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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

jeudi 28 novembre 2019

392: 'Le dieu vagabond' de Fabrizio Dori, BD

Genre : épopée graphique lumineuse

Histoire
Après avoir offensé Artémis, le satyre Eustis est condamné à vivre comme un vagabond sur Terre. Pour se libérer de cette condition, il doit rendre service à Séléné, une des sœurs d'Artémis.


Impressions
Ce roman graphique de 150 pages est tout simplement un bijou.
Il réunit:
  • Un graphisme éclatant de couleurs,
  • un univers humoristique et poétique de dieux côtoyant les soins psychiatriques, 
  • des références à Van Gogh et à d'autres artistes majeurs,
  • et des personnages attachants, Eustis, le satyre héros du récit, attachant, le vieux professeur qui cite Homère et Virgile, Léandros à la dent douloureuse, en manque de reconnaissance de sa bravoure.
Et une invitation à un voyage onirique dans le monde de l'Olympe.
En rencontrant Pan, dieu des forêts et des pâturages, Artémis, déesse de l'Olympe et fille de Zeus, déesse de la Lune, soeur d'Apollon, la Lune déclinée selon ses 3 visages:
  • Lune croissante, gouvernée par Artémis
  • Lune décroissante qui revient à Hécate, déesse de la magie, reine des spectres, gardienne des portes et de la croisée des chemins.
  • Pleine Lune sous le règne de Séléné.

En visitant:
- Le Royaume des morts, domaine souterrain du dieu Hadès
- La fabrique des âmes : l'image de l'homme est remise à Ananké, la déesse de la Destinée, qui la plante dans l'âme comme une graine en terre, puis l'âme est plongée dans le Léthé, le fleuve de l'oubli.
Le puits de Thanatos, le dieu de la mort, dans le monde des Invisibles, qui communique avec le puits d'Hypnos, dieu du sommeil, situé dans le domaine d'Arès, fils de Zeus, dieu de la guerre
- Les Portes du sommeil, gardées par les Oneiroi, fils du sommeil et de la nuit, constructeurs des rêves.avec "la porte d'ivoire qui mène aux rêves trompeurs, celle faite en corne aux rêves véritables...
Homère en parle dans l'Odyssée... Virgile également dans l'Enéide."



Thanatos et Hypnos transportant Sarpédon

Thanatos (Gr. Θάνατος; Lat. Mors), personnification de la Mort, et Hypnos (Gr. Ὕπνος; Lat. Somnus) son frère jumeau, personnification du Sommeil étaient les fils de Nyx, la Nuit.

A la poésie s'ajoute un ton désabusé mêlé à de l'humour, à l'image du cabinet du docteur Chiron, psychothérapeute des dieux, médecin spécialiste dans les troubles d'adaptation...


Le dieu vagabond 2


Quel graphisme ! Mélange d'humour et de poésie, une bande dessinée onirique bijou de 150 pages.




vendredi 15 novembre 2019

391: 'J’ai vendu mon âme en bitcoins' de Jake Adelstein

Genre : cyber-braquage de bitcoins en pays Nippon

Histoire
Mark Karpelès, patron français de la société japonaise Mt. Gox, une gigantesque plateforme d’échange de bitcoins basée à Tokyo, est arrêté par la police nippone qui le soupçonne d’avoir détourné 850 000 bitcoins (environ 500 millions de dollars). Comment en est-il arrivé là ?




Impressions

Ce roman fait découvrir ces objets financiers imaginés en 2008, les Bitcoins, et la blockchain associée.

Le Bitcoin (₿, BTC) (de l'anglais bit : unité d'information binaire et coin « pièce de monnaie ») est une cryptomonnaie autrement appelée monnaie cryptographique. Dans le cas de la dénomination unitaire, on l'écrit « bitcoin » et, dans le cas du système de paiement pair-à-pair on l'écrit « Bitcoin ». L'idée fut présentée pour la première fois en novembre 2008 par une personne, ou un groupe de personnes, sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Le code source de l'implémentation de référence fut quant à lui publié en 2009.

