New !!

Liste par auteurs & titres dans Kronik list

vendredi 31 décembre 2021

465: ' Les trois ombres' de Cyril Pedrosa - BD

Genre : fuite vaine de l'inéluctable

Histoire
un petit garçon, Joachim, vit heureux et insouciant avec ses parents, Lise et Louis, dans une ferme isolée. La vie est belle, calme, rythmée par les saisons, riche de rires et de partages.


Mais une nuit, Joachim a peur car il a vu trois ombres par la fenêtre au loin, sur la colline. Elles ne partiront plus et se rapprocheront de plus en plus à tel point que la peur s'installe dans le cœur des parents. 




Impressions
Conte allégorique sur l'acceptation de la mort d'un enfant.
Comment profiter de chaque instant avec ses proches ? Peut-on fuir cette destinée ?
Un thème grave abordé avec poésie et force.

La mère accepte. Le père refuse et décide de fuir avec Joachim. Un périple épique s'engage. En particulier Louis et Joachim vivent une traversée agitée d'un fleuve de plusieurs jours à bord d'un navire.

Le trait est vif et dynamique, tourbillonnant, nuancé d'ombres magnifiques.

Seul bémol. La fin m'a perdu, avec une histoire de règlement de comptes qui arrive sans crier garde et dont le lien avec le récit est énigmatique.
Heureusement l'épilogue renoue avec le fil de l'histoire et apporte son message de consolation.

Graphisme N&B merveilleux. Un roman graphique touchant et poétique. Yes !

lundi 27 décembre 2021

464: ' Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon' de Jean-Paul Dubois

Genre : histoire d'un mec gentil qui n'a pas de chance

Histoire
Le narrateur, Paul Hansen, raconte son parcours de vie qui l'a .amené à purger une peine de 2 ans de prison à Montréal. Ce récit est entrecoupé par son quotidien avec  Patrick Horton, un Hells Angels incarcéré pour meurtre, le compagnon d'infortune avec lequel il partage les 6 m2 de sa cellule.

Impressions
Dans la série des Goncourt (ici prix 2019), encore un roman étonnamment facile à lire. Univers touchant, profondément humain, une découverte pour moi alors que c'est un auteur très prolixe.

Le récit est triste, accablé d'injustices, noirci de nombreux décès. Le ton est mélancolique, tant parce que l'incarcération de Paul l'éprouve mais aussi du fait du destin malheureux injuste et qui l'a amené en prison.

« Il m'arrive parfois de fermer les yeux et d'essayer de reconstituer ces promenades du soir dans le jardin d'Éden, mais à chaque tentative des voix sauvages jaillissant des couloirs et des cellules font s'écrouler la patiente et fragile reconstruction qu'essayait d'opérer ma mémoire. C'est alors que l'on prend la mesure de ce qu'est une peine de prison. Une incapacité chronique à s'évader, ne serait-ce que le temps d'une marche en compagnie des morts.

Mais c'est aussi un roman drôle, marqué par la dérision.

Quant à « Ô Canada » [hymne national canadien], chant truffé de bondieuseries guerrières, cousu de vers de mirliton écrits entre deux salves de bière, il ne valait guère mieux que l’épouvantable et terrifiante « Marseillaise » de mon pays natal. Je sais qu’un Franco-Canadien qui se respecte et aspire à un peu de paix et de dignité sur cette terre ne devrait jamais dire – et pas même penser – ce que je vais écrire : en matière d’hymne national, nul ne peut rivaliser, car où qu’il se joue et quelle qu’en soit la cause, le « Gode save the Queen » fera toujours regretter à chacun de n’être pas anglais.» 

L'humour est porté jusqu'à des scènes bouffonnes avec le personnage bouffon de Patrick Horton, ce méchant tendre, compagnon de cellule.

