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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

vendredi 30 décembre 2022

517: 'Un jour ce sera vide' de Hugo Lindenberg

Genre : méduses et enfants échoués

Histoire
Le narrateur, un enfant de dix ans, passe l'été sur la côte normande avec sa grand-mère. Pour tromper son désœuvrement, il va sur la plage et observe les familles, les vraies familles; ce qui l'intéresse c'est de voir des parents avec leurs enfants. Mais, un jour, alors qu'il ausculte une méduse à l'aide d'un bâton, il est abordé par un autre garçon, Baptiste.


Impressions
Etonnant écho entre la BD empruntée par hasard 'Le poids des héros" et ce premier roman d'un auteur glané au petit bonheur parmi une sélection de livres faite par les bibliothécaires.

En premier abord ce petit récit présente une allure insignifiante : il décrit les vacances d'été d'un petit garçon à la plage (ne pas s'attendre à des événements mouvementés, on se lave, on mange, on se baigne, on joue...).
Et puis, petit à petit, l'auteur distille les secrets de cette famille démembrée, soulève le voile sur certains traumatismes de l'Histoire.
La grand-mère parle avec un fort accent évoquant ses origines polonaises que complètent des allusions aux drames causés par la folie nazie.
La disparition de la mère, dans un probable accident.

Ecriture ciselée pour aborder dans chaque court chapitre un micro-sujet - les fourmis, la tante, la plage...- et laisser cours à la description du tumulte intérieur qui bouillonne dans la tête et le corps du jeune garçon. 

Mon bémol: je n'ai pas compris la fin du roman, soit elle est ratée - à tout le moins expédiée. Les ultimes pages m'ont paru flottantes, et le dernier chapitre m'a laissé le bec dans l'eau.


Une grande délicatesse et un tact remarquable pour un premier roman.

Prix du Livre Inter 2021.

jeudi 29 décembre 2022

516: 'Le poids des héros' de David Sala - BD

Genre : festival de couleurs pour un passage de relais écrasant

Histoire
Récit à travers les yeux de David des passés écrasants de ses grands-pères, héros de guerre et de la résistance.

En convoquant son point de vue de petit garçon, il nous plonge dans une majestueuse et foisonnante exploration de l'enfance et de l'adolescence.



Impressions
C'est un passé pesant dont hérite le petit garçon qui n'est autre que David Sala.
Le poids de l'héritage familial qu'il faut apprendre à porter, en tant que petit fils de ses grands pères. Evidemment un sujet qui me touche personnellement.

Côté maternel, Antonio Soto de Torrado, né à Oliva de la Frontera, au sud de l'Espagne, a survécu à la guerre d'Espagne et au camp de concentration de Mauthausen.
Son autre grand-père, Josep Soca, était espagnol aussi et tout comme le grand-père maternel il fut un héros de la guerre et de la résistance.

Fuite de la barbarie et à la mort, déracinement en France, mais aussi l'amour et la transmission de leurs engagements politiques.


L'auteur adoucit la rudesse de ces événements par un graphisme somptueux, chatoyant, des gerbes de fleurs, des pastels poétiques et lumineuses. 
Le décor des appartements flashe par ses motifs et coloris des années soixante-dix.
Des planches colorées nous plongent dans l'imaginaire onirique du petit garçon.


Certaines planches sont beaucoup plus sombres, représentant par exemple le petit garçon qui traverse des forêts de branches épineuses et blessantes...

Les couleurs rythment les histoires des deux héros. La scène où son grand-père paternel parvient à échapper aux SS est une course effrénée qui commence dans le vert de la forêt, puis le rouge des ronces pour se terminer, la page tout juste tournée, par une claque de bleu, le bleu de la liberté ! 

 "Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde."
Derniers mots d'une farce tragique de Bertolt Brecht, « La Résistible Ascension d'Arturo Ui » - pièce rédigée dès 1941, mais célèbre bien plus tard, qui met en scène un Hitler maffieux, mâtiné d'Al Capone. 

Formidable récit, bijou graphique, alliant luminosité et sombre profondeur pour témoigner d'un passé douloureux et d'hommes résistants. Enorme coup de cœur !

mercredi 21 décembre 2022

515: 'Azincourt par temps de pluie' de Jean Teulé

Genre : raclée dans l'Artois

Histoire
25 Octobre 1415.
Azincourt, commune française située dans le département du Pas-de-Calais.

Sous une pluie battante, 8500 Anglais attendent d'être massacrés par 12000 à 15000 Français. Les troupes d'Henri V d'Angleterre ont pris position au sud, au sommet de la côte. Les troupes françaises de Charles d'Albret, connétable de France, elles, leur font face au nord, à 900 mètres à peine.


Jean Teulé : « La bataille d'Azincourt est un festival de conneries »

Impressions
Récit court, efficace où action se conjugue avec humour.


Charles d'Albret, encore frais et paradant avant la bataille

Je ne vais pas spoiler la fin en disant que cela finit mal pour les Frenchies...

Jean Teulé décrit avec verve les différents épisodes de cette bataille absurde où les Français en surnombre ont accumulé les erreurs graves de stratégie -toujours gonflés des préceptes de combats qualifiés de chevaleresques-, de préparation -ils ont par exemple ripaillé toute la nuit, sans protéger les armes de la pluie,- et d'organisation.
Dans l'armée française où plus personne ne sait ni quoi faire ni à qui obéir et sans reste d'autorité pour réorganiser le combat en aboyant des ordres, c'est le bordel.

Alors que les Anglais sont fatigués, malades à cause de moules pas fraîches
— Les moules de la baie de Somme ont presque suffi à tous les tuer, alors nous..., pouffe le Danois. Ne pas parvenir à réaliser ce qu’ont pu faire des moules pas fraîches serait un comble !'


