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mercredi 14 septembre 2022

504: 'Florida' de Olivier Bourdeaut

Genre : "de mini-miss à maxi-monstre"

Histoire
Elisabeth Vernn, 20 ans, a le 'malheur' de gagner par hasard, à 7 ans, un concours de beauté pour mini-miss. Sa mère la transforme en bête à concours, assouvissant à travers elle ses propres rêves de gloire. Malgré les transformations en Lolita infantile imposées par sa mère, Elisabeth ne gagnera plus, finissant toujours deuxième : Et c'est ainsi que le cours de sa vie va prendre le chemin d'une autodestruction ...

Impressions
Ce roman parle d'abord du vice, de la folie furieuse, de la perversité de ces parents qui utilisent leurs enfants pour assouvir leur soif d'idéal.

"Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée.
Ma mère me disait que j'étais très belle et que je n'étais pas trop bête. L'ordre des compliments et important, la forme aussi. J'étais très belle, une affirmation. Je n'étais pas trop bête, une négation."

Il dénonce aussi le narcissisme de notre société qui prêche la beauté, le culte du corps au détriment de l'intelligence. Avec les déviances extrêmes du culturisme.

"La musculation est un sport particulier où la performance ne se mesure pas avec un chronomètre, un mètre, un nombre de buts ou de paniers, de revers ou de smashs, la performance se mesure dans ses yeux et ceux des autres, dans un miroir et sur une balance."

Comme dans "En attendant Bojangles", le récit se déroule au sein d'une famille dysfonctionnelle, qui flirte avec la folie. Mais ici point de tendresse, c'est cruel, violent.
Elisabeth assène sa haine, sa rage, son désespoir aussi.
Un Roman noir et dur, qui étouffe car sans arrivée d'oxygène qui nous guiderait vers une sortie, nous extrairait de cette spirale d'autodestruction nourrie par la narratrice.

Par exemple, la haine de sa mère est sans appel
"Il y a des gens comme ça qui, quand ils sont allés trop loin, au lieu de s’excuser, de revenir d’en arrière, se sentent obligés d’aller encore plus loin. C’est ce qu’a fait la Reine Mère.(...) Le problème avec les cons, lorsqu'une chose ne marche pas, c'est qu'au lieu d'abandonner, ils accélèrent."

Ou le dépit, le désamour
"Je me suis fait prendre tant mieux, même si c'est pour une conne, tant pis."
"Depuis le jour de mes sept ans, mon corps et moi faisons chambre à part."
"Je n’ai plus beaucoup d’amour pour le genre humain, et comme j’en fais partie, je n’ai pas beaucoup d’amour pour moi."

Elisabeth Vern se compare à deux comédiens américains, Macauley Culkin et Drew Barrymore qui ont tous les deux connu un succès très jeunes et ont ensuite plongé dans l'autodestruction.
Mais contrairement à ces deux célébrités, elle n'a pas connu la consécration...

La dernière partie du roman retrouve du rythme et du peps, en particulier grâce à des personnages très pittoresques, comme Agatha Christik ou le coach noir César.
"Je suis arrivé de Port-au-Prince la semaine où Tedy Bundy a été arrêté. [...] Quel beau pays, putain, les psychopathes ont l'air super gentils, dès qu'un père de famille blanc me souriait, je l'imaginais en train de me découper en morceaux [...] Et on nous traite de sauvages !"."

(De Teb Bundy, j'ai appris sur le web qu'il était décrit comme charmant, sociable et fort sympathique par son entourage. Il est pourtant devenu l’un des tueurs en série les plus tristement célèbres des États-Unis avec 36 assassinats (répertoriés) à son compteur...)


Histoire d'un corps malmené. Une Floride pas très ensoleillée mais plutôt noire.

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  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
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