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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

vendredi 31 décembre 2021

465: ' Les trois ombres' de Cyril Pedrosa - BD

Genre : fuite vaine de l'inéluctable

Histoire
un petit garçon, Joachim, vit heureux et insouciant avec ses parents, Lise et Louis, dans une ferme isolée. La vie est belle, calme, rythmée par les saisons, riche de rires et de partages.


Mais une nuit, Joachim a peur car il a vu trois ombres par la fenêtre au loin, sur la colline. Elles ne partiront plus et se rapprocheront de plus en plus à tel point que la peur s'installe dans le cœur des parents. 




Impressions
Conte allégorique sur l'acceptation de la mort d'un enfant.
Comment profiter de chaque instant avec ses proches ? Peut-on fuir cette destinée ?
Un thème grave abordé avec poésie et force.

La mère accepte. Le père refuse et décide de fuir avec Joachim. Un périple épique s'engage. En particulier Louis et Joachim vivent une traversée agitée d'un fleuve de plusieurs jours à bord d'un navire.

Le trait est vif et dynamique, tourbillonnant, nuancé d'ombres magnifiques.

Seul bémol. La fin m'a perdu, avec une histoire de règlement de comptes qui arrive sans crier garde et dont le lien avec le récit est énigmatique.
Heureusement l'épilogue renoue avec le fil de l'histoire et apporte son message de consolation.

Graphisme N&B merveilleux. Un roman graphique touchant et poétique. Yes !

lundi 27 décembre 2021

464: ' Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon' de Jean-Paul Dubois

Genre : histoire d'un mec gentil qui n'a pas de chance

Histoire
Le narrateur, Paul Hansen, raconte son parcours de vie qui l'a .amené à purger une peine de 2 ans de prison à Montréal. Ce récit est entrecoupé par son quotidien avec  Patrick Horton, un Hells Angels incarcéré pour meurtre, le compagnon d'infortune avec lequel il partage les 6 m2 de sa cellule.

Impressions
Dans la série des Goncourt (ici prix 2019), encore un roman étonnamment facile à lire. Univers touchant, profondément humain, une découverte pour moi alors que c'est un auteur très prolixe.

Le récit est triste, accablé d'injustices, noirci de nombreux décès. Le ton est mélancolique, tant parce que l'incarcération de Paul l'éprouve mais aussi du fait du destin malheureux injuste et qui l'a amené en prison.

« Il m'arrive parfois de fermer les yeux et d'essayer de reconstituer ces promenades du soir dans le jardin d'Éden, mais à chaque tentative des voix sauvages jaillissant des couloirs et des cellules font s'écrouler la patiente et fragile reconstruction qu'essayait d'opérer ma mémoire. C'est alors que l'on prend la mesure de ce qu'est une peine de prison. Une incapacité chronique à s'évader, ne serait-ce que le temps d'une marche en compagnie des morts.

Mais c'est aussi un roman drôle, marqué par la dérision.

Quant à « Ô Canada » [hymne national canadien], chant truffé de bondieuseries guerrières, cousu de vers de mirliton écrits entre deux salves de bière, il ne valait guère mieux que l’épouvantable et terrifiante « Marseillaise » de mon pays natal. Je sais qu’un Franco-Canadien qui se respecte et aspire à un peu de paix et de dignité sur cette terre ne devrait jamais dire – et pas même penser – ce que je vais écrire : en matière d’hymne national, nul ne peut rivaliser, car où qu’il se joue et quelle qu’en soit la cause, le « Gode save the Queen » fera toujours regretter à chacun de n’être pas anglais.» 

L'humour est porté jusqu'à des scènes bouffonnes avec le personnage bouffon de Patrick Horton, ce méchant tendre, compagnon de cellule.

Ne plus voir, tous les soirs, Patrick Horton baisser son pantalon, s'asseoir sur la lunette et déféquer en me parlant des « bielles entrecroisées » de sa Harley qui au ralenti « tremblait comme si elle grelottait ».
A chaque séance, il œuvre paisiblement et s'adresse à moi avec une décontraction confondante qui donne à penser que sa bouche et son esprit sont totalement découplés de sa préoccupation rectale. Il n'essaye même pas de moduler ses flatulences d'effort.
Tout en finissant ses affaires, Patrick continue de m'éclairer sur la fiabilité des derniers moteurs désormais montés « sur des Silentbloc dits isolastic », avant de réajuster ses braies comme un homme qui a fini sa journée, et d'étaler sur la cuvette un linge immaculé censé tenir lieu d'abattant et qui sonnait un peu pour moi à la fois comme la fin d'un office et un « Ite missa est ».

La métier de pasteur du père de Paul est sujet à critique de la religion.

Les célébrations catholiques m'ont toujours semblé surgir d'une autre époque, d'un autre monde, d'un âge sombre. Vêtus comme des empereurs incas, les célébrants marmonnent des incantations surjouées dans une langue morte, mélangent l'eau et le vin, bénissent un quignon de pain, et lors de la séquence dite de la "transsubstantiation" prétendent métamorphoser la vieille tranche d'azyme en une colombe divine.