Une blockchain est une base de données partagée entre tous les membres d'un réseau qui s'accroît sans interruption et dont l'objectif est l'enregistrement chronologique, immuable et sécurisé des transactions réalisées entre les membres de ce réseau.
Les données sont stockées dans des blocs scellés et reliés les uns aux autres à l'aide d'un processus cryptographique.
Les blocs sont ajoutés les uns après les autres sans qu'il soit possible de changer leur ordre d'ajout.
Chaque membre du réseau détient une copie de la blockchain.


On apprend aussi sur le dark web -la partie cachée du Web-, ou l'expression du mouvement libertarien dans le Web.

"Si la première commande en bitcoins fut pour une pizza, il ne fallut pas attendre longtemps pour que les gens se rendent compte que cette monnaie anonyme était parfaite pour se procurer des armes, de la drogue, des médicaments, des champignons hallucinogènes, des films pornos ultra-hardcore et toutes ces petites choses que vous aimeriez pouvoir acheter et vendre sans que cela se sache. "

Cette enquête tourne autour de plusieurs protagonistes principaux:
  • Mark Karpelès, jeune geek français émigré au Japon,
  • Satoshi Nakamoto, le mystérieux ‘inventeur’ du bitcoin, 
  • Dread Pirate Roberts (dit DPR), le créateur de Silk Road (un Amazon de la dope et des armes, et à peu près tout ce qui est illicite)
Et d'autres intervenants comme Carl Mark Force IV, un agent des stups chargé d’une mission d’infiltration montée par un dénommé Der-Yeghiayan.


Ne vous attendez pas à un récit romancé, ou à un thriller avec un fil conducteur qui vous tiendra en haleine.
C'est factuel, le résultat d'un enquête menée par l'auteur assisté de Nathalie Stucky.

Reportage instructif qui se lit vite. Documentaire mais pas littéraire.

A propos de l'auteur
Installé à Tokyo depuis une trentaine d’années, cet ancien collaborateur de VICE News a été le premier journaliste non-japonais à écrire pour le Yomiuri Shimbun, le plus grand hebdomadaire nippon.




vendredi 8 novembre 2019

390: 'Tokyo Sanpo' de Florent Flavouet, BD

Genre :  "Il paraît que Tokyo est la plus belle des villes moches du monde"

Histoire
Florent a accompagné sa copine en stage de 6 mois à Tokyo en juin 2006.
Six mois pour explorer cette mégalopole en croquant les scènes du quotidien dans plusieurs quartiers, armé d'une chaise pliante et d'une boîte de crayons de couleur.





Impressions
Ce n'est pas un guide Vert ou du Routard, ni une étude sociologique des Tokyoïtes, ni un roman graphique.
C'est un carnet de voyage, illustré de croquis souvent craquants des gens, des immeubles étonnants, d'anecdotes, des objets en vente pour lesquels il collectionne les étiquettes qu'il ne comprend pas... 
Les dessins sont soignés, le graphisme est vivant et animé de détails humoristiques.




L'auteur enrichit ses croquis de nombreuses descriptions, d'impressions personnelles et de réflexions générales. "A mon retour en France, on m'a demandé si c'était bien, la Chine. Ce à quoi j'ai répondu que les Japonais, en tout cas, y étaient très accueillants."




"Un peu spécial le nô.
J'ai pas trop suivi ce qui se tramait, mais à la fin du dernier spectacle, un acteur a balancé plein de petits paquets d'apéro à la foule. Et une dame m'en a donné.
Imaginez André Dussollier jeter des Apéricube à son public."

Je reviens d'un séjour à Tokyo, et la lecture des pages de ce recueil graphique me replonge avec plaisir dans ces quartiers où comme l'auteur j'ai la chance de venir assez régulièrement et d'éprouver énormément de plaisir à déambuler.

Gros coup de cœur. Quel regard d'observation et quel coup de crayon !

