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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

lundi 21 décembre 2015

219: "Le chat de Shrödinger" de Philippe Forest

Genre : philosophie quantique ou cantique philosophique ?

Histoire
"l'histoire d'un homme sans histoire, se faisant le chroniqueur des événements insignifiants survenus dans son existence à partir du plus minuscule de ceux-ci, l'arrivée dans son jardin d'un chat errant, et devenant la proie d'un délire assez extravagant en s'imaginant pouvoir reconstruire à partir de là une démonstration assez vaste pour englober à la fois le système de sa vie et celui de l'univers indifférent tournoyant avec ses phénomènes autour de lui."
page 259, édition Gallimard 2013, folio


Impressions
Coup de cœur.
Philippe déroule le fil de ses pensées initié par l'évocation de l'expérience de Shrödinger imaginée pour mettre en évidence les lacunes de l'interprétation par l'école de Copenhague de la physique quantique.
Selon l’interprétation de Copenhague, un système quantique peut se trouver dans une superposition de différents états et ce n’est que lorsqu’on cherche à mesurer celui dans lequel il se trouve qu’il en « choisit » un, de façon aléatoire

Un autre thème nourrit les réflexions, l'astrophysique. En particulier Philippe Forest évoque Hugh Everett qui a développé l'hypothèse des mondes multiples qui peut être à l'origine de l'idée que dans notre univers infini, toutes les situations coexistent dans des mondes parallèles.
Cependant, il ne s'agit pas un ouvrage scientifique, c'est un recueil des errances de la pensée de l'auteur, qui broie du noir comme cette encre de la nuit qui tombe.

C'est en effet surtout le chagrin d'un père inconsolable, qui se réfugie dans le whisky et l'écriture (L'auteur a perdu sa fille de 4 ans morte d'un cancer des os). Comme le chat de Shrödinger, l'auteur semble à la fois mort et vivant. 
(L'auteur décrit d'ailleurs avec beaucoup de d'intelligence la tristesse dans le chapitre 'Faisons comme si').


Un livre inclassable et difficile d'accès qui risque de rebuter de nombreux lecteurs. Gymnastique intellectuelle, ambiance nocturne blues, entrelacs de thèmes sur la vie, l'infini, le deuil, la réalité... Entrechats subtils, déroutants mais captivants. Miaou !


vendredi 4 décembre 2015

218: 'La condition pavillonaire' de Sophie Divry

Genre : éclairage cru sur la condition féminine en France au 21 ième siècle

Histoire
M.A. a un mari aimant, des enfants et un pavillon.
M.A. est insatisfaite, un désir, un besoin est inassouvi. Elle cherche, teste, alors que l'horloge tourne.

"Puisque c’était cela, fonder une famille ; devenir reine et esclave à la fois ; ..."



Impressions
Est-ce que les initiales M.A. de l'héroïne signifient qu'il s'agit d'une histoire vraie pour laquelle il est nécessaire de préserver l'anonymat ? En tout cas, au regard des événements extrêmement communs de cette histoire, un tel récit peut être le résultat de la concaténation de frais réels.

En reposant ce livre de 260 pages, mes impressions sont mitigées.

La profusion de détails du quotidien routinier m'ont lassé. Le frigidaire avec ses magnets et cartes postales qui ronronne ou la machine à laver pour laquelle l'auteur dédit une description millimétrique d'un cycle de lavage, passionnant ! Ce style est dit factuel, se traduisant par exemple par 3 pages de définition d'une voiture ! Artifice d'écriture sans doute choisi pour illustrer la prison des objets et l'ennui du quotidien, l'incarcération de M.A. dans sa condition de femme-épouse-mère. Mais qu'est-ce qu'on s’ennuie parfois, ou plutôt je devrai écrire, qu'est-ce que tu t'ennuies parfois. En effet le 'Tu' est le sujet du récit, l'auteur s'adresse au lecteur.

