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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mardi 11 mai 2010

26ième chronique: "Avec tes mains", de Ahmed Kalouaz

Genre: dialogue posthume à son père

Dernier roman du concours interCE Alice.
L'auteur tente de reconstituer la vie de son père par chapitre de 10 ans étalés entre 1932 et 2002, et décrit avec sobriété le destin d'un de ces nombreux algériens de la première vague d'immigration qui a quitté son douar pour tenter de gagner sa vie en France avec la force de son corps et de ses mains.

Sans complaisance, il explique la rudesse, le peu d'affectif et l'incapacité de communiquer de son père par son passé rude.
Sans complaisance, il peint la désillusion de cette génération courageuse et honnête victime du mépris et du racisme, "trabajo mauro", "travail d'arabe".
Sans complaisance il évoque la montée en puissance du fanatisme religieux et la violence des banlieues des jeunes de 3ième génération et cette incompréhension entre générations. "Votre génération et la nôtre ne se croisent jamais sur ces sentiers, nous vous laissons aller au bout de votre voyage sans vous inviter à alléger vos souvenirs."

Un livre sensible, triste et assez douloureux. C'est très personnel mais à la différence de "La Mort de ma mère", l'auteur ajoute à cet hommage posthume une fresque historique de la période coloniale et postcoloniale de l’Algérie et de ses hommes déracinés.
Une vidéo avec l'auteur sur son roman: Prix Littéraire des Lycéens 2010

25ième chronique: "Le libraire" de Régis de Sa Moreira

Genre: libraire givré comme un iceberg

Une succession de saynètes, avec pour unité de lieu les 2 étages de la librairie, entrecoupées du poudoupoudoupoudou de la porte lors de l'entrée et sortie des clients, et où peu à peu le lecteur découvre un personnage atypique.
Un libraire insolite, esseulé, ayant perdu ses amis et les 3 femmes de sa vie, harcelé de phobies (la troisième heure de l'après-midi, les couples, ...) mais avant tout éperdument amoureux des livres: "Il commença à lire, commença à sourire, et les trois livres, telles trois ombres dans l'esprit du libraire, disparurent."

C'est drôle : le sketch des visites récurrentes des témoins de Jéhovah, les phrases extraites de méthodes de langues étrangères utilisées en armes pour éloigner les clients importuns...
A l'écriture enlevé.
Et émaillé de visites improbables empreintes de poésie : un dalaï-lama, une femme noire à la faux...
Cela tend parfois vers le théâtre de l'absurde, un peu à la Godot.

Petit bémol de poudoupoudoupoudou: je n'ai saisi ni le sens de prologue, ni celui de l'épilogue mais surement "Il y a beaucoup de choses à apprendre des icebergs..."

Préféré à "Mari et Femme".
Coup de cœur. A mettre en toutes les mains et à savourer en sirotant une tisane avec un libraire.

samedi 8 mai 2010

Il n'y a pas de quoi fouetter un chat, et c'est tant mieux.


Pourquoi le pelage des chats est-il si doux ? Et justement là, sous le cou ou sur le sommet du crâne, là où le plaisir des chats déclenche la machine à ronronner ?
Indifférente à ces interrogations futiles, tu te prélasses sur le canapé, ronfles parfois, somnoles nonchalamment, bailles sans complexe. Très loin de toi le stress inconsistant des hommes, leurs soucis terrestres. Tu t’étires sur le dos avant de te rouler en pelote tel un hérisson. Quelle frénésie !

L’expression ‘jouer à chat’ m’intrigue aussi. A part quelques moments d’égarement où tu t’agites derrière une ficelle ou poursuis une balle en mouvement, tu cours, poursuis avec parcimonie. Tu t’économises avec ces périodes de siestes que j'envie parfois. C’est l’âge, pourrait-on dire. En effet l’application d’un facteur multiplicateur arbitraire (7 ? 8 ?...) à tes années (hypothétiques…) force le respect. Mais il me semble que vous les chats quittez vite l’enfance joueuse et chahuteuse des chatons.
Autre énigme. Pourquoi toujours cette recherche d’un tissu, d’une étoffe, d’une couverture la plus soyeuse, la plus douce, pour entreprendre la sieste ? Le contact n’est-il pas faussé par votre pelage ?

Allez, trop d’interrogations. J'ai d'autres chats à fouetter, je leur donne ma langue.

24ième chronique: "Les Diamants de la guillotine" de Pierre Combescot

Genre: fresque historique.

L'histoire
Ce roman relate l'Histoire avec un grand H, les dernières années de l'Ancien Régime avant d'être renversé par la Révolution. Ce sont aussi les histoires avec des petits "h" qui ont toutes un rapport avec l'affaire du collier de la reine Marie-Antoinette. Cette arnaque impliqua en premier chef la Reine à qui les joailliers demandèrent à tort leur dû, et la principale victime de la "farce", le prince Louis de Rohan (ambassadeur avant de devenir cardinal puis Grand Aumônier de France). Autour gravite tout un essaim d'escrocs, d'espions, de femmes de petite vertu, de philosophes, d'aventuriers, d'abbés...
L'escroquerie est dirigée par la comtesse Jeanne de La Motte Valois, une aventurière prête à tout pour retrouver la position sociale à laquelle pourrait prétendre une descendante des Valois. La ficelle de l'arnaque est tellement grosse qu'elle semble tirée d'une comédie de Molière, et pourtant l'auteur montre avec élégance et brio l'aveuglement du prince de Rohan par son amour secret pour la souveraine.
De là à soutenir que cet événement précipita la chute de la noblesse, il n'y a qu'un pas que L'auteur semble franchir. Romance ou histoire, je laisse aux historiens le soin de débattre.
J'ai trouvé sur le net un interview très instructif de Pierre Combescot sur ce roman: lien vers INA

