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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

lundi 25 mars 2019

363: 'le restaurant de l'amour retrouvé' de Ito Ogawa

Genre : mets littéraire


Histoire
Après un chagrin d'amour, volée de tous ses biens, Rinco revient dans la campagne chez sa mère. Elle a perdu un amour, sa voix, mais elle retrouve en ami le grand Kuma, gagne un cochon en animal de compagnon et surtout découvre le don de rendre heureux les gens avec la cuisine...

"Si tu cuisines en étant triste ou énervée, le goût ou la présentation en pâtissent forcément. Quand tu prépares à manger, pense toujours à quelque chose d'agréable, il faut cuisiner dans la joie et la sérénité."



Impressions
Humm... A ne pas lire en ayant une grosse fringale.
Douceur, naïveté, émotions, pudeur, simplicité. Un roman sans grandes frasques, à l'opposé d'une construction 'page-turner'. (et ce serait un contre-sens par rapport au nom du restaurant de Rinco !)



"Les mantes religieuses, les akébies à cinq feuilles, les grandes pimprenelles, rien n’avait changé. La chambre d’hôtes et le gîte, même si leur façade était un peu plus sale et fatiguée, étaient toujours en activité, comme le prouvaient les serviettes mises à sécher aux fenêtres. La statue du jizô au bord de la route portait un bavoir propre, des chrysanthèmes aux couleurs vives, leurs pétales bien dressés, étaient arrangés dans un verre à saké. La surface des gâteaux déposés en offrande était bien brillante" 
Et pourtant, avec quel intense plaisir j'ai tourné les pages, dégusté les rotis, humé les fumets des soupes, mes papilles frémissaient !


"Un repas, c'est parce que quelqu'un d'autre le prépare pour vous avec amour qu'il nourrit l'âme et le corps."

Chaque repas qu'elle conçoit avec finesse, amour et intelligence ouvre un nouvelle page unique de plaisir des palais adaptée aux clients.

Un conte de fée sous la forme d'une ode gastronomique au goût; pour retrouver si besoin goût à la vie :)

Pour la route, un lien vers un blog sur le Japon que je viens de découvrir, où ce roman est commenté:
http://lirelejapon.blog.lemonde.fr/2014/03/18/le-restaurant-de-lamour-retrouve-ito-ogawa-manger-lamour/

lundi 11 mars 2019

362: 'Idaho' d'Emily Ruskovich

Genre : mécanique des souvenirs


Histoire
Wade a refait sa vie avec Ann neuf ans après un drame familial terrible. Ann creuse pour comprendre l'incompréhensible que la mémoire de son compagnon efface progressivement.

"Parce que Wade avait tout jeté -les dessins, les vêtements, les jouets -, chaque vestige accidentel prenait une importance indescriptible dans l'esprit d'Ann. Quatre poupées moisies enfouies dans la sciure d'une souche d'arbre pourrie. La chaussure à talon haut d'une Barbie, tombée d'une gouttière. Une brosse à dents fluorescente dans la niche du chien. Puis, enfin, le dessin à moitié achevé dans le manuel. Des objets chargés d'une importance qu'ils ne méritaient pas mais qu'ils revêtaient à cause de leur effrayante rareté; ils grandissaient en elle, se transformant en histoires, en souvenirs dans la tête d'Ann alors qu'ils auraient dû rester dans celle de Wade."




Impressions
Chronologie chamboulée, de 1975 à 2025, les événements sont dévoilés dans le désordre, comme distendus par le drame.
A l'image de ce que ressent en prison Elisabeth...
"Elisabeth est reconnaissante envers cette distorsion du temps, rendue possible par les changements périodiques de poste. C’est une sorte de distraction qui rend la chronologie absurde. Et c'est dont elle a besoin pour continuer à vivre" 



La nature prédomine, ces montagnes boisées des Rocheuses. Les lacs, les forêts, la neige isolent ce couple des autres, les plongent frontalement dans leurs tourments et interrogations. Mais aussi les nourrissent, les apaisent.

Mais plus qu'une description naturaliste (une 'nature writing'), c'est celle des âmes tourmentées des 3 principaux protagonistes, Wade, Ann et Jenny - il serait sans doute pertinent d'ajouter Elizabeth-, qui est au cœur du récit. Leurs peines, leurs souffrances les murent dans des silences ou dans l'oubli. Des failles comme des murmures, des larmes vite séchées, ces petits instants qui trahissent les peines.

"Sans s'en rendre compte, elle se mure parfois dans des silences bruyants, et parfois ses chuchotements sont tellement enragés qu'on ne dirait pas des chuchotements, et c'est alors qu'elle prend conscience de la ferveur conspiratrice de ses propos et qu'elle rit." 

L'écriture est efficace, évoque la poésie brute de la nature, suggère les non-dits, les envies, les douleurs. L'auteure évoque avec subtilité la perte des souvenirs, qui parfois reviennent à l'écoute de notes de musique ou à travers une odeur.

Je reconnais avoir peiné à entrer dans le récit, oppressé par le poids du drame inacceptable et par la violence larvée de ce couple. D'autant plus que le premier chapitre est le plus long de tous, et qu'il est lent.
Le rythme s'accélère ensuite sans devenir trépidant, l'auteure alterne les voix de narration, nous reconstruit le puzzle en mettant à mal la chronologie, et les 'héros' nous deviennent familiers, touchants, humains.

Très beau roman, montrant une étonnante maturité pour cette jeune auteure américaine.

mardi 5 mars 2019

361: "Une carte pour l'enfer' de Miyuki Miyabe

Genre : Jusqu'à poser carte(s ?) sur table


Histoire
Le policier Honma recherche à titre personnel la fiancée disparue du fils d'un cousin. Sa belle a disparu après s'être vue refuser une carte bancaire pour faillite personnelle. Mais derrière l'apparence anodine de cette fugue, se dissimulent des vies fantômes...



"Lorsque je fais une conférence , j'ai coutume de dire : "Avant de déménager à la sauvette, de vous suicider ou d’assassiner qui que se soit, pensez à la déclaration de faillite personnelle !" Ça fait toujours rire. Mais ça n'a rien de risible ! L'ignorance de cette possibilité conduit à l'éclatement des familles, à la perte du travail, parfois à une vie de clandestinité pour les enfants. Les gens sont traqués" 

Impressions
Un polar à Tokyo, qui a reçu le prix YOMIMOTO (le "Goncourt du policier").
Pas de recherche de style, pas de poésie, mais ce n'est pas nécessairement le plus important pour ce type de roman.
Hélas le récit pêche par une certaine lourdeur, une part trop importante du récit étant dévolue aux descriptions des arcanes des systèmes bancaires et administratifs. Et ces explications didactiques empiètent sur le rythme de l'enquête et la profondeur des personnages. Alors que l'inspecteur de police en rééducation et toujours affecté par la perte de son épouse Chizuko aurait pu éveiller plus d'empathie.
La fin s'anime plus, Honma aidé par son entourage et des personnes rencontrées lors de son enquête accélère le dé-tricotage de l'intrigue.



'Chizuko disait toujours : "Toi, tu es Tokyoite." Mais il ne s'était jamais senti de lien particulier avec Tokyo. D'ailleurs, le Tokyo d'aujourd'hui n'était pas un endroit où l'on pouvait se faire des racines, c'était devenu un champ stérile. La ville n'avait plus que sa fonction de capitale."

Une enquête didactique pour dissuader les utilisateurs de cartes de crédit insouciants. Et dénoncer un système toléré par l'administration.
Toujours plaisant pour moi de déambuler dans Tokyo, mais la ballade est un peu lente.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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