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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

dimanche 18 juillet 2010

32ième chronique: « Fuir » de Jean-Philippe Toussaint

Genre : errance des sentiments portée par le voyage

Un étrange et captivant roman (c'est le premier de cet auteur que je lis) à l’écriture élégante et fluide, fluide même dans ses longues phases sans point qui se lisent sans accroc, sans perdre souffle.
Le narrateur voyage, bouge sans cesse, en Chine puis en Italie, guidé par les personnages rencontrés, Zhang Xiangzhi et Li Qi, ou par les événements, un enterrement, et surprend par son mutisme et sa passivité, comme étranger (… Camus) à son environnement réel, ambiance "Lost in translation"

« […] et je me laissais encore une fois porter par les événements sans rien dire. »

Il plane, se laisse balader…
« Son inintérêt, en somme, n’avait d’égal que mon indifférence. »

Plutôt que « Fuir », ce pourrait être « se mouvoir ». Mais un voyage du corps matériel, l’esprit étant absorbé ailleurs, par l’appel de Marie, par les souvenirs…
« […] je percevais le monde comme si j’étais en décalage horaire permanent, avec une légère distorsion dans l’ordre du réel […] »

Un peu comme si le narrateur était dans cet état si particulier ressenti par les voyageurs lors des trajets, ce sentiment de transition immatériel entre 2 étapes excellemment décrit par l’auteur :
« cet état de suspension qu’on éprouve pendant la durée d’un voyage, dans cet état intermédiaire où le corps en mouvement semble progresser régulièrement d’un point géographique vers un autre […] mais où l’esprit, incapable de s’aligner sur ce modèle de transition lente et régulière, est, lui, tout à la fois, encore en pensées dans le lieu qu’il vient de quitter et déjà en pensées dans le lieu vers lequel il se dirige. »

De façon anecdotique, je me personnellement retrouvé dans les descriptions de Pékin, des hutongs, de ses avenues encombrées, de ses banlieues labyrinthiques et étendues que j’avais traversés et visités en 2008.

Je suis curieux de lire d’autres ouvrages, certains blogs semblant reprocher à cet auteur de ne pas se renouveler, avec toujours un narrateur extérieur à ce qu’il vit, des phrases longues (de ce point de vue il est clair que cette écriture s'oppose à celle de Sepulveda qui me plait en particulier pour ses phrases simples, directes et concises).

En conclusion, d'abord merci à Stéphane de m'avoir fait découvrir et prêté ce livre.
Roman à découvrir donc, et pour moi, l’envie de prolonger la découverte de cet auteur à travers d'autres ouvrages.

jeudi 15 juillet 2010

31ième chronique: "Journal d'un tueur sentimental" de Luis Sepulveda

Genre : dernière mission d'un tueur à gages qui part en sucettes

Le métier de tueur à gages et les sentiments ne font pas bon ménage. J'ajouterai, tueur professionnel et réflexion ne sont pas compatibles.
Il doit exécuter un homme mais se met à cogiter, car il a une fille dans la peau et cette fille vient de lui annoncer qu'elle le quitte.
Sa cible s'échappe et commence alors un périple d'aéroport en aéroport, où plus rien ne tourne rond... Mais bientôt se profile sa retraite... (à 62 ans ?)

Eh oui ! Encore un roman de Luis, et toujours un grand moment de lecture.
C'est très court, efficace, drôle, épuré (pas de sang dégoulinant).
Plus qu'un thriller, c'est le bavardage interne du héros qui captive.
Je suis fan.

mercredi 14 juillet 2010

30ième chronique: "La nuit des calligraphes" de Yasmine Ghata

Genre : destin d'une femme calligraphe ottomane


Très belle écriture, sensuelle et douce, précise (un lexique des termes de la culture arabe et de la calligraphie clôt le roman).
Un récit en finesse, poétique et imaginatif (animé par le fantôme de Selim), de cette femme ottomane hors du commun qui aura consacré sa vie à l'art de la calligraphe, sa graine d'indépendance dans un milieu très codifié et très phallocratique.

A savourer au rythme des volutes gracieuses de l'encre posé par la pointe du calame.

