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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mercredi 26 avril 2023

532: 'Le Mage du Kremlin' de Giuliano da Empoli

Genre : brulant et glaçant

Histoire
Coulisses du Kremlin, l'histoire de Poutine narrée par son ancienne éminence grise, Vadim Baranov dans la fiction, Vladislav Sourkov dans la vraie vie.

Vladislav Sourkov et Vladimir Poutine, à Kourgan, en 2012

Si on avait le cœur à en rire, on est frappé par la ressemblance entre Vladislas Sourkov et Mister Bean ...

Impressions
Giuliano da Empoli, 49 ans, essayiste et conseiller politique italo-suisse (ex-conseiller de Matteo Renzi), a déjà écrit des essais politiques, et nous livre ici son premier roman. Né en 1973 à Neuilly-sur-Seine, il est le président de Volta, un think tank basé à Milan, et enseigne à Sciences-Po Paris.

Ce portrait de Vladimir Poutine réunit les passions M de Empoli, la littérature et la politique. Cette histoire retrace fidèlement les grandes lignes de la carrière politique du conseiller, jusqu’au dossier ukrainien, dont il fut chargé quelques mois avant l’annexion de la Crimée par les Russes, en mars 2014, et l’intervention militaire dans le Donbass. « Dans Le Mage du Kremlin, on suit la métamorphose de Poutine », résume avec justesse la journaliste Laure Adler.  Cet ouvrage permet de mieux comprendre ce dictateur, toujours plus solitaire avec à la fin, pour seul conseiller, un labrador. Et c'est glaçant.

"Le labrador est le seul conseiller en lequel Poutine a entièrement confiance. Il le fait courir dans le parc, il va avec lui au bureau. Pour le reste, le Tsar est complètement seul. De temps en temps, un garde apparaît, un serviteur se présente, ou un courtisan, convoqué pour une raison ou une autre. C'est tout. Il n'a pas de femme auprès de lui, ni d'enfants. Quant aux amis, il sait qu'au stade auquel il est parvenu l'idée même d'en avoir est inimaginable. Le Tsar vit dans un monde où même les meilleurs amis se transforment en courtisans ou en ennemis implacables, et la plupart du temps les deux à la fois."

Selon ce roman, Vladimir Poutine, alors lieutenant-colonel du FSB (ex-KGB), a été sollicité par Berezovsky -homme d'affaires et magnat de la télévision- pour remplacer Eltsine alors mourant. Surkov aurait été chargé d'en faire la mise en scène et la régie pour la suite.

'Le chef du FSB serait un bon candidat. Personne ne le connaît mais le vieux a confiance en lui : il a fait ses preuves dans les moments décisifs. Il est jeune, compétent, moderne ; exactement ce dont la Russie a besoin. Et puis, tu verras, c’est un homme modeste.'

"Poutine n’était pas un grand acteur comme je le croyais mais seulement un grand espion. Métier schizophrénique qui requiert, c’est certain, des qualités d’acteur. Mais le véritable acteur est extraverti, son plaisir de communiquer est réel. L’espion, en revanche, doit savoir bloquer toute émotion, si tant est qu’il en ait."

Mais au lieu d'être une 'marionnette' docile, Poutine s'est vite imposé et a écarté Berezovsky de la sphère politique; il veut redonner à la Russie sa grandeur menacée par les années d'excès de Gorbachev et Eltsine où  « vous pouviez sortir acheter des cigarettes et vous réveiller deux jours plus tard, dans un chalet de Courchevel à moitié nu entouré de beautés endormies ».

Comme déjà mentionné, le personnage principal de l'intrigue, Vadim Baranov est fictif, mais il partage de nombreux traits communs avec Vladislav Sourkov. En revanche, les autres protagonistes du récit sont tous réels. Ainsi l'oligarque Mikhaïl Khodorkovski qui épouse la concubine de Vadim Baranov avant d'être arrêté pour escroquerie en 2003, conformément à la réalité historique.

Mikhaïl Khodorkovski, ex-magnat russe des hydrocarbures condamné en décembre 2010 à 14 années d'emprisonnement par un tribunal de Moscou. 

'Khodorkovski fut arrêté à l'aube, dès que son jet toucha la piste de la ville sibérienne où il était allé conclure je ne sais quelle affaire. Les images du milliardaire menotté, escorté par des soldats des troupes spéciales, firent le tour du monde. Et eurent pour effet immédiat de rappeler que l'argent ne protège pas de tout."