Et la boucherie a eu lieu, inexorable.

"Au premier rang, beaucoup de grands noms de l’aristocratie française ont péri. Ces morts ne bougent pas, ce qui est fréquent, mais quoique debout ils ne tombent pas non plus, ce qui est plus rare. Ils ne tombent pas car ils ne peuvent tomber. L’armure médiévale étant peu flexible, et parce qu’ils sont englués jusqu’aux genoux dans la gadoue qui les retient, leurs dépouilles ne parviennent à basculer ni en avant ni en arrière. Les nombreux succombés sans avoir combattu, entre d’autres Français qui étouffent dans leur armure, forment un vertical rempart. Ils ressemblent aux statues alignées de l’île de Pâques."

Le roi de France Charles VI, à la santé mentale fragile, ressort de cette défaite très affaibli et, de façon plus globale, c'est toute la stratégie militaire de l'époque qui est remise définitivement en question : la bataille d'Azincourt marque la fin de la chevalerie française dans un royaume au bord du gouffre.

Trop bloquée en ses immuables principes ancestraux, la fantastique chevalerie française paie cash sa vanité et son incapacité à s'adapter aux temps nouveaux.

Un roman jubilatoire sur une bataille inutile mais tellement chevaleresque !



Le roi de France Charles VI n'a joué aucun rôle dans la bataille d'Azincourt. Il faut dire que sa santé l'en rendait incapable. Couronné à seulement 11 ans, après le décès de son père Charles V, son règne a plutôt bien débuté. Le peuple apprécie ses efforts pour rétablir l'ordre et la sécurité et il est surnommé Charles le Bien-Aimé. Mais le 5 août 1392, alors qu'il voyage avec sa troupe il est pris d'un accès de folie et tue quatre hommes de son escorte. S'il se rétablit au bout de deux jours, ses accès de folie vont se répéter régulièrement jusqu'à son décès en 1422. À tel point qu'il est aujourd'hui connu sous le nom de Charles le Fou. 

Comme évoqué dans le roman,  en plus de souffrir de schizophrénie, Charles VI pensait que son corps était entièrement en verre
Il portait des cerceaux autour de son torse pour que, selon lui, son corps ne se brise pas en mille morceaux. Il était aussi sujet à des troubles de la mémoire. Effectivement, il oubliait qu’il était roi de France, mais aussi qu’il était marié et avait des enfants. Par ailleurs, ses sujets étaient dans l’obligation de recourir à la force pour le laver.

C'est son cousin et connétable de France Charles 1er d'Albret qui commande les troupes françaises à Azincourt.

samedi 10 décembre 2022

514: 'La décision' de Karine Tuil

Genre : tragédie du libre arbitre

Histoire
Alma Revel est juge d'instruction anti-terroriste

Impressions
Récit quotidien d’une femme, juge antiterroriste, maman, amie, amante.

Karine Tuil aime interroger les valeurs de la société. Après les ambiguïtés du mouvement #meetoo dans les Choses humaines, elle aborde ici le sujet du terrorisme islamique.

Les descriptions tant du monde judiciaire que des sentiments sont ciselées et précises.
La toile de fonds de ce récit est cette période terrible d'événements terroristes parisiens, Bataclan, Charly Hebdo, le décor est pesant. Doit-elle continuer à s'épuiser à gérer une charge de travail harassante, la peur de l’agression, la crainte d'une erreur, la douleur des familles de victimes ?
En 2015, elle a dû pénétrer au Bataclan : « Tu entres, entravée par ton histoire, ton identité sociale, politique ; tu sors et tu comprends que ton être a été déformé, contaminé. Tu ne seras plus jamais la même. »

La crise existentialiste vécue par la narratrice est décrite avec finesse. Entièrement dévouée à son métier qu’elle pratique comme un sacerdoce, elle a délaissé sa vie familiale, voit son couple se déliter inexorablement.

La construction est dynamique, avec l'alternance d'interrogatoires, de pages du quotidien et de l'enquête.

J'ai appris un nouveau mot, taqiya. Il s'agit de cette ruse suprême, la stratégie de dissimulation qui a permis à un certain nombre de terroristes d’endormir la surveillance, de passer sous les radars avant de mener leur œuvre de mort. 

C'est une lecture que j'ai vécue comme pesante.
D'abord évidemment de par le sujet du terrorisme et de sa barbarie, mais aussi du fait d'une tension croissante quant à l'issue des décisions -car Alma est confrontée à plusieurs décisions et non pas une (exercice : lister la liste des décisions d'Alma. 15 minutes...)
Et l'issue est hélas perceptible, et on s'impatiente à attendre le couperet tomber.

L'épilogue réconcilie un peu le lecteur, en apportant ne conclusion plus humaine.

Un roman qui marque, nous remémorant ces périodes noires des attentats de 2015 et peignant la face noire des humains.  Un roman qui parle des décisions à prendre dans sa vie, personnelles et professionnelles. Un roman coup de poing.

dimanche 4 décembre 2022

513: ' Oleg' de Frederik Peeters - BD

 Genre : mid-life crisis, autobiographique

Histoire
Oleg est dessinateur de bandes dessinées. Vivant avec sa femme et sa fille, ce quinquagénaire se pose de nombreuses questions sur son quotidien et son rapport à la société contemporaine.


Impressions
Humour, maladie, amour, Oleg c'est l'avatar de Frederik qui raconte son quotidien.

Histoire très personnelle et très touchante, surtout de par sa sincérité. Formidable déclaration d'amour pour ses proches.

