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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

lundi 30 mai 2022

490: 'Betty Hunter' de Ducoudray et Lechuga - BD

Genre : Chasseuse de prime SF

Histoire
Betty, bac + 12, chasse les primes
Toujours accompagnée de Harvey, son robot organisateur, elle manie aussi bien les armes, les réparties que son savoir sur les différentes espèces qui habitent la galaxie. Mais elle a une fâcheuse tendance à se fourrer dans des situations compliquées et à être détestée rapidement par les autres. Son problème, c’est notamment d’être terrienne.

Impressions
BD SF très colorée, et qui fourmille de monstres divers et variés que l'héroïne analyse sur la base de sa thèse de doctorat d'Ethologie et Xénobiologie, obtenue à l'université de Cassiopée.
Ces univers extraterrestres ne sont pas sans rappeler le monde intergalactique de Valérian.

Mais le bestiaire loufoque et l'ambiance survoltée  ne m'ont pas séduit. Certes, sans aucun doute, derrière cette légèreté affichée et un humour décalé, des thèmes plus profonds sont abordés, le droit à la différence ou le lourd héritage des agissements violents des humains. Mais ce sont des sujets largement déjà abordés par d'autres BD SF comme Valérian et ceci sans en avoir la subtilité ni la poésie.

Une histoire bien barrée dans un univers SF où pullulent toutes sortes d’extra-terrestres à la dégaine hallucinée. Ironie et humour mais pas de quoi adhérer à cet univers 'pop-art'.


489: "Klara et le Soleil' de Kazui Ishiguro

Genre : société claire/Obscure

Histoire
Klara est une AA, .une Amie Artificielle, un robot de compagnie pour les enfants et adolescents.
Elle attend le.a client.e qui la choisira, sagement exposée dans le magasin de la Gérante.
Jusqu'à ce qu'une adolescente de 13 ans, Josie, entre dans la boutique.

Impressions
Troisième roman que je lis de cet auteur écrivain britannique d'origine japonaise et qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 2017.
(Il écrit tous ses livres en langue anglaise, bien qu’il ait été élevé par des parents japonais, dans un foyer où l’on parlait cette langue.)

L’académie suédoise estime qu’Ishiguro est un écrivain « qui, dans des romans d’une grande force émotionnelle, a révélé les abîmes que dissimulent notre conviction illusoire d’être connectés au monde ».
Tout est dit. 
En effet on a l'impression d'évoluer dans un monde réel, mais l'auteur nous entraîne dans des zones troubles où la.e lecteur.rice se questionne inconfortablement sur l'humanité.
Cette excursion littéraire est distillée à un rythme lent si caractéristique du style de Ishiguro 
Et comme dans Auprès de toi toujours, le décor du récit est dépersonnalisé, aucun indice ne permet d'identifier de manière univoque le pays où le récit se déroule.

Mais c'est évidemment la narratrice, Klara, qui guide ce conte futuriste qui m'a appelé  l'excellente série 'Real Humans'.
Des humanoïdes qui se mettent à avoir des sentiments et même pour la série à se rebeller contre les humains.

Une critique du Monde a titre : [ « Klara et le soleil » : Kazuo Ishiguro regarde la conscience en face ]


L'apprentissage progressif par Klara des émotions et de leur complexité au fur et à mesure de ses observations interroge aussi. Elle tend vers la capacité de les ressentir, chose importante selon elle, pour aider au mieux Josie...
Peut-on remplacer les humais par des AA ?... Voilà qui donne des frissons.
A noter aussi dans le registre intriguant, la dévotion quasi mystique au Soleil que lui voue Klara. Une divinité ?

Un roman hors du cadre, subtil et déroutant.

samedi 28 mai 2022

488: 'Quelqu'un à qui parler' de Grégory Panaccione - BD

Genre : retour vers le passé

Histoire
Cette BD raconte la confrontation entre deux Samuel(s) séparés de 25 ans.


