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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mardi 23 décembre 2014

181: 'La liste de mes envies' de Grégoire Delacourt

Genre : gros lot pour une mercerie à Arras

Histoire
Jocelyne, 47 ans, tient une mercerie à Arras. Vie gentille, avec un gentil mari Jocelyn.
Un événement va bousculer la routine...

Impressions
Livre court qui peut être appréhendé de 2 manières:

1- Histoire assez improbable, gentille comme Jocelyn (quoique...) et Jocelyne, assez dans l'ère du temps, avec comme message révolutionnaire celui de l''argent ne fait pas le bonheur ? La crise de la quarantaine ?). Guimauve.

2 - Un conte léger et moderne, empreint d'humour, où l'étincelle qui contribue au charme de ce livre est cette liste d'envies, de désirs, qui se construit, se biffe au fil des aventures et mésaventures que vit Jocelyne.  

Personnellement je suis partagé entre le goût un peu guimauve et le charme d'un petit conte moderne.

dimanche 21 décembre 2014

180: 'Une gourmandise' de Muriel Babery

Genre : à la recherche du goût perdu


Histoire
Un critique gastronomique réputé est mourant.  La quête d'une saveur oubliée sert de fil conducteur à la peinture du parcours de cet homme complexe à la fois adulé et détesté.

Impressions
Livre écrit avant l'Elégance du hérisson.
On y retrouve les habitants de la rue Grenelle, dont la concierge Renée, l'héroïne  du deuxième roman de cette auteure, ou encore Gégène le clochard qui a élu domicile dans la rue de l'immeuble parisien.
L'itinéraire de ce critique s'écrit en alternant le récit autobiographique et les paroles de son entourage, femme, enfants, médecin...


Hymne au goût, au croquant, aux effluves, depuis les caves de vignerons aux chefs étoilés et en passant par les fourneaux de grands-mères.
Quelques interventions extérieures savoureuses, en particulier celle du clochard.

Mais -il y a un mais- mon plaisir a été plus intense et complet avec le Hérisson. Sans doute plus de piquant ! ;) L'écriture y est aussi subtile, la construction intelligente, mais j'ai été moins happé par l'intrigue -on connaît d'emblée la fin, d'ailleurs décevante- et par les thèmes abordés moins riches. Et j'ai salivé petitement, situation incongrue en regard du thème. Mes papilles avaient largement plus réagi lors du repas pantagruélique de 'Le soleil des Scorta' de Laurent Gaudé. Sans doute en partie car l'antipathie ressentie vis à vis de ce critique met le lecteur sur ses réserves émotionnelles (si une telle expression peut être formulée...).


Une mise en bouche à lire avant l'élégance du hérisson.

samedi 20 décembre 2014

179: 'L'élégance du hérisson' de Muriel Barbery

Genre : l'élégance de la culture et de l'amour pour s'élever au-dessus de notre condition humaine


Histoire
Renée, 54 ans, concierge d'immeuble bourgeois de la rue de Grenelle, à Paris Veuve, petite, grassouillette, laide. Mais très lettrée. 
Paloma, 7 ans, envisage le suicide pour échapper à l'ineptie et à la vacuité de l'existence adulte.

Impressions
Un régal, un énooorme coup de coeur !

Alors quand j'ai surfé sur les blogs, quelle désillusion face à certaines critiques acerbes.
Certes les personnages sont caricaturaux.
  1. La concierge dissimule son amour pour les nourritures intellectuelles derrière une mise en scène que les habitants de l'immeuble attendent (la télévision allumée en permanence, le pas en trainant des pieds, elle joue l'ours mal léché...), mais cette attitude dictée par les préjugés est ô combien juste, ayant côtoyé ce milieu bourgeois. (C'est un roman très parisien, je concède).
  2. Une fille de famille bourgeoise, évoquant le suicide pour échapper à son rejet de son entourage, mais c'est le quotidien justement vécu par les adolescents dans leur période de puberté qui peut même concerner les milieux favorisés où au contraire le rejet peut être très violent.
De plus, ce ne sont pas deux mondes totalement opposés et hermétiques, les bons pauvres et les riches méchants, certains personnages de bonnes familles prenant soin de Renée et de son chat, ou reconnaissant d'un geste solidaire que Renée leur a prodigué.
J'ai aussi lu la qualification d'un amour aussi enivrant qu'une relation minitel... Certes platonique, mais d'une jouissance intellectuelle qu'on sent partagée, et puis pour que les blindages de Renée se relâchent, il est normal que cela prenne du temps. J'aurai au contraire trouvé complètement ridicule que dès les premiers instants ces 2 personnages s'adonnent à des élans torrides sous les draps -sûrement de soie japonaise- de M Ozu.
Les références nombreuses sont critiquées car jugées pédantes, élitistes... C'est justement un des messages de ce roman, l'invitation à tous à être curieux pour tout ce qui est d'ordre culturel, sans censure, sans a priori. Renée pioche dans la bibliothèque sans ligne directrice, au hasard, de manière éclectique. Nourrissez-vous des romans, des films, construisez-vous avec Tolstoï (largement cité) ou des films de Ozu, mais aussi des mangas de Tanigushi ou de Satie. Ce n'est pas prétentieux, c'est intelligent.
C'est aussi un manifeste pour l'écriture, pour l'amour de la grammaire, quel bien cela fait en cette période d'acculturation et de massacres linguistiques !

