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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

jeudi 25 avril 2019

368: 'Et tu n'es pas revenu' de Marcelline Loridan-Ivens

Genre :  Inconsolable et gaie


"J'ai été quelqu'un de gai, tu sais, malgré ce qui nous est arrivé. Gaie à ma façon, pour se venger d'être triste et rire quand même."


Histoire
"J'ai quatre-vingt-six ans et le double de ton âge quand tu es mort. Je suis une vieille dame aujourd'hui. Je n'ai pas peur de mourir, je ne panique pas. Je ne crois pas en Dieu, ni à quoi que ce soit après la mort. Je suis l'une des 160 qui vivent encore sur les 2 500 qui sont revenus. Nous étions 76 500 juifs de France partis pour Auschwitz-Birkenau. Six millions sont morts dans les camps."



Impressions
Comme pour les 2 romans précédents chroniqués, un roman témoignage de l'histoire. Page encore plus noire que les récits précédents, le cadre est ici l'abominable camp d'Auschwitz-Birkenau… 
A la différence des 2 lectures précédentes, c'est un récit autobiographique, un témoignage direct, sans pathos, court et poignant.

L'auteure avait quinze ans quand elle fut déportée en avril 1944 dans le même convoi que celui de Simone Veil. Dans le même convoi que son père à qui elle s'adresse dans ce court roman.

Monologue laconique et tranchant, écrit avec la journaliste Judith Perrignon. 

Point commun avec Wihelm et Almah, les héros du roman de Bardon: elle ne se sent pas juive, comme l'auteure l'explique dans un interview:
'Ce qui s'est passé récemment m'effraie, l'assassinat d'Ilan Halimi, Mohamed Merah, Charlie Hebdo, l'épicerie Hyper Cacher… Ce qui est fou c'est qu'avant je ne me sentais pas juive (je me suis mariée deux fois, et deux fois avec un non-Juif). Ce sont les événements qui vous renvoient à votre judéité.'

Un texte qui m'a noué la gorge, m'a touché au coeur.

...
Je vais avoir besoin de basculer sur du plus léger pour ma prochaine lecture...


mardi 23 avril 2019

367: 'Les Déracinés' de Catherine Bardon

Genre :  "Niemand will sie !" 


Histoire
Deux jeunes viennois juifs, Wihelm -journaliste brillant- et Almah -étudiante pour devenir dentiste- connaissent un coup de foudre en 1931. Alors que leurs proches quittent un quotidien de plus en plus menaçant et violent, ils tardent jusqu'à devoir fuir en catastrophe, avec leur jeune garçon de 3 ans, en direction de la Suisse. Leurs seuls bagages sont des visas pour les Etats-Unis. Mais leurs espoirs seront bien mis à mal, et une nouvelle vie les attend dans un lieu bien éloigné de leur Vienne resplendissante et culturelle...

Impressions
Comme pour le roman précédent de Mario Vargas Llosa, le récit est campé sur fond d'histoire, en l'occurrence l'accueil de 100 000 juifs proposé par la république dominicaine pendant la seconde guerre mondiale. 

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"Niemand will sie !", littéralement "Personne n’en veut !", titrait ironiquement en parlant des Juifs, le Völkischer Beobachter, hebdomadaire allemand au service de la propagande hitlérienne. Il se gargarisait alors de l’échec cuisant de la Conférence d’Evian, décidée en 1938, en vue de statuer sur le sort des émigrés juifs. 
Seule la République Dominicaine répondit favorablement à l’appel lancé lors de la Conférence et promit d’accueillir au moins 100 000 juifs. Curieusement en effet, car le dictateur Rafael Trujillo à la tête du pays depuis huit ans est davantage connu pour ses exactions que pour ses élans philanthropiques. Il fut à deux reprises le président de la République dominicaine (1930-1938 et 1942-1952) et de 1930 à sa mort en 1961, il a exercé un pouvoir sans partage sur le pays.

Cette décision était avant tout motivée par des intérêts géopolitiques et économiques :
1- restaurer son image sur la scène internationale, largement ternie par le massacre de milliers de Haïtiens en 1937, 
2- accélérer le développement économique de son pays par l’apport d’un capital humain qualifié
3- assurer une population plus blanche..
Les accords politiques passés entre les responsables dominicains et américains conduisirent à l’élaboration du plan DORSA (Dominican Republic Settlement Association), qui eut en charge l’installation des réfugiés dans la ville de Sosúa au nord de l’île. 
En fin de compte, seulement mille visas furent émis et, malheureusement, seuls 650 Juifs réussirent à en tirer profit et à rejoindre l’île. Le président Trujillo leur donna des terres à cultiver et du bétail à élever. 
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Fresque romanesque, 3 décennies de ce couple, 3 grandes phases -Vienne, errance, Sosua- un récit romantico-sentimental qui peut agacer certains lecteurs mais qui m'a plu.

"Cette nuit-là, je découvris que j'avais besoin d'Almah pour former un tout parfait et, dans sa façon de m'aimer, je devinai une exigence d'éternité."

Les chapitres de ce pavé de plus de 600 pages sont courts, apportant du rythme et de l'aération. Les narrateurs changent, le plus souvent alternent entre Wihelm et une voix extérieure.
Ce roman aurait pu gagner en sobriété et longueur, mais en fermant ce livre je constate qu'en dépit de son épaisseur je n'ai pas ressenti de lassitude à l'exception de quelques répétitions. 