Pour vous. Occidentaux, c'est un tabou absolu. Un homme politique arrêté, pourquoi pas, mais un milliardaire, ce serait inimaginable: parce que votre société est fondée sur le principe qu il n'existe rien de supérieur à l'argent. Ce qui est amusant c'est que vous continuez à appeler les nôtres des « oligarques », tandis que les vrais oligarques n'existent qu'en Occident. C'est là que les milliardaires sont au-dessus des lois et du peuple, qu'ils achètent ceux qui gouvernent et écrivent les lois à leur place.

Chez vous, l'image d'un Bill Gates, d'un Murdoch ou d'un Zuckerberg menotté est totalement inconcevable. En Russie, au contraire, un milliardaire est tout à fait libre de dépenser son argent mais pas de peser sur le pouvoir politique. La volonté du Peuple russe - et celle du Tsar, qui en est l’incarnation prévaut sur l'intérêt privé quel qu'il soit.'

L'ouvrage est une méditation sur le pouvoir. Selon l'auteur « De mon point de vue, le cœur du pouvoir est le cœur de l’irrationnel ». C'est passionnant.
 
Quelle écriture !! L’érudition, le style et l’art du récit de Giuliano da Empoli transcendent ce roman et presque rendent soutenable la brutalité du personnage.

Pour aussi mieux endurer cette noirceur, l'auteur insert des passages non dénué d'humour.

Le camarade Khrouchtchev visite un élevage de cochons et il est photographié. A la Pravda, les graphistes discutent sur la légende à mettre sous l'image : " Le camarade Khrouchtchev parmi les cochons", " Le camarade Khrouchtchev et les cochons", "Les cochons autour du camarade Khrouchtchev" ? Toutes les propositions sont rejetées les unes après les autres. A la fin, le directeur prend sa décision. La légende choisie est : "Troisième à droite, le camarade Khrouchtchev".


Un roman virtuose passionnant. Enorme coup de cœur. 
'Le Mage du Kremlin' a remporté en 2022 le Grand prix du roman de l'Académie française et a figuré en finale du Prix Goncourt.

Quelques éléments russes décrits dans ce roman
Vertushka
Dès 1922, à l'initiative de Lénine, un réseau automatisé spécial a été installé pour la bureaucratie du Kremlin, parallèlement aux lignes téléphoniques publiques.
Ce téléphone gouvernemental s'appelait vertushka [«pinwheel», ou «whirligig»], car, alors que le système téléphonique ordinaire fonctionnait avec des centres manuels - c'est-à-dire qu'il fallait demander à l'opérateur de se connecter à un certain numéro - le central automatique du Kremlin fonctionnait comme tous les téléphones aujourd'hui; c'est-à-dire que l'abonné lui-même a composé le numéro souhaité sur le cadran rotatif, d'où le nom vertushka.
Plus tard, ce téléphone a également été appelé kremlyovka

Les Kommunalkas
L’envers du décor, ce sont des cours sombres, des escaliers au lustre défraîchi, et des kommunalkas délabrées, ces appartements communautaires hérités de l’époque soviétique, qui subsistent. Au numéro 12 de la petite rue Baskov, qui abrita autrefois la demeure d’une baronne, Vladimir Poutine vécut avec sa famille, dans l’un de ces logements partagés, jusqu’à son entrée au KGB. Rénové dans les années 1980, l’immeuble, aujourd’hui, ne se distingue plus..


531: 'Celle qui parle' de Alicia Jaraba Abellán - BD

Genre : La Malinche, « la femme capitaine »

Histoire
La Malinche, appelée à l'origine Malinalli Tenepal, puis Malintzin (en nahuatl), enfin Doña Marina (ainsi que les conquistadors espagnols la nomment), née vers 1500 et morte vers 1529, est une Aztèque vendue par sa famille et récupérée par les conquistadors menés par Cortés
Figure importante de l'histoire mexicaine, elle  a eu une vie pleine de rebondissements, en particulier grâce à son don pour les langues.


Impressions
Très belle fresque graphique du parcours mouvementé de cette fille aztèque: d'abord riche et libre, puis esclave et interprète, et enfin confidente et maîtresse d'Hernán Cortés, mère du premier "Mexicain".
    Bien qu'elle soit détestée par de nombreux Mexicains, elle reste la mère du premier d'entre eux, reconnu comme tel. Elle donna à Cortés un fils baptisé Don Martin Cortés Tenepal qui devint le premier de la lignée métisse, mélange de sang espagnol et indien. La Malinche demeure un nom associé à la trahison, à la collaboration. De là est d'ailleurs né le terme malinchismo qui signifie préférer l'étranger au national. 

