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vendredi 7 avril 2023

528: 'T'zée' de Appollo et Brüno - BD

Genre : tragédie dans le chaos africain

Histoire
Au fond de la forêt équatoriale, dans le palais de T'Zée, la rumeur enfle. Le vieux dictateur aurait été tué. Alors que le pays s'enfonce dans le chaos d'une guerre civile, les membres du clan présidentiel vivent les derniers moments d'un régime corrompu qui disparaît. 
Qu'adviendra-t-il de Bobbi, la jeune épouse du dictateur, d'Hippolyte, fils de T'Zée, et de ses deux amis ?....

Impressions
Drames en 5 actes.

Scénario assez classique, tragédie avec ses sacrifiés, une fin imparable, sans justice.
La trame s'inspire d'ailleurs de la tragédie Phèdre de Racine, comme  suggéré par le nom de T’zée (le roi Thésée dans la pièce de Phèdre) et son fils, Hippolyte.

Les couleurs pastelles des dessins tendent vers le sombre et la froideur, à l'image de cette fin de règne où les trahisons se multiplient, et tous les envieux se jettent sur le butin pour s'en accaparer une part.

'Je les ai trop nourris ces gens-là, ils ont mangé dans ma main et maintenant ils me mordent.'

Le graphisme traduit avec réussite cette ambiance d'antichambre déconnectée de la réalité, un palais perdu dans la jungle, où les okapis broutent les herbes, et où les habitants se prélassent au bord d'une piscine.
Alors que les rebelles ont pris le pouvoir dans le reste du pays et que le peuple est assommé par la violence.

Ce pays est imaginaire mais il n'est pas très difficile de voir qu'il s'agit du Congo de Mobutu rebaptisé Zaïre. celui-ci a régné sans partage pendant 32 ans sur ce grand pays avant de s'enfuir en exil au Maroc car renversé par des rebelles soutenus par un pays voisin à savoir le Rwanda ayant subi un génocide. 
Ce tyran sanguinaire allié de l'Occident laisse un pays économiquement exsangue, en conflit avec de nombreux pays voisins pour ses richesses et son espace et en pleine guerre civile

'L'Afrique a besoin de chefs, la démocratie, ce sont des conneries pour les occidentaux. Ici on a le culte du chef, c'est comme ça que ça marche, c'est toujours comme ça que ça a toujours marché.'

'Son père avait alors tout prouvé: son héroïsme pendant la guerre de libération, son génie militaire pendant la sécession et surtout son intelligence politique qui l'avait maintenu au pouvoir sans discontinuer depuis.'

'Que la démocratie soit passée parfois au second plan, soit, que la corruption n'ait pas été entièrement endiguée, soit.'


C'est dans le palais de  Gbadolite que se déroulent principalement le récit, une ville présidentielle avec sa propre centrale hydroélectrique et électricité, liaisons satellite, routes, et même un aéroport prévu pour accueillir un Concorde...
Construit sur une colline à Kawele, à 15 km au sud du chef-lieu de la province du Nord-Ubangi, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo, le vaste domaine était un véritable bijou, surnommé "le Versailles de la jungle".  Il n'en reste que des ruines pillées...


La BD intègre aussi le MS Kamanyola, le yacht présidentiel est un véritable palais naviguant. Construit en 1947 sous le nom de Général Olsen, c’est un courrier colonial sorti des chantiers navals d’Hoboken. En 1967, Mobutu le réquisitionne et le baptise d’abord du nom de MS Mobutu puis Kamanyola en souvenir de la bataille où il a failli perdre la vie en 1964. Le bateau connaît une véritable métamorphose et se transforme en un véritable château flottant au luxe démesuré. Rallongé de 4 mètres, le bateau dispose d’un héliport. de trois appartements VIP dont celui du président, d'une salle de banquet pour une centaine d'hôtes, d'un salon de coiffure, d’une cave à  vins, de soixante cabines, ainsi que de dortoirs pour la troupe dont des plongeurs autonomes. Le yacht est aussi équipé de radars et de communications satellite cryptées. Le house-boat servira de refuge à Mobutu pendant les moments difficiles des années 90 lorsque la contestation avait atteint son paroxysme. Ce qui lui vaudra le surnom de crocodile. A son arrivée au pouvoir, Laurent-Désiré Kabila le rebaptisera Lemera, du nom de la ville où fut fondée l’AFDL. Aujourd’hui, l’ancien palace flottant de Mobutu est amarrée aux chantiers navals de Ndolo.

En rebondissant sur les noms d'hommes politiques africains cités par Hippolyte
'Avec eux, il a découvert soudain toute une culture continentale à laquelle il ne s'était jamais vraiment intéressée, et il se passionnait pour toutes les grand figures des indépendances, de Lumumba à Amilcar Cabral, d'Agostinho Neto à Sékou Touré.