Le pasteur cite André Gide à son fils Paul : « Je ne suis qu'un petit garçon qui s'amuse, doublé d'un pasteur qui l'ennuie. » 

Les gens qui travaillent s'ennuient quand ils ne travaillent pas. Les gens qui ne travaillent pas ne s'ennuient jamais

Le lecteur voyage, depuis l'extrême nord du Danemark, Skagen le village d'origine des Hansen, à Toulouse, et surtout au Canada. Cette terre d'accueil où le père et son fils vont s'établir, l'un pour fuir le renvoi par l'église provoqué par les mécréances de son épouse qui projette des films pornographiques dans son cinéma toulousain, l'autre pour fuir l'absence de sa mère.
Le narrateur goute de la liberté de voler au-dessus des lacs à bord de l'hydravion Beaver piloté par son épouse Wimona.

On découvre notamment l'histoire de l'église ensablée de Skagen est une ancienne église de Skagen, au Danemark, dont seul le clocher est encore debout et émerge des dunes.
À partir du xvie siècle, le sable commence à envahir l'édifice. En 1770, les dunes atteignent l'église, puis le mur du cimetière adjacent. Après une violente tempête en mai 1775, la congrégation est contrainte de creuser le sable pour accéder à la porte de l'église. En 1795, la municipalité abandonne la lutte et l'église est détruite. Sur ordre du roi Christian VII, le clocher reste debout, destiné à être utilisé comme phare. La nef et la sacristie sont démolies, les matériaux étant réutilisés aux alentours. En 1810, le mobilier est vendu aux enchères.

Elégance faussement désinvolte. Un roman agréable à lire, bien écrit, caustique.

jeudi 23 décembre 2021

463: 'Le ruban' de OGAWA Ito

Genre : de belles envolées entre rêve et réalité

Histoire
Sumire est une grand-mère fantasque et passionnée d'oiseaux.   Un jour elle recueille des œufs d’oiseaux tombés d'un arbre; avec l'aide d'Hibari, sa petite fille de cœur, elles se mettent à veiller à les couver jusqu'à leur éclosion. Elles créent un lien solide et tendre qui va perdurer au delà de l'envol.
 
Une perruche calopsitte

Impressions
Roman assez étrange, original comme la tache orange des joues des perruches calopsittes. La première partie surprend par sa fantaisie, un monde presque surréaliste qui m'a rappelé les chemins parallèles de Murakami, mon auteur fétiche.


Et puis commence une ballade de récits, tels de petites nouvelles où d'autres personnages se succèdent. Ces nouvelles ont comme éléments communs une poésie mélancolique et ce thème des oiseaux, le ruban conducteur. Ces apparitions de compagnons à plume viennent comme par magie soulager les peines des femmes et hommes rencontrés.
J'ai particulièrement la narration du passé de Sumire, une histoire d'amour établissant un passage entre le Japon et une période douloureuse en Europe. 

La Chapelle de la réconciliation située à la limite du mur de Berlin.

Le tracé de l’ex-frontière avec Berlin-Ouest passait à quelques mètres seulement de l’entrée de la «Kapelle der Versöhnung». Après la construction du mur, cette église néogothique en briques de 1894 se retrouva perdue et inaccessible au milieu du No Man’s Land. 


En 1985, le gouvernement est-allemand décida la destruction de l’édifice. Après la chute du mur, l’emplacement fut restitué à la paroisse avec l’obligation d’y ériger un nouveau lieu de culte. Une nouvelle chapelle fut bâtie et inaugurée le 9 novembre 2000, onzième jour anniversaire de la chute du mur.

« A cause d'une poignée de communistes, la vie de nombreux habitants de Berlin avait été saccagée. Un couple dont l'amour était sur le point d'éclore, séparé par un mur, avait été déchiré.  » 

A confier aux lecteurs qui sont sensibles au mélange de tristesse et de douceur et aiment s'évader dans le rêve.
A déconseiller à ceux qui n'apprécient que des récits pragmatiques et très réalistes, ou encore aux amateurs de sensations fortes.

Récit doux-amer, délicat, lumineux et fantaisiste. Un univers touchant. Merci à Caroline pour le prêt de cette belle histoire.

mardi 21 décembre 2021

462: "Gramercy Park' de De Fombelle Timothée & Cailleaux Christian - BD

 Genre : polar bluesy à New-York

Histoire
Tout prédestinait Madeleine à devenir danseuse étoile de l'Opéra de Paris. Le destin l'a amenée à élever des abeilles sur le toit d'un gratte-ciel new-yorkais. De son belvédère elle observe les hommes-fourmis, et en particulier elle peut observer un caïd de la pègre qui vi cloîtré chez lui...

Impressions
Voilà quelques temps que je n'ai chroniqué une BD. Coup de cœur pour celle-ci !

C'est d'abord l'alchimie parfaitement dosée entre un graphisme sobre et un rythme lancinant qui m'ont plu. Des plans presque cinématographiques nous plongent dans un polar noir. Les couleurs et un trait délicat cadencent le récit, l'imprégnant de poésie mélancolique.
Et ô combien ces planches font la part belle à l’architecture new-yorkaise des années 50.

