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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mardi 30 août 2022

500: 'Le Horla' de Guy de Maupassant

Genre : Horla-Loi

Histoire
Recueil de nouvelles, petites de peinture de la société, avec la plus longue, 'Le Horla', texte fantastique qui met en scène un bourgeois hanté par un être invisible qui l'obsède à tel point qu'il dépérit.

Le désespéré, autoportrait de Gustave Courbet

Impressions
La 500° chronique, waouh !!
Antichambre de la mémoire de mes lectures, je n'étais pas certain de poursuivre ce projet initié en 2009. 
Je souffle les bougies, savourant le plaisir ressenti lors de ces nombreuses lectures (et rarement l'ennui...). Pffffff !


Le Horla est la nouvelle la plus connue. C'est la confession lucide et maîtrisée d'un homme qui assiste au naufrage de sa propre raison. Le narrateur est terrorisé car il est persuadé d'être pourchassé par une créature qui hante ses nuits. Il rédige de mai à septembre dans son journal intime son inéluctable trajectoire de la santé à la démence.
13 autres nouvelles, assez courtes, complètes l'ouvrage.
  1. Amour (1886)
  2. Le Trou (1886)
  3. Sauvée (1885)
  4. Clochette (1886)
  5. Le Marquis de Fumerol (1886)
  6. Le Signe (1886)
  7. Le Diable (1886)
  8. Les Rois (1887)
  9. Au bois (1886)
  10. Une famille (1886)
  11. Joseph (1885)
  12. L'Auberge (1886)
  13. Le Vagabond (1887)
Des portraits de bourgeoises qui s'encanaillent -'Le Signe' ou 'Joseph'- ou de femmes trompées, des passages de vie dans la campagne -'Le Diable'- ou la montagne 'L'auberge'. Le plus souvent des récits assez noirs où la mort rode , voire sévit -même dans la nouvelle-farce de 'Les Rois'.

Ouvrage clé de Maupassant.

vendredi 19 août 2022

499: ' 1991' de Franck Thilliez

 Genre : prestidigitateur du suspens

Histoire
En décembre 1991, quand Franck Sharko, tout juste sorti de l'école des inspecteurs, débarque au 36 quai des Orfèvres, on le conduit aux archives où il est chargé de reprendre l'affaire des Disparues du Sud parisien. Un cold case pour commencer qui ne va pas tarder à être brouillé par une autre affaire... Une nouvelle intrigue qui débute par un vers des « Fleurs du Mal » de Baudelaire.


Impressions
C'est un polar au décor bien marqué:  walkman, Benetton, la Dernière séance, cassette de Gainsbourg à Gainsbarre, des cabines téléphoniques, des minitels et des faxs, les ordinateurs qui sont arrivés mais restent dans les cartons... bref la préhistoire pour les jeunes d'aujourd'hui !**

Fausses pistes, manipulation, mécanique implacable, les ingrédients prennent.

Comme pour ses autres romans, ce polar permet de découvrir le monde de la magie, des rites vaudous, le mentalisme, et Houdini !!

SHarry Houdini, de son vrai nom Erich Weiss né à Budapest est un magicien. Sa spécialité: se libérer de chaînes, menottes, camisoles, alors qu'il est enfermé dans une caisse, un carcan ou une pagode chinoise ...
L'escapologie !!
Pagode chinoise, une cage où le malheureux est immergé.

M Thilliez nous initie également à la chimie de la Tétrodotoxine,  une charmante toxine (neurotoxique), une substance à très haut pouvoir létal, isolée pour la première fois en 1909 et présente chez certaines espèces de poisson, les tétraodons,  comme le Fugus !!
Le lecteur apprend avec plaisir que cette toxine n'est pas toujours fatale ; à des doses quasi létales, la victime peut sembler morte alors qu'elle reste consciente, la transformant en une sorte de zombie... 
J'en saurai plus quand j'aurai lu la BD "les Zombies" (Lombard) de Philippe Charlier, médecin légiste et anthropologue, qui a enquête sur ces rituels terrifiants pratiqué en Haïti...


Un grand cru de Thilliez. 2 affaires en un polar. Je ne regarderai plus de la même manière qu'avant les fugus et les grenouilles...

La série avec le commissaire Franck Sharko : 

2004 : Train d'enfer pour Ange rouge

Prix des lecteurs Quais du polar 2006
Prix SNCF du polar français 2007
Adaptation cinématographique par Alfred Lot en 2007

2006 : Deuils de miel,

2007 : La Mémoire fantôme,

2010 : Le Syndrome E, 
Adaptation en bande dessinée chez Phileas en oct. 202012
Adaptation en série TV en mars 2022

 2011 : , 2011 : Gataca,

Adaptation en bande dessinée chez Phileas en sept. 2021

2012 : Atomka.

2014 : Angor

2015 : Pandemia

2017 : Sharko

2019 : Luca,

2021 : 1991,

mardi 16 août 2022

498: 'Un amour de Mille-Ans' de Akira Mizubayashi

Genre : partition littéraire sur les émotions intimes

Histoire
Histoire d’un trio amoureux vieillissant sur un air de Mozart.