"Si un homme vous explique qu'il aime, qu'il désire, et qu'il baise avec la même femme depuis dix-neuf ans, vous le prendrez pour un menteur...
... ou vous serez brièvement attendri, avant de le voir comme un pauvre innocent qui ne réalise pas à côté de quoi il passe. Vous le plaindrez un peu.
"Depuis le temps, il ne sait plus ce que c'est que le désir et l'amour, il se ment par lâcheté, par confort, parce qu'il n'a pas les couilles de changer ses habitudes."
Vous aurez peut-être raison.
Mais il ne se passe pas une semaine sans qu'Oleg ne mette sa vie à l'épreuve de toutes ces questions, et c'est toujours sa conclusion personnelle.
Il y a tout lieu de croire qu'il est honnête."
C'est en effet une histoire d'humour et d'amour où la maladie vient poser un peu de gravité mais aussi une réflexion sur l'art et l'artiste et sa place dans une société numérique et individualiste.

J'aime beaucoup son trait noir et blanc aiguisé et limpide.
Les dessins sont fouillés et rythmés, du grand art.

Magnifique récit autobiographique. Coup de cœur !

Prix Fnac & France Inter BD 2022

jeudi 17 novembre 2022

512 :'Orages ordinaires' de William Boyd

Genre : errance dans les bas-fonds londoniens

Histoire
Adrian Kindred, jeune climatologue spécialiste des nuages, se retrouve dépouillé en quelques heures de tout ce qu'il tenait pour acquis, et avec la police et des tueurs à ses trousses.
Il rentre dans la clandestinité...




Impressions
Thriller dans les quartiers de Londres, l'histoire de la survie d'un homme en fuit, la vie dans la clandestinité que cette grande cité permet.
600 personnes disparaissent par semaine en Grande-Bretagne, et William Boyd en illustre une version par ce récit.

Avec comme décor les abords du pont de Chelsea comme camp de base. Au fil du temps, Adam Kindred reprend pied peu à peu physiquement et psychologiquement, et il se mat alors à étendre son périmètre d'investigation dans sa quête de la vérité et des preuves de son innocence.

C'est aussi un roman sur la corruption des firmes pharmaceutiques et leur liens toxiques avec les puissants. Mais rien de nouveau ne ressort de cette description.
Déjà de nombreux romans racontent une histoire d'essais thérapeutiques truqués avec des dossiers de décès suspects qui disparaissent. Y compris avec l'assassinat d'un médecin qui aurait émis des réserves quant à l'innocuité du produit face à la toute puissance d'une grosse firme pharmaceutique.


Ce qui me plait dans les romans de William Boyd est qu'ils s’inscrivent dans une période historique très documentée, qui donne substance et vraisemblance psychologique à des personnages entraînés dans leur parcours d’être humain. 
Le personnage d'Adam Kindred est profond et attachant, mais je n'ai pas retrouvé  dans les Orages Ordinaires l'exceptionnelle richesse psychologique qui est la signature de William Boyd, dommage.

Un roman divertissant mais assez convenu. Pas le meilleur William Boyd des 3 que j'ai déjà lus.

mercredi 16 novembre 2022

511: 'La fille' de Christophe Blain - BD graphique et musicale

Genre : western fantastique

Histoire
C'est l'histoire """tout à fait banale"" d'une motarde aventureuse qui traverse l'ouest américain et qui rencontre un cow-boy de 25 cm :)


Impressions
Amour improbable entre 2 personnages atypiques. Quoique...

Les planches dessinées alternent avec des pages de texte, où sont notamment transcrites les paroles du CD qui accompagne cet ouvrage. 
Le graphisme est somptueux, avec cette légère touche comique et ironique. Parfois une ambiance seventies règne, tandis que d'autres planches présentent des scènes classiques de western. 
Christophe Blain casse les codes de la BD.
Même au niveau graphique, il insère plusieurs dessins qui s'étalent sur deux pages.

Le CD reprend le texte qui alterne avec des plages musicales. Une BD à écouter ?
.
Un objet hybride roman-BD-musique déjanté. Road movie très rock-n-roll façon Tarentino.
Yoooh !

vendredi 11 novembre 2022

510: "Kennedy et moi" de Jean-Paul Dubois

Genre : Polaris polaire?

Histoire
Samuel Polaris écrivait des romans mais a cessé, il paresse chez lui en côtoyant au minimum sa progéniture qu'il déteste: sa fille obsédée par l'argent et sa carrière d'orthodontiste et les deux jumeaux geeks informatiques. Sa femme Anna, qu'il aime toujours, a une liaison extraconjugale et pour couronner le tout, Samuel souffre d'un mal abominable à une dent.
Le tableau est planté...

Impressions
Florilège d'humour noir et de dérision.
L'auteur critique la vanité des gens, l'inconsistance et la fragilité des sentiments, l'artifice qui régit les unions, le ridicule des convictions.
Le ton désabusé de Samuel et souvent aussi rejoint par Anna est jubilatoire.