Ne plus voir, tous les soirs, Patrick Horton baisser son pantalon, s'asseoir sur la lunette et déféquer en me parlant des « bielles entrecroisées » de sa Harley qui au ralenti « tremblait comme si elle grelottait ».
A chaque séance, il œuvre paisiblement et s'adresse à moi avec une décontraction confondante qui donne à penser que sa bouche et son esprit sont totalement découplés de sa préoccupation rectale. Il n'essaye même pas de moduler ses flatulences d'effort.
Tout en finissant ses affaires, Patrick continue de m'éclairer sur la fiabilité des derniers moteurs désormais montés « sur des Silentbloc dits isolastic », avant de réajuster ses braies comme un homme qui a fini sa journée, et d'étaler sur la cuvette un linge immaculé censé tenir lieu d'abattant et qui sonnait un peu pour moi à la fois comme la fin d'un office et un « Ite missa est ».

La métier de pasteur du père de Paul est sujet à critique de la religion.

Les célébrations catholiques m'ont toujours semblé surgir d'une autre époque, d'un autre monde, d'un âge sombre. Vêtus comme des empereurs incas, les célébrants marmonnent des incantations surjouées dans une langue morte, mélangent l'eau et le vin, bénissent un quignon de pain, et lors de la séquence dite de la "transsubstantiation" prétendent métamorphoser la vieille tranche d'azyme en une colombe divine.

Le pasteur cite André Gide à son fils Paul : « Je ne suis qu'un petit garçon qui s'amuse, doublé d'un pasteur qui l'ennuie. » 

Les gens qui travaillent s'ennuient quand ils ne travaillent pas. Les gens qui ne travaillent pas ne s'ennuient jamais

Le lecteur voyage, depuis l'extrême nord du Danemark, Skagen le village d'origine des Hansen, à Toulouse, et surtout au Canada. Cette terre d'accueil où le père et son fils vont s'établir, l'un pour fuir le renvoi par l'église provoqué par les mécréances de son épouse qui projette des films pornographiques dans son cinéma toulousain, l'autre pour fuir l'absence de sa mère.
Le narrateur goute de la liberté de voler au-dessus des lacs à bord de l'hydravion Beaver piloté par son épouse Wimona.

On découvre notamment l'histoire de l'église ensablée de Skagen est une ancienne église de Skagen, au Danemark, dont seul le clocher est encore debout et émerge des dunes.
À partir du xvie siècle, le sable commence à envahir l'édifice. En 1770, les dunes atteignent l'église, puis le mur du cimetière adjacent. Après une violente tempête en mai 1775, la congrégation est contrainte de creuser le sable pour accéder à la porte de l'église. En 1795, la municipalité abandonne la lutte et l'église est détruite. Sur ordre du roi Christian VII, le clocher reste debout, destiné à être utilisé comme phare. La nef et la sacristie sont démolies, les matériaux étant réutilisés aux alentours. En 1810, le mobilier est vendu aux enchères.

Elégance faussement désinvolte. Un roman agréable à lire, bien écrit, caustique.

jeudi 23 décembre 2021

463: 'Le ruban' de OGAWA Ito

Genre : de belles envolées entre rêve et réalité

Histoire
Sumire est une grand-mère fantasque et passionnée d'oiseaux.   Un jour elle recueille des œufs d’oiseaux tombés d'un arbre; avec l'aide d'Hibari, sa petite fille de cœur, elles se mettent à veiller à les couver jusqu'à leur éclosion. Elles créent un lien solide et tendre qui va perdurer au delà de l'envol.
 
Une perruche calopsitte

Impressions
Roman assez étrange, original comme la tache orange des joues des perruches calopsittes. La première partie surprend par sa fantaisie, un monde presque surréaliste qui m'a rappelé les chemins parallèles de Murakami, mon auteur fétiche.