Impressions
C'est la noce pour les 'Noces de Figaro' de Mozart ! L'écrivain nous plonge dans les scènes de cet opéra en 4 actes, partage ses émotions à l'écoute des chants de Suzanne, des mouvements musicaux riches de cette œuvre inspirée de la comédie de Beaumarchais, le 'Mariage de Figaro'.

Et c'est le thème de l'amour qui est porté par ces notes.
"¨Par la vertu d’une écriture créatrice d’un sentiment d’élévation, loin de toute coloration religieuse, Mozart a réussit à donner une substance réelle à l’idée de « bonheur de l’amour », comme il l’a fait d’une manière éblouissante au troisième acte pour la célébration du bonheur de la famille.
L’amour donc.
Mais pas l’amour-passion, qui s’use et qui ne se conserve que dans la mort (nous sommes loin de « Tristan et Isolde ! ») mais l’amour-compassion qui vous fait vivre dans l’autre, qui vous fait éprouver les joies de l’autre, qui vous fait subir les peines d’autrui, cet amour calme en deçà et au-delà des tourments connus des amants modernes, cet amour qui ignore l’attrait et la violence du nouveau et qui se renouvelle, se ressource dans la répétition, se réjouit purement et simplement de la présence de l’autre, me semble avoir trouvé sa place ici dans ce moment privilégié des « Noces » réservé à Suzanne."

A la différence de nombreux autres romans, il s'agit de l'amour au long cours qui est mis en lumière. Un sentiment profond qui perdure jusqu'à la fin de nos existences.
"L’amour se mesure à l’intensité et à la durée de la douleur provoquée par la disparition de l’être aimé..."

En complément aux œuvres musicales, l'auteur aime glisser des références à la peinture ou au cinéma ('Vertigo' d'Alfred Hitchcock) ou littéraire ('L'insoutenable légèreté de l'être' de Milan Kundera).



En particulier, alors que Murakami est un amoureux des chats, Mizubayashi affectionne profondément les chiens, à l'image du rôle important que joue la chienne de Mathilde et Sen-Nen. 
L'auteur compare sa chienne Bianca qui veille au chevet de Mathilde au chien de la peinture de Piero di Cosimo, Un satyre pleurant sur une nymphe (1495).
Exposé à la National Gallery de Londres, cette œuvre montre une nymphe allongée sur l’herbe, montrant des blessures sur le corps. Un satyre se met à genoux, tandis qu’un chien est assis à ses pieds. On suppose que le sujet serait lié avec la mort de Procris : dans Les Métamorphoses d’Ovidé (VII, 752-65). Elle aurait été tuée par erreur par son mari, Cephalus.

L'amour est aussi peinte selon ses émotions du souvenir. Celle de la rencontre aux temps de sa jeunesse de Clémence, la soprano qui tenait le rôle de Suzanne dans « Les Noces de Figaro ». L'opéra avait tellement ébloui cet étudiant  qu'il avait assisté à toutes les représentations du Palais Garnier. Ils se retrouvent 30 ans plus tard dans le même bistrot que du temps de leur jeunesse.

"Ainsi, les deux êtres se perdirent de vue, se séparèrent sans même se donner l'occasion de se dire au revoir de vive voix, comme deux comètes chevelues, après s'être croisées quelque part dans la galaxie, s'éloignent l'une de l'autre et disparaissent finalement à jamais dans les ténèbres de l'univers."

Cet universitaire japonais (né en 1952 dans le nord de l'archipel) écrit dans un français de haute tenue, au plus proche de sa vérité intime. Le narrateur et sans doute également l'écrivain adule la langue française.

"[...] langue de l’amitié et de l’épanchement alors que la langue qui se parlait en lui était la langue de la retenue, de la soumission, du respect imposé. L’effort d’appropriation de français était donc un affranchissement, une expérience de la liberté qui lui permettait de vivre autrement son rapport à l’autre, au monde, de s’arracher du moule de sa langue et des codes culturels qu’elle véhiculait. Le français, concluait-il était un instrument de musique qu’il voulait faire chanter."

Roman raffiné, tout en douceur et délicatesse. Pas de fracas, c'est lisse et parfois trop lisse.

vendredi 5 août 2022

497: "La Plus Secrète Mémoire des hommes" de Mohamed Mbougar Sarr

Genre : Jeu de piste littéraire

Histoire
2018, Diégane Latyr Faye est un jeune écrivain sénégalais qui vit à Paris.
La rencontre avec une écrivaine africaine, résidente à Amsterdam, lui permet d'enfin de lire un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain", écrit par un .
Fasciné voire obsédé par son mystérieux et éphémère auteur, T;C. Elimane, Diégane se met à suivre sa piste...
L'auteur près du restaurant Chez Drouant, le 3 novembre 2021, à Paris

Impressions
C'est un roman charpenté, dense, qui aborde plusieurs thèmes.

Cette lecture est étonnamment rentrée en résonance pour moi avec plusieurs livres lus récemment.