Ce roman est souvent comparé à Mme Bovary dans les critiques du Web, je suis sceptique... Sophie Devry maîtrise indéniablement la langue, l'écriture et la construction du roman, et peut-être le résultat est trop pensé, la réalité crue du quotidien règne impitoyablement, peu de place est donnée à la poésie ou à la fantaisie.

"Le café qui sortait de la machine était noir, lourd en bouche, aux aromatiques puissants, il rendait plus précieux ces moments entre vous." 
"... vous vous réjouissiez de découvrir cette profondeur, à croire qu'en soumettant vos existences de femmes à de tels décorticages, vous tiriez bénéfice, toutes à présent ménopausées, d'un exhausteur de goût."


Routine d'une femme ordinaire de notre siècle. Un roman pour les lectrices qui leur permet de relativiser leur propre histoire ?...
Une critique féminine très enthousiaste pour ce roman (site Babelio) donne une clé de lecture pour la gent masculine: " Dans ce récit incisif et bien construit, qui bascule au milieu du livre, Sophie Divry s'adresse à M.A. à la deuxième personne du singulier. Tout en étant original, cela facilite l'identification du lectorat féminin. Néanmoins, messieurs, ne négligez pas ce livre, il vous apportera un éclairage assez cru sur la psychologie féminine."

Grand merci pour cet éclairage cru.



Car il est illusoire de dénombrer les incohérences de M.A. comme par exemple lorsqu'elle pleure son mari défunt

"- Ah, mon François, il va me manquer mon François.
"Le plus triste, c'était de manger seule, c'était le lit vide. Ton mari avait été une armure entre le monde et toi..."

Après l'avoir jugé sévèrement, sans appel

"... Il eut même la franchise de te dire un soir:
- Moi, tu sais, ce que j'aime, surtout, c'est sortir avec toi. Quoi qu'on fasse, je serai toujours content.
Tu cherchais de grands discours sur l'art, tu recevais des paroles d'animal domestique."
Sans doute est-ce typiquement féminin ou tout simplement humain ?...

dimanche 29 novembre 2015

217: 'La douce empoisonneuse' de Arto Paasilinna

Genre : humour noir finlandais


Histoire
Linnea Ravaska, veuve et colonelle à la retraite, vit des jours tranquilles dans sa maison de campagne proche d'Helsinki. Seule -et non des moindres- tâche à ce tableau: 3 crétins, son neveu et ses acolytes viennent une fois par mois lui empoisonner la vie.


Impressions
Remède à la morosité, sentiment plutôt d'actualité ces jours-ci.
Les situations cocasses se succèdent, moins frénétiquement cependant que dans le Lièvre de Vatanen. C'est un motif plus consistant qui guide le récit, à savoir cette lutte entre la vieille et respectable colonelle et ces 3 abrutis délinquants.
Ecriture fluide, drôle et à prendre au second degré.
Les péripéties sont rocambolesques et ponctuées de références inattendues.

Savoureux d'immoralité, humour décalé et décalqué.

vendredi 27 novembre 2015

216: 'Bienvenue au Club (The Rotters' Club)' de Jonathan Coe

Genre : tranches de vie sous l'ère du Tchatchérisme, Bienvenue chez Jonathan Coe


Histoire
Benjamin, Doug, Philip, Steve, Cicely, Miriam, Lois, des jeunes de Birmingham dans les années 70, vivant les années collège puis lycée, une bande de potaches avec un rigolo, une jolie fille, un amoureux de la musique, un beau et sportif Jamaïcain, des disques et des baisers échangés, des virées nocturnes ou à la capitale.
Comme dans de nombreux autres pays occidentaux, une société qui mute, qui subit des attentats, une société empreinte d'humanité et d'universalité.



Impressions
Tableau de l'Angleterre foisonnant de personnages et d'angles de vue. La chronique de l'adolescence de Benjamin est au cœur du roman, mais s'y entremêlent avec brio de nombreux autres destins auxquels l'auteur donne de l'épaisseur, comme ceux injustes de sa sœur Lois ou de Steve. C'est aussi une chronique sociale, où la crise économique et sociale se pointe, où le punk remplace le rock, où la solidarité entre les gens s'effrite.
L'ambiance est douce-amère, servie par une écriture dynamique et de styles très variés, lettres, articles, interviews...