Mon avis
Certaines scènes sont drôles, le rythme est enlevé, le détail des scènes fait preuve d'une érudition remarquable. L'auteur décrit la cour et ses arrière-cours avec de tels précisions qu'il donne l'impression d'y avoir vécu.
En comparaison avec le roman de Jean Teulé, La Montespan, le langage est soutenu, les mœurs légères de l'époque sont décrits sans insistance (même si par exemple est raconté le peu d'intérêt du roi pour l'acte -il préfère la chasse, la gastronomie et la serrurerie- et la nécessité de lui expliquer la méthode...).

J'ai cependant dû m'accrocher à 2 ou 3 reprises pour poursuivre la lecture de ce roman.
Sans doute d'abord parce que le roman regorge de mots dont je connais pas le sens, pour beaucoup relatifs à des objets, vêtements, fonctions de cette époque. Au bout des 4 premières pages je dénombrais déjà 10 mots inconnus (cela s'est ensuite calmé)...
Ensuite, je pense que c'est surtout le foisonnement de personnages et de détails, comme en particulier les liens de noblesse qui les unissent, qui m'a un peu rebuté. Incontestablement, je ne suis pas un aficionado des arbres généalogiques des rois de France et d'Europe. (un arbre généalogique est inséré en fin d'ouvrage).

Au final un sentiment mitigé. Les critiques -souvent très élogieuses- trouvées sur le net font souvent référence à "Marie-Antoinette" de Stefan Zweig. Je vais m'empresser de le lire.

23ième chronique: "La mort de ma mère", de Xavier Houssin

Genre: chagrin nécrologique.


L'histoire
Œuvre biographique, Xavier Houssin raconte la fin de la vie de sa mère qui s’achève dans une chambre d’hôpital où son fils unique veillera à son chevet jusqu'au dernier souffle. Au récit du présent relativement prosaïque et banal –Samu, hôpital, funérailles…- s’insère la réminiscence des événements passés. Des souvenirs qui peignent un lien fusionnel entre l’auteur et sa mère à travers une histoire assez originale, où en particulier transparaît le portrait d’une femme de caractère, professeur de maths, qui s’est engagée dans l’armée et est partie pour l’Indochine où elle a rencontré un officier, François, le père de l’auteur.

Mon avis
L’écriture est juste, simple, sans lyrisme, les souvenirs de cette famille du Nord ont personnellement fait vibrer quelques fibres de mes origines, et le chagrin traduit dans cette centaine de pages a inévitablement ravivé mes propres tristesses ressenties vis-à-vis des proches disparus.
Maintenant chacun d’entre nous aurait matière à raconter sa douleur éprouvée à l’occasion de la mort d’un membre de sa famille ou d'un ami. Pour beaucoup sûrement avec une plume moins habile, mais au final, la singularité de l’écriture et du témoignage de l’auteur n’ont pas justifié à mon goût la publication publique de son message d’amour.

Avis donc partagé entre un sentiment de banalité et un témoignage émouvant.

22ième chronique: "La Danse de Rachel" de Monique Zerdoun

Genre: Chronique entre 1924 et 1960 de la communauté juive algérienne.


L'histoire
D’abord, un grand étonnement quant à l’étendue de ce que le résumé dévoile. Si c’est l’intrigue qui apporte sa valeur à ce roman, ses mailles principales sont exposées… Avec du recul, c’est donc plus la narration du quotidien, l’évolution de Rachel qui constitue la matière de ce roman.
Alors, pour ne pas trop en dire mais tout de même attiser la curiosité du lecteur. « La Danse de Rachel » dépeint la communauté juive d’une ville algérienne Aïn-el-Kelma ; petite ville du Constantinois, entre 1924 et 1960, à travers l’histoire de Rachel. Elle et son mari Ezran s’aiment d’un amour profond mais elle ne peut lui offrir de descendance. Sa stérilité va l’amener à progressivement s’assumer, à s’extirper de ceux qui pensent pour elle jusqu’à concevoir et mettre en œuvre sa solution iconoclaste qui sauvegardera son couple.

Mon avis
C’est un roman savoureux, où autour du couple gravitent la famille et le voisinage, souvent très envahissants, des personnages hauts en couleur, à l’image par exemple de l’ « enfant hirondelle » Nessim surnommé « petit-pot-en-or », Saliha, l’employée de la maison qui s’enfuira un jour avec El-Turkey, le bourrelier turque alors qu’elle était promise à un sage qui lui a dit :
« Sache que je suis scellé à cette salle d’étude. Tu vois ce nid, là, dans l’angle, les hirondelles vont et viennent chaque année, et lui, vide ou occupé il est toujours là. Comme moi. »
9ième livre du concours Alice, un de ceux qui m'ont apporté le plus de plaisir à lire.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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