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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mardi 16 février 2010

18ième chronique: "Tête en Friche" de Marie-Sabine Roger

Un livre de leçon de vie.


Voici le 6ième ouvrage du concours Alice InterCE 2010 que je lis.

Une rencontre sur un banc de jardin public, entre Germain, 45 ans, brut de décoffrage, inculte, pas gâté par son enfance, et Margueritte, 86 ans, une vieille dame qui comme Germain compte les pigeons.
C'est Germain qui parle, avec son vocabulaire réduit et souvent grossier.

Et cette histoire simple au langage plutôt cru, dépourvu d'intrigue ou de suspense, envoute par sa sensibilité et son humour.

"Lorsque j'ai rencontré Margueritte, j'ai trouvé ça compliqué, d'apprendre le savoir. Ensuite, intéressant. Et puis flippant, parce que, se mettre à réfléchir, ça revient à donner des lunettes à un myope. Tout semblait bien sympa, tout autour: facile, c'était flou. Et tout d'un coup on voit les fissures, la rouille, les défauts,..."
"Réfléchir, ça aide à penser."
"L'affection, ça grandit sous cape, ça prend racine malgré soi et puis ça envahit pire que du chiendent. Ensuite c'est trop tard: le cœur, on ne peut pas le passer au Roundup pour lui désherber la tendresse."


En conclusion, un petit bijou littéraire (adapté au ciné avec Depardieu dans le rôle de Germain) qui se dévore trop vite.
Un hymne à la lecture et à la tolérance.

samedi 13 février 2010

17ième chronique: "Porteurs de Peau", de Tony Hillerman

1er opus des polars navajos de Tony Hillerman où Chee et Leaphorn se rencontrent. 

Beaucoup de plaisir à retrouver les 2 policiers navajos. Jim Chee diplômé récemment, qui vit dans son mobil-home isolé, et qui pratique la magie en tant que yataalii ou homme-médecine. Joe Leaphorn, l'officier mûr et reconnu pour ses qualités de fin limier. Une tentative d'assassinat de Jim Chee et trois autres personnes découvertes mortes dans la réserve navajo constituent la base de l'enquête policière. Peu d'indices et en apparence pas de lien entre ces 4 événements, si ce n'est des éléments qui se rapportent à la sorcellerie. 

Leaphorn, rationaliste, rejette ces croyances. Chee est convaincu d'un lien entre ces crimes et les porteurs de peau qui pratiquent la sorcellerie. C'est le roman de la première rencontre entre les deux policiers, et à nouveau, plus que l'intrigue, ce sont les personnalités de ce duo et le monde des indiens navajos qui envoûtent le lecteur.

Un Tony Hilerman rempli de mélancolie avec des personnages attachants, gonflés d'humanité.

C'est surement un ouvrage important puisqu'il positionne les duettistes, avec Jim qui croit à la magie en tant qu'héritage culturel incontournable de son peuple et Joe qui voit dans ces superstitions la caution du mal. Ce roman dépeint aussi nos 2 héros tourmentés sentimentalement. Jim par la fin de sa relation avec une femme blanche Mary Landon, fin qu'il ne comprendra et n'acceptera qu'à travers sa rencontre avec un chat abandonné par les Blancs, alors que Janet Pete pointe son museau d'avocate navajo séduisante. Joe angoissé par le lent déclin de son épouse Emma qui présente tous les symptômes de la maladie d'Alzheimer, et qui est angoissé par l'attente du rendez-vous médical et des diagnostics qui pourraient lui redonner ou non de l'espoir.

Suite à venir du cycle dans "Le voleur de temps" pour connaître le plaisir de voir évoluer dans le temps Joe et Chee.

dimanche 7 février 2010

16ième chronique: "Les Giètes" de Fabrice Vigne

Un livre pour se rabibocher entre générations?


Voici le 5ième ouvrage du concours Alice InterCE 2010 que je lis.

Ce roman fait partie d'une série: ''Photo Roman''.
Le principe en est qu'un(e) photographe, ici Anne Rehbinder, fournit à un romancier une série de clichés: à ce dernier de construire une histoire.

Cet exercice de style m'a semblé assez réussi par ce duo. Les photographies montrent des pièces ou des détails (lavabo par exemple) ainsi que des parties anatomiques (mains, cou...) d'une personne âgée.
Sur cette base, Fabrice Vigne invente Maximilien, veuf octogénaire en maison de retraite, "La Maison".

Maximilien raconte avec beaucoup de lucidité la vie quotidienne dans cette antichambre de la mort (d'où les Giètes), tandis que la découverte de son ancien journal intime arrêté le jour de la naissance de son fils Michel fait resurgir les souvenirs de sa vie passée. Avec souvent de l'humour et de la dérision, il se remémore son militantisme communiste, sa désillusion le jour où Georges Marchais, ex volontaire aux STO, devient secrétaire général du PCF, son activité d'élu municipal, souvenirs qu'il croise avec les événements quotidiens de la "Maison", comme la visite de Baldini un ancien adversaire politique, ou la participation de son petit-fils à des manifestations. Cette mémoire, qui parfois s'enraye quand il ne parvient pas à achever une phrase, ne lui fait pas défaut lorsqu'il cite par cœur des passages des correspondances de Flaubert, l'autre influence majeure de Maximilien après le communisme et surtout son message de paix.
Arrivent alors progressivement au fil des pages les photographies d'Anne Rehbinder, dès lors que s'installe une nouvelle voisine, Mme Ostatki, immigrée russe, orthodoxe pratiquante, que tout semblerait opposer à Maximilien. Et pourtant...

En conclusion, ce roman parle avec sensibilité et tendresse de la vieillesse et de sa solitude et de sa monotonie, des différences de générations, du droit à la différence (le racisme, les croyances, l'amour entre un jeune homme et une femme plus âgée...) de la souffrance du corps qui évolue au cours d'une existence, des luttes et des désillusions.... Un petit condensé des étapes et des couleurs de la vie.
Pour qui a déjà visité des proches en maison de retraite, on est surpris et séduit par la peinture touchante, tendre mais lucide, de cet univers d'attente isolé du monde "actif".

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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