Cette chronique douce-amère de vies brisées nous amène dans des chemins inattendus, piégés de fausses pistes. Car le scénario est précis, mêlé de flash-backs: petit à petit il dévoile les destins brisés.

Très belle histoire de 'consolation'. Coup de cœur !

lundi 13 décembre 2021

461: "Sauvage par nature" de Sarah Marquis

Genre : marcheuse solitaire

Histoire
Récit de 3 ans de marche extrême en solitaire de Sibérie en Australie,
20 000 km de voyage au bout du monde... et aux limites de ses capacités
Avec son sac à dos et un petit chariot à roulettes qu’elle poussait, elle a parcouru les étendues désertiques de la Mongolie, la jungle du Laos, les paysages du lac Baïkal.




Impressions
Clairement, ce récit de voyages m'a beaucoup déçu.
Et pourtant je me réjouissais à l'idée de  découvrir une aventurière sur les traces d'Alexandra David-Néel ou des extraordinaires suissesses Isabelle Eberhardt ou Ella Maillart.

Sans doute les marches de Sarah Marquis sont semées d'embuches, son périple constitue une aventure. Mais ce récit reste très terre à terre, journal de bord factuel, décrivant les problèmes de logistique, de soucis de santé. Mais je me suis ennuyé et cette lecture ne m'a rien apporté.

Les jours s'écoulent. J'en apprécie chaque minute. J'aime cet isolement, j'aime la beauté de ce désert.

Ni dépaysements géographiques qui font rêver.
Ses descriptions des terres sauvages traversées sont assez quelconques, sans relief. On pourrait alors plus s'attendre à un témoignage de la beauté de la nature. Et non.

Ni rencontres enrichissantes avec d'autres cultures.
C'est fort dommage car clairement contrairement aux aventurières citées, Sarah a peur des gens, cherche la solitude et a très souvent à lutter contre certains personnes mal intentionnées qu'elle croise (sauf en Australie). Ce sont les mauvaises rencontres qui dominent et c'est au final une vision bien obscure des humains qui ressort.

Ni dimension spirituelle.
Elle parle beaucoup d'elle (et de son chien), les phrases commencent très souvent par 'je'. Ce sont des réflexions très autocentrées qui émaillent l'histoire. A sa décharge, je reconnais que la qualité d'écriture apparait d'autant plus faible après la lecture de l'Axe du Loup de Sylvain Tesson.





Un récit de voyage pas à la hauteur de l'aventure vécue. Ni poésie, ni passion, ni dimension humaine. Très déçu.

prix européen 2013 de l'aventurier de l'année
Nommée aventurière de l'année 2014 par la prestigieuse National Geographic Society.

Sarah pousse une charrette de 50 kgs et en porte 17 autres sur le dos. Elle a quelques points de ravitaillement mais se débrouille seule la plupart du temps. Son statut de végétarienne ne la freine pas. Elle connaît différentes techniques pour trouver de l’eau.


mercredi 8 décembre 2021

460: 'L'anomalie' de Hervé Le Tellier

Genre : roman paranormal

Histoire
Des tranches de vie de femmes et d'hommes de 2021 se succèdent.
Le vol Paris-New York 006 de Air France de juin 2021 traverse une très violente perturbation.
Cherchez l'erreur...

Impressions
Roman surprenant.

«Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension» 

La construction est habile, en 3 phases principales.
« Aussi noir que le ciel », « La vie est un songe, dit-on », « La chanson du néant ».
Des parcours de vie sans lien apparent sont d'abord décrits. Est alors dévoilée la mystérieuse anomalie et la gestion de la crise à grands renforts de moyens logistiques et humains. La dernière partie propose une manière de résoudre la situation.

C'est une histoire plus proche de la SF que de l'essai rigoureux. Même si les interrogations d'ordre religieux, scientifiques et philosophique sont abordées. Je doute que les lecteurs/lectrices hermétiques au fantastique apprécieront cette histoire.

Un échantillon très bigarré de personnages se croisent: un écrivain, un chanteur, un architecte et sa compagne, une fillette et sa famille, une avocate, un pilote de ligne, un tueur à gages. Leurs vies secrètes, leurs questionnements profonds sont révélés par cette 'anomalie'.

Au final il a fallu que je freine mon envie de dévorer ce roman en une seule bouchée, une certaine addiction et curiosité d'en connaître le dénouement m'ayant gagné très vite. Même si l'intensité ressentie dans la première moitié de ce roman a quelque peu diminué ensuite.
La lecture est en effet assez divertissante, avec des passages humoristiques et des jeux sur les styles d'écriture. Il en découle une certaine jubilation qui m'a rappelé celle que j'ai pu ressentir en lisant Tonino Benacquista.

De là à nominer ce roman au Prix Goncourt, je suis étonné. Il ne m'a pas rebuté comme d'autres, tel l''Art de la guerre' abandonné au bout de 200 pages. Mais ce n'est pas un livre incontournable.

Roman déroutant, Hervé Le Tellier n'est pas membre du mouvement littéraire de l'Oulipo par hasard.
Divertissant et rapide à lire. 
Mais nommé prix Goncourt 2020: une anomalie ?

mercredi 24 novembre 2021

459 : 'L'axe du Loup' de Sylvain Tesson

Genre : By fair means

Histoire
Récit de voyage, 'just by fair means': marche, vélo, cheval.