Instructif et divertissant. En fermant ce roman, pas de souvenirs précis mais plutôt une impression rémanente d'avoir partagé un bout de chemin d'un groupe de potes et de leur entourage dans un contexte de société en mutation vers l'individualisme.

Une suite existe, 20 ans après.

samedi 14 novembre 2015

Vendredi 13 novembre : Paris et la France endeuillés

Tristesse jusqu'au fond des tripes, pensées solidaires avec les familles de victimes de ces barbares, et profond besoin de résister et de lutter

posté sur son site par un graphiste français vivant à Londres: http://www.jeanjullien.com/

jeudi 12 novembre 2015

215: 'Opium Poppy' de Hubert Haddad

Genre : destin tragique d'une enfance instrumentalisée et sacrifiée


Histoire
Un jeune paysan afghan voit son destin d'enfant sacrifié par la guerre et le trafic d'opium.

'On part découragé, en lâche ou en héros, dans l'illusion d'une autre vie, mais il n'y a pas d'issue. L'exil est une prison.'


Impressions
Du producteur au consommateur de cette poudre diabolique, butin précieux convoité par les différents clans, les ethnies, les groupes religieux plus ou moins extrémistes.
Les paysans pauvres qui sèment et collectent ces fleurs n'ont pas leur mot à dire, ils subissent.

"Lorsque les balles remplacent les mots, l'instinct de vie s'étiole avec l'espérance."

"Malalaï était le lait chaud de ses yeux ; elle l'accueillait presque nue, dans sa longue tunique serrée à l'encolure et aux poignets. Son cou d'oiseau migrateur, ses mains de sucre, ses fines chevilles qui vibraient à chaque pas, n'était-ce pas ce que nul ne pouvait voir ?"

Servie par une écriture distillée et sans apparat, la construction du roman est très habile, le présent d'Alam en terre française alterne avec le passé afghan et la fuite vers un monde plus respectueux, quoique... D'un enfant curieux d'apprendre, vibrant au voisinage de la belle Malalaï, la cruauté des hommes et de leurs guerres le transforme en un être dépourvu de tout repère, de tout sens de la vie, ayant perdu sa capacité de rire ou d'aimer, son nom, et même plus...
Corps déchiquetés, visages de femmes vitriolés, l'horreur règne, les violences barbares pleuvent. Pistolets, kalachnikovs, bazookas, grenades, les armes de guerre massacrent et consomment la chair des innocents dont ces soldats-enfants envoyés en avant-poste par ces assassins sans humanité.

"Rien n'échappe à la violence, le monde n'existe plus, on égorge l'agneau et l'enfant d´un même geste, dès qu'une femme rit trop fort ou danse avec un autre, on l'attache et l'assomme de pierres aiguës. "

Une claque. Un récit poignant servi par un artiste de la langue française. Quelle puissance narrative. Voici un auteur dont je m'empresserai de lire d'autres œuvres.


Prix Renaudot Poche 2009

mardi 10 novembre 2015

214: 'Mémoire d'un porc-épic' de Alain Mabanckou

Genre : agent double africain


Histoire
Un porc-épic se confie à un baobab; il lui raconte sa vie de double maléfique d'un être humain nommé Kibandi. Kibandi est mort mais bien des actes sanguinaires ont été perpétrés avant...

'... ces hommes qui vont en Europe, nom d’un porc-épic, deviennent si bornés qu’ils estiment que les histoires de doubles n’existent que dans les romans africains, et ça les amuse plutôt que de les inciter à la réflexion, ils préfèrent raisonner sous la protection de la science des blancs, et ils ont appris des raisonnements qui leur font dire que chaque phénomène a une explication scientifique.'


Impressions
Selon une légende africaine, chaque homme possède son double animal dans la nature. Terrifiant, quel est mon animal double ?