Et puis commence une ballade de récits, tels de petites nouvelles où d'autres personnages se succèdent. Ces nouvelles ont comme éléments communs une poésie mélancolique et ce thème des oiseaux, le ruban conducteur. Ces apparitions de compagnons à plume viennent comme par magie soulager les peines des femmes et hommes rencontrés.
J'ai particulièrement la narration du passé de Sumire, une histoire d'amour établissant un passage entre le Japon et une période douloureuse en Europe. 

La Chapelle de la réconciliation située à la limite du mur de Berlin.

Le tracé de l’ex-frontière avec Berlin-Ouest passait à quelques mètres seulement de l’entrée de la «Kapelle der Versöhnung». Après la construction du mur, cette église néogothique en briques de 1894 se retrouva perdue et inaccessible au milieu du No Man’s Land. 


En 1985, le gouvernement est-allemand décida la destruction de l’édifice. Après la chute du mur, l’emplacement fut restitué à la paroisse avec l’obligation d’y ériger un nouveau lieu de culte. Une nouvelle chapelle fut bâtie et inaugurée le 9 novembre 2000, onzième jour anniversaire de la chute du mur.

« A cause d'une poignée de communistes, la vie de nombreux habitants de Berlin avait été saccagée. Un couple dont l'amour était sur le point d'éclore, séparé par un mur, avait été déchiré.  » 

A confier aux lecteurs qui sont sensibles au mélange de tristesse et de douceur et aiment s'évader dans le rêve.
A déconseiller à ceux qui n'apprécient que des récits pragmatiques et très réalistes, ou encore aux amateurs de sensations fortes.

Récit doux-amer, délicat, lumineux et fantaisiste. Un univers touchant. Merci à Caroline pour le prêt de cette belle histoire.

mardi 21 décembre 2021

462: "Gramercy Park' de De Fombelle Timothée & Cailleaux Christian - BD

 Genre : polar bluesy à New-York

Histoire
Tout prédestinait Madeleine à devenir danseuse étoile de l'Opéra de Paris. Le destin l'a amenée à élever des abeilles sur le toit d'un gratte-ciel new-yorkais. De son belvédère elle observe les hommes-fourmis, et en particulier elle peut observer un caïd de la pègre qui vi cloîtré chez lui...

Impressions
Voilà quelques temps que je n'ai chroniqué une BD. Coup de cœur pour celle-ci !

C'est d'abord l'alchimie parfaitement dosée entre un graphisme sobre et un rythme lancinant qui m'ont plu. Des plans presque cinématographiques nous plongent dans un polar noir. Les couleurs et un trait délicat cadencent le récit, l'imprégnant de poésie mélancolique.
Et ô combien ces planches font la part belle à l’architecture new-yorkaise des années 50.

Cette chronique douce-amère de vies brisées nous amène dans des chemins inattendus, piégés de fausses pistes. Car le scénario est précis, mêlé de flash-backs: petit à petit il dévoile les destins brisés.

Très belle histoire de 'consolation'. Coup de cœur !

lundi 13 décembre 2021

461: "Sauvage par nature" de Sarah Marquis

Genre : marcheuse solitaire

Histoire
Récit de 3 ans de marche extrême en solitaire de Sibérie en Australie,
20 000 km de voyage au bout du monde... et aux limites de ses capacités
Avec son sac à dos et un petit chariot à roulettes qu’elle poussait, elle a parcouru les étendues désertiques de la Mongolie, la jungle du Laos, les paysages du lac Baïkal.




Impressions
Clairement, ce récit de voyages m'a beaucoup déçu.
Et pourtant je me réjouissais à l'idée de  découvrir une aventurière sur les traces d'Alexandra David-Néel ou des extraordinaires suissesses Isabelle Eberhardt ou Ella Maillart.

Sans doute les marches de Sarah Marquis sont semées d'embuches, son périple constitue une aventure. Mais ce récit reste très terre à terre, journal de bord factuel, décrivant les problèmes de logistique, de soucis de santé. Mais je me suis ennuyé et cette lecture ne m'a rien apporté.