Impressions
Temps d'un bilan pour l'adulte, tremplin pour se prendre en main, d'oser dire ce qu'il pense et de prendre conscience de ses rêves d'enfant oubliés ou abandonnés.
Adapté du roman éponyme de Cyril Massarotto, cet album nous propose un retour dans le passé...
Un dessinateur de talent, déjà remarqué en particulier pour 'Un océan d'amour'.

Une BD tendre et émouvante, une comédie qui fait du bien.



lundi 23 mai 2022

487: 'Kaiju n°8' de Naoya Matsumoto - Manga (Shonen)

Genre : gros monstres méchants et gentils super héros des Forces de Défense

Histoire
Les kaijūs sont d'étranges créatures, colossales et fortement dangereuses.
Enfant, Kafka Hibino rêvait d’intégrer les Forces de Défense pour combattre ces terribles ennemis, mais après de nombreux échecs à l’examen d’entrée, ce trentenaire travaille à nettoyer les rues de leurs encombrants cadavres.


Impressions
J'ai pu lire que c'est un manga shōnen, c'est-à-dire -je cite- un manga qui décrit la quête initiatique d'un ou de plusieurs personnages et concerne des valeurs telles que l'amitié, le goût de l'effort, l'esprit de groupe, le dépassement de soi...
J'ai aussi appris que ce fut un très gros succès au Japon avec une popularité explosive dès le premier tome et qui vient de rentrer en fanfare en France par le biais des éditions Kaze qui n'hésite pas à viser haut avec ce shonen déjà bien reconnu au Japon.


Autant dire, et succinctement, je n'ai pas du tout accroché, ni sur le scénario d'une banalité abyssale, ni sur le graphisme assez classique...
Certains lecteurs y décèlent même de l'humour, je cherche encore le second degré... Parce que le héros s'appellent Kafka ?... Oups...

Un manga classique, vite lu, vite oublié. Pas pour moi.
Un Matsumoto qui n'a rien à voir avec Taiyo Matsumoto auteur de 'Amer Béton'

486: "Contrapaso 1. Les enfants des autres" de Teresa Valero

Genre : enquête à deux temps dans l'Espagne franquiste d'après-guerre

Histoire
À Madrid, en 1956, à la rédaction de La Capital, Emilio Sanz, un vétéran des faits divers, est aguerri aux pratiques de la presse dans cet état policier.
Débarque Léon Lenoir, le jeune reporter fougueux qui vient de débarquer de Paris, que toutes les apparences semblent opposer. 


Impressions
BD épaisse (150 pages), il y a du texte, de l'action, de l'épaisseur dans le ce récit.

Difficile de qualifier cette BD d'un genre précis.
Elle  présente un criminel en série qui tue en toute impunité depuis des années, des journalistes qui se comportent en détectives, des intrigues et des fausses pistes.

Mais aussi peinture sociale de l'Espagne marquée par les années de dictature sous Franco, une société divisée entre Phalangistes et les Républicains.

Les thèmes lourds sont abordés frontalement.

En particulier j'ai découvert l'horreur de l’eugénisme mis en place sous régime Franco, terrible élimination ou rééducation forcée des enfants volés aux parents républicains.
Des dizaines de milliers de « disparus vivants » qui hantent la mémoire lacunaire de l'Espagne. Par exemple, un bébé petit-fils d'un « rouge » fusillé en 1940 se négociait en effet 200 000 pesetas, à l'époque, lorsqu'une famille bien-pensante en mal d'enfant se présentait au bon médecin, à la bonne sœur.
Tout était fait pour garder le secret, grâce à la loi du 4 décembre 1941 qui légalisait le rapt de ces enfants déclarés « de filiation inconnue ». Ils le firent dans les prisons de femmes, comme Saturraran, en Espagne, et jusque dans les camps et centres d'accueil français d'où 11 à 12 000 gosses prirent le train pour Madrid, Barcelone, avec la complicité des autorités.


Pour les franquistes le socialisme était « une maladie mentale », il fallait donc enlever les enfants des Républicains pour les « rééduquer » dans les orphelinats et séminaires catholiques.