"... pour simplifier les choses et ne pas polluer ton esprit, je dirai que les romans sont des livres que les hommes écrivent dans le but de raconter des choses qui ne sont pas vraies, ils prétendent que ça vient de leur imagination, il y en a parmi ces romanciers qui vendraient leur mère ou leur père pour me voler le destin de porc-épic,..."

Ni ponctuation ni majuscule, seules des virgules permettent de souffler. Le récit est enlevé, rythmé, passé et présent s'entremêlent.
Ambiance africaine qui m'a fait penser à la poésie et à la fantaisie de Kirikou. On retrouve les fétichistes, les sorciers, les sceptiques, les cases, les animaux sauvages. Cet animal se montre attachant et drôle, plus que son alter ego humain dont on ne pleure pas la mort. C'est même sans doute cet avis critique envers la nature humaine qui sauve le porc-épic !

Une histoire qui ne manque pas de piquants, dont il ne faut pas trop s'approcher ! Alain Mabanckou est un excellent conteur.

Prix Renaudot 2006

lundi 9 novembre 2015

213: 'Le Miel' de Slobodan Despot

Genre : yougosnostalgie, sucré - salé


Histoire
Une herboriste serbe Vera descend du car tombé en panne pour donner 300 deutschemarks à un forcené qui hurle et menace un vieux prostré dans l'habitacle d'une voiture, elle aussi en rade sur cette autoroute. Vera donne toutes ses économies pour que l'énergumène, Vesko K. épargne la vie du vieillard. De son nom Nikola K., ce vieillard est en réalité le père de l'excité,  un apiculteur dans l'âme...

'... elle discernait dans l'habitacle un pantalon de flanelle usé, un blouson bleu d'ouvrier et, posée sur la cuisse, une main maigre et frémissante comme un oiselet.'

'La succession de crises qui avaient frappé la Yougoslovie avait ôté à cet humble serviteur de la ligne 67 tout espoir de relève.'


Impressions
Après la guerre des districts de ce monde des jeux (Hunger Games), voilà un court roman qui plonge dans ce conflit hélas beaucoup moins fictif de cette ex-Yougoslavie.

L'auteur suisse d'origine  remémore pas seulement la guerre des années 90 mais aussi celles de la seconde guerre mondiale, avec l'évocation des crimes des Oustachis qui ont créé le premier camp de concentration à Jasenovac. Guerres de religion, d'ethnies, de politiques, beaucoup de souffrances, de proches disparus, et tous perdants.
Heureusement le miel adoucit les rudesses, soigne les blessures, réconcilie les anciens ennemis. C'est la leçon du vieux Nikola, sauvé par Vera qui partage avec cet ancien la connaissance du pouvoir de ce nectar divin.

Construction extrêmement habile avec ce jeu de relais de narrateurs: le narrateur écoute Vera qui l'a soigné, Vera témoigne de l'histoire confiée par Vesko venu lui apporter les 50kg de miel sur ordre de son père, et Vesko raconte. 

Des épisodes de l'Histoire avec un grand H ponctuent les pérégrinations et les destins mouvementés des uns et des autres. Cette Iliade du fils qui a oublié ses terres d'origine et qui doit rapatrier son père au péril de sa vie en traversant ces régions tout juste pacifiées est extrêmement prenante, servie par une écriture juste et parfois drôle.

Très beau conte d'une famille éparpillée par les aléas de la guerre.
Gros coup de cœur pour ce premier roman (et de l'auteur et du concours InterCE Alice de cette année).

Quelques éléments pour vous aider à situer les actions, surtout le périple où Vesko part récupérer son père dans la montagne de Velebit.
Carte de la République serbe de Krajina de janvier 1993 à mai 1995.
'L'histoire de Vesko était un fil rouge, ou plutôt une rivière souterraine qui disparaissait pour faire place à d'autres destins, d'autres paysages, pour surgir à nouveau là où on ne l'attendait plus.'

