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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

samedi 21 janvier 2012

90: "Dans la mer il y a des crocodiles" de Fabio Geda

Genre : incroyable véritable périple d'un afghan de l'ethnie hazara

Histoire
Un jeune afghan de dix ans est abandonné par sa mère au Pakistan.
Pour le sauver d'une mort prévisible, puni d'être hazara, une ethnie haïe par les Pachtounes et les talibans.
Commence alors un périple insensé de cinq ans pour rejoindre l’Italie via l’Iran, la Turquie et la Grèce. Des traversées de frontières, la peur au ventre, dissimulé dans le double-fond d’un camion, pagayant entre la Turquie et la Grèce sur un canot pneumatique percé. Un monde de brutalité et de peur.
Mais aussi de la solidarité, de l'amour qui ont permis à Enaiat de tenir et recommencer (ou commencer ?) sa vie à Turin.




Impressions
Retenue, humour, innocence luttent contre la misère, les guerres, les horreurs, la solitude.
Une vie au jour le jour, se nourrir, dormir, se laver, gagner un peu d'argent pour manger le lendemain, échapper à ceux qui veulent tuer, voler, exploiter, sans pouvoir regarder en arrière, comme l'explique Enaiat.
« Ce qui est important, c'est l'histoire. Pas les gens,ni les lieux. Mon histoire n'est pas personnelle, elle est celle de milliers de gosses et de femmes. »

Un récit d'enfance époustouflant et poignant, transcrit de manière remarquable par Fabio Geda.

Extrait d'un article du Télérama:
Enaiatollah souhaite une unique chose: que ce livre puisse être lu par le plus grand nombre, surtout dans les écoles, « afin que les jeunes apprennent ce qu'est l'intolérance, le racisme, et que plus tard ils aillent voter, pour changer tout cela! »

jeudi 12 janvier 2012

89: "Les Fabuleuses Aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire" de Vikas Swarup

Genre : héros picaresque fabuleusement attachant

Dans la même veine que "La Ville des Prodiges" d'Eduardo Mendoza, on peut citer à nouveau la définition de Wikipédia: "picaresque": Un roman picaresque se compose d'un récit sur le mode autobiographique de l’histoire de héros miséreux [...] 

Histoire

    Ram Mohammad Thomas a remporté le gros lot du jeu télévisé indien "Qui Veut Gagner des Millions": un milliard de roupies. Mais la production et la police accusent d'escroquerie ce simple serveur ignorant qui n'a vraisemblablement pas pu correctement répondre à toutes les questions sans tricher.
Libéré de prison par une avocate à l'arrivée providentielle, Ram égrène des épisodes de son parcours "fabuleux" qui lui ont permis de gagner.

Impressions

    De fabuleux, il n'y a que cette chance d'avoir vécu pour chaque question posée un épisode de sa vie qui lui a apporté la réponse. Cette chance aussi d'avoir survécu à tant de brutalités et de misères. Peut-être parce qu'il a pu faire appel à la protection des dieux des 3 religions interpellées par son nom, Indi, Musulman et Chrétienne ?...

En effet derrière des situations loufoques et hautes en couleur, c'est une misère quotidienne noire, confinant parfois à l’horreur que décrit Ram: les bidonvilles, la pauvreté, la faim, la vie des orphelins des rues, la prostitution, la violence des hommes envers les femmes...
Certaines scènes peuvent inspirer La tristesse ou le dégoût, mais elles sont rendues supportables grâce à une écriture jamais misérabiliste, mais au contraire légère, fluide, insufflant la joie de vivre.
Grâce aussi à cet humour et cet optimisme que manifeste Ram, l'auteur dépeint une société riche aussi de solidarité, d’amitié, d’amour, une Inde exubérante (Bollywood) et resplendissante (Palais du Taj Mahal).

    La découpe de sa vie par autant de chapitres que de questions permet à l'auteur de ne pas décrire linéairement la vie de Ram, mais au contraire de brouiller les pistes et d'ainsi créer des suspens jusqu'à un final fabuleux.

C'est donc un roman très instructif, plaisant à lire.
Il me reste à voir le film "Slumdog millionnaire" qui constitue une adaptation à l'écran de ce roman.

88: "De lait et de miel" de Jean Mattern

Genre : souvenirs d'un roumain à l'aube de sa mort


Histoire

Sur le seuil de sa mort, un vieil homme malade se remémore son passé et celui de son épouse, tous les exilés de l'Est. Flash-backs entremêlant la fuite de Timisoara en 1947 pour le narrateur, et pour sa femme l'exil d'un Budapest aux élans de liberté réprimés par les Soviétiques en 1956.

Impressions

L'idée de base d'un narrateur mourant déroulant le fil de sa vie n'est pas très originale. Mais l'auteur réussit à capter l'attention du lecteur par sa construction, son écriture et son contenu historique.

Les deux exils sont peints par touches, entremêlées des sentiments et du vécu présent. Cette construction évite un déroulement linéaire des histoires, dynamise le récit.

Le nombre réduit de pages et l'écriture sobre, où sont évoqués avec beaucoup de subtilité les sentiments humains, apportent du rythme et de la poésie.

Enfin, après les errances dans la Courlande en compagnie de Jean-Paul Kauffmann, voici une invitation à découvrir l'existence de Banat, une province roumaine reconquise sur les turcs et peuplée au XVIIIe siècle d'Allemands, d'Alsaciens et de Slovènes.


Un récit condensé sur l'exil et le déracinement.
L'occasion aussi de réfléchir à la notion d'immigrants et de terre d'accueil. En cette période ...
4ième lecture du concours Alice interCE 2012. Toujours un petit faible pour "La Place aux Autres".


