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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mercredi 24 novembre 2021

459 : 'L'axe du Loup' de Sylvain Tesson

Genre : By fair means

Histoire
Récit de voyage, 'just by fair means': marche, vélo, cheval.

Sylvain Tesson part de Iakoutsk (Sibérie), emplacement d'anciens goulags sibériens, à Calcutta en Inde. 
Le leit-motiv de cette aventure: refaire le chemin pris par Slawomir Rawicz et les autres évadés du goulag et que cet officier polonais racontait dans « À marche forcée ».
Direction le Sud, un axe peu fréquenté et surtout semé d'obstacles pour qui veut le traverser à pied ou cheval...

Huit mois, huit milles kilomètres.
Aridité de la Mongolie, désordres de la Chine, rudesses des sommets de la chaîne himalayenne.
"Voilà dix ans que je trouve la paix en battant les chemins, et que rien ne me met plus en joie qu'un horizon fuyant lentement mes tentatives de le rejoindre."


Impressions

Sylvain Tesson est un poète qui déambule dans les contrées sauvages.
Armé d'un moral d'acier, Sylvain Tesson surmonte l'adversité des milieux, les obstacles naturels ou administratifs. Dans la forêt sibérienne, il parle ou chante tout haut et frappe sur sa gamelle pour éloigner les ours.  
Hormis les ours et d'autres animaux sauvages, Sylvain Tesson rencontre des hommes et des femmes, et prend la temps de l'échange. En particulier, aidé par sa connaissance du russe, il interroge de nombreux Russes imbibés d’alcool qui lui parlant de leur pays, des goulags.

Sylvain Tesson écrit avec maestria, peint les paysages en nous y plongeant, et émaille ses descriptions de réflexions et pensées de l'esprit qui vagabonde.

L'âme russe
'On croirait que les maisons chavirent sous une lame. La terre russe est un terrain vague. L'âme russe est un vague à l'âme. Et moi je traverse le pays, à l'aveugle, démoralisé par ma lenteur!'

Le vague à l'âme
"Et je suis de plus en plus convaincu que celui qui côtoie le ressac d'un lac finit par contracter un vague à l'âme. Sa vie alors, comme une algue, se fait bercer passivement par le courant des jours."

Les orages - outres
"Les orages sont à la mesure des steppes : titanesques. Ici, les nuages ont la taille de royaumes. Et quand vient l’orage, on dirait que, crevés par un glaive, ils s’ouvrent d’un coup, comme des outres, pour s’écrouler tout entiers sous leurs propre poids, vidés de leurs eaux en quelques instants, laissant sous eux la steppe étourdie de violence."

La dictature mélomane
"Dans les compartiments ouverts à huit places, conçus sur le modèle russe, les haut-parleurs de la compagnie crachent matin et soir de la musique classique. Un jour la Lettre à Elise, en boucle pendant quatre heures ! Une autre fois l’ouverture de La pie voleuse, à six heures du matin ! Plein tube ! Ah quelle agréable chose qu’une dictature mélomane !"

Tristesse aqueuse
"Il pleut sur l'eau du lac et mon cœur est si triste. Il n'est jamais de joie sous l'eau. Il n'y a d'ailleurs qu'à voir la tristesse du regard des poissons."

S'évader
"S'évader c'est passer d'un état de sous-vie (la détention) à un état de survie (la cavale) par amour de la vie."

Lecture pour voyager
"Quand j'ai fait le tour du monde à vélo, je suis parti avec des textes religieux (Bible, Coran...). Ce sont des textes inépuisables, mais ils m'ont épuisé."

Il traverse parfois des villes inconnues, souvent peu peuplées. Pour se ravitailler surtout.
Mais le plus souvent il aspire à être seul.

Encore un récit remarquable par cet écrivain-voyageurs hors du commun.




Quelques images des villes traversées par Sylvain Tesson dans son périple.

Oliokminsk
 ville de la République de Sakha (Iakoutie), en Russie

Taksimo
fondée à l'ouverture de la voie de chemin de fer Baïkal-Amour-Magistral, la branche la plus septentrionale du Transsibérien, inaugurées sous Brejnev dans les années 1970.


Severobaïkalsk
Ville portuaire

'Severobaïkalsk me déçoit beaucoup. [...] une ville bétonnée dont le commerce avec le lac se réduit à une jetée industrielle.'

Oulan-Oudé




Khiakhta
Dernière ville russe avant de traverser la frontière avec la Mongolie
'De l'antique bourgade commerciale qui était une étape majeure sur la "toute du thé", il reste un joli centre-ville aux maisons de bois."



Face à Kiakhta, la ville mongole d'Altanboulag.



 Dunhuang
Vestiges de la grande muraille de la dynastie Han, vers Dunhuang

''[...] trésor de la falaise de Dunhuang qui consistait en des centaines de manuscrits religieux de fresques bouddhiques recélés dans une paroi percée de grottes érémitiques. Je n'ai pas voulu visiter le site pour préserver ma santé nerveuse. Car le spectacle que j'en ai vu de loin est désolant : Les bétonneurs chinois ont coulé une chape d’enduit sur la falaise aux bouddhas et fermé chaque grotte par une porte blindée portant un numéro, comme une chambre d’hôtel. Ils ont encagé Bouddha. Coulé le Gautama sous le béton. Livré l’Eveillé en pâture aux visiteurs. Des flux de curieux, déversés par autocars, venus d’Europe ou de Shangaï avec des chapeaux de plage et des lampes-torches vont et viennent sur les passerelles scellées à la paroi par les aménageurs."
Le site rupestre de Mogao, où se trouvent près de 500 grottes, décorées à l'effigie du Bouddha, entre le IVe siècle et le XIVe siècle.

vendredi 19 novembre 2021

458: 'L'art de la victoire' de Phil Knight

 Genre : Swoosh !