C'est d'abord et avant tout un roman sur l'écriture, la littérature et le regard des critiques.
Et c'est plus précisément la combinaison du thème de la littérature et d'une enquête visant à retrouver l'auteur du roman à succès qui se retrouve dans :
Le hasard de mes cueillettes littéraires ?...
On croise Borges mais aussi Flaubert ou Wittgenstein, Pascal en sa nuit de feu ou Paul Valéry .

C'est aussi un roman sur le colonialisme et la possibilité pour un auteur noir d'être reconnu pour son talent et non pas pour son exotisme. Le milieu intellectuel dominé par les blancs attend un récit 'black'.
Et là encore, je retrouve le thème de 'L'effacement' de Percival Everett.

Non seulement la capacité d'écrire un tel roman est remis en cause, mais T.C. Elimane est accusé de plagiat. En surfant sur le web, j'ai appris que c'est Yambo Ouologem, écrivain malien qui a inspiré le personnage fictif d'Elimane. Lauréat du Prix Renaudot en 1968 pour le Devoir de violence, après avoir été accusé d'avoir plagié Graham Greene et André Schwartz-Ba, comme T.C. Elimane, cet écrivain disparait des médias. Il rejoint le Mali à la fin des années 1970 et sa discrétion est telle qu'il a été déclaré mort dix ans avant sa mort véritable en 2017 !

Il faut le reconnaître: T.C. Elimane, dont nous avons tant aimé le livre, est un plagiaire. Nous maintenons, malgré tout, que nous tenons là un auteur de très grand talent, quoi qu'en pensent des imbéciles comme Vigier-d'Azenac. Toute l'histoire de la littérature n'est-elle pas l'histoire d'un grand plagiat ? Qu'eût été Montaigne sans Plutarque ? La Fontaine sans Ésope ? Molière sans Plaute ? Corneille sans Guillén de Castro ? C'est peut-être le mot « plagiat » qui constitue le vrai problème. Sans doute les choses se seraient-elles déroulées autrement si, à la place, on avait employé le vocable plus littéraire, plus savant, plus noble, en apparence au moins, d'innutrition.
Le Labyrinthe de l’inhumain affiche trop ses emprunts. C'est son pêché. Être un grand écrivain n’est peut-être rien de plus que l’art de savoir dissimuler ses plagiats et références "

J'ai apprécié la touche de magie inquiétante et de fantastique étrange du récit, avec des légendes africaines qui m'ont rappelé l'excellent 'Un océan, deux mers, trois continents' de Wilfried N'Sondé.
Sans oublier la dimension sociale des femmes africaines qui ne peuvent aspirer à être libres qu'en quittant le village, à l'image de Mossane et des femmes du roman 'Les impatientes' de Djaïli Amadou Amal.
Ce roman dénonce aussi les sacrifiés africains de l'histoire en évoquant la mémoire des tirailleurs sénégalais.

Le récit est construit comme un jeu de pistes entre enquête policière, témoignages de ceux qui ont croisé Elimane, et roman initiatique et parfois politique.

"J'ai dit que dans un pays comme le nôtre, le suicide était un mode d'action politique horrible mais efficace, efficace parce que horrible, peut-être la seule protestation encore audible de nos dirigéants. Le suicide fait parfois basculer l’histoire : regarde Mohamed Bouazizi en Tunisie en 2011, regarde Jan Palach en Tchécoslovaquie en 69, regarde Thîch Quàng Dûc au Vietnam en 63, et je ne te parle pas, ici, du suicide mythique des femmes de Nder, qui ont préféré se tuer par le feu dans une case plutôt que de se rendre aux colons. Tous ces suicides qui ont provoqué un retentissement, frappé les esprits, eu une signification politique. Peut-être qu’il ne reste que ça aux populations de nos pays désespérés. Peut-être que c’est ce que les jeunes doivent faire : se suicider, puisque leur vie n’est pas une vie."


Le texte traduit une forte érudition de l'auteur, marquée par un vocabulaire qui m'a demandé de recourir au dictionnaire.
  • prolégomènes = notions préliminaires nécessaires à la compréhension
  • schibboleth = mot venant de l'hébreu désignant ce qui ne peut être utilisé ou prononcé correctement que par les membres d'un groupe
  • conseil consuétidunaire, i.e. synonyme de coutumier
  • des figures involucrées, i.e. corrompues...

C'est un roman exigeant, le lecteur peut se lasser voire être perdu par la multiplication :
  • des points de vue sautant d'un narrateur à l'autre, (Diégane, Siga D., Musimbwa l'ami écrivain congolais, Ousseynou Koumakh,  la poétesse argentine...),
  • des styles d'écriture,
  • des références littéraires 
  • des temporalités
Au final, force est de constater que ce roman ne me laisse pas de marbre. Bravo à ce jeune auteur pour lequel je ne souhaite pas un destin maudit similaire à celui de son héros de papier !
"Le hasard n’est qu’un destin qu’on ignore, un destin écrit à l’encre invisible."

"Les grandes œuvres appauvrissent et doivent toujours appauvrir. Elles ôtent de nous le superflu. De leur lecture, on sort toujours dénué: enrichi, mais enrichi par soustraction. ."


Roman labyrinthique, tant dans la dimension temporelle que narrative. Un livre riche où j'aurai sans doute plaisir à me replonger.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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