Cortés écrira "Après Dieu, nous devons la conquête de la Nouvelle Espagne à Doña Marina". Certains contestent cette vision, attribuant un rôle bien plus important à la supériorité militaire des Espagnols et à la variole.
L'autrice espagnole ne juge pas, elle raconte la vie de cette femme partagée entre les siens qui l'ont rendue esclave et ces blancs qui sentent mauvais et sont lourdement armés.

Le graphisme assez épuré est mis en valeur par des couleurs chaudes avec des nuances de sépia et bruns, et des personnages très expressifs.


Une femme figure de l'histoire controversée racontée avec émotion et sensibilité.

vendredi 21 avril 2023

530: 'Betty" de Tiffany Mc Daniel

Genre : roman métisse Cherokee

Histoire
Betty raconte les mystères de l’enfance et la perte de l’innocence.

Vraie Betty, mère de l'autrice



Impressions
700 pages de la vie de Betty inspirées avec tristesse et beauté de la vie de la mère de l'autrice,
Fresque d'apprentissage qui suit Betty au cours de ses 18 ans.

C'est un premier roman, que l'autrice a mis 20 ans à l'écrire.
La mère de Betty est effacée, traverse des périodes de crise très destructrices.
Le père est un monument, qui distille aussi bien son alcool qu'il confectionne de tisanes qui guérissent.
Il enchante le quotidien de Betty, qui pourtant est 

Ode à la nature, à l'enfance, à la force de la littérature, à l'amour filial et sororal.
Mais surtout de la même couleur que la peau de la petite indienne, c'est un récit noir qui domine les impressions que j'ai ressenties, parsemé de nombreux épisodes très durs et violents. Il frappe et marque et on a parfois envie de le refermer.




Fresque à la fois poétique et très cruelle de l'enfance d'une fille cherokee souvent moquée.

jeudi 13 avril 2023

529: 'Les billes de Pachinko' de Elisa Shua Dusapin

Genre : "ceux qui résident au Japon"

Histoire
Claire qui vit en Suisse passe ses vacances à Tokyo chez ses deux grands-parents maternels qui gèrent un pachinko. Son projet est de convaincre ses aïeuls de retourner en Corée, leur pays d'origine, qu'ils ont quittée pendant la guerre de Corée, 50 ans plus tôt.
Pour s'occuper, elle donne des cours de Français à Mieko, une jeune japonaise.


Impressions
Récit inspirée de sa propre famille, Elisa Shua Dusapin est née d'un père français et d'une mère coréenne et vit en Suisse.

Autant le dire tout de suite: c'est une lecture coup de cœur.

D'abord de par la richesse de son melting-pot culturel.
Le Japon et la Corée du Sud sont des pays que j'ai eu la chance de visiter plusieurs fois. J'ai pu me replonger dans mes errances tokyoïtes, j'ai retraversé le parc d'Ueno et ses palais, été étourdi par le vacarme des salles de pachinkos, parcouru la capitale sous terre à bord du métro de la ligne Yamamote. 
J'ai aimé l'évocation des kokeshis, ces poupées traditionnelles japonaises. [Ces poupées sont fabriquées à partir de plusieurs essences de bois, suivant la partie du corps. Les kokeshis symbolisent de nos jours le désir d'avoir un enfant en bonne santé et sont un gage d'amitié envers la personne à qui on l'offre.]
De mes séjours à Séoul et Busan, j'ai surtout regoûté aux plats coréens toujours assortis du Kimchi, ce chou fermenté tant emblématique de la Corée. [Aucune scène ne se déroule en Corée, mais les grands parents cuisinent des plats coréens.]

C'est aussi un roman qui se caractérise par des très belles peintures de la psychologie des personnages,  avec leurs passés et leurs sensibilités. Impression étonnante quand on considère le peu de pages (144) que comporte ce roman. Et en effet, Elisa Shua Dusapin dessine les lignes de faille des identités avec simplicité, précision et grâce.
En toile de fonds, on croise Heidi, Bambi, un Monopoly où l'on a écrit au feutre indélébile «Yverdon-les-Bains» sur la carte de la Paradeplatz, un fiancé aimable laissé au fond d’une cabane du val d’Anniviers, et cette petite fille, Mieko, qui vient bousculer l’idiotie figée et conventionnelle des rapports de générations.