Sylvain Tesson part de Iakoutsk (Sibérie), emplacement d'anciens goulags sibériens, à Calcutta en Inde. 
Le leit-motiv de cette aventure: refaire le chemin pris par Slawomir Rawicz et les autres évadés du goulag et que cet officier polonais racontait dans « À marche forcée ».
Direction le Sud, un axe peu fréquenté et surtout semé d'obstacles pour qui veut le traverser à pied ou cheval...

Huit mois, huit milles kilomètres.
Aridité de la Mongolie, désordres de la Chine, rudesses des sommets de la chaîne himalayenne.
"Voilà dix ans que je trouve la paix en battant les chemins, et que rien ne me met plus en joie qu'un horizon fuyant lentement mes tentatives de le rejoindre."


Impressions

Sylvain Tesson est un poète qui déambule dans les contrées sauvages.
Armé d'un moral d'acier, Sylvain Tesson surmonte l'adversité des milieux, les obstacles naturels ou administratifs. Dans la forêt sibérienne, il parle ou chante tout haut et frappe sur sa gamelle pour éloigner les ours.  
Hormis les ours et d'autres animaux sauvages, Sylvain Tesson rencontre des hommes et des femmes, et prend la temps de l'échange. En particulier, aidé par sa connaissance du russe, il interroge de nombreux Russes imbibés d’alcool qui lui parlant de leur pays, des goulags.

Sylvain Tesson écrit avec maestria, peint les paysages en nous y plongeant, et émaille ses descriptions de réflexions et pensées de l'esprit qui vagabonde.

L'âme russe
'On croirait que les maisons chavirent sous une lame. La terre russe est un terrain vague. L'âme russe est un vague à l'âme. Et moi je traverse le pays, à l'aveugle, démoralisé par ma lenteur!'

Le vague à l'âme
"Et je suis de plus en plus convaincu que celui qui côtoie le ressac d'un lac finit par contracter un vague à l'âme. Sa vie alors, comme une algue, se fait bercer passivement par le courant des jours."

Les orages - outres
"Les orages sont à la mesure des steppes : titanesques. Ici, les nuages ont la taille de royaumes. Et quand vient l’orage, on dirait que, crevés par un glaive, ils s’ouvrent d’un coup, comme des outres, pour s’écrouler tout entiers sous leurs propre poids, vidés de leurs eaux en quelques instants, laissant sous eux la steppe étourdie de violence."

La dictature mélomane
"Dans les compartiments ouverts à huit places, conçus sur le modèle russe, les haut-parleurs de la compagnie crachent matin et soir de la musique classique. Un jour la Lettre à Elise, en boucle pendant quatre heures ! Une autre fois l’ouverture de La pie voleuse, à six heures du matin ! Plein tube ! Ah quelle agréable chose qu’une dictature mélomane !"

Tristesse aqueuse
"Il pleut sur l'eau du lac et mon cœur est si triste. Il n'est jamais de joie sous l'eau. Il n'y a d'ailleurs qu'à voir la tristesse du regard des poissons."

S'évader
"S'évader c'est passer d'un état de sous-vie (la détention) à un état de survie (la cavale) par amour de la vie."

Lecture pour voyager
"Quand j'ai fait le tour du monde à vélo, je suis parti avec des textes religieux (Bible, Coran...). Ce sont des textes inépuisables, mais ils m'ont épuisé."

Il traverse parfois des villes inconnues, souvent peu peuplées. Pour se ravitailler surtout.
Mais le plus souvent il aspire à être seul.

Encore un récit remarquable par cet écrivain-voyageurs hors du commun.




Quelques images des villes traversées par Sylvain Tesson dans son périple.

Oliokminsk
 ville de la République de Sakha (Iakoutie), en Russie

Taksimo
fondée à l'ouverture de la voie de chemin de fer Baïkal-Amour-Magistral, la branche la plus septentrionale du Transsibérien, inaugurées sous Brejnev dans les années 1970.


Severobaïkalsk
Ville portuaire

'Severobaïkalsk me déçoit beaucoup. [...] une ville bétonnée dont le commerce avec le lac se réduit à une jetée industrielle.'

Oulan-Oudé




Khiakhta
Dernière ville russe avant de traverser la frontière avec la Mongolie
'De l'antique bourgade commerciale qui était une étape majeure sur la "toute du thé", il reste un joli centre-ville aux maisons de bois."



Face à Kiakhta, la ville mongole d'Altanboulag.



