New !!

Liste par auteurs & titres dans Kronik list

dimanche 26 avril 2015

197: 'Le club des incorrigibles optimistes' de Jean-Michel Guenassia

Genre : quand un adolescent découvre le monde en se faisant accepter par un Club de joueurs d'échecs que fréquentent Kessel et Sartre

Histoire
Dans le quartier parisien de Denfert-Rochereau, l'arrière-salle de la brasserie Balto abrite un club mystérieux. Michel, 12 ans, adepte de baby-foot, de lecture et de rock, va y découvrir d'incorrigibles optimistes et se faire adopter par ce club créé le 30 mai 1956.


Impressions
Kessel -un de mes auteurs favoris- dans un club d'échecs jouant avec Sartre, voilà déjà un contexte qui ne pouvait qu'attiser ma curiosité.
Un gros pavé qui se lit avec plaisir, dessinant le destin d'hommes réfugiés victimes de purges politiques ou de l'absurdité des guerres, celle d'Algérie comprise, et ceci avec humour et humanité.

'- Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal. Je n'ai pas envie de serrer la main d'Hergé mais j'aime Tintin. Et puis, es-tu toi-même irréprochable ?'

'-Je me suis retrouvé dans une cellule avec deux autres Russes qui ne comprenaient pas la raison de leur arrestation. Moi, a dit un type de Kiev, je suis arrivé avec cinq minutes de retard: on m'a accusé de sabotage. Moi, a expliqué un homme qui venait de Novgorod, j'avais cinq minutes d'avance: on m'a accusé d'espionnage. Moi, a affirmé Leonid, je suis arrivé à l'heure et on m'a accusé d'avoir acheté une montre à l'Ouest.'

'C'est l'inconvénient de la psychanalyse, quand on connaît l'origine du problème, ça ne le résout pas.'

En plus de ces témoignages, c'est l'histoire du parcours initiatique de Michel Marini, le narrateur. L'apprentissage de la vie est éprouvé par les départs ou disparitions à répétition, son ami Pierre et sa soeur Cécile, son frère Franck, son père, Sacha, jusqu'à Camille, son premier amour d'adolescent. Mais la leçon est donnée par les membres du club...

"- Demain sera meilleur. Je suis désolé de le constater, Igor Emilievitch, tu es négatif. Moi je suis un optimiste.
- Je suis un optimiste aussi, répondit Igor. Le pire est devant nous. Réjouissons-nous de ce que nous avons."

De la douceur, de l'amertume, des pages de l'histoire de la guerre froide et d'Algérie, et beaucoup de d'élégance et de plaisir. Jubilatoire.

Encore un choix juste du prix Goncourt des Lycéens de 2009.


Quelques faits historiques intégrés dans ce roman:


'Quand, le 4 novembre (1956), les Russes envahirent Budapest [...]'

Le 16 juin 1961, au cours de sa tournée européenne avec le Kirov, durant laquelle il a fait preuve d'indiscipline en rencontrant des étrangers lors de son séjour en France, Rudolf Noureev apprend, lors de son passage à l'aéroport du Bourget, qu'il ne suivra pas le reste de la troupe à Londres où doit se poursuivre la tournée, et qu'il est censé retourner à Moscou en raison de la maladie supposée de sa mère.
Avec l'aide de Pierre Lacotte et de leur amie commune Clara Saint, il parvient à fausser compagnie à ses gardes du KGB, et demande finalement l'asile politique à la France.





Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les autorités de la République démocratique allemande (RDA) érigent une enceinte fortifiée sur la ligne qui sépare à Berlin leur zone, sous occupation soviétique, des zones sous occupation américaine, anglaise et française.

'Ce 7 janvier 1962, un attentat au plastic de l'OAS avait dévasté le petit appartement où Jean-Paul Sartre vivait avec sa mère, au quatrième étage du 42, rue Bonaparte, depuis 1946.'