Enfin ce roman permet en particulier de découvrir les Zainichi, ces apatrides au Japon. 
Le terme Zainichi (在日) désigne littéralement « ceux qui résident au Japon » et ne s’applique donc pas uniquement aux seuls Coréens mais bien à tout résidant au Japon à long terme sans avoir la nationalité japonaise. Toutefois, il est majoritairement utilisé pour parler des Coréens qui ont débarqué dans l’archipel dès 1910, suite au traité d’annexion de la Corée qui a fait du pays une colonie japonaise.

Victimes d'une déportation  de masse au Japon pendant la colonisation pour compenser la pénurie de main d'œuvre d'alors, ils sont affectés à des tâches épuisantes, dans des mines et des usines aux conditions de travail misérables. 
En 1940, on compte plus de 1 400 000 Coréens au Japon et même plus de 2 millions à la fin de la guerre. Si un grand nombre d’entre eux retournera sur sa terre natale après la guerre, environ 650 000 Coréens installés depuis suffisamment longtemps pour se penser acceptés vont décider de rester au Japon.

En 1945, le problème des Zainichi devient identitaire. Le Japon les déclare de nationalité "choson" (coréenne) mais bientôt la Corée éclate, entre le Nord pro-russe et le Sud pro-américain. Les Coréens du Japon sont alors pris entre le marteau et l'enclume... Leur carte d'identité "choson" les rattache à un pays qui n'existe plus, et ils peuvent devenir citoyens de la nouvelle Corée du Sud (la guerre civile prend fin en 1953) mais pas de la Corée du Nord...
    La division du pays touche les Zainichi de plein fouet. S’ils soutiennent le Sud, ils peuvent alors opter pour la nationalité de Daikan Minkokun correspondante au nouvel état formé en Corée du Sud. Quant à ceux qui restent fidèles au nord, ils écopent du statut de Chōsen-seki, qui est une nationalité alternative et qui n’est pas considérée comme un statut officiel car le Japon ne reconnaît pas la Corée du Nord comme un pays.

    Ils ont toujours été l'objet de discriminations racistes héritées du colonialisme japonais. Au racisme permanent viennent se greffer des problèmes jamais soldés : la situation des "femmes de réconfort" (des Coréennes prostituées de force durant la guerre), les enlèvements de citoyens japonais pratiqués par le Corée du Nord...
Encore aujourd’hui, ils subissent de fortes discriminations dans ce pays d’accueil qui les a toujours traités comme des citoyens de seconde zone.

Entre les années 1950 et aujourd'hui, les Zainichi se regroupent dans des ghettos localisés dans les quartiers pauvres des grandes villes, et donnent naissance à des Koreatown. D'abord dans le quartier de Tsuruhashi à Osaka, puis dans la Capitale, à Shin-Okubo. Ils forment aussi la première communauté étrangère à Kôbe. Ces quartiers coréens sont aujourd'hui constitués de descendants de Zainichi, d'étudiants ou de "newcomers", des résidents issus d'une migration plus récente et fortement attachés à la culture de leur pays.

Discours de Ho Jong-Man, président du Chongryon, lors de son assemblée générale à Tokyo le 26 mai 2018

Installée au cœur de Tokyo, l'organisation Chongryon regroupe depuis plus de soixante ans les Coréen·nes du Japon proches du régime de Pyongyang, dont elle sert de facto d'ambassade.  Véritable lobby nord-coréen ayant pignon sur rue, l'organisation a compté jusqu'à 500.000 membres. Si ses effectifs sont aujourd'hui en baisse, elle reste considérée comme l'ambassade de facto de la Corée du Nord au Japon.


Une très belle découverte. Elégance d'un regard singulier. Une jeune auteure à suivre.

Pour en savoir plus sur les zainichis, 

vendredi 7 avril 2023

528: 'T'zée' de Appollo et Brüno - BD

Genre : tragédie dans le chaos africain

Histoire
Au fond de la forêt équatoriale, dans le palais de T'Zée, la rumeur enfle. Le vieux dictateur aurait été tué. Alors que le pays s'enfonce dans le chaos d'une guerre civile, les membres du clan présidentiel vivent les derniers moments d'un régime corrompu qui disparaît. 
Qu'adviendra-t-il de Bobbi, la jeune épouse du dictateur, d'Hippolyte, fils de T'Zée, et de ses deux amis ?....

Impressions
Drames en 5 actes.

Scénario assez classique, tragédie avec ses sacrifiés, une fin imparable, sans justice.
La trame s'inspire d'ailleurs de la tragédie Phèdre de Racine, comme  suggéré par le nom de T’zée (le roi Thésée dans la pièce de Phèdre) et son fils, Hippolyte.

