Histoire
Adam, ancien membre de l’Armée syrienne libre, doit fuir le régime sanguinaire de son pays et rejoindre Maya et Nora dans cet 'entre deux Mondes' qu'est la jungle calaisienne...
Impressions
La "Jungle" de Calais où s'entassent sur une dizaine d'hectares entre 6.400 et 8.100 migrants, s'est formée au début de l'année 2015 dans le sillage de la crise migratoire, cristallisant le débat sur les réfugiés.
Elle a été démantelée en novembre 2016.
Des flics qui planquent, impuissants, juste bons à éviter que les clandestins ne montent à bord des camions qui s'embarquent pour 'Youké'.
Des clans mafieux qui règnent sur ces flots d'immigrés, sans foi ni loi, si ce n'est celles de l'argent, de la peur et de la survie.
Un recruteur d'Al-Qaïda vient y faire se courses, les Afghans violent les jeunes garçons, les femmes payent les passeurs avec leur corps...
Sordide mais hélas fidèle à la réalité rapportée par les journalistes, les associations humanitaires qui ont côtoyé ce purgatoire.
Ci-dessus, photographies extraites d'un excellent article https://www.slate.fr/grand-format/calais-jungles-histoire-15-ans-126914
L'intrigue policière est assez réduite, les épisodes avec les services du contre-espionnage semblent quelque peu dérisoires, comme greffés de force au récit pour lui donner sa couleur roman policier.
La force de roman réside dans la peinture de ces femmes, hommes, enfants, condamnés à partir de chez eux, et condamnés à attendre dans la saleté et la violence l'hypothétique traversée de la Manche. Olivier Norek a semble-t-il été rencontrer ces migrants pour retranscrire avec tant de détails ce bidonville, cette zone de non-droit. Et c'est réussi.
L'autre atout de ce livre est la description du ras-le-bol des riverains, des calaisiens. Les commerces doivent fermer les uns après les autres et l'immobilier a quant à lui perdu quarante pour cent de sa valeur. Et aucune demande de mutation n'étant souhaitée pour Calais, les policiers ne pouvaient donc pas quitter leurs postes, même s'ils étaient au bord de la rupture psychologique, sans oublier qu'ils étaient en effectif insuffisant...
Un récit tourné vers l'humanité ou plutôt l'inhumanité des parcours des migrants qui partent vers l'Eldorado imaginaire de la Grande-Bretagne. Un témoignage véridique.
Le terme de Jungle doit son nom au fait que les migrants iraniens ont appelé ce secteur boisé « La forêt » à savoir « jangal » en persan : or, tout le monde a cru entendre « jungle »…
Les autorités ont créé le statut de « réfugiés potentiels ». Un statut qui n’existe qu’à Calais : avec cette appellation de réfugiés potentiels, ni on ne les arrête, ni on ne les aide. On les laisse juste moisir tranquilles en espérant qu’ils partiront d’eux-mêmes.