 Dunhuang
Vestiges de la grande muraille de la dynastie Han, vers Dunhuang

''[...] trésor de la falaise de Dunhuang qui consistait en des centaines de manuscrits religieux de fresques bouddhiques recélés dans une paroi percée de grottes érémitiques. Je n'ai pas voulu visiter le site pour préserver ma santé nerveuse. Car le spectacle que j'en ai vu de loin est désolant : Les bétonneurs chinois ont coulé une chape d’enduit sur la falaise aux bouddhas et fermé chaque grotte par une porte blindée portant un numéro, comme une chambre d’hôtel. Ils ont encagé Bouddha. Coulé le Gautama sous le béton. Livré l’Eveillé en pâture aux visiteurs. Des flux de curieux, déversés par autocars, venus d’Europe ou de Shangaï avec des chapeaux de plage et des lampes-torches vont et viennent sur les passerelles scellées à la paroi par les aménageurs."
Le site rupestre de Mogao, où se trouvent près de 500 grottes, décorées à l'effigie du Bouddha, entre le IVe siècle et le XIVe siècle.

vendredi 19 novembre 2021

458: 'L'art de la victoire' de Phil Knight

 Genre : Swoosh !


Histoire
Récit par Phil Knight co-fondateur avec Bowerman de l'entreprise Nike, créée et dirigée de 1964 à 2004.
L’entrepreneur nous fait vivre son parcours inspirant, depuis les premiers 50 dollars prêtés par son père et les quelques chaussures de sport stockées dans son coffre de voiture jusqu’à la fortune et la renommée mondiale de sa marque.

 

Impressions

Surprenant récit qui nous donne une vision de cette entreprise plutôt décriée pour les conditions de travail jugées douteuses dans ses usines de sous-traitance dans les pays pauvres, et en particulier le recours au travail des enfants.

Même si la société de matériel et de vêtements de sport a publié en 2005 une liste détaillée de ses 704 usines de sous-traitance à travers le monde, dont plus de la moitié en Asie.

J'ai noté que: 

- D'abord, il a fallu 20 ans pour que la société connaisse son succès actuel. Et 20 ans de combat avec des hauts et des très bas. Il a commencé en étant étudiant à vendre des baskets japonaises depuis le coffre de sa voiture et  a failli à plusieurs reprises devoir déposer le bilan...

- Phil a pris des risques sans cesse, demandant une exclusivité de distribution à une entreprise japonaise alors qu'il n'a pas encore d'entité juridique, empruntant aux banques des sommes de plus en plus importantes tout en n'ayant pas de fonds propres, jouant avec un trésorerie proche de zéro...

- Avant de devenir cette enseigne de vêtements de sport, Phil a d'abord ciblé les coureurs, à une époque où le jogging était une activité peu répandue. Et pour gagner en crédibilité il s'est associé à un grand entraineur de champions de course à pied, Bill Bowerman.

- Phil a su s'adapter sans cesse, en modifiant ses partenariats, les sous-traitants, en promouvant ses partenaires à des positions changeantes. En particulier, il a créé l'entité Nike plutôt que d’attendre de se faire exclure par Onitsuka, la société produisant les chaussures Tigers que la société d'origine Blue Ribbon vendait. 

- Ce qui est également remarquable est le talent avec lequel Phil Knight a réussi à conserver pendant de longues années l’esprit de start-up dans l’entreprise. Blue Ribbon (puis Nike), est resté une entreprise où l’on ne se prend pas au sérieux, où il n’y a pas d’ego, où on cherche toujours à faire mieux, où on continue à se mettre en danger au quotidien. Le symbole de cette culture d’entreprise est le séminaire annuel des « buttfaces », soit en français des « faces de cul ».

- Enfin l'auteur cite le facteur chance comme un élément clé de la réussite. La société a été sujette à de sérieuses menaces au cours de son développement et notamment au niveau financier et juridique. Pour s'en sortir, il a bénéficié de circonstances favorables et notamment a été aidé par la bonne rencontre/le bon appui.

Autobiographie intéressante par son parcours d'entrepreneur combattant que je ne soupçonnais pas quant à cette marque.


Petit aparté sur le fameux logo de Nike

Le nom de Nike est venu au collègue de Knight, Jeff Johnson, qui a vu la déesse grecque Nike dans un rêve. Son image a été l’un des points de référence pour la création d’un logo. Knight a rencontré la designer Carolyn Davidson (la future créatrice du logo légendaire) lorsqu’il étudiait à l’université de Portland.

Il lui demandait de l’aide de temps en temps, lorsqu’il venait de créer une entreprise, et en 1971, il a confié une mission plus importante à l’étudiante. Phil voulait qu’elle crée un logo d’entreprise et lui a donné ses exigences : dynamisme, bonne perception visuelle sur les chaussures et différence par rapport aux autres marques connues.

La forme d’aile n’était pas la première idée de Davidson. Elle a créé plusieurs croquis à la fois. Selon la légende, la créatrice, insatisfaite de ses idées de travail, aurait tracé un trait sur un morceau de papier. Et c’est ainsi que le Swoosh a été inventé. D’une manière ou d’une autre, mais les actionnaires ont choisi ce signe particulier comme logo. Phil Knight n’a pas apprécié ce logo ; il a dit que ce n’était pas ce dont il rêvait. Carolyn Davidson n’a été payée que 35 dollars pour son travail.