Un régal court et délicieusement déjanté. Une peinture cathartique des rapports humains.

mardi 8 novembre 2022

509: "Lost in management" de François Dupuy

Genre : analyse sociologique du monde des entreprises

Histoire

Une vingtaine de cas concrets français et étrangers étudiés ces quatre dernières années et analysés par le sociologue François Dupuy pour illustrer ses concepts sur la sociologie des organisations. La vie quotidienne des entreprises au XXIème siècle


Impressions
Essai 

Une représentation, sinon une idéologie, domine aujourd'hui dans notre pays : celle d'une entreprise régie par la tyrannie du profit et prête à écraser les individus pour atteindre ses fins. L'entreprise serait ainsi le lieu de l'autorité, du pouvoir et du commandement vertical. 
La réalité, telle que peut l'observer le sociologue de terrain, est le plus souvent très éloignée de cette supposée dictature. Ce qui le frappe au contraire, c'est la progressive liquéfaction des relations de pouvoir traditionnelles dans les communautés de travail. Le pouvoir n'a pourtant pas disparu. Il ne s'est même pas simplement euphémisé en « gouvernance » et « contrôle de performance ». Il est plutôt descendu d'un ou plusieurs crans pour se disperser à la base, au niveau des intermédiaires et des exécutants. De sorte qu'on ne sait plus toujours très bien qui décide quoi, ni même si ceux qui décident sont aussi ceux qui sont responsables. Dans de nombreuses entreprises, le problème n'est plus tant de limiter un pouvoir potentiellement excessif, que de reconstruire une maîtrise minimale de la direction et de ses managers sur l'organisation et ses personnels, y compris ses cadres dont François Dupuy avait dans son précédent ouvrage analysé la grande « déprime ». Tel est le « nouveau combat des chefs ».


Essai

vendredi 28 octobre 2022

508: ' Un éclat minuscule' de Jean-Baptiste Gendarme

Genre : récit de 20 minutes d'attente

Histoire
Alors que Clémence et Stéphane sont en voyage en Égypte, ils sont renversés par une voiture.
Clémence ne peut pas se relever, elle est grièvement touchée. 
Stéphane, figé, laisse ses pensées dériver…

Impressions
Roman très court ou longue nouvelle, 20 minutes

J'ai appris le mot 'Apotropaïsme'
Tendance à se protéger des malheurs en essayant de les conjurer par anticipation ou superstition

Et je me suis plutôt ennuyé.
La situation figée et stressante sert de fond de toile pour le récit de la vie de ce couple. Les flashbacks s'enchaînent entre 2 retours dans la réalité égyptienne où le narrateur attend les secours avec une passivité qui interroge, voire dérange.
Stéphane ne bouge pas, les passants passent, la vie s'enfuit.

Récit de 20 minutes d'attente, où la caravane de secours ne passe pas, et la victime trépasse. Un roman minuscule qui manque cruellement d'éclat.

mardi 25 octobre 2022

La lecture aux aguets de "La vie aux aguets" de William Boyd

Genre : l'histoire d'un lecteur qui a oublié qu'il avait déjà lu un roman

Histoire
Le lecteur se replonge en 1976, une canicule règne en Grande-Bretagne.
Ruth en compagnie de son fils Jochen rend visite à sa mère Sally.
Cette dernière, en chaise roulante sous le prétexte d'une chute, lui confie un recueil de papiers racontant la vie d'Eva Delectorskaya, une émigrée russe et une ex-espionne de haut vol.
En annonçant à sa fille, qu'Eva et Sally sont une seule et même personne...
Et là une étincelle s'allume dans la tête du lecteur: et si j'avais déjà lu ce roman ?

Impressions
Encore la démonstration du don de conteur de cet auteur britannique.
Et la démonstration que l'écriture d'un memento de ses lectures peut être utile :)

Roman toujours excellent, qui n'a pas pris une ride depuis sa chronique en décembre 2017 !...

dimanche 23 octobre 2022

507: 'Travail soigné' de Pierre Lemaitre

Genre : Boucherie charcuterie

Histoire
Après un premier double meurtre épouvantable, le commandant de police Camille Verhoeven se retrouve pris dans un enquête égrenant des crimes tout aussi horribles et gratuits...
La presse, le juge, le préfet se déchaînent bientôt contre la "méthode Verhoeven" alors que celle-ci va se retrouver seul face à un assassin qui semble avoir tout prévu.

Impressions
Ce roman est le premier tome d'une trilogie avec le policier Camille aux manettes..
C'est un hommage à la littérature policière, les œuvres d'écrivains comme James Ellroy ou  Brett Easton Ellis étant au cœur de l'intrigue.

Le crime servant "d'amuse-gueule" est tout simplement barbare et ignoble, et j'ai encaissé en me disant que cela n'était qu'un passage à passer. Mais non seulement les scènes de crime qui suivent relèvent également du gore barbare mais tout au long du récit, elles sont réanalysés sans épargner aucun détail sordide
Il faut avoir le cœur bien accroché, et pour moi cela a été 'too much'. Je me suis demandé pourquoi j'avais encaissé les scènes trash de Millenium et avais été dérangé par ce récit. Peut-être parce que dans Millenium, j'ai été happé par les personnages de Lisbeth Salander et de Blomkvist. Cette profondeur psychologique où  Stieg Larsson excelle ne se retrouve aucunement dans les protagonistes de 'Travail soigné'.

Et, ceci d'autant plus, que dès la moitié du roman, je sentais venir la fin, et non Pierre Lemaitre ne nous a pas épargné cette chute tellement prévisible. Et insupportable. j'ai refermé ce livre avec un sentiment de malaise.

Roman plus rouge que noir. Hyper déçu par ce polar que je déconseille.

mercredi 5 octobre 2022

506: "Les Ritals" de François Cavanna

Genre : 400 coups à Nogent-Sur-Marne

Histoire
François Cavanna raconte son enfance avec gouaille et tendresse.
Nogent-sur-Marne, 1930 - 1940, fils d'un maçon italien, arrivé en France dans les années 1920 et d'une mère Morvandelle, grandit dans un milieu d'émigrés italiens. 





Impressions
C'est l'histoire d'une jeunesse d'immigrés italiens. D'une population pas riche mais qui sait apprécier la vie.

"Maintenant que j'y pense, je me dis que j'ai toujours vécu sans tellement me rendre compte qu'on est des pauvres. Je veux dire: sans me mettre à ma place en tant que pauvre par rapport à des qui sont riches."