Les jours s'écoulent. J'en apprécie chaque minute. J'aime cet isolement, j'aime la beauté de ce désert.

Ni dépaysements géographiques qui font rêver.
Ses descriptions des terres sauvages traversées sont assez quelconques, sans relief. On pourrait alors plus s'attendre à un témoignage de la beauté de la nature. Et non.

Ni rencontres enrichissantes avec d'autres cultures.
C'est fort dommage car clairement contrairement aux aventurières citées, Sarah a peur des gens, cherche la solitude et a très souvent à lutter contre certains personnes mal intentionnées qu'elle croise (sauf en Australie). Ce sont les mauvaises rencontres qui dominent et c'est au final une vision bien obscure des humains qui ressort.

Ni dimension spirituelle.
Elle parle beaucoup d'elle (et de son chien), les phrases commencent très souvent par 'je'. Ce sont des réflexions très autocentrées qui émaillent l'histoire. A sa décharge, je reconnais que la qualité d'écriture apparait d'autant plus faible après la lecture de l'Axe du Loup de Sylvain Tesson.





Un récit de voyage pas à la hauteur de l'aventure vécue. Ni poésie, ni passion, ni dimension humaine. Très déçu.

prix européen 2013 de l'aventurier de l'année
Nommée aventurière de l'année 2014 par la prestigieuse National Geographic Society.

Sarah pousse une charrette de 50 kgs et en porte 17 autres sur le dos. Elle a quelques points de ravitaillement mais se débrouille seule la plupart du temps. Son statut de végétarienne ne la freine pas. Elle connaît différentes techniques pour trouver de l’eau.


mercredi 8 décembre 2021

460: 'L'anomalie' de Hervé Le Tellier

Genre : roman paranormal

Histoire
Des tranches de vie de femmes et d'hommes de 2021 se succèdent.
Le vol Paris-New York 006 de Air France de juin 2021 traverse une très violente perturbation.
Cherchez l'erreur...

Impressions
Roman surprenant.

«Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension» 

La construction est habile, en 3 phases principales.
« Aussi noir que le ciel », « La vie est un songe, dit-on », « La chanson du néant ».
Des parcours de vie sans lien apparent sont d'abord décrits. Est alors dévoilée la mystérieuse anomalie et la gestion de la crise à grands renforts de moyens logistiques et humains. La dernière partie propose une manière de résoudre la situation.

C'est une histoire plus proche de la SF que de l'essai rigoureux. Même si les interrogations d'ordre religieux, scientifiques et philosophique sont abordées. Je doute que les lecteurs/lectrices hermétiques au fantastique apprécieront cette histoire.

Un échantillon très bigarré de personnages se croisent: un écrivain, un chanteur, un architecte et sa compagne, une fillette et sa famille, une avocate, un pilote de ligne, un tueur à gages. Leurs vies secrètes, leurs questionnements profonds sont révélés par cette 'anomalie'.

Au final il a fallu que je freine mon envie de dévorer ce roman en une seule bouchée, une certaine addiction et curiosité d'en connaître le dénouement m'ayant gagné très vite. Même si l'intensité ressentie dans la première moitié de ce roman a quelque peu diminué ensuite.
La lecture est en effet assez divertissante, avec des passages humoristiques et des jeux sur les styles d'écriture. Il en découle une certaine jubilation qui m'a rappelé celle que j'ai pu ressentir en lisant Tonino Benacquista.

De là à nominer ce roman au Prix Goncourt, je suis étonné. Il ne m'a pas rebuté comme d'autres, tel l''Art de la guerre' abandonné au bout de 200 pages. Mais ce n'est pas un livre incontournable.

Roman déroutant, Hervé Le Tellier n'est pas membre du mouvement littéraire de l'Oulipo par hasard.
Divertissant et rapide à lire. 
Mais nommé prix Goncourt 2020: une anomalie ?

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

Grand Canyon