La république Serbe de Krijina autoproclamée en 1991 lors de la guerre d'indépendance de la Croatie, est située autour de la frontière Est avec la Bosnie. En août 1995 l'opération "Tempête" a éradiqué cette éphémère république. 200 000 Serbes prennent le chemin de l'exode, dont le frère de Vesko.
Etendu entre la plus haute crête du Mont Velebit (Vaganski vrh de 1758 m) et la côte Adriatique, une aire de plus de 95 km2, il y a le parc national de Paklenica. Ces majeures attractions sont les monumentaux canyons de Velika et Mala Paklenica, qui ont de profondes falaises, verticales de plus de 400 m de haut. 

'Les ruches de Nkola se trouvaient sur les contreforts du mont Velebit..."


"Il passait son temps à ausculter les essaims et à contempler leur danse affairée et chargée de sens. L'idée de redescendre parmi les humains ne lui était pas venue à l'esprit."

Le parc de Plitvice faisait partie de cette région.

Vesko part de Belgrade en direction du Nord, Szeged, une ville hongroise.
Puis redescend en Croatie vers Osijek, puis Vukovar, suivi de Brod et Karlovac.
Avant de pénétrer dans l'ex RSK...
Vukovar, l'un des théâtres des épisodes les plus sanglants du conflit yougoslave. Le 18 novembre, après 87 jours de siège par les forces de la République Fédérale de Yougoslavie à majorité serbe, les combattants croates quittent la ville. Les Serbes pénètrent la ville en ruine et réunissent les habitants dans le stade, séparant les hommes en âge de se battre des femmes, des vieillards et des enfants. Aucun des hommes ne sera épargné. Même sort pour les 420 blessés de l'hôpital.


mercredi 4 novembre 2015

211 & 212: 'Hunger Games, Tome 2 L'embrasement' et 'Tome3, La Révolte' de Suzanne Collins


Genre : fiction

Histoire

La suite du tome 1.
Après ces jeux sanglants où Katniss a sauvé Peeta en menaçant de se suicider avec les graines empoisonnées, elle devient malgré elle le symbole de rébellion face à la dictature du Capitole. Entre elle et le président, c'est devenu une lutte à mort, l'amour face au pouvoir.




Impressions

Eh oui, je dois l'avouer: j'ai été pris dans ce thriller au point de les dévorer en quelques jours.
La traduction offre un Français simple mais correct, et les événements sont amenés avec adresse, tenant le lecteur en haleine mais aussi introduisant cette empathie pour ces héros malmenés dans leur chair et leur coeur.
Evidemment l'héroïne est vulnérable et endosse le symbole de la révolte à son insu. Ces traits évoquent une forte ressemblance avec Harry Potter, lui aussi faillible et subissant  ce rôle de héros. Tous les deux trouvent leur courage et énergie dans leur amour pour leurs proches, leur famille, amis et être aimé. (Pour Katniss, au niveau sentiments amoureux, le scénario est plus alambiqué car son coeur balance entre 2 hommes.)

Le tableau est noir voire excessivement violent, mais hélas l'actualité quotidienne se fait l'écho de tant de ces violences et injustices. Génocides, guérillas urbaines, otages mais aussi manipulations médiatiques, Panem et Circenses, anéantissement de tout esprit de réflexion, les ingrédients de la géopolitique de notre société sont présents. L'auteur a l'intelligence de nuancer les équilibres, pas de manichéisme, les trahisons, violences, morts sont partagés par tous les camps.

Le troisième tome ne décrit plus un jeu d'arène, mais le lecteur est désormais prisonnier de ces destins alors que la folie s'exprime crescendo. A l'image de Peeta victime d'un lavage de cerveau, la démence s'empare de tous, dans la soif de vengeance de Gale, l'acte imprévisible de Katniss, la décision impardonnable de la présidente du district 13...
Ce format de trilogie amène avec intelligence ce dernier acte dont les blessures des survivants mettront du temps à se fermer.