Histoire
Récit par Phil Knight co-fondateur avec Bowerman de l'entreprise Nike, créée et dirigée de 1964 à 2004.
L’entrepreneur nous fait vivre son parcours inspirant, depuis les premiers 50 dollars prêtés par son père et les quelques chaussures de sport stockées dans son coffre de voiture jusqu’à la fortune et la renommée mondiale de sa marque.

 

Impressions

Surprenant récit qui nous donne une vision de cette entreprise plutôt décriée pour les conditions de travail jugées douteuses dans ses usines de sous-traitance dans les pays pauvres, et en particulier le recours au travail des enfants.

Même si la société de matériel et de vêtements de sport a publié en 2005 une liste détaillée de ses 704 usines de sous-traitance à travers le monde, dont plus de la moitié en Asie.

J'ai noté que: 

- D'abord, il a fallu 20 ans pour que la société connaisse son succès actuel. Et 20 ans de combat avec des hauts et des très bas. Il a commencé en étant étudiant à vendre des baskets japonaises depuis le coffre de sa voiture et  a failli à plusieurs reprises devoir déposer le bilan...

- Phil a pris des risques sans cesse, demandant une exclusivité de distribution à une entreprise japonaise alors qu'il n'a pas encore d'entité juridique, empruntant aux banques des sommes de plus en plus importantes tout en n'ayant pas de fonds propres, jouant avec un trésorerie proche de zéro...

- Avant de devenir cette enseigne de vêtements de sport, Phil a d'abord ciblé les coureurs, à une époque où le jogging était une activité peu répandue. Et pour gagner en crédibilité il s'est associé à un grand entraineur de champions de course à pied, Bill Bowerman.

- Phil a su s'adapter sans cesse, en modifiant ses partenariats, les sous-traitants, en promouvant ses partenaires à des positions changeantes. En particulier, il a créé l'entité Nike plutôt que d’attendre de se faire exclure par Onitsuka, la société produisant les chaussures Tigers que la société d'origine Blue Ribbon vendait. 

- Ce qui est également remarquable est le talent avec lequel Phil Knight a réussi à conserver pendant de longues années l’esprit de start-up dans l’entreprise. Blue Ribbon (puis Nike), est resté une entreprise où l’on ne se prend pas au sérieux, où il n’y a pas d’ego, où on cherche toujours à faire mieux, où on continue à se mettre en danger au quotidien. Le symbole de cette culture d’entreprise est le séminaire annuel des « buttfaces », soit en français des « faces de cul ».

- Enfin l'auteur cite le facteur chance comme un élément clé de la réussite. La société a été sujette à de sérieuses menaces au cours de son développement et notamment au niveau financier et juridique. Pour s'en sortir, il a bénéficié de circonstances favorables et notamment a été aidé par la bonne rencontre/le bon appui.

Autobiographie intéressante par son parcours d'entrepreneur combattant que je ne soupçonnais pas quant à cette marque.


Petit aparté sur le fameux logo de Nike

Le nom de Nike est venu au collègue de Knight, Jeff Johnson, qui a vu la déesse grecque Nike dans un rêve. Son image a été l’un des points de référence pour la création d’un logo. Knight a rencontré la designer Carolyn Davidson (la future créatrice du logo légendaire) lorsqu’il étudiait à l’université de Portland.

Il lui demandait de l’aide de temps en temps, lorsqu’il venait de créer une entreprise, et en 1971, il a confié une mission plus importante à l’étudiante. Phil voulait qu’elle crée un logo d’entreprise et lui a donné ses exigences : dynamisme, bonne perception visuelle sur les chaussures et différence par rapport aux autres marques connues.

La forme d’aile n’était pas la première idée de Davidson. Elle a créé plusieurs croquis à la fois. Selon la légende, la créatrice, insatisfaite de ses idées de travail, aurait tracé un trait sur un morceau de papier. Et c’est ainsi que le Swoosh a été inventé. D’une manière ou d’une autre, mais les actionnaires ont choisi ce signe particulier comme logo. Phil Knight n’a pas apprécié ce logo ; il a dit que ce n’était pas ce dont il rêvait. Carolyn Davidson n’a été payée que 35 dollars pour son travail.

Le fondateur de la société Nike ne pouvait même pas penser qu’au fil des ans, il se ferait tatouer le symbole qui l’a fait connaître. Le concepteur du logo Nike a reçu une bague précieuse avec le Swoosh en guise de récompense, ainsi que 500 actions de la société, c’était une récompense énorme, bien que tardive. Le montant exact des actions est encore inconnu, mais il dépasse aujourd’hui le million de dollars. En se souvenant de cette histoire, les fans de l’entreprise plaisantent souvent en disant que les freelances ne devraient pas avoir peur des commandes peu rémunératrices. Personne ne sait jamais vraiment comment les choses vont se passer.






Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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