Histoire
3 filles devenues femmes trop tôt.
Ramla, instruite, 17 ans, est forcée à se marier avec son oncle Alhadji Issa, un homme d’une cinquantaine d’année ayant déjà une femme.
Hindou, demi-sœur de Ramla, se voit également forcée par son père et son oncle de se marier à son cousin, Moubarak, la vingtaine, drogué et alcoolique
Enfin, Safira, 35 ans, mariée depuis 20 ans à Alhadji Issa, découvre que son mari ne se satisfait plus de sa monogamie et a décidé de prendre une seconde épouse.
Impressions
Histoire vraie, vécue au nord du Cameroun, chez les Peuls qui sont de confession musulmane.
Cette histoire se déroule dans un milieu assez aisé se donnant des allures de respectabilité faisant illusion vu de l'extérieur.
Un monde où les femmes doivent obéir aux parents et surtout aux oncles -ce qui m'était inconnu-, être patientes et même se taire face aux violences extrêmes, même face à un viol conjugal.
« Ce n'est pas un viol. C'est une preuve d'amour. On conseilla tout de même à Moubarak de refréner ses ardeurs vu les points de suture que ma blessure nécessita. On me consola. C'est ça le mariage. La prochaine fois, ça ira mieux. Et puis, c'est ça la patience, le munyal dont on parlait justement. Une femme passe plusieurs étapes douloureuses de sa vie. Ce qui s'était produit en faisait partie. Il ne me restait qu'à prendre des bains de bouillies agrémentées de natron afin d'accélérer mon rétablissement."
3 chapitres, 3 voies se succèdent, pour exposer d'abord l'avant-mariage, la désillusion du début de la vie maritale et la douleur de la polygamie.
Ramla, c'est Djaïli Amadou Amal ! Elle a du fuir sa famille, a connu ces épreuves.
Et pour soutenir ces femmes victimes, elle a fondé en 2012 l'association Femmes du Sahel qui aide les jeunes femmes à obtenir l'indépendance par les études.
Le sujet est grave, la portée de ce roman est grande.
" Il est difficile , le chemin de vie des femmes , ma fille. Ils sont brefs , les moments d'insouciance . Nous n'avons pas de jeunesse . Nous ne connaissons que très peu de joies .Nous ne trouvons le bonheur que là où nous le cultivons .A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable . Mieux encore , pour rendre ta vie acceptable . C'est ce que j'ai fait , moi , durant toutes ces années. J'ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs . "
J'aurai sans doute eu plus de plaisir à le finir si certains passages comme le recours répétitif à des marabouts par Safira avaient été écourtés.