Petite suggestion: allez sur son blog 
https://florentchavouet.blogspot.com/

lundi 4 novembre 2019

389: 'Le capital au XXIè siècle' de Thomas Piketty

Genre : des inégalités de la répartition des richesses

Histoire
Thomas Piketty traite de l’évolution de la répartition des richesses dans le long terme et du rapport entre l’accumulation de capital privé et sa concentration. Il s’agit, « au début de ce siècle de tirer de l’expérience des siècles passés quelques modestes clefs pour l’avenir » portant sur l’évolution des inégalités de revenu et de patrimoine tout en sachant que « l’histoire invente ses propres voies » 

Impressions

Il faut un grand élan de courage ou d'inconscience pour se lancer dans ce pavé de presque 1000 pages dans son édition initiale...
Certes l'écriture et les explications sont accessibles pour un non initié à la science de l'économie et du social, mais c'est dans le dur avec de nombreuses références que l'étude est présentée.

Dans le monde de l’enseignement et de la recherche, Piketty se situe avec un certain panache du côté de celles et ceux qui cherchent à résister à l’emprise presque sans faille que les néolibéraux ont établie sur les départements de science économique et sur la section économie du CNRS.

"Il est français, économiste et, selon certains de ses critiques, marxiste. Et pourtant, le pavé de 685 pages qu'il a fait paraître sous le titre Le Capital au XXIe siècle trône depuis mardi dernier au sommet de la liste des best-sellers de la version américaine d'Amazon."


En effet c'est un livre édité en 2013 qui a eu un succès retentissant, surtout en regard de son aridité et de son caractère critique de la pensée dominante des dirigeants et de la sphère des économistes.
Une analyse reposant sur une étude approfondie des données mondiales en impositions et patrimoines qui permet de mettre à plat les dogmes. Et surtout qui met sur la table de manière factuelle les situations paradoxales que les dirigeants s'évertuent à faire paraître comme naturelles et inexorables.

Par exemple les efforts  continuellement demandés en agitant l’épouvantail de la dette publique ...

Il n'en reste pas moins qu'avec une dette publique avoisinant une année de revenu national (environ 90 % du PIB) en moyenne dans les pays riches le monde développé se retrouve aujourd'hui avec un niveau d'endettement qu'il n'avait pas connu depuis 1945. Le monde émergent, qui est pourtant plus pauvre que le monde riche, à la fois en revenu et en capital, a une dette publique beaucoup plus modérée (autour de 30 % du PIB en moyenne). Cela montre à quel point la question de la dette publique est une question de répartition de la richesse, en particulier entre acteurs publics et privés, et non pas une question de niveau absolu de la richesse. Le monde riche est riche ; ce sont ses États qui sont pauvres. Le cas le plus extrême est celui de l'Europe, qui est à la fois le continent où les patrimoines privés sont les plus élevés du monde et celui qui a le plus de mal à résoudre sa crise de la dette publique. Étrange paradoxe."

Ou le mythe de l'autorégulation du système capitaliste pour le bienfait des citoyens grâce à un mécanisme naturel et vertueux...

Mais une conclusion apparaît d'ores et déjà clairement : il serait illusoire d'imaginer qu'il existe dans la structure de la croissance moderne, ou dans les lois de l'économie de marché, des forces de convergence menant naturellement à une réduction des inégalités patrimoniales ou à une harmonieuse stabilisation.

Le fondement théorique en est (p.92-93) une « inégalité fondamentale », pour ne pas dire une loi, qui ne peut être corrigée que par l’action politique et des mesures étatiques. Elle se résume dans la notation toute simple r > g, qui dit que le taux de rendement du capital, lequel comprend les profits, les dividendes et les intérêts nourrissant la rente financière, mais aussi les loyers attenants à la rente immobilière à laquelle Piketty prête fort justement grande attention, est tendanciellement supérieur au taux de croissance. Le constat statistique est que, sur un siècle et demi, le rendement du capital après impôt a été de l’ordre de 4 à 5 % par an, tandis que la croissance moyenne des pays riches a été de l’ordre de 1 à 2 %, conduisant mécaniquement à une concentration toujours plus élevée des patrimoines. 

La lecture du livre section par section est généralement claire et facile, sa structure en rend le maniement ardu et l’accessibilité assez difficile.


Conclusion: une lecture ardue et extrêmement riche. L'auteur conseille son ouvrage plus récent 'Capital et idéologie'.

Thomas Piketty

Directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'École d'économie de Paris, il est l'auteur de nombreux travaux historiques et théoriques consacrés à la relation entre développement économique, répartition des richesses, et conflit politique.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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