Plus de 30 000 enfants furent ainsi confiés à la « rééducation » des orphelinats de l'église catholique et de la phalange.
Et ce que des recherches sur le Net m'a appris est que le le combat engagé en octobre 2008 par le juge Garzon pour rendre justice à tous les disparus, dont les enfants volés, se heurte toujours à la loi d'amnistie de 1977, garantissant, de fait, l'impunité aux crimes franquistes contre l'humanité.
Pour reprendre les termes d'Amnesty International, l'Espagne représente aujourd'hui une « exception macabre », par rapport au caractère imprescriptible du crime contre l'humanité

Dans la BD sont cités les docteurs Vallejo Najera -qui mit au point une théorie eugénique n'ayant pas grand-chose à envier aux Nazis, s’étant livré à des expérimentations sur les prisonniers de la guerre d'Espagne, à dessein d’y déceler la présence d’allégués gènes communistes.- et López Ibor auteur de méthodes pour « guérir » la neurasthénie féminine ou l'inversion.... 

Ce sont les premières manifestations contre le régime franquistes qui sont également au cœur du récit. Et la censure très forte de la presse évidemment incarné par Sanz et Lenoir.


Le graphisme est très vivant, cadrages et cases s'enchaînent très vite.
Le trait est talentueux de même que le traitement des couleurs, le choix de l'aquarelle, l'attention quasi maniaque portée aux décors. 

Ce que je reproche à cette BD est la trop grande multiplication d'intervenants et de sujets narratifs. Indéniablement la richesse des témoignages crédibilise le récit  mais je reconnais avoir perdu le fil des différentes histoires croisées.
Cette histoire aurait mérité un rythme un peu moins soutenu, plus de temps de respiration.
Certes c'est le tome 1 avec déjà 150 pages.


Un roman graphique très riche, au graphisme talentueux, et témoignant avec précision historique de la période très sobre de l'après-guerre en Espagne. Petit bémol sur un sentiment de trop de récits et trop vite. 

mardi 17 mai 2022

485: "La comédie (in)humaine, Pourquoi les entreprises font fuir les meilleurs" de Nicolas Bouzou et Julia de Funès

Genre : analyse de la gestion des employés dans les entreprises

Histoire
Les 2 auteurs critiquent les tendances contemporaines en termes d’organisation, de management et de ressources humaines qu'ils ont constatées dans un grand nombre d’entreprises.
Ils ont l'ambition d’analyser les raisons de la démission interne, de la démobilisation massive des salariés, entre brown-out (job à la con), bore-out (ennui à la con) et bore-out (épuisement à la con).


Impressions
Les deux auteurs revendiquent leur positionnement politiques.

 Ils questionnent 
1- le sens au travail 
2- les représentations et les pratiques de gouvernance

Ils défendent
1  l’autorité et la « culture du chef et des leaders » au sein des entreprises, contre l’autoritarisme et les process 
 2 la verticalité contre l’horizontalité,
 visent finalement à dépolitiser l’entreprise et créer des frontières entre la « sphère du travail » et la « sphère privée ». 

Par exemple, ils invitent les entreprises à évacuer la question du bonheur de l’entreprise : « le bonheur ou la joie comme conséquence d’un travail réussi, oui ; le bonheur ou la joie comme condition de performance, non. Le bonheur serait alors une notion instrumentalisée dans un but économique, or le bonheur doit impérativement être une affaire privée. »

Les auteurs touchent à l’entreprise sans jamais totalement y entrer. Cette distance apparaît justifiée, dès la première page, par le prisme et les rapports de chacun des deux auteurs avec les entreprises : « nous menons une analyse sur la société contemporaine à travers nos prismes économique et philosophique, ce qui nous amène à fréquenter quotidiennement les entreprises. Conférences, conseil, études : une grande partie de notre temps est destinée à leur accompagnement, dans tous les secteurs d’activité, pour les faire participer à la plus grande mutation technologique et économique depuis la révolution industrielle de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle. » 

La lecture de cet ouvrage met bien en évidence le fait que les auteurs ne travaillent ni l'une ni l'autre quotidiennement au sein des entreprises (cf. mon retour sur les propositions ci-après). Et souvent les exemples données -comme le Chief Happiness Officer ou la Qualité de Vie au Travail - ne sont valables que pour certaines grandes entreprises.