Bonus

Le site suivant présente un livre "l'étonnant destin des Français du Banat". Ainsi dès 1718 se sont formés des convois d'Alsaciens et de Lorrains en direction de cette province de la taille de la Belgique, alors à cheval sur la Roumanie, la Hongrie et la Serbie. Lors de la deuxième guerre mondiale, les nazis ont enrôlé de force ces Banatais dans les unités de première ligne.
Lors de l'offensive de l'Armée Rouge, cette population est jugée comme ennemie et doit donc fuir le massacre et la déportation. Après des tractations lentes, près de 10000 Banatais furent autorisés à s'établir en France.


Extraits choisis

"Existe-t-il une formation pour gendarmes et policiers chargés d'annoncer de mauvaises nouvelles à des parents, à des frères et sœurs ?"... Exactement la même considération que dans Allumer le chat.


"Je n'ai pas eu le temps de lui confier ce qu'un père ne dit pas à sa fille. Maintenant, cet aveu que j'aurais aimé lui chuchoter fait partie de tous ces possibles jamais réalisés, tous ces peut-être, ces pourquoi pas, ces on verra plus tard et on a le temps qui remplissent nos jours et qui se transforment en notre pire douleur quand la vie s'en va."

mardi 3 janvier 2012

87: "Ouragan" de Laurent Gaudé

Genre : apocalypse


Histoire

En 2005, le cyclone Katrina souffla la désolation dans toute la Louisiane. La Nouvelle-Orléans, abandonnée à son sort par les autorités, est dévastée. Gaudé nous fait revivre ce drame à travers l'histoire de plusieurs habitants qui n'ont pas pu être évacués. Joséphine Lincoln Steelson vielle négresse fière, Keanu Burns qui cauchemarde après 5 ans d'enfer sur les plates-formes pétrolifères, Rose et son petit garçon, une bande de prisonniers et un révérend.
Tous viendront à se croiser dans la tourmente...

Impressions

La tempête réveille les peurs, la mort rode et frappe surtout les pauvres, et surtout ces noirs qui sont considérés par les Blancs comme moins que des chiens.
La puissance de l'écriture singulière de Laurent Gaudé est à nouveau au rendez-vous, elle traduit avec efficacité la violence du cataclysme en même temps que celles des naufragés.
Le fil conducteur est donné par Joséphine qui, s'exprimant comme une prêtresse, une pythie, psalmodie la mémoire des Noirs en Amérique, dénonce le racisme.
Le personnage du révérend qui perd la raison m'a personnellement peu convaincu.

Une écriture magistrale. Un roman à lire d'un trait d'un auteur qui fait décidément partie de mes favoris.

lundi 2 janvier 2012

Lost and found after New Year's Eve...

Dépêche AFP du 2 janvier 2012.


New Year's Eve oblige, après l'épisode douloureux de la disparition de Sette relaté dans ces colonnes bloguiennes, c'est un drame multi-victime qui se déroule en ce moment même.

En dépit d'un sauvetage in-extremis dans le canot de sauvetage des Coquettes d'un dentifrice, d'un pantalon de ski, du DVD "Une nuit au musée" et d'une serviette éponge, ont été abandonnés :
- 2 semelles rouges 36-37
- Une paire de collants taille S
- Un blouson de ski de taille M
- Et surtout, un jeu de clés solidaire d'un Nano Rubik's cube !!!


Une taille "M", signature de M le Maudit ?
Un dérapage de combinaisons de Rubik's Cube ??...
Une analyse ADN des peaux usées de doigts de pieds et un relevé des empreintes digitales sont en cours afin de déterminer l'identité de la victime...


86: "Allumer le chat" de Barbara Constantine

Genre : allumé


Histoire

Ayant de près ou de loin un lien avec le couple de Mine et Raymond, une multitude de personnages expriment leurs états d'âme,

... du gendarme se plaignant des difficultés de son métier
"Faut se mettre à leur place, c'est stressant des fois.
- Bonjour madame ! Alors, voilà. Votre mari est mort cette nuit, écrasé par un cerf de deux cent kilos, alors qu'il sortait, d'après notre enquête, de chez sa maîtresse avec qui, je vous assure tout de suite, il n'a pas eu de rapports sexuels, hier soir en tant cas. Les analyses sont en cours. Et puis, ne vous tracassez pas trop, vu la vitesse à laquelle il roulait, la mort a du être instantanée, enfin rapide quoi."


Au cantonnier alcoolique qui creuse les fosses des tombes
"En attendant, il a le gosier en toile émeri. il se jette une grande rasade de rouge. Et puis, il en a encore deux autres à creuses, de trous."

En passant au chat, Bastos, pédant qui philosophe
"Supposons que l'on maîtrise la technique du << zéro doute>>. Il deviendrait donc possible de changer le cours des émotions codifiées... Prenons l'exemple de la mort d'un proche."



Impressions

A condition d'être d'humeur légère, vraiment un moment savoureux de lecture.
Un rythme très rapide, où se succèdent des chapitres courts.
Un récit loufoque et très drôle, même quand la mort est évoquée.
C'est rocambolesque voire invraisemblable, délicieusement allumé.



Pour une lectrice (cf. Web), ce roman ne "manque pas de chien" mais elle n'a pas accroché "Pas de quoi fouetter un chat." du fait d'un excès d'argot voir de langage vulgaire, et de situations qu'elle a jugées trop absurdes et caricaturales. Certes, mais laissons-nous aller et ne boudons pas notre plaisir.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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