238: 'Les mains libres' de Jeanne Benameur

Genre : poésie et douceur de la contemplation, de la lecture et du silence

Histoire

Mme Lure est une vieille femme, effacée, sédentaire dans l'appartement qu'elle partageait avec son feu mari, avec pour seule fantaisie la plongée quotidienne dans des brochures de voyage 'récoltée' dans l'agence de sa rue.
Elle surprend un jeune nomade chapardant du chocolat dans un magasin et se met à le suivre...

Impressions

Les phrases sont courtes, le langage épuré. Un régal.
Une écriture au service du récit tant actuel de ces 2 mondes, le monde des sédentaires immobiles et celui des nomades, des gitans.


"Elle, elle n'a rien su que l'espace ordonné d'un point à un autre. Elle allait, venait, faisait ce qu'il y avait à faire pour maintenir cet ordre et celui des corps qui le traversaient. Elle n'a jamais fait que garder les distances exactes entre des points. Ça ne fait pas un monde. Mais c'était toute sa vie."

"il faut toujours partir et partir encore. Plus loin. Ailleurs. Il faut savoir tout abandonner, au matin, d'un ciel, d'un paysage, et s'en aller vers d'autres lieux (..)."

La langue, l'âge, le passé séparent Mme Lure et Vargas. La solitude et l'humanité les réunissent. Et des liens invisibles vont se tisser à travers des gestes, des silences et cette lecture à voix haute d'un roman de son défunt mari.

Ecriture ciselée, lumineuse, essentielle. Après 'les Demeurées', un deuxième roman qui place cette auteure dans mon panthéon des écrivaines majeures.
Coup de cœur.

237: 'Les fidélités' de Diane Brasseur

Genre : infidélité d'un fidèle à l'amour

Histoire

Un homme de 54 ans partage sa vie entre Marseille où vivent sa femme et Alix leur fille, et Paris où il retrouve Alix sa maîtresse plus jeune de 23 ans.
A la veille du départ en famille à New-York pour fêter Noël, il ressent le besoin de faire un choix...

Impressions

A priori c'est l'histoire éculée de la femme, de la maîtresse et du cinquantenaire qui ressent le besoin de se prouver qu'il peut encore séduire.
L'auteure réussit à éviter les clichés et nous sert un monologue intérieur d'un homme tourmenté qui ne cherche pas se dédouaner de sa lâcheté ni de ses faiblesses. Il livre ses réflexions intimes, inquiet du mal qu'il fera immanquablement à l'une de ces deux femmes dont il est amoureux.
L'écriture est simple, voire ordinaire, pour décrire le quotidien des journées de cette vie bipolaire.

Je ne veux pas vieillir.
Je ne veux pas que des taches brunes apparaissent sur mes mains... je ne veux pas avoir la goutte au nez sans m'en rendre compte...
je ne veux pas moins bander.

J'ai une maîtresse, j'ai une liaison.
Je suis infidèle.
Je le répète mentalement plusieurs fois par jour pour m'en convaincre.
J'ai l'impression de penser à la place d'un autre homme.

Chanson d'amour actuelle à travers un roman agréable mais pas inoubliable.

Sur les traces d'Antoine De Ville

Enfin la voie normale du Mont Aiguille ! ;)

236: 'Les demeurées' de Jeanne Benameur

Genre : orfèvrerie

Histoire

La Varenne et Luce, la mère et la fille, les abruties du village. Enfermées dans leur silence, vivant en autarcie dans une maison isolée, analphabètes.
Mademoiselle Solange, l'institutrice du village, veut scolariser Luce. 

Impressions

Ecriture ciselée, phrases brèves, un roman très court (84 pages) mais qui se lit lentement, en dégustant les choix des mots, des silences.
Amour fusionnel entre la mère et sa fille face à une institutrice passionnée, seule, qui veut partager son savoir.

Comment faire désormais ?

Elle voudrait parler à quelqu'un.

Devant elle, le secret tissé entre deux êtres.

La Varienne et sa petite Luce peuvent se passer de tout. Même de nom.

Le savoir ne les intéresse pas. Elles vivent une connaissance que personne ne peut approcher.

Qui était-elle, elle, pour pouvoir toucher une telle merveille ?

Émotions et humanité. Quintessence de l'écriture. Yes !

235: 'Etat d'urgence' de David Crichton

Genre : climato-scepticisme dans un contexte de COP21...

Histoire

Dans la région de San Francisco, Morton, un milliardaire qui soutient une association écologiste, disparaît dans un accident de voiture après avoir annoncé l'arrêt de son soutien à cette action. Son avocat, Peter, va se retrouver dans une situation difficile où l'étau va se resserrer...

Impressions

L'intrigue coule de source. Certes les héros sortent de certaines situations complètement extravagantes et impossibles dignes d'un James Bond ou d'un Indiana Jones, les scènes d'action sont prêtes à l'emploi pour un film d'actions. Mails le scénario est vraiment bien ficelé et le thème du lien entre le politique et l'écologie assure un fil conducteur.

C'est semble-t-il l'ouvrage de Crichton le plus controversé, et pour cause. Crichton y plaide une cause dérangeante de climato-scepticisme à grands renforts de citations extraites de références scientifiques. En bref, il revendique que la catastrophe apportée par le réchauffement climatique est une supercherie qui sert les politiques, les avocats et les scientifiques. Les démonstrations ne m'ont pas convaincu car très orientées avec des extractions d'articles scientifiques sans son contexte. Or ma familiarité avec les publications scientifiques me met bien en garde de ce genre d'exercice qui entraîne des biais d'interprétation. Ceci dit je reconnais qu'il est toujours sain d'avoir des contre-pouvoirs qui mettent en cause les croyances soi-disant incontestables. Crichton met de l'eau au moulin des opposants à la théorie du réchauffement climatique, pourquoi pas. C'est le thriller qui aura retenu mon attention.

Gros pavé qui tient en haleine et qui se lit vite et bien. Pour le côté thriller.