Cet ouvrage se termine par 15 propositions pour être plus efficace, qui relèvent du bon sens, voire de lapalissade pour certaines. Sans compter que pas mal d'entre elles sont déjà pratiquées ou expérimentées.

1- 'Ne pas considérer les fonctions managériales comme des promotions mais comme des compétences". 
Ce n'est pas une recommandation nouvelle, les filières experts se multiplient dans les grands groupes et qui ne connaît pas le principe de Peter, ou la version « augmentée » du Principe de Peter,  le principe de Dilbert : « les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : l’encadrement ».

2- 'Définir un mantra et l'afficher partout dans l'entreprise'
Exemple cité par les auteurs, "Relier le monde' de Facebook...
Une révolution, surtout que les auteurs en revanchent critiquent les valeurs énoncées par les entreprises....

3- 'Détruire les silos dès qu'ils se forment'
Vraiment une proposition qui montre que ces auteurs n'ont jamais vécu de l'intérieur les grandes entreprises. 'Le rôle explicite des managers ne doit pas être de défendre un silo ou un service ais, au service du projet collectif, de faciliter la fluidité de la communication dans la globalité de l'entreprise." C'est bien de croire au Père Noël.

4- 'Rendre les intitulés de poste compréhensibles'
Pas de mots-valises comme 'Chargé de mission' ou 'chef de projet'. Ajouter le nom des projets ??

5- 'Développer le télétravail'
Depuis la parution de cet ouvrage, la crise COVID est passée par là...

6- 'Jeter les pointeuses
Oui

7- 'Diminuer des 50% le temps passé en réunions ou en brainstormings'
Moins de 10 personnes, max 45 minutes, clôture par une décision.
Rien de nouveau, ils auraient pu citer les 'standing meeting', ou 'réunions debout' qui tendent à se multiplier.

8- 'Supprimer les tours de table'
Pas d'accord, mais en contraignant à 1 minute par exemple max par personne quand les participants ne se connaissent pas.

9- 'Réduire les présentations PowerPoint et les slides'
Les auteurs citent Jeff Bezos, le manager tant référencé qui n'est pas vraiment une référence de fidélisation de ses employés ;) 

10- 'Remplacer les formations inutiles par les formations en humanités'
Apprendre aux salariés à écrire correctement !? "Aidons-les à prendre de la hauteur ?" Des formations sur les fondamentaux, la pensée et le langage ...

11- 'Supprimer la charte éthique ou ne conserver que le courage'
Selon les auteurs, pour éviter le verbiage bien-pensant, une vitrine de bonne conscience morale, sauf le courage. Et bien non. La charte de Jeff notre ami ne mentionne aucune valeur sur le respect des employé.es, et pour cause. Cela vaudrait peut-être la peine de l'intégrer et appliquer.

12- 'Supprimer les activités ludiques des séminaires d'(entreprise'
Oui,  je suis d'accord, ne pas forcer les participant.e.s, et privilégier le choix d'activités hors travail en alternance avec les séances studieuses.

13- ''Prohiber les mails inutiles'
C'est un principe que de nombreuses entreprises tentent de faire appliquer, pas toujours avec succès.

14- ''Dire les choses directement à l'interlocuteur concerné avec des mots francs'
Eviter le novlangue (full time, draft, lead...- et privilégier le français. Ok mais ce n'est pas ce qui empêchera les brown-out ou burn-out.

15- ''Sapere aude"
'Ose savoir'. Selon Kant, l'autonomie prend source dans la liberté, qui est innée en tout être humain du fait qu'il est doué de la capacité de raisonner.
Oui, en effet, s'assurer que chaque collaborateur ait préparé individuellement le sujet traité, cela devrait être une condition pour tenir une réunion.

Une analyse du travail en entreprise, avec des positions politiques affirmées péremptoirement, des références philosophiques, qui se conclut par des propositions bien évidentes et souvent déjà tentées. Un best seller. Tout cela pour cela.

https://www.lirelasociete.com/le-regard-dedward/nicolas-bouzou-et-julia-de-funs-la-comdie-inhumaine-ditions-de-lobservatoire

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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