Une peinture sociale et sociétale parfois acérée, mais le plus souvent tendre.
Il sait raconter la vie des cons, des braves, des ouvriers, des culs-bénis, des garçons obsédés... Dans une Europe tendue et dominée par les extrêmes, avec l'antisémtisme, en particulier dans cette période où Hitler et Mussolini font les unes des journaux.

En France...
Quand j’ai vu des gars que je croyais pas plus cons que d’autres, des gars de mon âge, tordre la gueule de dégoût et écumer d’envie de tuer, de tuer salement, au seul mot de « Juif », j’ai découvert un monde. Un monde de petites conversations merdeuses dans des petites familles merdeuses de petits faux riches merdeux, aigris, vertueux, et cons, madame, cons, cons, mais cons ! J’ai décroché. Ça aimait trop la buffleterie et l’acier bleui, là-dedans. Je crois que je suis pas fait pour la haine.

Et en Italie...
Dans ton pays, la gueule, on l’ouvre pas. Le fascisme est assis dessus, sur ta gueule, avec son gros cul, ses chemises noires, ses grands féodaux, ses petits épicemards, ses curetons, ses espions, ses carabiniers, ses chiées de mômes fouineurs, fanatisés, tordus dès le berceau.

Le fil conducteur est la population italienne immigrée. Même si la mère de François est française (de Forges), femme de ménage et dépeinte comme une personnalité rude et peu sympathique.

"La vie, c'est un grand plat de merde qu'il faut manger à la petite cuillère."
Prononcer "marde" et même plutôt "marrd'", bien molle bien noire, en roulant férocement l'r sur le bout de la langue.
Ça, c'est un proverbe à maman. Elle parle beaucoup par proverbes, maman. Des proverbes noirs, méchants, désespérés. Des proverbes de Morvandiaux ronge-raves, croquants fourbus, battus, cocus au long des siècles, bêtes à chagrin, sacs à misères, tannés recuits comme charbon de bois, tout en os et tendons, moustaches tombantes, sourcils froncés, croquants de la Nièvre où la terre est plus basse que partout ailleurs.

Mais c'est le père de François qui est le héros de ce récit.
« J'étais parti pour raconter les Ritals, je crois qu'en fin de compte j'ai surtout raconté papa. »

Un papa authentique, travailleur, généreux, qui prend soin des autres et même d'un pêcher qu'il plante en le protégeant d'un parapluie.
"Tous les copains de travail de papa sont venus voir le pêcher au parapluie. "Eh, Vidgeon, fout i mette oussi oun cace-nez, qué sans ça i va prendre le rhoume !" La rigolade de l'année."
Pas toujours facile de lire les passages où Cavanna retranscrit l'accent de son père...
« La lettrichité (= l’électricité), il est bestiale ! Tou touçes un petit fil de rien dou tou, plâf, t’es mort ! Et que tou vois ça et que tou veux aider ton copain, plâf, t’es mort aussi ! Il est un trouc dou diable, c’t’affaire-là ! «




Enfin, c'est un hymne à la lecture qui peut jouer le rôle d'ascenseur social. Et François était 'drogué' de cette passion
"La lecture emplissait tous les interstices de ma vie. A peine éveillé, je tâtonnais de la main vers le livre comme un fumeur vers ses clopes ."


Autobiographie pleine de verve et d’émotions.

François Cavanna est un écrivain, journaliste, dessinateur humoristique, éditeur et patron de presse français, né le 22 février 1923 à Paris 14e et mort le 29 janvier 2014 à Créteil.
Il est notamment connu pour être le cofondateur des magazines satiriques Hara-Kiri, Hara-Kiri hebdo, Charlie et Charlie Hebdo.

mercredi 28 septembre 2022

505: 'Le syndrone E' de Franck Thilliez

Genre : nœuds aux cerveaux

Histoire
Lucie Hennebelle, lieutenante de police à Lille,  est confrontée à une affaire étrange : l'un de ses ex-petits amis perd la vue en visionnant un court métrage. 
Franck Sharko, commissaire à Nanterre, accepte de s'occuper de la découverte de cinq corps d'hommes impossibles à identifier.
Un vieil homme est retrouvé pendu et le ventre ouvert et rempli de pellicule.
Cinq cadavres atrocement mutilés, le crâne scié, le cerveau et les yeux enlevés. 

Deux enquêtes glauques qui ne tarderont pas à se croiser, point de rencontre entre Franck Sharko et Lucie Henebelle, les deux héros de Franck Thilliez.

Impressions
Un polar qui m'a vraiment beaucoup plu.

Comme dans les autres ouvrage de Franck Thilliez, il ne faut pas chercher de la grande littérature, ni une écriture ciselée. Et ne pas s'attendre à vibrer sur le plan sentimental, avec l'histoire entre Franck et Lucie qu'on sent venir gros comme une maison.

Mais c'est captivant.
La construction est habile, le rythme est nerveux, et comme pour ses autres romans, le scénario mêle intrigue avec des faits historiques et des études scientifiques.

Voyage dans le monde de la psychiatrie et jusque dans certaines manipulations mentales opérées par les services secrets à l'époque de la guerre froide. 
Le syndrome E selon le Pr Itzhak Fried expliquerait la transformation de citoyens ordinaires en tortionnaires et bourreaux de victimes sans défense.

Et surtout excursion géographique -du Nord de la France à la Belgique , du Caire au Canada- et dans l'histoire des Orphelins de Duplessis, faits réels peu connus en Europe.

Nom donné à des milliers d'enfants orphelins qui ont faussement été déclarés malades mentaux par le gouvernement du Québec et confinés dans des institutions psychiatriques entre les années 1940 et 1960.