Un "page-turner" apportant un bon moment de lecture, évoquant la dictature et l'absurdité de la guerre. Un best-seller en livre et en film pour les adolescents.

mercredi 28 octobre 2015

Mes lutins à moi !


Moi aussi j'ai rencontré des lutins se baignant dans une mare de Nara, l'ancienne capitale du Japon. Aucun trucage ! Les cousines Elsie et Frances vont être vertes de jalousie (cf. la chronique sur les trucages en photographie)

210: 'Le Lièvre de Vatanen' de Arto Paasilinna


Genre : écolo-loufoque, le lièvre et le journaliste

Histoire
La voiture de Vatanen, journaliste à Helsinki, et d'un collègue photographe heurte un lièvre en pleine campagne. Vatanen quitte la voiture mais aussi son quotidien pour rejoindre le monde naturel du lièvre.

Impressions
Le récit d'une fuite discontinue, jusqu'à celle de prison.
Roman culte en Scandinavie, un roman qualifié d'"humour écologique". 

A Nara les daims peuvent être dangereux ! Et les lièvres ?

Complètement loufoque. L'absurdité et la violence des hommes vis à vis de leurs semblables et de la nature sont illustrées à travers une succession de personnages caricaturaux et souvent violents. Un prêtre pourchasse le lièvre dans l'église en tentant de le toucher avec un mauser et finit par se tirer une balle dans le pied, un moniteur de ski ex-instituteur enlève le lièvre pour le sacrifier aux dieux païens finlandais, un commissaire à la retraite consacre toute son énergie à prouver que le président finlandais est un imposteur qui a remplacé le vrai, ...
En plus de dénoncer le ridicule des institutions traditionnelles humaines (le mariage, l'armée, la religion), l'auteur semble dire que la méchanceté et les excès de l'homme sont à fuir en retournant aux fondamentaux de la nature. Une note positive est tout de même donnée : à l'occasion des nombreuses rencontres de Vatanen pendant ses pérégrinations, il n'est pas rare de trouver des hommes ou des femmes chaleureux et désintéressés, souvent attendris ou étonnés par ce compagnon aux grandes oreilles.

Un roman court qui court d'étape en étape à travers la Finlande. Assez décontenançant, burlesque et rafraîchissant.

dimanche 18 octobre 2015

Trucage de photographies

Staline ne fut ni le premier ni le dernier personnage historique à falsifier les images

1860: Le président Lincoln pose devant un drapeau et un globe. En réalité seul le visage lui appartient, le reste du cliché étant celui du politicien de Caroline du Sud John C. Calhoun, décédé en 1950...



Guerre Civile dans les Etats-Unis: Le général Ulysses S. Grant pose fièrement sur un cheval devant ses troupes à City Point en Virginie.
Dans la réalité, ce portrait est le résultat de la fusion de 3 images, celle de lui-même à cheval, du corps du général Alexander Mc Cook et d'une photographie de prisonniers confédérés capturés lors de la bataille de Fisher's Hill...


1871: Massacre par les communards de Dominicains à Arcueil pendant les événements de la Commune de Paris, photographie d'Ernest Eugène Appert. En réalité des figurants ont joué des poses excessives et des portraits de communards ont été ajoutés...

1917-1918: les Fées de Cottingley (comté du Yorkshire), photographies prises par Frances Griffiths et Elsie Wright, 2 jeunes anglaises de 10 et 16 ans.
Une actualité sensationnelle qui aura fait beaucoup de bruit, mobilisé des experts, initié des échanges épistolaires nourris entre Conan Doyle et la famille Wright, jusqu'à l'aveu en 1983 par Elsie, alors âgée de 83 ans, que les personnages féériques avaient été découpés des illustrations d'ouvrages...



1934: Le monstre du Loch Ness dans le Daily Mail, un cliché (truqué ?) de Robert Kenneth Wilson.