Et puis en dehors de toute considération intellectuelle, j'ai vécu un extrême plaisir personnel  à lire ce -trop court- roman.
J'avais apprécié l'adaptation en film avec Josiane Balasko dans le rôle de Renée, mais le livre apporte une fois de plus une incomparable richesse.


Un livre que je vais ajouter dans ma liste des livres qui m'ont marqué.


dimanche 14 décembre 2014

178: 'Ce qui reste en forêt' de Colin Niel

Genre : polar en forêt amazonienne


Histoire
Station scientifique de Japigny, une base gérée par le CNRS en plein forêt amazonienne de la Guyanne Française.
Un milieu sauvage, de par sa faune et sa flore, et surtout de par la présence des trafiquants et des orpailleurs illégaux qui massacrent ces derniers territoires vierges de la planète.
Une escouade de gendarmes part à la recherche de Serge Feuerstein, l'homme qui dirige cette station et qui a disparu depuis quelques jours...


Impressions
Très bon polar intelligemment construit riche de multiples pistes suivies en parallèle.

Et surtout, à l'enquête, s'ajoute cette dimension de peinture d'une culture, à l'image d'un polar de Tony Hillerman chez les Navajos ou d'Olivier Truc chez les Lapons.
Après le désert sec et les étendues polaires, c'est dans une jungle humide que le capitaine Anato, seul Ndjuka gradé de la gendarmerie, enquête sur l'assassinat mais aussi sur ses origines et ses coutumes.
L'auteur réussit à nous faire partager la vie de plusieurs personnages -Les lieutenants Girbal et Vacaresse- en sus de celle d'Anato,  établissant un récit humain attachant.

Plus qu'un polar bluffant, une immersion dans la société et la nature de la Guyanne française.


dimanche 7 décembre 2014

177: 'Crime et Châtiment' de Fiodor Dostoïevski

Genre :  pavé de douleurs psychologiques



Histoire
Saint-Pétersbourg.
Jeune étudiant tourmenté, Rodion Romanovitch Raskolnikov, pense être un surhomme, se plaçant au dessus du commun des mortels à l'image de Napoléon qui n'a pas hésité à mitrailler une foule désarmée.
Forts de ces convictions théoriques, il prévoit d'assassiner une vieille prêteuse à gage. A tuer non pas pour l'argent mais pour lui...


Impressions
Dostïevski lègue un chef d’œuvre de la littérature combinant volets social, policier, politique, et philosophique.
Un roman multiforme admirablement construit, avec un souci de descriptions fouillées des méandres de pensées torturées et enflammées de Rodion -mystique et politique, torturé, proche de la folie- mais aussi des autres acteurs tout aussi importants qui sont aux aussi peints avec force détails.
Du lourd, avec 761 pages dans l'édition que j'ai lue. J'ai mis beaucoup de temps pour le lire, lisant d'autres romans plus légers en parallèle. Mais il va aussi me falloir du temps pour en digérer la richesse.

Chef d’œuvre foisonnant, parfois oppressant.


samedi 22 novembre 2014

176: 'La poudre des rois' de Thierry Maugenest

Genre :  poudre de perlimpinpin



Histoire
En 1265, des riches marchands de Séville succombent les uns après les autres d'une fièvre maléfique. 
3 médecins sont mandatés par le roi pour enquêter.


Impressions
Carrefour des cultures orientales, arabes et occidentales, Séville héberge les plus grands savants multi-horizons dont des médecins en quête de connaissances nouvelles dans la chirurgie et la psychologie. Ce polar regorge de détails sur les pratiques médicales de l'Antiquité et du Moyen-Age. 
L'intrigue est habilement ficelée sans recourir aux ficelles des secrets templiers usées dans la littérature actuelle. Le dénouement surprenant boucle cette écriture à trois voix où se succèdent des chapitres du présent, d'événements de 15 ans plus tôt et des pages manuscrites par un inconnu.