196: 'Mon traître' de Sorj Chalandon

Genre : de l'amitié, la loyauté et l'engagement en terre Irlandaise

Histoire
Antoine, luthier parisien, se prend d'amitié profonde avec des Irlandais de Belfast, Jim Cathy, et Tyrone, jusqu'à vouloir s'engager auprès d'eux dans leur lutte contre le gouvernement britannique. Mais la trahison d'un de ses amis combattants vient douloureusement faire vaciller les fondements de son engagement.



Impressions

Tourbillon de l'histoire, des marches silencieuses face aux blindés anglais, des grévistes de la faim, des murs peints aux couleurs des 2 camps avec les portraits de leurs martyrs.

A travers Antoine,
... J'ai revécu mes quelques séjours en Irlande du Nord, Belfast, Londonderry, où les blindés anglais patrouillaient, les armes pointées, les regards tendus. Des quartiers bien identifiables par les couleurs, séparés par des terre-pleins déserts, no-man's land austère.
... J'ai revu ces contrôles musclés d'Irlandais plaqués contre les carrosseries de leurs véhicules, fouillés par ces soldats en alerte.
... J'ai revécu ces soirées dans les salles arrières de pubs dans le Donegal, où chants, violons, fiddles et bodhran s'entremêlaient, et que mes voisins me précisaient qu'il s'agissait de chants patriotiques de l'IRA.
... J'ai ressenti cette chaleur, cet accueil, cette fraternité de ces Latins du Nord, malgré la rudesse de leur quotidien.
... J'ai goûté à nouveau avec plaisir l'âcreté de la Guinness, rude et chaleureuse à la fois, comme les Irlandais.

Un roman intense d'un grand auteur.

Il me tarde de dégotter dans une librairie 'Retour à Killybegs', palympseste de 'Mon traître' selon un blogueur !

samedi 18 avril 2015

195: "Soufi, Mon Amour" de Elif Shafak


Genre : contes initiatiques d'amours inter-temporelles


Histoire

Trois enfants, un chien, une maison dans le Massachusetts, le suivi de cours de cuisine, un rythme quotidien à la maison réglé comme une horloge suisse, un mari infidèle ( ;) ), quoi de plus pour le bonheur d'Ella Rubinstein, quarantenaire américaine...


Et non, elle se morfond... (ah les femmes, jamais satisfaite !)
Pour combler son ennui, elle est engagée comme lectrice par un agent littéraire et reçoit un manuscrit à analyser, "Doux Blasphème" écrit par un certain Aziz Zahara. Cette histoire de Shams de Tabriz, derviche errant du 13ième siècle va plonger Ella dans le monde inconnu du Soufisme  et de ses derviches tourneurs jusqu'à lui faire tourner la tête et le cœur et lui ouvrir la  voie vers un lâcher-prise et l'Amour.


 

Impressions

(A ne lire qu'après avoir lu ce roman, que je vous conseille !)

Le début m'a un peu fait peur, très cliché de l'américaine modèle trompée (Desperate Housewife ...). Mais très vite, la lecture est rythmée par cette alternance entre l'échange contemporain épistolaire d'Ella et Aziz, et les errances en 1242 de Shams à la recherche de l'absolu. Le quotidien américain d'Ella de sa vie de mère-épouse passera en arrière plan, marqué par la transformation étonnante de ses relations avec son entourage.

C'est d'abord la découverte du Soufisme qui prévaut, un courant mystique de l'Islam, tolérant, prônant l'amour, la recherche de l'essence des choses, la spiritualité, l'échange, le respect des hommes et des femmes, la quête du cinquième état, le Vide -titre de la cinquième partie du roman- l'oubli total de soi.



A l'image d'une lecture des paroles sacrées portée vers la tolérance, l'amour, comme la sourate
« Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs de Dieu accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes, et protègent ce qui doit être protégé, pendant l'absence de leur époux, avec la protection de Dieu. Quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de raison contre elles, car Allah est, certes, Haut et Grand !
Traduit par Shams :
« Les hommes sont les soutiens des femmes car Dieu a donné à certains plus de moyens qu'à d'autres, et parce qu'ils dépensent leurs richesse ‘pour subvenir à leurs besoins). Les femmes qui sont vertueuses sont donc obéissantes à Dieu et préservent ce qui est caché, comme Dieu l'a préservé. Quant aux femmes que vous sentez rétives, perlez-leur gentiment, puis laissez-les seules au lit (sans les molester) et venez au lit avec elles (si elles le souhaitent). Si elles s'ouvrent à vous, ne cherchez pas d'excuse pour les blâmer, car Dieu est, certes, Haut et Grand »