Le fondateur de la société Nike ne pouvait même pas penser qu’au fil des ans, il se ferait tatouer le symbole qui l’a fait connaître. Le concepteur du logo Nike a reçu une bague précieuse avec le Swoosh en guise de récompense, ainsi que 500 actions de la société, c’était une récompense énorme, bien que tardive. Le montant exact des actions est encore inconnu, mais il dépasse aujourd’hui le million de dollars. En se souvenant de cette histoire, les fans de l’entreprise plaisantent souvent en disant que les freelances ne devraient pas avoir peur des commandes peu rémunératrices. Personne ne sait jamais vraiment comment les choses vont se passer.






vendredi 29 octobre 2021

457: 'Les agents' de Grégoire Courtois

 Genre : box office


Histoire
 Quartier Sud, à l’étage 122 de la tour 35S.
Des étages de box blindés, où on dort, mange et travaille en surveillant des données sur des écrans.
Monde clos, loin de la 'rue', l'enfer châtiment ultime.
Pour survivre, les 'agents' s'organisent en guildes ennemies.

 
Impressions
Dystopie où la seule valeur sociale est désormais le travail. Les agents surveillent les millions de données qui s'affichent sur leurs écrans. Sans relâche ou presque, puisque ces agents travaillent de cinq heures du matin à minuit, avec des pauses de quinze minutes toutes les trois heures, sept jours sur sept.
Plus de perte de temps avec les trajets domicile-travail.
Un monde absurde, où on réalise que le travail fourni ne sert à rien si ce n'est à occuper les êtres humains sélectionnés par les Airaches.

” L’espoir, c’est ce qui nous fait tenir, les premiers jours, lorsque les parois du box nous paraissent si proches, notre espace si exigu. Et nous mettons quelque temps à abandonner cet espoir, prisonniers que nous sommes des instincts animaux qui nous susurrent à l’oreille que cette vie a un sens. “

Pendant les pauses c'est souvent la guerre entre guildes, chacun défend son box jusque la mort. Nombreux sont ceux qui craquent, les défénestrés chutent devant les baies vitrées, certains se mutilent, d'autres filment tout 24h sur 24...
La folie pour s'échapper de l'horreur de l'absurde, pour exister.

Dystopie assez noire. Aliénation, absurdité. Merci à Jérôme pour ce prêt :)

1920 > Nous Autres – Ievgueni Zamiatine

A propos de l'auteur
Né en 1978 Grégoire Courtois a publié au Quartanier, Révolution. Suréquipée et Les lois du ciel. Ces deux derniers titres ont été repris en poche par Folio. Les lois du ciel a été remarqué par le New York Times et l’écrivain Brian Evenson l’a inclus dans sa liste des romans d’horreur les plus terrifiants.

Grégoire Courtois vit à Auxerre, où il tient la librairie indépendante Obliques.

mardi 28 septembre 2021

456: 'Léonard de Vinci - La biographie' de Walter Isaacson

 Genre : bio sur un curieux qui n'achève que peu de ses travaux

Histoire
À travers les milliers de pages de ses carnets et les plus récentes découvertes des historiens, Walter Isaacson dépeint l'inventivité de Léonard de Vinci selon ses multiples facettes.
Peintre, naturaliste, poète, physicien et anatomiste


Impressions
Style dynamique, des chapitres courts, ce n'est pas une biographie chronologique mais plus un inventaire des différentes sources d'intérêt, de recherche et de création de cet homme à la curiosité sans limite.
Depuis les ailes d'oiseaux, l'anatomie humaine, à des machines de guerre improbable à l'anatomie des chevaux. 









Schéma d'une arbalète géante




En 1482, Leonard de Vinci se présente devant le duc de Milan avec un projet de construction conique et mobile hérissée de canons. 


C'est facile à lire, des chapitres concis, avec des illustrations de qualité.
On ressent le plaisir qu'a l'auteur à décrire les œuvres peintes de Léonard, comme ces 2 fabuleux portraits de femme, 'La belle ferronière'-1495-97 et surtout l'exceptionnelle 'La dame à l'hermine'-1489-90.

C'est en revanche un peu décousu, parfois sur des thèmes de recherche comme la nature, d'autres fois sur une période historique par exemple d'activité à Milan.

J'ai noté aussi la référence  à Steve Jobs que l'auteur n'a pas résisté à citer !

Livre instructif  mais assez décousu et pour lequel l'auteur n'a pas pu s'empêcher de citer le génie de Steve Jobs... Promotion de son best-seller ?...


vendredi 3 septembre 2021

455: "Le monde selon amazon: 3 ans d’enquête dans les coulisses de la «machine à vendre»." de Benoît Berthelot

 Genre : coulisses de l'Amazonie

Histoire
On reprend les mêmes acteurs, Jeff, la société Amazon, et on y jette un regard selon un angle plus social et plus sociétal que le livre précédemment chroniqué.




Impressions
Une enquête de 3 ans par un journaliste de la revue Capital.

Par rapport au au livre chroniqué précédemment,

 - Certaines parties les informations ont été décrites avec plus de précision, de manière plus fouillée. En particulier la génèse d'Amazon n'est que très rapidement décrite. 

- Pour d'autres analyses, ce livre est complémentaire.

Les témoignages anonymes d'employé(e)s sont violents d'enseignements sur la réalité humaine de cette entreprise.

