999)
Pas d'histoires extraordinaires, ces nouvelles racontent le vide et la solitude qu'on peut parfois ressentir, les espoirs et les amours qui nous animent, les joies et les peines ordinaires qui jalonnent notre route.
Anna Gavalda traite avec justesse et légèreté de ces aléas de nos vies, dans un style sans prétention. Rien d'héroïque, juste des humains.

S'égrènent:
  1. L'espoir d'une rencontre qui n'aboutit pas
  2. L'espoir d'une femme enceinte
  3. Les pensées silencieuses de 2 bourgeois dans leur voiture luxueuse
  4. Une étudiante qui rêve de rencontrer un compagnon
  5. Un musicien qui trouve l'amour sans l'avoir anticipé
  6. Un jeune bidasse qui rentre en permission rentre chez lui
  7. La découverte des conséquences désastreuses de l'incivilité d'un chauffard
  8. Une vétérinaire de campagne victime d'hommes-porcs
  9. De l'insouciance des milieux favorisés
  10. D'un amour ancien qui ne s'éteint pas
  11. D'un homme amoureux qui s'achète un clic-clac
  12. L'espoir d'une auteure qui présente son manuscrit à un éditeur
 "-Je me demandais si vous accepteriez de dîner avec moi ce soir...
Dans ma tête, je pense « Comme c’est romantique...» mais je réponds :
— C’est un peu rapide, non ?
Le voilà qui me répond du tac au tac et je vous promets que c’est vrai :
— Je vous l’accorde, c’est rapide. Mais en vous regardant vous éloigner, je me suis dit : c’est trop bête, voilà une femme que je croise dans la rue, je lui souris, elle me sourit, nous nous frôlons5 et nous allons nous perdre... C’est trop bête, non vraiment, c’est même absurde."

"Il sait parfaitement qu'il n'a aimé qu'elle... Qu'elle l'a laissé tombé comme un truc encombrant et inutile. Qu'elle ne lui a jamais tendu la main ou écrit un petit mot pour lui dire de se relever. Pour lui avouer qu'elle n'était pas si bien que ça. Qu'il valait mieux qu'elle. Ou bien qu'elle avait fait l'erreur de sa vie et qu'elle l'avait regretté en secret... Lui dire que pendant douze ans, elle avait morflé elle aussi et que maintenant... elle allait mourir..."

 "Au bout de combien de temps oublie-t-on l'odeur de celui qui vous a aimée ? Et quand cesse-t-on d'aimer à son tour ?
Qu'on me donne un sablier.

"On m'apporte surtout des chiens ou des chats. Plusieurs cas de figures : on me l'amène pour le piquer parce qu'ils souffre trop, on me l'amène pour le soigner parce que celui-là, y donne bien à la chasse ou, plus rare, on me l'amène pour un vaccin et là, c'est un Parisien."

Une lecture pas joyeuse mais agréable. Pas un roman inoubliable mais parfait pour s'évader au coin du feu.

grand prix RTL-Lire  en 2000



jeudi 4 février 2021

437: 'La Reine libertine, la Reine Margot' de Michel de Decker

Genre : récit historique d'une période mouvementée

Histoire
Vie de la Reine Margot.


Impressions
Voici un ouvrage qui peint avec verve la période historique très agitée de la fin du XV-ième début du XVI-ième siècle, notamment marquée par quelques événements tragiques comme le célèbre massacre de la Saint-Barthélemy dans la nuit du 23 au 24 août 1572, pendant lequel des milliers de protestants sont assassinés.

L'écriture est rythmée, les anecdotes nombreuses.

On apprend que  les femmes vertueuses de l’époque ne portent pas de culottes à partir de leur 14 ans. Avant cela, les petites filles étaient autorisées à porter une sorte de panty bouffant en coton.La Reine Catherine de Médicis (1519-1589) tenta tout de même une mode du pantalon pour les dames de la cour, mais en vain, puisque elle ne durera que quelques années.

Les portraits de femmes remarquables s'enchaînent.

Isabelle de Limeuil, un des fleurons du fameux "escadron volant". Cet "escadron" était constitué de demoiselles de compagnie de la reine mère, toutes de très bonne famille, belles et cultivées. Nombre d'entre elles auraient été chargées d’espionner, de soutirer des confidences sur l'oreiller, voire de manipuler, pour le compte de Catherine de Médicis, des personnages importants du royaume ou des ambassadeurs étrangers.
C'est ainsi qu'Isabelle de Limeuil tomba enceinte de ... Louis Ier de Bourbon prince de Condé, chef des troupes huguenotes. Écartée par la reine qui montra sa réprobation, elle fut envoyée un temps au couvent des Cordelières d’Auxonne avant d'être finalement libérée.

Diane de Poitiers ordonnait à son amant Henri II d'honorer son épouse, Catherine de Médicis, pour donner des héritiers à la Couronne...
   
Diane de Poitiers au bain  et,  Diane de Poitiers à 60 ans, ici peinte par François Clouet, qui en paraissait vingt de moins, suscitant bien des jalousies.

Veuve à 32 ans, Diane de Poitiers est chargée par François Ier de veiller à l'éducation de son fils Henri. Adolescent ténébreux, celui-ci ne tarde pas à tomber dans les bras de sa belle préceptrice, malgré les vingt ans qui les séparent.

Et évidemment, Marguerite de France, l'héroïne de cette biographie. Surnommée Margot à partir du xixe siècle, cette princesse de la branche de Valois-Angoulême de la dynastie capétienne est née le 14 mai 1553 et morte le 27 mars 1615. Elle était fille du roi Henri II et de Catherine de Médicis et la sœur des rois François II, Charles IX et Henri III.


Que de morts dans cette histoire, souvent dans des conditions difficiles même pour les rois.

Par exemple, en 1559, le roi Henri II, mari de Catherine de Médicis, blessé mortellement d’un coup de lance par le comte de Montgomery lors d’un tournoi, mourut dans de cruelles souffrances dix jours plus tard. '[...] la lance avait pénétré dans son œil droit avant de sortir par l'oreille."...

Et en particulier, on apprend qu'il ne fait pas 'bon' de fricoter avec Margot. Elle attire les Gros ennuis, la mort étant au menu...

Peu après son mariage en 1572, la reine de Navarre tombe amoureuse de Boniface de La Môle, un beau seigneur aux nombreuses conquêtes. Ce dernier fut impliqué dans un complot contre le frère de Marguerite, Charles IX. La reine de Navarre l’appris et mis en garde son frère adoré. Résultat : Boniface de La Môle fut décapité, causant un profond chagrin à la reine Margot.


A la fin des années 1560, une idylle naît entre Marguerite et Henri de Lorraine, duc de Guise.  Mais Henri de Guise met en péril le roi Henri III qui fait une entrée triomphale à Paris où une véritable émeute éclate. Après la journée des Barricades (12 mai 1588), Henri III doit fuir la capitale. Pour éliminer son rival, il ne reste plus au roi que la ruse. Il feint d'approuver la Ligue et nomme Guise lieutenant général du royaume. À l'occasion de la réunion des états généraux à Blois, où le duc, convoqué, fait figure de véritable souverain, Henri III le fait poignarder, le 23 décembre 1588, par les gentilshommes de sa garde.


Un récit historique très vivant. Qui fait s'interroger sur cette appellation de reine libertine en regard des mœurs de ses contemporains qui ne se privaient pas de mener aussi une vie volage ?

Donne envie de lire La reine Margot / Dumas, Alexandre (1802-1870). 

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

Grand Canyon