Un polar historique intelligent, agréable et rapide à lire.
Après sa mort, saint Silvain est l'objet d'un culte fervent et l'on vient de loin pour se faire guérir, d'une boiterie, de la lèpre ou surtout de cette maladie précisément appelée le « feu de Saint-Silvain ». Dit encore « feu d'enfer », il désignait une sorte d'érysipèle.

dimanche 16 novembre 2014

175: 'Le liseur de 6h27' de Jean-Paul Didierlaurent

Genre :  un roman qui échappera au pilon de la Zerstor 500

Histoire
Guylain Vignolles prend le RER de 6h27 tous les matins et lit des feuillets aux passagers de sa rame...

« Seul l’acte de lire revêtait de l’importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. » 

Impressions
Excellent ! Conte moderne avec pour héros, un victime d'une contrepèterie, un Vilain Guignol...

La première partie est particulièrement bien construite et les descriptions de 'La Chose' sont savoureuses.
L'ensemble de l'histoire est fantaisiste et improbable avec des personnages hauts en couleur. Et au final, on ferme ce roman le sourire aux lèvres. C'est drôle, humain, réjouissant.

« N'oublie jamais ça, petit: on est à l'édition ce que le trou du cul est à la digestion, rien d'autre! »

Un roman chaleureux et poétique. A faire rembourser par la sécurité sociale ! ;)

Troisième livre du concours Inter-CE 2014-2015 que je lis. Ah enfin, de l'humour et de la légèreté !


174: 'Manuscrit MS 408' de Thierry Maugenest

Genre : déchiffrage

Histoire
Enquête sur des meurtres mystérieux d'hommes érudits ayant tous pour point commun d'être passionnés par un manuscrit moyen-ageux rédigé par un moine anglais, Roger Bacon, un document du XIIIième siècle codé et toujours non décodé à ce jour...



Impressions
Ecrit au présent, c'est surprenant. 
L'auteur a construit cette intrigue policière autour de ce manuscrit énigmatique, au nom actuel de ms 408 ou manuscrit Voynich du nom de son dernier propriétaire. J'avais déjà emprunté un livre avec des reproductions des pages de ce manuscrit, et plus que cette écriture étonnante, ce sont les nombreux dessins qui intriguent. Ouvrage de sciences ? Botanie ? 
La construction est habile, avec des flash-back historiques alternant avec les épisodes de l'enquête contemporaine. Ce roman m'a paru un peu trop concis pour permettre d'apporter de la profondeur aux personnages principaux, dommage.

Deuxième roman policier que je lis de cet auteur. Instructif (l'auteur a hésité à écrire un livre historique), et agréable à lire. Evidemment on reste sur sa faim, M Maugenest ne nous livrant pas la clé de l'énigme.


samedi 8 novembre 2014

173: 'La Fabrique du Monde' de Sophie Van der Linden

Genre : Sensibilité déchirante

Histoire
Mei, 17 ans (comme Charlotte du roman de la chronique précédente), est prisonnière de la Chine industrielle. Elle coud nuit et jour dans une usine de fabrication de chemises, de tee-shirts, au fil des commandes.
« Et je me vois là, dans tout ça. Une petite chinoise de dix-sept ans, une paysanne, partie à l’usine parce que son grand frère entrait à l’université. Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là pour une éternité. » 

Impressions
Très bien construit, j'ai lu ce roman court en une traite. L'auteur nous fait partager avec une belle écriture poétique l'intimité de cette jeune femme sacrifiée.
Cris d'espoirs, de rébellions face à une vie réglée comme un papier à musique: travail à cadences infernales sous la surveillance de contremaîtres tyranniques, repas avalés au lance-pierres, vie en dortoirs rudimentaires.
Esquisse à l'encre de Chine de l'esclavagisme du 21ième siècle pour répondre à la loi de la croissance, portrait d'une victime de la guerre des prix.

Un roman triste, cruel et doux.
Deuxième livre du concours Inter-CE 2014-2015 que je lis. A nouveau un roman dur. Une écriture plus recherchée, plus de poésie.

dimanche 2 novembre 2014

172: ' Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre' de Céline Lapertot

Genre :  "la petite fille enfermée dans la cave"

Histoire
Charlotte, 17 ans, a tué son père. Elle rédige une lettre adressée au juge qu'elle doit rencontrer dans quelques heures.