Shel Kaphan, 1er employé d'Amazon pour développer le site, ne veut plus être cité par rapport à Amazon. Pas un ami  sur la durée ce Jeff :)
Passé maître dans l'art d'écrire lui même sa légende, le vrai Jeff Bezos reste une énigme pour beaucoup de ceux qui l'ont côtoyé. ses proches le décrivent tour à tour comme un "visionnaire surdoué", un "génie à l'énergie contagieuse", mais aussi un "calculateur froid, vide d'empathie".

Par exemple les livreurs du dernier kilomètre...
'Le tempo infernal lui interdit la plupart du temps d'aller dans un café pour la pause pipi. Il pour ça un jerrican spécial, caché au fond du camion. Une astuce courante dans la profession.'

Et surtout, l'auteur met en évidence l'interdépendance entre les institutions et ce requin vorace.
Avec tous les risques de protection des données personnelles que cette situation engendre, angle de vue pas abordé dans le gros livre.

"Qu'ont en commun Renault, la SNCF et Netflix ?Décathlon et la la Société Générale ? Orange et airbus, Véolia et Radio France, Engie et Bouygues Telecom ? et que partagent ces groupes avec la CIA, la police de l' Oregon et d' Orlando, ou le ministère de la justice britannique ? Tous sont clients d' Amazon. Plus précisément, tous hébergent leurs données ou propulsent leurs services numériques grâce à Amazon Web Service (AWS). C'est la filiale la plus discrète de l'empire de Jeff Bezos."

"Tout aussi étonnant : les notes des évaluations des élèves de CP, de CE1, de 6ème et de 2nde français sont aussi hébergées par Amazon, en Irlande. L’affaire a fait polémique et l’Education nationale a dû confirmer que son prestataire, l'entreprise OAT, utilisait cette base numérique en y stockant ses informations de manière anonymisée - sans les codes permettant d'identifier les élèves."

Livre court intéressant sur le plan sociétal et humain pour ses témoignages de terrain.


lundi 23 août 2021

454: 'Amazon : la boutique à tout vendre' de Brad Stone

Genre : nausée amazonienne

Histoire
Histoire de l'entreprise Amazon et de son fondateur Jeff Bezos, depuis ses débuts modestes à sa présence tentaculaire d'aujourd'hui .
 


Impressions
Une enquête au long cours de Brad Stone, journaliste à Bloomberg Business­week.
Best-seller américain paru en 2014.

1- C'est un symbole des « compagnies prédatrices » du Net qui se jouent de la fiscalité, des fournisseurs et des acquis sociaux.

Tous les ingrédients de la stratégie de Bezos sont tournés vers un seul objectif, devenir une entreprise hégémonique du commerce sur Internet, quoiqu'il en coûte. 
Et donc tout est calculé pour obtenir les plus grosses marges, les moindres impositions,..

Du respect de la fiscalité 
Par ex, si il fonde sa société à Seattle c'est pour bénéficier d’une fiscalité avantageuse et d’une main d’œuvre qualifiée qu’il pourra aisément trouver grâce à la présence de l’université de Washington et de Microsoft dans les environs.

Du respect des employés
Son dogme est la satisfaction du client, au mépris des conditions de travail de ses employés. Bezos favorise même la lutte entre ses collaborateurs plus que la cohésion qu'il juge stérile.
Par exemple en 2022, il présenta sa nouvelle grande idée aux principaux cadres : toute l’entreprise allait se restructurer autour de ce qu’il appelait les « équipes à deux pizzas ». Les employés seraient organisés en groupes autonomes de moins de dix personnes – suffisamment petits pour que, lorsqu’ils travailleraient tard, les membres puissent être nourris avec deux pizzas... Corvéables...
ll traite ses employés comme des ressources jetables, sans prendre en compte leurs contributions à l’entreprise

2- C'est un exemple d'entreprise hyper risquée qui a mis 8 ans pour afficher un début de bénéfice...

Avec 10 000 dollars en poche et 100 000 dollars confiés par ses parents, Bezos lance son entreprise qu’il veut initialement appeler Cadabra. En 1994 Bezos choisit le nom Amazon, 
« Ce n’est pas seulement le plus grand fleuve du monde, il les surpasse tous de loin », déclara Bezos.

Annonce d'embauche des débuts:
"Start-up bien capitalisée cherche des programmeurs C/C++ et Unix extrêmement talentueux. Objectif : aider au développement d’un système pionnier de commerce sur Internet. Vous devez avoir acquis une expérience dans la conception et la mise en place de systèmes larges et complexes (mais aussi faciles à faire évoluer). Vous devez être capable d’agir trois fois plus vite que les gens les plus compétents. Attendez-vous à travailler avec des collègues talentueux, motivés, sérieux et intéressants. » "

L’Amazone est le fleuve le plus grand du monde : Amazon deviendrait la plus grande librairie du monde. L’adresse du site fut enregistrée le 1er novembre 1994

Portée par la bulle Internet, Amazon connaît une croissance effrénée entre 1998 et 2000. Dans cette période d’argent facile, Bezos multiplie les entrepôts, se lance dans le jouet et l’électronique, rachète des start-up impossibles à intégrer et débauche jusque dans les rangs de Walmart.

