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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

samedi 30 juin 2012

98: "Chroniques de l'oiseau à ressort" d'Haruki Murakami

Genre : univers fantastique de Murakami, surréalisme soft ?

Histoire
Toru Okada a déjà perdu -ou plutôt quitté- son emploi dans un cabinet d'avocats, il a perdu le goût pour les relations sociales ne sortant que très rarement de la maison à Tokyo que son oncle lui prête.
Il perd son chat, puis sa femme Kumiko.

Et petit à petit sa vie bascule. En dépit de l'espace limité de son quotidien, le héros plonge dans un univers étrange, où rencontres impromptues, rêves, souvenirs, manifestations surnaturelles et réalités se confondent...

"L'oiseau à ressort existe réellement. Je ne sais pas à quoi il ressemble. Je ne l'ai jamais vu. La seule chose que je connais de lui, c'est son cri: ki kii kiii ! Il se perche sur une branche d'arbre et remonte régulièrement la pendule du monde. Sans son intervention, le monde ne peut pas fonctionner."



Impressions

Un puits à sec dans le jardin d'une maison qui porte malheur à ses occupants, des personnages atypiques comme ce vieux militaire à la retraite marqué par la guerre au Mandchoukou chinois, ou cette créatrice de mode et son fils muet, cette tache qui apparait sur le visage de Toru, ce récit est riche d'une profusion d'énigmes, de symboles, d'absurdes...

« Cette idée m’envahit d’une sensation étrange, comme si un liquide inconnu remplissait mon corps. Ca ressemblait à de la tristesse »

En face, la société japonaise et sa cruelle réalité des milieux politico-financiers, qui met à mal la trame fantastique de cet épais roman (850 pages), mais surtout menace la quête du héros: retrouver sa femme. Une autre "ballade de l'impossible" ?

"Dans le monde de l'oiseau à ressort, le libre arbitre n'avait aucun sens, ainsi que l'avait toujours pressenti le vétérinaire. Telles des poupées mécaniques que l'on posait sur une table et dont on remontait le ressort, les êtres avançaient dans des directions qu'ils n'avaient pas choisies, accomplissaient des actes qu'ils n'avaient jamais souhaités."

Rencontres déroutantes, rêves prémonitoires, leitmotivs obsessionnels, forces occultes, Haruki Murakami excelle à explorer nos ténèbres intérieures, à peindre l'ombre des choses et des êtres. "La ballade dans le cerveau de Toru ?". La structure narrative de ce roman est complexe, foisonne de récits qui s'entrecroisent sans à première vue se suivre logiquement. Une fois de plus, cet auteur incroyable m'a embarqué à bord d'un voyage dans un monde fantastique où, toujours plus fuyante, la réalité n'en devient que plus envoûtante.

Envoûté. Fasciné. 
Une atmosphère onirique et poétique unique, signature de Murakami.Vite un autre !

97: "Cycle de l'invisible" d'Eric Emmanuel Schmitt

Genre : cycle de 3 fables religieuses

Histoire

3 courts romans, 3 religions:
1- « Milarepa », le bouddhisme tibétain
Histoire du "Mila vêtu de côton" (1052-1135), le quatrième grand maître éveillé de la lignée kagyü du bouddhisme tibétain. Publié en 1997.

2- "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", la religion musulmane, et plus particulièrement le soufisme. (2002)
Comment Moïse, surnommé Momo, se verra enseigné l'amour et la vie par des prostituées, et se tournera le soufisme, guidé par Ibrahim, l'épicier du coin...

3- "Oscar et la dame en rose", le christianisme.(2004)
Oscar, un enfant de dix ans, a le cancer et vit à l'hôpital. Mamie Rose, la  "dame rose", vient lui rendre visite tous les jours à l'hôpital. 


Impressions

    Le premier volet m'a laissé indifférent, voire m'a ennuyé. Sous l'alibi très fragile d'un homme, parisien , qui rêve de hautes montagnes et qui serait la réincarnation de Milarépa, l'auteur introduit la narration de la vie de ce maître tibétain. C'est factuel, fidèle me semble-t-il à la biographie de cette figure tibétaine, mais qu'apporte cette version d'Eric Emmanuel Schmitt ?...

"Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" est au contraire une pure invention, savoureuse. L'écriture est légère, souvent drôle. Court roman qui touche par sa simplicité en traitant d’amitié et de tolérance dans une vie pas toujours tendre.
Petit bémol: j'ai tout de même ressenti de fortes ressemblances avec "La vie devant soi", ce chef d’œuvre de Romain Jary publié en 1975, où un certain Momo , jeune musulman, raconte sa vie chez madame Rosa, une ancienne prostituée.

"Oscar et la dame en rose"  constitue le volet le plus réussi de ce triptyque. Je mettrai en garde les âmes trop sensibles ! J'ai pleuré comme une madeleine, et j'ai lutté pour distinguer les derniers chapitres à travers un rideau de larmes (j'exagère un peu, mais cela illustre l'atmosphère).
Cette courte fable est très émouvante et spirituelle, aux deux sens du terme.
L'humour, l'innocence, les farces d'Oscar apportent de l'espoir face aux grandes questions de l'existence que se pose ce jeune garçon que la mort guette. Le bonheur, la mort, l'au-delà, l'amour...
De plus cette idée d'introduire la foi par cet échange épistolaire avec Dieu est habile.
Comme certains blogueurs, on peut s'interroger sur le caractère dérangeant de commisération malsaine que porterait ce roman. Cette histoire contribuerait à ne pas considérer les enfants des hôpitaux comme des êtres humains à part entière. Personnellement, je ne souscris pas à ce procès d'intention, je retiens un message d'espoir.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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