On considère que c'est le cas le plus important de maltraitance d'enfants dans l'histoire du Canada mise à part les écoles résidentielles autochtones. Tous ces orphelins seront baptisés orphelins de Duplessis car cela coïncide avec l'époque où Maurice Duplessis était premier ministre du Québec. À plusieurs reprises, des enfants enlevés à leur mère célibataire ont été battus, agressés sexuellement et même tués, à la suite d'un massacre.

Ils étaient plus de 3000 enfants illégitimes placés dans des institutions religieuses qui allaient profiter de leur travail et encaisser les subventions accordées par le gouvernement pour la garde d’enfants déclarés « déficients mentaux ». Beaucoup subiront des sévices sexuels et se retrouveront, adultes, sans scolarité, dans une société inhospitalière et insensible. Ils choisiront leur désignation : « Les orphelins de Duplessis ». En 2002, le gouvernement Landry leur accordait réparation.


L’un des trois dortoirs de l’orphelinat le Patronage Saint-Charles, à Trois-Rivières, en octobre 1959

Et Franck Thilliez va jusqu'à intégrer le nom d'une véritable victime de cet épisode noir du Québec. La jeune Alice Quinton a déjà été attachée à son lit pour s’être moquée d’une religieuse. Elle témoigne :
"J’en ai connu qui ont eu une camisole de force, une autre des électrochocs. Une autre était laissée assise sur une chaise d’aisance à longueur de journée. Et on ne parle pas des claques par la tête…"


Très bon polar où Franck et Lucie se rencontrent pour la première fois.


Pour plus d'informaton
Le syndrome E, ou quand le cerveau devient tueur
Itzhak Fried est un des grands noms de la neurologie. Il est célèbre pour ses travaux sur les neurones des concepts: il a notamment découvert que certains neurones dans notre cerveau réagissent à un visage en particulier, ainsi qu'au nom de la personne. Mais il a aussi proposé dans le journal Lancet une analyse novatrice des phénomènes de contagion de la violence dans les génocides, pour expliquer comment des populations peuvent sortir subitement de leurs villages, armées de machettes et de planches à clous, pour aller exterminer tout ce qui ressemble à un ennemi tribal, ou quel qu'il soit, désigné par le pouvoir.
Fried qualifie ce phénomène de syndrome E. Le syndrome E comporte une série de signes distinctifs tels qu'une perte d'affect, des idées obsessionnelles, une excitation temporaire due aux actes violents suivie d'une habituation où la violence devient banale, un effet de compartementalisation (les bourreaux peuvent exterminer le matin, et vivre une vie de famille rangée le soir) et un effet de contagion du groupe.

mercredi 14 septembre 2022

504: 'Florida' de Olivier Bourdeaut

Genre : "de mini-miss à maxi-monstre"

Histoire
Elisabeth Vernn, 20 ans, a le 'malheur' de gagner par hasard, à 7 ans, un concours de beauté pour mini-miss. Sa mère la transforme en bête à concours, assouvissant à travers elle ses propres rêves de gloire. Malgré les transformations en Lolita infantile imposées par sa mère, Elisabeth ne gagnera plus, finissant toujours deuxième : Et c'est ainsi que le cours de sa vie va prendre le chemin d'une autodestruction ...

Impressions
Ce roman parle d'abord du vice, de la folie furieuse, de la perversité de ces parents qui utilisent leurs enfants pour assouvir leur soif d'idéal.

"Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée.
Ma mère me disait que j'étais très belle et que je n'étais pas trop bête. L'ordre des compliments et important, la forme aussi. J'étais très belle, une affirmation. Je n'étais pas trop bête, une négation."

Il dénonce aussi le narcissisme de notre société qui prêche la beauté, le culte du corps au détriment de l'intelligence. Avec les déviances extrêmes du culturisme.

"La musculation est un sport particulier où la performance ne se mesure pas avec un chronomètre, un mètre, un nombre de buts ou de paniers, de revers ou de smashs, la performance se mesure dans ses yeux et ceux des autres, dans un miroir et sur une balance."

Comme dans "En attendant Bojangles", le récit se déroule au sein d'une famille dysfonctionnelle, qui flirte avec la folie. Mais ici point de tendresse, c'est cruel, violent.
Elisabeth assène sa haine, sa rage, son désespoir aussi.
Un Roman noir et dur, qui étouffe car sans arrivée d'oxygène qui nous guiderait vers une sortie, nous extrairait de cette spirale d'autodestruction nourrie par la narratrice.

Par exemple, la haine de sa mère est sans appel
"Il y a des gens comme ça qui, quand ils sont allés trop loin, au lieu de s’excuser, de revenir d’en arrière, se sentent obligés d’aller encore plus loin. C’est ce qu’a fait la Reine Mère.(...) Le problème avec les cons, lorsqu'une chose ne marche pas, c'est qu'au lieu d'abandonner, ils accélèrent."

Ou le dépit, le désamour
"Je me suis fait prendre tant mieux, même si c'est pour une conne, tant pis."
"Depuis le jour de mes sept ans, mon corps et moi faisons chambre à part."
"Je n’ai plus beaucoup d’amour pour le genre humain, et comme j’en fais partie, je n’ai pas beaucoup d’amour pour moi."

Elisabeth Vern se compare à deux comédiens américains, Macauley Culkin et Drew Barrymore qui ont tous les deux connu un succès très jeunes et ont ensuite plongé dans l'autodestruction.
Mais contrairement à ces deux célébrités, elle n'a pas connu la consécration...