Patrice Lumumba en 1960
Homme politique congolais (Katako Kombé, Kasaï, 1925-Élisabethville, aujourd'hui Lubumbashi, 1961).
Il fonde en 1958 le Mouvement national congolais (MNC), de tendance radicale, mais qui rassemble des hommes venus d'horizons divers et unique formation à défendre un État unitaire. Après la victoire de son parti aux élections de mai 1960, Lumumba devient président du Conseil, juste avant la proclamation de l'indépendance du Congo-Kinshasa (30 juin 1960) : le jour de la cérémonie d'accession à l'indépendance, le leader nationaliste prononce un virulent discours anticolonialiste, perçu par les autorités belges, et notamment par le roi Baudoin Ier présent à la cérémonie, comme un véritable affront.

Une féroce lutte d'influence se joue alors entre modérés et radicaux : Lumumba s'oppose à la sécession du Katanga, organisée par Moïse Tschombé, et fait appel à l'ONU. Mais il est démis de ses fonctions par le président Joseph Kasavubu sur ordre des États-Unis, qui soupçonnent Lumumba, constatant l'impuissance des Nations unies, d'avoir recherché l'aide soviétique.

Arrêté le 9 décembre par le chef d'état-major Joseph Désiré Mobutu, le leader nationaliste est transféré peu après au Katanga, où il est assassiné avec deux de ses anciens ministres, le 17 janvier 1961.

Patrice Lumumba est proclamé héros national par le général Mobutu (1966), et son nom demeure le symbole de la résistance au colonialisme.

Amilcar Cabral (1924-1973)
Homme politique de Guinée-Bissau et du Cap-Vert

Amilcar Cabral est né le 12 septembre 1924 à Bafata en Guinée. Son père est originaire du Cap-Vert et sa mère est guinéenne. Il fait ses études secondaires au Lycée Gil Eanes de Sao Vicente, avant de partir au Portugal, où il étudie à l'Institut d'Agronomie de Lisbonne jusqu'en 1952. En 1949, il crée «La Maison d'Afrique» et édite un bulletin Hoje e Amanhà sous le nom de Arlindo Antonio. Il dirige également une émission culturelle à la radio qui sera interdite par le gouvernement portugais. Après avoir décidé de rentrer dans son pays pour améliorer les conditions de vie de son peuple, il rencontre, dans les années 1950, ses compagnons de lutte pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert.
En 1956, avec l'aide de son demi-frère Luiz Cabral, de Rafael Barboza et celle d'Aristide Perreira, il crée une organisation clandestine, le PAIGC (Partido Africano para Indipendencia da Guine e de Cabo Verde), pour lutter contre la domination coloniale portugaise. En 1963 débute la lutte armée en Guinée. Amilcar Cabral combat durant 20 ans pour obtenir cette indépendance et faire connaître au monde son mouvement. En 1972, les Nations Unies reconnaissent le PAIGC comme «véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert». 
Amilcar Cabral est assassiné à Conakry le 20 janvier 1973 par Mamadou Turé, son compagnon de lutte chargé de le protéger. L'indépendance de la Guinée-Bissau est déclarée 6 mois plus tard.

António Agostinho Neto alias "Kilamba" son nom traditionnel est né le 17 septembre 1922 à Kaxicane, dans la province de Bengo et meurt le 10 septembre 1979 à Moscou. L'homme fut poète avant d'être politique, si tant est que l'on puisse distinguer les deux tant sa poésie était l'expression des souffrances des peuples colonisés. Son œuvre majeure, Espérance sacrée (Sagrada esperanca), est publiée pour la première fois en Italie, à Milan en 1963. Ses poèmes sont toujours d'actualité, comme Civilisation occidentale.

Il proclame l’indépendance de l’Angola, le 11 novembre 1975 et devient le premier président de la République populaire d'Angola.


Sékou Touré
Homme d'État guinéen (Faranah 1922-Cleveland, Ohio, 1984).

Secrétaire général de la C.G.T. en Afrique noire, et du parti démocratique de Guinée, section locale du Rassemblement démocratique africain (1952), il fut élu à l'Assemblée nationale française en1956 et devint la même année président de la Confédération générale des travailleurs d'Afrique noire avant d’accéder en 1957 à la vice-présidence du Conseil de Guinée. 
Lors du référendum de 1958 sur l'institution de la Communauté française organisé par le général de Gaulle, il appela à voter non, ce qui entraîna la sortie de la Guinée de l'Union française et la rupture avec la France. Élu en 1958, il demeura chef de l'État et du gouvernement jusqu'en 1984. D'abord proche du bloc soviétique, il chercha à partir de 1962 à se rapprocher de la France. Son régime dictatorial laissa à sa mort un pays ruiné.


Fin de règne du dictateur Léopard, Mobutu rebaptisé T'zée. Subtil récit empreint des mystères africains, des fétiches et des légendes comme celle de Mami-Wata, l’esprit du fleuve.

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Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

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  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
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