« Je suis une victime. Une victime détestée par d'autres victimes qui ont eu , elle, le courage de parler. Une victime gênante pour les bien-pensants qui s'imaginent qu'ils auraient mieux fait que moi. » 

Impressions
Très bien construit, le dénouement de ce roman est dévoilé dès le début du roman et c'est le fil de l'histoire aboutissant à ce parricide qui est remonté, année par année. 
Chaque chapitre est annoncé par quelques phrases écrites par Charlotte dans sa lettre au juge.
 'Comment a-t-elle pu se taire pendant 8 ans ?' alors que plusieurs occasions se sont présentées où elle aurait pu trouver de l'aide, du soutien, une issue de secours. C'est cette question qui mine, taraude, dérange, presque plus que les simulacres, sévices et humiliations infligés par ce père ignoble.
Les mots sont forts, justes, plane un cri silencieux terrifiant.
On ressent toutes les émotions de Charlotte, on éprouve du ressentiment, de la colère, de la pitié, du désespoir, de l'espoir…  

Un roman fort mais dérangeant, une lecture inconfortable. Une adolescente enfin à l'aube de sa liberté.
Premier livre du concours Inter-CE 2014-2015 que je lis
J'enchaîne des lectures dans le genre dramatique, je vais tenter de faire une pause vers des romans plus légers... ;)

lundi 27 octobre 2014

171: 'Le quatrième mur' de Sorj Chalandon

Genre :  "la petite maigre qui est assise là-bas.. à Beyrouth"

Histoire
Samuel, le "frère" de Georges, a le projet fou de monter la pièce d'Antigone d'Anouilh en plein Beyrouth où les bombes pleuvent. Une (t-)rêve de 2 heures sans combat ni haine.

« Nous portons des masques de tragédie. Ils nous permettent d'être ensemble. Si nous les enlevons, nous remettons aussi nos brassards, et c'est la guerre. » 

Impressions

Premier roman de cet auteur que je lis, et c'est le choc.
Pas tant pour l'écriture -un cran en dessous de Laurent Gaudé mais cependant remarquablement efficace- que pour une narration percutante, intelligemment construite et efficace au travers de scènes et de personnages poignants.  
Sorj Chalandon nous plonge dans l'horreur et la violence de la guerre. Et en même temps nous fait rencontrer l'amitié, la fraternité, l'idéalisme, l'amour, des thèmes universels que partagent au fond d'eux-mêmes ces acteurs d'un conflit ubuesque, qu'ils soient chiites, maronites, sunnites, druzes, palestiniens.


Un roman très fort, parfois très dur, allant crescendo vers l'inconfort et l'inéluctable. Un Beyrouth dévasté qui transforme les infrastructures mais aussi les cœurs en tranches de ruines. Dans ma liste des livres qui m'auront marqué.

Prix Goncourt des lycéens en 2013.




Pour mieux comprendre.

(source = Le Monde)
La scission de ces deux courants de l'islam remonte à la mort du prophète Mahomet, en 632. Se pose alors la question du successeur le plus légitime pour diriger la communauté des croyants :
  • les futurs chiites désignent Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, au nom des liens du sang ;
  • les futurs sunnites désignent Abou Bakr, un homme ordinaire, compagnon de toujours de Mahomet, au nom du retour aux traditions tribales.
Une majorité de musulmans soutiennent Abou Bakr, qui devient le premier calife. Depuis, les sunnites ont toujours été majoritaires. Ils représentent aujourd’hui environ 85 % des musulmans du monde. Les seuls pays à majorité chiite sont l’Iran, l’Irak, l'Azerbaïdjan et Bahreïn, mais d’importantes minorités existent ailleurs comme au Liban.
  
 

Les maronites (du moine saint Maron, qui vécut au Ve siècle) forment une communauté chrétienne appartenant au rite oriental de Syrie et du Liban. Cette communauté a conservé la liturgie syriaque et elle fait partie de l’une des Églises uniates; elle reconnaît toutefois le pape de l’Église catholique romaine. 
Les maronites vivent surtout au Liban et en Syrie, mais il existe d'autres petits groupes maronites à Chypre, en Palestine, en Australie et aux États-Unis. Leur population est estimée à environ 1,3 million dans le monde.