La dernière partie du roman retrouve du rythme et du peps, en particulier grâce à des personnages très pittoresques, comme Agatha Christik ou le coach noir César.
"Je suis arrivé de Port-au-Prince la semaine où Tedy Bundy a été arrêté. [...] Quel beau pays, putain, les psychopathes ont l'air super gentils, dès qu'un père de famille blanc me souriait, je l'imaginais en train de me découper en morceaux [...] Et on nous traite de sauvages !"."

(De Teb Bundy, j'ai appris sur le web qu'il était décrit comme charmant, sociable et fort sympathique par son entourage. Il est pourtant devenu l’un des tueurs en série les plus tristement célèbres des États-Unis avec 36 assassinats (répertoriés) à son compteur...)


Histoire d'un corps malmené. Une Floride pas très ensoleillée mais plutôt noire.

mercredi 7 septembre 2022

503: 'Solanin' de ASANO Inio - BD manga

Genre : jeunesse japonaise

Histoire
Le couple constitué d'Inoue Meiko et Taneda Naruo et leurs amis vivent à Tokyo. Cette tranche de vie les suit dans leurs questionnements sur la vie et sur leurs perspectives d'avenir floues.

Impressions
Paru initialement entre le 30 juin 2005 et le 6 avril 2006 au sein du feu magazine hebdomadaire Young Sunday, Solanin est un manga en deux volumes qui a révélé Inio Asano au Japon d’abord mais aussi aux yeux du monde.
Fort de son succès, le manga est adapté en film par Takahiro Miko avec Aoi Miyazaki dans le rôle principal et le groupe Asian Kung-Fu Generation qui signe la bande-son. Il est sorti dans les salles obscures japonaises le 3 avril 2010.

Ce que j'ai apprécié dans ce manga est sa peinture de la société japonaise contemporaine, et en particulier de ces jeunes adultes qui s'interrogent sur le sens à donner à leur vie.
Faut-il accepter un emploi inintéressant mais qui nourrit, comme celui d'office lady pour Inoue ou d'illustrateur d'appoint pour Taneda. La première ne s"épanouit pas dans son travail et le second rêve de devenir musicien professionnel.

On se laisse envahir par la magie, la nostalgie, le charme et la cruauté de cette histoire de vie.
Le dessin mêlant réalisme -avec parfois des vraies photos de paysages et de  l'urbanisme - et des personnages très expressifs, est particulièrement réussi.


Histoire de la jeunesse japonaise, douce-amère, en douceur. Très belle découverte :)

mardi 6 septembre 2022

502: 'Mille femmes blanches' de Jim Fergus

Genre : journal d'une squaw blanche

Histoire
Nom de code : FBI, « Femmes Blanches pour les Indiens »

En 1874, à Washington, le président Grant accepte la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du peuple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart viennent en réalité des pénitenciers et des asiles... 
Ce récit est le témoignage romancée de l'une d'elles, May Dodd.

Le chef des Cheyennes du nord 'Little Wolf'
Après la défaite de Morning Star (Dull Knife) par le colonel Ranald S. Mackenzie en novembre 1876, Little Wolf est amené de force dans une réserve amérindienne de l'Oklahoma. Vers 1878, lui et Dull Knife mènent presque 300 Cheyennes de la réserve près de Fort Reno (Oklahoma), à travers le Kansas, le Nebraska, le Territoire du Dakota, vers le Territoire du Montana, leur terre natale. Pendant le voyage, ils échappent à la cavalerie américaine qui essaye de les capturer. Les deux groupes se séparent après le Nebraska. Tandis que le groupe de Dull Knife est finalement forcé de se rendre près de Fort Robinson, celui de Little Wolf arrive finalement au Montana où on les autorise à rester.


Impressions
Jim Ferguson a connu un vif succès avec ce vibrant hommage à ce peuple humilié, méconnu,  et quasiment anéanti. Et c'est largement mérité.

Le fond d'histoire réelle est incroyable. Le récit de sa nouvelle vie de squaw, épouse du chef Little Wolf', nous plonge dans les les rites des Indiens et de la lente agonie de ce peuple:
-Combats violents avec les blancs mais aussi entre tribus
-Ravages provoqués par l'alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, elle assiste à l'agonie de son peuple d'adoption.
-Positionnement social des femmes indiennes qui impressionnent de par leur courage et leur abnégation.

May découvre un peuple généreux et respectueux, à opposé de l'image que s'en font alors les blancs 'dits civilisés".

Je dois également porter ceci au crédit des Indiens : c'est un peuple formidablement tolérant et, si certaines de nos manières ou de nos coutumes semblent perpétuellement les amuser, ils n'ont encore jamais fait mine de les condamner ou de nous censurer.

J’admets n’avoir jamais rencontré peuple plus généreux et altruiste.

La conception de la psychologie féminine par Jim Fergus est discutable, voire plus (ces femmes sont quand même peu réactives après avoir subi un viol...). Et le récit prend parfois quelques teintes romanesques un peu trop roses.
Mais ce sont les portraits des femmes (rassurez-vous le lecteur n'a pas à suivre 1000 portraits !) qui sont au mis en avant. Ces personnages sont très attachants et riches de par leur diversité, et largement au delà de May, avec les sœurs jumelles Kelly, Gertie la muletière, Phoemie, la sculpturale black, Gretchen, la formidable allemande, Martha, Helen..

Belle fresque d'un destin de femme moderne en 1874 basé sur des faits historiques

vendredi 2 septembre 2022

501: 'Sous les galets la plage' de Pascal Rabaté - BD

Genre : chronique sociale sex, drug et rock'n roll

Histoire
Années 60, Finistère.
Albert, Francis et Edouard, futurs étudiants destinés à des prestigieux destins, prolongent leurs vacances dans les maisons respectives de leurs familles alors que la station balnéaire se vide, et surtout que les autorités parentales sont parties. Plage, pinard, repos.
Ils font alors la connaissance d'Odette, une jeune et jolie femme peu farouche...