En reflet de l'histoire d'amour philosophique entre Shams et l'érudit Rumi -qui a épousé une chrétienne-, naît entre Ella et Aziz cette passion à distance qui métamorphose l'héroïne.
Ces duos sont enrichis par des chapitres où s'exprime la voix d'autres personnages pittoresques, l'ivrogne, la prostituée, le professeur ...

En résumé quelques clichés et une prose assez quelconque (en tout cas dans la version française que j'ai lue), compensés par une construction rythmée et un conte initiatique voyage très riche dans le temps, l'amour, la spiritualité.
 
Roman riche de deux histoires en parallèle qui s'entrelacent au delà des préjugés.
Enorme succès en Turquie, patrie de l'auteure.

dimanche 5 avril 2015

194: "Il pleuvait des oiseaux" de Jocelyne Saucier

Genre : ode à l'amour et l'amitié dans le grand nord canadien

Histoire
Dans le Nord du Canada, 3 vieux vivent en retrait du monde.
Une photographe, en quête d'un témoin des Grands Feux qui ont ravagé ces terres au début du 20ième siècle, vient à leur rencontre.



Impressions

Refuge d'hommes en fin de parcours, solitaires dans leurs cabanes de rondins avec leur chien fidèle, mais solidaires aussi face aux rudesses de la nature. On s'imagine dans ces forêts immenses, sauvages, vivant avec le cycle des saisons.

  • Terre d'exil pour 3 êtres vieillissant, amochés par leurs passés respectifs, épris de liberté, même celle de choisir l'instant de sa mort avec chacun sa boîte de poison.
  • Seuls liens avec l'extérieur, 2 jeunes marginaux, un cultivateur de marijuana et un gardien d'hôtel fantôme, deux touches atypiques qui colorent le récit.
  • Et enfin, ces 2 femmes faisant irruption au milieu de ces 'ours', des arrivées habilement amenées, avec beaucoup de pudeur et de sensibilité. 

Et pour couronner le charme de ce roman, l'auteure nous plonge dans un épisode historique douloureux de l'Ontario qu'elle dévoile comme un puzzle, pièce à pièce, jusqu'à l'issue où les pièces assemblées lèvent le voile sur les énigmes.

"La boîte était sur la tablette au-dessus du lit de Charlie. Une petite boîte en fer-blanc de forme cylindrique. Elle contenait des cristaux blancs de la taille du sel à marinade. De la strychnine. Du poison à renard, m'ont-ils expliqué, un reliquat de trappe, ça vous tue un renard en trois secondes et un homme en moins de dix.
Chacun avait sa boîte de sel et s'il fallait un jour aider, chacun savait où était la boîte de l'autre."

Superbe récit.
Dernier roman du concours interCE de cette année, incontestablement un de mes préférés.



Le grand incendie de 1916

Une chaleur insupportable se dégageait, le 29 juillet 1916. Il n’avait pas plu depuis plusieurs semaines, et les forêts et les champs étaient asséchés. Les colons défricheraient les terres en abattant les arbres et en brûlant des débris.
Des vents violents propagèrent les feux allumés par les colons, qui devinrent un seul brasier qui s’étendit sur un front de 64 km, du lac Nellie à Ramore. Les systèmes de transport, de communication et de protection contre les incendies dans le Nord de l’Ontario n’étant pas ce qu’ils sont aujourd’hui: les efforts de lutte furent vains et ce n’est que la pluie du début du mois d’août qui eût raison des flammes.
Iroquois Falls, Porquis Junction, Kelso, Nushka, Matheson, Ramore, Homer et Monteith furent rasés, en tout ou en partie. Environ 500 000 acres de terre furent détruites. La catastrophe emporta 223 personnes, dont des familles entières. L’incendie fut l’un des pires de l’histoire canadienne.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

Grand Canyon