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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

lundi 21 décembre 2015

219: "Le chat de Shrödinger" de Philippe Forest

Genre : philosophie quantique ou cantique philosophique ?

Histoire
"l'histoire d'un homme sans histoire, se faisant le chroniqueur des événements insignifiants survenus dans son existence à partir du plus minuscule de ceux-ci, l'arrivée dans son jardin d'un chat errant, et devenant la proie d'un délire assez extravagant en s'imaginant pouvoir reconstruire à partir de là une démonstration assez vaste pour englober à la fois le système de sa vie et celui de l'univers indifférent tournoyant avec ses phénomènes autour de lui."
page 259, édition Gallimard 2013, folio


Impressions
Coup de cœur.
Philippe déroule le fil de ses pensées initié par l'évocation de l'expérience de Shrödinger imaginée pour mettre en évidence les lacunes de l'interprétation par l'école de Copenhague de la physique quantique.
Selon l’interprétation de Copenhague, un système quantique peut se trouver dans une superposition de différents états et ce n’est que lorsqu’on cherche à mesurer celui dans lequel il se trouve qu’il en « choisit » un, de façon aléatoire

Un autre thème nourrit les réflexions, l'astrophysique. En particulier Philippe Forest évoque Hugh Everett qui a développé l'hypothèse des mondes multiples qui peut être à l'origine de l'idée que dans notre univers infini, toutes les situations coexistent dans des mondes parallèles.
Cependant, il ne s'agit pas un ouvrage scientifique, c'est un recueil des errances de la pensée de l'auteur, qui broie du noir comme cette encre de la nuit qui tombe.

C'est en effet surtout le chagrin d'un père inconsolable, qui se réfugie dans le whisky et l'écriture (L'auteur a perdu sa fille de 4 ans morte d'un cancer des os). Comme le chat de Shrödinger, l'auteur semble à la fois mort et vivant. 
(L'auteur décrit d'ailleurs avec beaucoup de d'intelligence la tristesse dans le chapitre 'Faisons comme si').


Un livre inclassable et difficile d'accès qui risque de rebuter de nombreux lecteurs. Gymnastique intellectuelle, ambiance nocturne blues, entrelacs de thèmes sur la vie, l'infini, le deuil, la réalité... Entrechats subtils, déroutants mais captivants. Miaou !


vendredi 4 décembre 2015

218: 'La condition pavillonaire' de Sophie Divry

Genre : éclairage cru sur la condition féminine en France au 21 ième siècle

Histoire
M.A. a un mari aimant, des enfants et un pavillon.
M.A. est insatisfaite, un désir, un besoin est inassouvi. Elle cherche, teste, alors que l'horloge tourne.

"Puisque c’était cela, fonder une famille ; devenir reine et esclave à la fois ; ..."



Impressions
Est-ce que les initiales M.A. de l'héroïne signifient qu'il s'agit d'une histoire vraie pour laquelle il est nécessaire de préserver l'anonymat ? En tout cas, au regard des événements extrêmement communs de cette histoire, un tel récit peut être le résultat de la concaténation de frais réels.

En reposant ce livre de 260 pages, mes impressions sont mitigées.

La profusion de détails du quotidien routinier m'ont lassé. Le frigidaire avec ses magnets et cartes postales qui ronronne ou la machine à laver pour laquelle l'auteur dédit une description millimétrique d'un cycle de lavage, passionnant ! Ce style est dit factuel, se traduisant par exemple par 3 pages de définition d'une voiture ! Artifice d'écriture sans doute choisi pour illustrer la prison des objets et l'ennui du quotidien, l'incarcération de M.A. dans sa condition de femme-épouse-mère. Mais qu'est-ce qu'on s’ennuie parfois, ou plutôt je devrai écrire, qu'est-ce que tu t'ennuies parfois. En effet le 'Tu' est le sujet du récit, l'auteur s'adresse au lecteur.

Ce roman est souvent comparé à Mme Bovary dans les critiques du Web, je suis sceptique... Sophie Devry maîtrise indéniablement la langue, l'écriture et la construction du roman, et peut-être le résultat est trop pensé, la réalité crue du quotidien règne impitoyablement, peu de place est donnée à la poésie ou à la fantaisie.

"Le café qui sortait de la machine était noir, lourd en bouche, aux aromatiques puissants, il rendait plus précieux ces moments entre vous." 
"... vous vous réjouissiez de découvrir cette profondeur, à croire qu'en soumettant vos existences de femmes à de tels décorticages, vous tiriez bénéfice, toutes à présent ménopausées, d'un exhausteur de goût."


Routine d'une femme ordinaire de notre siècle. Un roman pour les lectrices qui leur permet de relativiser leur propre histoire ?...
Une critique féminine très enthousiaste pour ce roman (site Babelio) donne une clé de lecture pour la gent masculine: " Dans ce récit incisif et bien construit, qui bascule au milieu du livre, Sophie Divry s'adresse à M.A. à la deuxième personne du singulier. Tout en étant original, cela facilite l'identification du lectorat féminin. Néanmoins, messieurs, ne négligez pas ce livre, il vous apportera un éclairage assez cru sur la psychologie féminine."

Grand merci pour cet éclairage cru.



Car il est illusoire de dénombrer les incohérences de M.A. comme par exemple lorsqu'elle pleure son mari défunt

"- Ah, mon François, il va me manquer mon François.
"Le plus triste, c'était de manger seule, c'était le lit vide. Ton mari avait été une armure entre le monde et toi..."

Après l'avoir jugé sévèrement, sans appel

"... Il eut même la franchise de te dire un soir:
- Moi, tu sais, ce que j'aime, surtout, c'est sortir avec toi. Quoi qu'on fasse, je serai toujours content.
Tu cherchais de grands discours sur l'art, tu recevais des paroles d'animal domestique."
Sans doute est-ce typiquement féminin ou tout simplement humain ?...

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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