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mardi 16 août 2022

498: 'Un amour de Mille-Ans' de Akira Mizubayashi

Genre : partition littéraire sur les émotions intimes

Histoire
Histoire d’un trio amoureux vieillissant sur un air de Mozart.

Impressions
C'est la noce pour les 'Noces de Figaro' de Mozart ! L'écrivain nous plonge dans les scènes de cet opéra en 4 actes, partage ses émotions à l'écoute des chants de Suzanne, des mouvements musicaux riches de cette œuvre inspirée de la comédie de Beaumarchais, le 'Mariage de Figaro'.

Et c'est le thème de l'amour qui est porté par ces notes.
"¨Par la vertu d’une écriture créatrice d’un sentiment d’élévation, loin de toute coloration religieuse, Mozart a réussit à donner une substance réelle à l’idée de « bonheur de l’amour », comme il l’a fait d’une manière éblouissante au troisième acte pour la célébration du bonheur de la famille.
L’amour donc.
Mais pas l’amour-passion, qui s’use et qui ne se conserve que dans la mort (nous sommes loin de « Tristan et Isolde ! ») mais l’amour-compassion qui vous fait vivre dans l’autre, qui vous fait éprouver les joies de l’autre, qui vous fait subir les peines d’autrui, cet amour calme en deçà et au-delà des tourments connus des amants modernes, cet amour qui ignore l’attrait et la violence du nouveau et qui se renouvelle, se ressource dans la répétition, se réjouit purement et simplement de la présence de l’autre, me semble avoir trouvé sa place ici dans ce moment privilégié des « Noces » réservé à Suzanne."

A la différence de nombreux autres romans, il s'agit de l'amour au long cours qui est mis en lumière. Un sentiment profond qui perdure jusqu'à la fin de nos existences.
"L’amour se mesure à l’intensité et à la durée de la douleur provoquée par la disparition de l’être aimé..."

En complément aux œuvres musicales, l'auteur aime glisser des références à la peinture ou au cinéma ('Vertigo' d'Alfred Hitchcock) ou littéraire ('L'insoutenable légèreté de l'être' de Milan Kundera).



En particulier, alors que Murakami est un amoureux des chats, Mizubayashi affectionne profondément les chiens, à l'image du rôle important que joue la chienne de Mathilde et Sen-Nen. 
L'auteur compare sa chienne Bianca qui veille au chevet de Mathilde au chien de la peinture de Piero di Cosimo, Un satyre pleurant sur une nymphe (1495).
Exposé à la National Gallery de Londres, cette œuvre montre une nymphe allongée sur l’herbe, montrant des blessures sur le corps. Un satyre se met à genoux, tandis qu’un chien est assis à ses pieds. On suppose que le sujet serait lié avec la mort de Procris : dans Les Métamorphoses d’Ovidé (VII, 752-65). Elle aurait été tuée par erreur par son mari, Cephalus.

L'amour est aussi peinte selon ses émotions du souvenir. Celle de la rencontre aux temps de sa jeunesse de Clémence, la soprano qui tenait le rôle de Suzanne dans « Les Noces de Figaro ». L'opéra avait tellement ébloui cet étudiant  qu'il avait assisté à toutes les représentations du Palais Garnier. Ils se retrouvent 30 ans plus tard dans le même bistrot que du temps de leur jeunesse.

"Ainsi, les deux êtres se perdirent de vue, se séparèrent sans même se donner l'occasion de se dire au revoir de vive voix, comme deux comètes chevelues, après s'être croisées quelque part dans la galaxie, s'éloignent l'une de l'autre et disparaissent finalement à jamais dans les ténèbres de l'univers."

Cet universitaire japonais (né en 1952 dans le nord de l'archipel) écrit dans un français de haute tenue, au plus proche de sa vérité intime. Le narrateur et sans doute également l'écrivain adule la langue française.

"[...] langue de l’amitié et de l’épanchement alors que la langue qui se parlait en lui était la langue de la retenue, de la soumission, du respect imposé. L’effort d’appropriation de français était donc un affranchissement, une expérience de la liberté qui lui permettait de vivre autrement son rapport à l’autre, au monde, de s’arracher du moule de sa langue et des codes culturels qu’elle véhiculait. Le français, concluait-il était un instrument de musique qu’il voulait faire chanter."

Roman raffiné, tout en douceur et délicatesse. Pas de fracas, c'est lisse et parfois trop lisse.

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