1936: Mao Tsé-Tung fait effacer Bo Gu de la gauche...
Zhu (2ième à droite) photographié avec Mao, Zhou Enlai (2ième depuis la gauche) and Bo Gu (gauche)

1970: retouche cosmétique d'une photographie de John Filo primée Pulitzer lors de sa publication dans le magazine Life. Un des poteaux de la barrière Mary a été supprimé afin d'éviter de distraire le regard vis à vis de Mary Ann Vechio qui pleure la mort de l'étudiant Jeffrey Miller suite à l'intervention de la garde nationale à l'université de Kent (4 morts et 9 blessés).


2003: La pochette de l'album culte des Beatles 'Abbey Road' voit la cigarette tenue par Paul Mc Cartney floutée dans des reproductions postérieures aux Etats-Unis sans consulter les Beatles ou la maison d'édition Apple Records.

Depuis les photographies retouchées à la main par les dirigeants politiques qui ont tendance à réécrire l'histoire ou d'autres fabulateurs en quête de renommée, le numérique a supplanté l'argentique et PaintShop Pro sévit...

2001: montage par le hongrois Peter Guzli qui a incrusté une image d'avion sur sa photographie depuis le sommet du World Trade Center

2007: quelques bourrelets de M Sarkozy gommés dans l'article de Paris-Match

2008: Le Figaro retouche un portrait de Rachida Dati, effaçant la bague "Liens" de Chaumet, en or gris orné de diamants, 15600 euros...



2009: Toujours sur le créneau des bijoux, Christine Lagarde voit son bracelet visible en 2009 disparaître ou réapparaître au fil des années.


2009: Un type de retouche hélas trop généralisé concerne les photos de mode où les retouches excessives amènent même à des corps improbables filiformes comme celui ici du modèle Filippa Hamilton.


Parmi ces falsifications, certaines sont réellement ostensiblement mal réalisées et méritent d'être citées dans le site des Désastres Photoshop http://www.psdisasters.com/
J'adôôôre ! Non seulement c'est truqué mais surtout c'est très mal fait. Je donne le premier prix aux Chinois qui ne s'embarrassent pas de détails...
Quelques exemples.

2008: un montage désastreux paru dans le Washington où le bras de Phil Mickelson est devant le buste de Tiger Woods alors que le club de Tiger est devant la tête de Phil !


2008: Notre vedette de la distinction, le cavalière lors d'un meeting à Milan 'Noi amiamo Silvio'. Un bouquet a été ajouté, l'angle du muret est inconsistant et des parties du public ont été doublées (en rouge)...


2008: Une illustration par Roger Karcoutchi de l'UMP Ile-de-France pour dénoncer l'aspect invivable du périphérique parisien depuis l'arrivée au pouvoir des socialistes. Chercher l'erreur...



2011: En Chine, une visite officielle avec des montages de débutants...


2011: Elue au parlement canadien, Rathika Sitsabaiesan a fait effacer son décolleté.

2011: Cette photographie de Bashar Al-Assad prêtant serment devant le nouveau gouverneur de Hama est truffée d'incohérences (ombre la table identique sur le tapis et le carrelage, pas d'ombres pour ces 2 personnages ...).


2012: le leader de l'église russe orthodoxe Patrich Kirill I voit sa montre Breguet de 30 000$ disparaître mais pas le reflet !


2013: En Chine dans le district de Yuhan, les personnages officiels lévitent au d...

2013: Un exemple des manipulations surement innombrables de l'image par le dictateur nord-coréen Kim Jong, ici recevant le basketteur américain Dennis Rodman, surement avantagé sportivement par ses ... 3 mains. Celle d'un traducteur gênant sur l'image ?


2013: Un autre exemple ici en Chine de montage désastreux, de la visite d'autorités de la province Annhui pour honorer un aïeul. Les erreurs d'échelles et d'incrustation des visiteurs sur fond de balcon sont incroyables !

2013: Un autre exemple toujours en Chine de montage désastreux, où l'ombre d'un représentant de  l'autorité n'est pas réaliste. En fait un journaliste a été effacé de l'original.



Pour en savoir plus, je recommande l'excellent site américain
http://www.fourandsix.com/photo-tampering-history/

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

Grand Canyon