Impressions
Le climat bourgeois est bien établi avec ces 3 futurs diplômés de droit, de commerce et de St Cyr. Quand Odette souffle ce vent d'émancipation, les jours de liberté frisent avec l'illégalité. Un regard sans complaisance sur l’hypocrisie de la pensée bourgeoise, où la vie l’emporte sur la morale et la bonne éducation.


Dessin épuré, tons à l'économie, traits noirs rehaussés de couleurs pâles. Remarquable de justesse en regard de l'époque et du récit.

Bd douce-amère aux apparences trompeuses.

mardi 30 août 2022

500: 'Le Horla' de Guy de Maupassant

Genre : Horla-Loi

Histoire
Recueil de nouvelles, petites de peinture de la société, avec la plus longue, 'Le Horla', texte fantastique qui met en scène un bourgeois hanté par un être invisible qui l'obsède à tel point qu'il dépérit.

Le désespéré, autoportrait de Gustave Courbet

Impressions
La 500° chronique, waouh !!
Antichambre de la mémoire de mes lectures, je n'étais pas certain de poursuivre ce projet initié en 2009. 
Je souffle les bougies, savourant le plaisir ressenti lors de ces nombreuses lectures (et rarement l'ennui...). Pffffff !


Le Horla est la nouvelle la plus connue. C'est la confession lucide et maîtrisée d'un homme qui assiste au naufrage de sa propre raison. Le narrateur est terrorisé car il est persuadé d'être pourchassé par une créature qui hante ses nuits. Il rédige de mai à septembre dans son journal intime son inéluctable trajectoire de la santé à la démence.
13 autres nouvelles, assez courtes, complètes l'ouvrage.
  1. Amour (1886)
  2. Le Trou (1886)
  3. Sauvée (1885)
  4. Clochette (1886)
  5. Le Marquis de Fumerol (1886)
  6. Le Signe (1886)
  7. Le Diable (1886)
  8. Les Rois (1887)
  9. Au bois (1886)
  10. Une famille (1886)
  11. Joseph (1885)
  12. L'Auberge (1886)
  13. Le Vagabond (1887)
Des portraits de bourgeoises qui s'encanaillent -'Le Signe' ou 'Joseph'- ou de femmes trompées, des passages de vie dans la campagne -'Le Diable'- ou la montagne 'L'auberge'. Le plus souvent des récits assez noirs où la mort rode , voire sévit -même dans la nouvelle-farce de 'Les Rois'.

Ouvrage clé de Maupassant.

vendredi 19 août 2022

499: ' 1991' de Franck Thilliez

 Genre : prestidigitateur du suspens

Histoire
En décembre 1991, quand Franck Sharko, tout juste sorti de l'école des inspecteurs, débarque au 36 quai des Orfèvres, on le conduit aux archives où il est chargé de reprendre l'affaire des Disparues du Sud parisien. Un cold case pour commencer qui ne va pas tarder à être brouillé par une autre affaire... Une nouvelle intrigue qui débute par un vers des « Fleurs du Mal » de Baudelaire.


Impressions
C'est un polar au décor bien marqué:  walkman, Benetton, la Dernière séance, cassette de Gainsbourg à Gainsbarre, des cabines téléphoniques, des minitels et des faxs, les ordinateurs qui sont arrivés mais restent dans les cartons... bref la préhistoire pour les jeunes d'aujourd'hui !**

Fausses pistes, manipulation, mécanique implacable, les ingrédients prennent.

Comme pour ses autres romans, ce polar permet de découvrir le monde de la magie, des rites vaudous, le mentalisme, et Houdini !!

SHarry Houdini, de son vrai nom Erich Weiss né à Budapest est un magicien. Sa spécialité: se libérer de chaînes, menottes, camisoles, alors qu'il est enfermé dans une caisse, un carcan ou une pagode chinoise ...
L'escapologie !!
Pagode chinoise, une cage où le malheureux est immergé.

M Thilliez nous initie également à la chimie de la Tétrodotoxine,  une charmante toxine (neurotoxique), une substance à très haut pouvoir létal, isolée pour la première fois en 1909 et présente chez certaines espèces de poisson, les tétraodons,  comme le Fugus !!
Le lecteur apprend avec plaisir que cette toxine n'est pas toujours fatale ; à des doses quasi létales, la victime peut sembler morte alors qu'elle reste consciente, la transformant en une sorte de zombie... 
J'en saurai plus quand j'aurai lu la BD "les Zombies" (Lombard) de Philippe Charlier, médecin légiste et anthropologue, qui a enquête sur ces rituels terrifiants pratiqué en Haïti...


Un grand cru de Thilliez. 2 affaires en un polar. Je ne regarderai plus de la même manière qu'avant les fugus et les grenouilles...

La série avec le commissaire Franck Sharko : 

2004 : Train d'enfer pour Ange rouge

Prix des lecteurs Quais du polar 2006
Prix SNCF du polar français 2007
Adaptation cinématographique par Alfred Lot en 2007

2006 : Deuils de miel,

2007 : La Mémoire fantôme,

2010 : Le Syndrome E, 
Adaptation en bande dessinée chez Phileas en oct. 202012
Adaptation en série TV en mars 2022

 2011 : , 2011 : Gataca,

Adaptation en bande dessinée chez Phileas en sept. 2021

2012 : Atomka.

2014 : Angor

2015 : Pandemia

2017 : Sharko

2019 : Luca,

2021 : 1991,

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

Grand Canyon