Le krach des valeurs Internet eut un impact gigantesque sur Amazon. Les employés avaient accepté de travailler sans relâche et de sacrifier leurs vacances en famille en échange de la perspective d’une belle fortune. L’effondrement du cours de l’action opéra un clivage. Les employés du tout début étaient encore fort riches (bien qu’épuisés) ; ceux qui avaient rejoint la société plus récemment disposaient d’actions qui ne valaient plus grand-chose.

En janvier 2002, soit 8 ans après sa création, Amazon annonça son premier trimestre positif, avec un bénéfice net de 5 millions de dollars, un centime symbolique par action. Les ventes provenant de tierces parties représentaient 15% des commandes. C’était la toute première fois qu’Amazon faisait état d’un profit et, même s’il était maigre, cela valait la peine de le souligner. La société avait enfin montré que son sort ne serait pas le même que celui des milliers de start-up englouties suite à l’éclatement de la bulle Internet.

Depuis ses débuts, Amazon investit des sommes pharaoniques dans des serveurs et accroît sans cesse ses capacités de calcul algorithmique afin d’améliorer l’efficacité de sa logistique et les potentialités de son site marchand. Lequel propose toujours plus de nouveaux produits à d’anciens clients, grâce à un recoupement complexe de leurs données personnelles et de leurs habitudes de consommation. Et, pour que rien ne se perde, les ressources informatiques excédentaires sont louées à des entreprises à travers un service spécifique, Amazon Web Services

3- Plus particulièrement, ce livre dévoile la personnalité de Bezos, un milliardaire plus discret que ses homologues comme Richard Brason, Bill Gates ou Elon Musk.

A la différence de Steve Jobs, Jeff Bezos a fait des études brillantes, et en particulier il excelle dans les mathématiques qu'il a commencé par appliquer dans le monde de la finance. Très loin des influences hippies de ma jeunesse de Steve.

"Bezos, alors âgé de 29 ans, commençait déjà à se dégarnir. Son visage un peu pâle et creusé était typique d’un « accro » au travail. Durant les sept années qu’il avait passées à Wall Street, il en avait impressionné plus d’un par sa vive intelligence et sa détermination sans faille. Après avoir décroché un diplôme à l’université de Princeton en 1986, il avait, en 1988, rejoint la firme financière Bankers Trust, mais ne s’y était pas plu. A la fin de l’année 1990, il se préparait à quitter Wall Street lorsqu’un chasseur de têtes le convainquit de venir voir les dirigeants d’une firme financière « pas comme les autres "

Il est très organisé, il est calculateur.
"Discipliné, précis, il notait constamment des idées sur un carnet qu’il transportait en permanence, de peur qu’elles ne s’envolent. (…) Quelle que soit la situation, Bezos procédait « analytiquement ». Célibataire à cette époque, il entreprit de suivre des cours de danse de salon, ayant calculé que cela améliorerait ses chances de rencontrer ce qu’il appelait des femmes « n + ».

Il n'est pas généreux comme employeur.
Bezos était déterminé à insuffler dans sa société une culture particulière : celle des économies à tout crin. Les bureaux construits à partir de portes et les contributions minimales aux frais de parking en faisaient partie. Au premier étage du nouveau bâtiment, un stand de café distribuait des cartes de fidélité permettant aux clients d’obtenir une boisson gratuite au dixième achat. Jeff Bezos, qui était alors multi-millionnaire, insistait pourtant pour se faire poinçonner sa carte de fidélité. Parfois quand même, il offrait la boisson gratuite qu’il avait récoltée à un collègue.

Parfois charmant voire charmeur en public, il est colérique et sans empathie, comme Steve Jobs
Bezos était capable en interne de descendre en flammes un subalterne. Il était enclin à des colères mémorables. Un collègue qui échouait à satisfaire les standards qu’il avait fixés était en mesure d’en déclencher une. Il était alors capable d’hyperboles et d’une rare cruauté. Il pouvait décocher des phrases appelées à demeurer dans les annales internes : (…) « Je suis désolé, ai-je pris mes pilules pour la stupidité aujourd’hui ? » « Est-ce qu’il faut que j’aille chercher le certificat qui spécifie que je suis le PDG afin que vous cessiez de me défier là-dessus ? » « Êtes-vous paresseux ou juste incompétent ? »



Livre documentaire très fouillé.

Lundi 5 juillet 2021, le PDG du géant du e-commerce et des services passe la main à son fidèle lieutenant Andy Jassy. Malgré cet éloignement de la figure tutélaire, la stratégie du groupe ne devrait pas changer.
 En 2020, la pandémie de Covid-19 n’a pas freiné Amazon. Son chiffre d’affaires a bondi de 38 %, à 386 milliards de dollars (325 milliards d’euros), et son bénéfice a presque doublé, à 21,3 milliards. Au chapitre des records, l’entreprise est valorisée 1 770 milliards de dollars. Avec 1,3 million d’employés, elle est en passe de devenir le premier employeur privé du monde, après avoir recruté 500 000 personnes en 2020, soit 1 369 par jour.

Prix 2013 du meilleur livre d'économie / Business, décerné par le Financial Times.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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