Les couleurs pastelles des dessins tendent vers le sombre et la froideur, à l'image de cette fin de règne où les trahisons se multiplient, et tous les envieux se jettent sur le butin pour s'en accaparer une part.

'Je les ai trop nourris ces gens-là, ils ont mangé dans ma main et maintenant ils me mordent.'

Le graphisme traduit avec réussite cette ambiance d'antichambre déconnectée de la réalité, un palais perdu dans la jungle, où les okapis broutent les herbes, et où les habitants se prélassent au bord d'une piscine.
Alors que les rebelles ont pris le pouvoir dans le reste du pays et que le peuple est assommé par la violence.

Ce pays est imaginaire mais il n'est pas très difficile de voir qu'il s'agit du Congo de Mobutu rebaptisé Zaïre. celui-ci a régné sans partage pendant 32 ans sur ce grand pays avant de s'enfuir en exil au Maroc car renversé par des rebelles soutenus par un pays voisin à savoir le Rwanda ayant subi un génocide. 
Ce tyran sanguinaire allié de l'Occident laisse un pays économiquement exsangue, en conflit avec de nombreux pays voisins pour ses richesses et son espace et en pleine guerre civile

'L'Afrique a besoin de chefs, la démocratie, ce sont des conneries pour les occidentaux. Ici on a le culte du chef, c'est comme ça que ça marche, c'est toujours comme ça que ça a toujours marché.'

'Son père avait alors tout prouvé: son héroïsme pendant la guerre de libération, son génie militaire pendant la sécession et surtout son intelligence politique qui l'avait maintenu au pouvoir sans discontinuer depuis.'

'Que la démocratie soit passée parfois au second plan, soit, que la corruption n'ait pas été entièrement endiguée, soit.'


C'est dans le palais de  Gbadolite que se déroulent principalement le récit, une ville présidentielle avec sa propre centrale hydroélectrique et électricité, liaisons satellite, routes, et même un aéroport prévu pour accueillir un Concorde...
Construit sur une colline à Kawele, à 15 km au sud du chef-lieu de la province du Nord-Ubangi, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo, le vaste domaine était un véritable bijou, surnommé "le Versailles de la jungle".  Il n'en reste que des ruines pillées...


La BD intègre aussi le MS Kamanyola, le yacht présidentiel est un véritable palais naviguant. Construit en 1947 sous le nom de Général Olsen, c’est un courrier colonial sorti des chantiers navals d’Hoboken. En 1967, Mobutu le réquisitionne et le baptise d’abord du nom de MS Mobutu puis Kamanyola en souvenir de la bataille où il a failli perdre la vie en 1964. Le bateau connaît une véritable métamorphose et se transforme en un véritable château flottant au luxe démesuré. Rallongé de 4 mètres, le bateau dispose d’un héliport. de trois appartements VIP dont celui du président, d'une salle de banquet pour une centaine d'hôtes, d'un salon de coiffure, d’une cave à  vins, de soixante cabines, ainsi que de dortoirs pour la troupe dont des plongeurs autonomes. Le yacht est aussi équipé de radars et de communications satellite cryptées. Le house-boat servira de refuge à Mobutu pendant les moments difficiles des années 90 lorsque la contestation avait atteint son paroxysme. Ce qui lui vaudra le surnom de crocodile. A son arrivée au pouvoir, Laurent-Désiré Kabila le rebaptisera Lemera, du nom de la ville où fut fondée l’AFDL. Aujourd’hui, l’ancien palace flottant de Mobutu est amarrée aux chantiers navals de Ndolo.

En rebondissant sur les noms d'hommes politiques africains cités par Hippolyte
'Avec eux, il a découvert soudain toute une culture continentale à laquelle il ne s'était jamais vraiment intéressée, et il se passionnait pour toutes les grand figures des indépendances, de Lumumba à Amilcar Cabral, d'Agostinho Neto à Sékou Touré.

Patrice Lumumba en 1960
Homme politique congolais (Katako Kombé, Kasaï, 1925-Élisabethville, aujourd'hui Lubumbashi, 1961).
Il fonde en 1958 le Mouvement national congolais (MNC), de tendance radicale, mais qui rassemble des hommes venus d'horizons divers et unique formation à défendre un État unitaire. Après la victoire de son parti aux élections de mai 1960, Lumumba devient président du Conseil, juste avant la proclamation de l'indépendance du Congo-Kinshasa (30 juin 1960) : le jour de la cérémonie d'accession à l'indépendance, le leader nationaliste prononce un virulent discours anticolonialiste, perçu par les autorités belges, et notamment par le roi Baudoin Ier présent à la cérémonie, comme un véritable affront.