Les Druzes, population du Proche-Orient professant une religion musulmane hétérodoxe, sont principalement établis dans la partie centrale du Mont-Liban, dans le sud de la Syrie, dans le nord de l'État d'Israël en Galilés, et sur le plateau du Golan.
Leur religion, basée sur l'initiation philosophique, est aussi considérée comme étant, à l'origine, une école de la branche ismaélienne du courant musulman du chiisme, dont la volonté de s'en démarquer par l'abandon de préceptes islamiques l'a transformée en religion à part.

vendredi 10 octobre 2014

170: 'Opération Sweet Tooth' de Ian McEwan

Genre : trahison, amour et guerre culturelle

Histoire
En Grande Bretagne, dans les années 70, l'agence de renseignements anglaise MI5 s'active dans un climat de guerre froide. Elle lance l'opération Sweet Tooth visant à financer des écrivains dont l'idéologie va dans leur sens.
Impressions

Deuxième livre de cet auteur que je lis, un peu par hasard car il avait été sélectionné par les bibliothécaires.
Extrêmement bien construit, plus qu'un roman d'espionnage, c'est une sorte de comédie sociale très British.
Un monde où les protagonistes sont maniés avec finesse et comme des marionnettes, avec un dénouement particulièrement renversant (et réussi).

J'ai moins apprécié le côté fleur bleu des aventures amoureuses de la belle héroïne, voire ai connu quelques moments de lassitude.
 
Un roman d'espionnage mêlé à une histoire d'amour et au thème de l'écriture. Un bon moment de lecture mais sans plus.



samedi 20 septembre 2014

169: "L'Attrape-Coeurs' de J. D. Salinger

Genre : angoisse d'un adolescent marginal

Histoire
Trois jours de vie de Holden Caulfield, seul dans New York, après avoir été expulsé de l'université Pencey (école préparatoire).


Impressions
Plusieurs facteurs motivaient cette lecture:
  • Scandale des années 60 (parution en 1951) avec ses thèmes de la prostitution, du décrochage scolaire, de la perversité sexuelle, dans une Amérique bien-pensante,
  • Un roman qualifié de grand classique (d'ailleurs en rapport à des chroniques antérieures, cité par Pennac, adulé par Beigbeder),
  • Un roman américain innovant d'antihéros,
  • Et enfin un mythe de livre à controverses.

Sur ce dernier point, l'Attrape-cœurs a été placé sur la « Banned books list » (Liste des livres bannis, ou censurés) aux États-Unis du fait qu'il montre un mauvais exemple aux adolescents. En particulier l'assassin de John Lennon, Mark David Chapman, avait sur lui un exemplaire du roman avant de passer à l'acte.
De plus John Warnock Hinckley Jr., qui a tenté d'assassiner le président Ronald Reagan en mars 1981, avait aussi lu L'Attrape-cœurs dont on retrouva un exemplaire dans sa chambre d'hôtel.
Enfin, dans la série Esprits criminels, L'Attrape-cœurs est considéré comme un livre de références de certains tueurs en série.

Assez laborieux à lire, de par le style parlé, les répétitions, les expressions familières, j'ai parfois dû me forcer à poursuivre cette lecture. Je n'ai ressenti que peu d'empathie pour cet adolescent, mais plutôt de l'impatience et du malaise.

Mais en même temps, ce livre est poignant: c'est l'histoire d'un naufrage. L'angoisse monte, les envies de suicide affleurent, l'absurdité et le mal-être règnent. Et cette ritournelle obsessionnelle de la question sur le devenir des canards de Central Park lorsque le lac est pris par le gel ? 
Comme lui dit son ex-professeur Antolini: « Franchement je ne sais que diable te dire, Holden [...] J’ai l’impression que tu marches vers une sorte de terrible, terrible chute... ». La souffrance de l'adolescence ? Je n'espère pas à ce niveau pour mes enfants...

Encore des sentiments mitigés. Surement une référence à lire mais hélas plutôt une lecture laborieuse.

Je pense que j'ai eu tort de le lire en Français, car j'ai pu noter sur le Net que pour beaucoup le langage dans lequel ce roman est écrit constitue son point fort, sans doute son intérêt principal pour les lecteurs anglo-saxons...

mardi 2 septembre 2014

168: "Un roman français" de Frédéric Beigbeder

Genre : Beigbeder soft

Histoire
A 40 ans Beigdeber se retrouve en garde à vue suite à une prise de stupéfiants.
Privé de liberté de mouvement dans sa cellule sale et puante, il s'évade mentalement en contant sa biographie. Il tombe le masque de 'frimeur médiatique' pour aborder sa généalogie à particule, en passant par le divorce de ses parents à la question de son obsession d'être différent de son frère aîné qui baigne dans la réussite et la stabilité.