29ième chronique: "Les dames de nage" de Bernard Giraudeau"

Genre : coup de coeur

Roman sans doute émaillé de nombreuses expériences autobiographiques.
Bernard Giraudeau est pour moi un grand homme, doué et généreux, un aventurier du monde, un acteur avec une présence naturelle qui perce l'écran, et incontestablement un écrivain de valeur.

Plutôt que quelques commentaires creux face à cette œuvre foisonnant d'humanité, quelques extraits.

D'abord, parce que moi-même, à vingt ans, je me suis forcé à achever la lecture d''un amour de Swann'...

"... Je lisais Proust, ou plus exactement je tentais de lire Proust. Je somnolais sur les phrases du plus grand écrivain de langue française alors que je me noyais avec délice dans Au cœur des ténèbres et Typhon de l'ami Conrad. [...] Marcel me pardonnera, j'avais vingt ans. [...] A la recherche du temps perdu, tout était dans le titre et cela devait me suffire. Je ne suis pas parvenu à aller jusqu'au bout."

Et...

"Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir"

"Les hommes s'écrivent. Ils écrivent leur histoire, certains, prolixes, jubilent devant la page blanche, mais s'essoufflent avec les siècles. D'autres, jusqu'à l'épuisement, noircissent les feuilles de haine et de rancœur avec la rage de l'impuissance. Beaucoup écrivent leur vie comme un brouillon sans se relire, jamais, alors que d'autres l'écrivent si soigneusement qu'ils oublient de la vivre."

"Il faut être comme un arbre à papillons, prêt à accueillir le bonheur, et tu verras, il viendra sur ton épaule."

lundi 5 juillet 2010

28ième chronique: "L'attrapeur de libellules" de Boris Akounine

Genre : Aventure du héros Eraste Pétrovitch Fandorine, mélange de Sherlock Holmes, James Bond et chronique des mœurs japonaises dans un cadre historique russo-japonais.

Selon la 4ième de couverture, Boris Akounine est le plus grand auteur best-seller en langue russe contemporain. J’avoue que je n’avais jamais entendu son nom avant la lecture de cet ouvrage glané à la bibliothèque du travail…
Cette lacune est désormais comblée, et j’ai butiné les 707 pages de "L’attrapeur de libellules".

2 parties :
1- « Le Haïku », Japon 1905, suivi de
2- « Entre les lignes », Japon 1878

De février 1904 à septembre 1905, s’est déroulée la Guerre russo-japonaise, choc entre 2 impérialismes. Fandorine est chargé de la protection du réseau de chemins de fers russes. Le Transsibérien, cœur névralgique du ravitaillement des troupes russes d’extrême Orient est victime d’un sabotage. Commence alors une course poursuite effrénée entre Fandorine chargé de l’enquête et un ennemi rusé et diabolique, l’ "Acrobate", aux méthodes qui rappellent l’art de la guerre des Ninjas.

Et justement, c’est là le lien avec la deuxième partie, puisque Fandorine est familier de la culture japonaise ayant occupé le poste de vice-consul de Russie en 1878 à Yokahoma. Là encore Fandorine s’acharnera à démêler les fils d’un complot où le premier ministre japonais a été assassiné par des fanatiques. Cette enquête l’amènera en particulier à découvrir la science de l’amour, le joujutsu, tout un programme similaire à la carte du tendre….

Un extrait choisi où devisent Fandorine et un japonais:

« Toutes les conquêtes européennes en Afrique et en Asie seront de courte durée. Dans cinquante ans, cent au maximum, il ne restera plus de colonies. [...]
... quand ils commenceront à se sentir à l'étroit, les Chinois montreront au monde ce qu'est une vraie conquête. [...] Et, progressivement, tout le monde deviendra chinois, dût cela prendre plusieurs générations.
[...]
Un jour il y a aura les Etats-Unis du Monde [...]
- J'en doute. [...] ils manquent de patience. »



Espionnage politico-financier, histoire d’amour raffinée, fresque historique, enquête à la Sherlock Holmes, aventure voyageuse au rythme endiablé, voilà bien de nombreux ingrédients qui donnent de la matière à ce roman.
Lecture plaisante mais moins prenante qu’un Millenium ou un Hillerman.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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