Une féroce lutte d'influence se joue alors entre modérés et radicaux : Lumumba s'oppose à la sécession du Katanga, organisée par Moïse Tschombé, et fait appel à l'ONU. Mais il est démis de ses fonctions par le président Joseph Kasavubu sur ordre des États-Unis, qui soupçonnent Lumumba, constatant l'impuissance des Nations unies, d'avoir recherché l'aide soviétique.

Arrêté le 9 décembre par le chef d'état-major Joseph Désiré Mobutu, le leader nationaliste est transféré peu après au Katanga, où il est assassiné avec deux de ses anciens ministres, le 17 janvier 1961.

Patrice Lumumba est proclamé héros national par le général Mobutu (1966), et son nom demeure le symbole de la résistance au colonialisme.

Amilcar Cabral (1924-1973)
Homme politique de Guinée-Bissau et du Cap-Vert

Amilcar Cabral est né le 12 septembre 1924 à Bafata en Guinée. Son père est originaire du Cap-Vert et sa mère est guinéenne. Il fait ses études secondaires au Lycée Gil Eanes de Sao Vicente, avant de partir au Portugal, où il étudie à l'Institut d'Agronomie de Lisbonne jusqu'en 1952. En 1949, il crée «La Maison d'Afrique» et édite un bulletin Hoje e Amanhà sous le nom de Arlindo Antonio. Il dirige également une émission culturelle à la radio qui sera interdite par le gouvernement portugais. Après avoir décidé de rentrer dans son pays pour améliorer les conditions de vie de son peuple, il rencontre, dans les années 1950, ses compagnons de lutte pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert.
En 1956, avec l'aide de son demi-frère Luiz Cabral, de Rafael Barboza et celle d'Aristide Perreira, il crée une organisation clandestine, le PAIGC (Partido Africano para Indipendencia da Guine e de Cabo Verde), pour lutter contre la domination coloniale portugaise. En 1963 débute la lutte armée en Guinée. Amilcar Cabral combat durant 20 ans pour obtenir cette indépendance et faire connaître au monde son mouvement. En 1972, les Nations Unies reconnaissent le PAIGC comme «véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert». 
Amilcar Cabral est assassiné à Conakry le 20 janvier 1973 par Mamadou Turé, son compagnon de lutte chargé de le protéger. L'indépendance de la Guinée-Bissau est déclarée 6 mois plus tard.

António Agostinho Neto alias "Kilamba" son nom traditionnel est né le 17 septembre 1922 à Kaxicane, dans la province de Bengo et meurt le 10 septembre 1979 à Moscou. L'homme fut poète avant d'être politique, si tant est que l'on puisse distinguer les deux tant sa poésie était l'expression des souffrances des peuples colonisés. Son œuvre majeure, Espérance sacrée (Sagrada esperanca), est publiée pour la première fois en Italie, à Milan en 1963. Ses poèmes sont toujours d'actualité, comme Civilisation occidentale.

Il proclame l’indépendance de l’Angola, le 11 novembre 1975 et devient le premier président de la République populaire d'Angola.


Sékou Touré
Homme d'État guinéen (Faranah 1922-Cleveland, Ohio, 1984).

Secrétaire général de la C.G.T. en Afrique noire, et du parti démocratique de Guinée, section locale du Rassemblement démocratique africain (1952), il fut élu à l'Assemblée nationale française en1956 et devint la même année président de la Confédération générale des travailleurs d'Afrique noire avant d’accéder en 1957 à la vice-présidence du Conseil de Guinée. 
Lors du référendum de 1958 sur l'institution de la Communauté française organisé par le général de Gaulle, il appela à voter non, ce qui entraîna la sortie de la Guinée de l'Union française et la rupture avec la France. Élu en 1958, il demeura chef de l'État et du gouvernement jusqu'en 1984. D'abord proche du bloc soviétique, il chercha à partir de 1962 à se rapprocher de la France. Son régime dictatorial laissa à sa mort un pays ruiné.


Fin de règne du dictateur Léopard, Mobutu rebaptisé T'zée. Subtil récit empreint des mystères africains, des fétiches et des légendes comme celle de Mami-Wata, l’esprit du fleuve.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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