Impressions
Surprenant, très loin d'Octave et de ses excès. (même si cela commence justement par une scène où l'auteur vit une de ces nombreuses soirées trash, et même si subsistent quelques dérives et obsession des femmes dans cette histoire)

Cet auteur est incontestablement torturé, blessé, sensible, à propension narcissique aggravée (citant à de nombreuses reprises ses romans précédents.)
« Certes, ma vie n'est pas plus intéressante que la vôtre, mais elle ne l'est pas moins »

Sa dénonciation de l'univers carcéral et son enfance meurtrie par le divorce de ses parents sont des instants sincères et souvent émouvants.
Restent des calembours navrants
 « La ligne Maginot se révéla aussi peu fiable que la méthode Ogino »
et, comme conclu par une journaliste des Inrocks, un discours assez incohérent à l'image de ce personnage complètement schizophrène :
  • Il vient d'un milieu aristocratique mais joue le rebelle,
  • Il s'adonne aux plaisirs et dérives interdites puis s’étonne d’être arrêté, 
  • Il se dit français mais passe son temps à imiter les Américains, 
  • Il dit être blessé et sensible, mais n’a jusque-là écrit que des romans cyniques, 
  • Etc...
A noter.
Une polémique de censure de 3 pages existe autour de ce roman.  L'auteur aurait réduit son pamphlet contre Jean-Claude Marin, procureur de la République, accusé par l'auteur d'avoir arbitrairement prolongé sa garde-à-vue de 24 heures. Auto-censure ou républicaine ? Lui qui écrit:
«Vous m'avez déclaré la guerre, je ne serai jamais des vôtres »

Sentiments mitigés. Des passages émouvants, voire poétiques, et d'autres moins forts, voire énervants.
L'auteur est fan de Salinger et en particulier de son roman l' « L'attrape-cœurs ». Se serait-il identifié à Holden Caufield, le (anti-)héros de cette oeuvre polémique ? Coïncidence des lectures, je viens justement de finir ce roman que j'avais repéré dans la liste de 'Comme un roman' de Daniel Pennac.

mardi 26 août 2014

167: "L'angoisse du roi Salomon" d'Emile Ajar

Genre : l'angoisse du roi Ajar-Gary

Histoire
Jean, jeune chauffeur de taxi, rencontre M. Salomon, un roi du pantalon à la retraite, qui anime un standard SOS pour les désespérés. Mais M Salomon cache une angoisse que Jean va s'évertuer à faire disparaître.

Impressions
Dernier roman sous le pseudo d'Emile Ajar.
D'emblée, la gouaille de l'auteur met le sourire aux lèvres. Le narrateur naïf au cœur d'or, curieux d'apprendre, donne le 'la', avec un vocabulaire tout de même plus évolué que celui de Momo dans la 'Vie devant soi'. En effet, Jean est un accro du dictionnaire, autodidacte enthousiaste.

Auprès de Jean et de M. Salomon, tourne une ribambelle de personnages pittoresques, comme Chuck.
"Chuck dit qu'avec l'humour juif, on peut même se faire arracher les dents sans douleur, c'est pourquoi les meilleurs dentistes sont juifs en Amérique. Selon lui, l'humour anglais n'est pas mal non plus comme arme d'autodéfense, c'est ce qu'on appelle les armes froides. l'humour anglais vous permet de rester un gentleman même quand on vous coupe les bras et les jambes, et que tout ce qui reste de vous c'est un gentleman."   


Je pourrai multiplier sans fin les citations truculentes de ce roman. Sans doute un peu long, mais tellement riche.

Et pour finir par une note moins joyeuse, c'est un an avant son suicide en décembre 80 que ce livre est paru (1979). A une journaliste qui lui posait la question  : « Vieillir ? », Romain Gary répondit : « Catastrophe. Mais ça ne m'arrivera pas. Jamais. J'imagine que ce doit être une chose atroce, mais comme moi, je suis incapable de vieillir, j'ai fait un pacte avec ce monsieur là-haut, vous connaissez ? J'ai fait un pacte avec lui aux termes duquel je ne vieillirai jamais » 

Roman très humain, un conte optimiste face aux aléas de la vie, de la naissance et de l'Histoire avec un grand 'H", un message d'espoir pour résister au racisme, à l'indifférence vis à vis des laissés-pour-compte. Comment réagir face à la vieillesse, la recette de M. Ajar est moins réjouissante...

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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