Sur fond des remous de l'histoire, un roman sur la richesse des relations humaines.  Plus que l'holocauste, c'est la question de l’identité et de l’enracinement qui guide le récit.

dimanche 14 avril 2019

366: 'Aux Cinq Rues, Lima' de Mario Vargas Llosa

Genre : Periodico de mierda !


Histoire
Carrefour des Cinq Rues, un des quartiers les plus fréquentés de Lima. Un scandale politique et sexuel menace d'être médiatisé par la presse à sensation, le torchon 'Streap-tease' dirigé par le nabot Rolando Garro, assisté de sa journaliste favorite dite la Riquiqui. Le riche ingénieur Enrique Cardenas risque d'être déshonoré par cette affaire...




Impressions
Derrière sa lecture facile et une apparente comédie frivole, ce roman plonge le lecteur dans le thème plus engagé de « description des structures du pouvoir ». En particulier l'auteur dénonce la dictature imposée par Fujimori, président du Pérou de 1990  à 2000: 10 ans d'autoritarisme et de corruption, une période crapuleuse et violente qui campe le décor de cette histoire.
L'engagement politique est au cœur du parcours professionnel de Mario Vargas Llosa, il avait perdu aux élections face à Fujimori en 1990.

A cette ère de dictature s'ajoute un pourrissement moral, un appétit pour le commérage et la presse à scandale, qui permet de supporter l'étau politique.

"Le voyeurisme est le vice le plus universel qui soit. Dans tous les peuples et toutes les cultures. Mais surtout au Pérou. Je suppose que vous le savez mieux que personne : nous sommes un pays de commères. Nous voulons connaître les secrets des gens et, de préférence, les secrets d'alcôve. En d'autres termes, et pardon pour la grossièreté, qui baise avec qui et comment ils le font."



C'était le premier ouvrage de cet auteur que je lisais, et j'ai constaté que de nombreuses chroniques du blog jugeaient ce roman pas à la hauteur de ce Prix Nobel de littérature.
Amours saphiques entre les femmes bourgeoises sans intérêt, un déficit de narrations télescopiques - la marque de fabrique de cet écrivain- où s'entrecroisent plusieurs auteurs et histoires.
Personnellement j'ai apprécié ce vaudeville un peu coquin qui allège le récit de cette période noire. Cette 'légèreté' édulcore l'ambiance lourde d'enlèvements contre rançon  qui règne, les menaces par les maoïstes du Sentier Lumineux, les Chegevaristes du MRTA et les exactions orchestrées par le chef du renseignement national Vladimiro Montesinos, dit le Docteur, le bras droit sanguinaire de Fujimori.


7 oct. 2010 - Le prix Nobel de littérature 2010 a été décerné, jeudi 7 octobre, à l'auteur péruvien naturalisé espagnol Mario Vargas Llosa, 74 ans.
Marqué par William Faulkner, mais aussi par les Français Gustave Flaubert et Victor Hugo (il a écrit un essai sur chacun d’eux), Mario Vargas Llosa a une écriture en apparence sans effet, alterne les voix et les narrateurs. Llosa peut ainsi témoigner efficacement des changements d’une société, de la violence, du sexe… ou du pouvoir et du pourrissement moral, qui restent ses grands thèmes.

Un roman facile à lire. Sans doute une bonne introduction pour entrer en douceur dans l'univers littéraire de cet auteur engagé. A suivre...

jeudi 11 avril 2019

L'amour sur le macadam grenoblois...

Je n'ai pas encore trouvé les auteurs de ces phrases...









Les feuilles mortes
Jacques Prévert

Oh, je voudrais tant que tu te souviennes,
Des jours heureux quand nous étions amis,
Dans ce temps là, la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Tu vois je n'ai pas oublié.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi,

Et le vent du nord les emporte,
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais.

C'est une chanson, qui nous ressemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Nous vivions, tous les deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.

Et la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit.
Et la mer efface sur le sable,
Les pas des amants désunis.

Nous vivions, tous les deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Et la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit.



dimanche 7 avril 2019

365: 'Organigramme' de Jacques Pons

Genre : panique à bord du CoDir 


Histoire
La Maison Louis Laigneau est une maison de couture parisienne, un fleuron du luxe français dirigé d'une main de maître par Angelo Bertani. Un patron qui assène sa devise 'La vision sans exécution n’est qu’hallucination.'..



Impressions
Quel contraste avec le polar lu précédemment !
Rythme effréné, vite, vous pouvez biffer les noms de l'organigramme présenté dans les premières pages !
Plongée dans l'univers de l'entreprise moderne, avec ses conférences téléphoniques, ses pluies de mails-SMS, ses séminaires de créativité, un monde animé sous la houlette du PDG par la DRH, l'équipe marketing, les responsables de la finance et de la production. Rien de plus banal dans notre monde moderne.

"Le secteur de la mode a ceci de particulier que ses interactions, jeux d’influence et prises de décisions sont la plupart du temps gouvernés par des ressorts irrationnels. La susceptibilité, l’ego, le paraître et l’émotion occupent une place prépondérante, par opposition à d’autres leviers tels que le pragmatisme, le calcul, et la vision à long terme."

Ce thriller fait basculer le lecteur de l'autre coté du miroir. Il révèle sans surprise des rivalités, des jalousies, de fortes luttes d'influence, mais décrit une machine à broyer si féroce qu'elle justifie l'émergence d'un 'serial killer'. 

"Le pion ne se meut sur l'échiquier que parce qu'on lui en donne l'ordre, ou parce qu'on lui fait miroiter qu'il peut prendre la place de la tour ou du cavalier. Voire de la reine."

L'auteur étoffe certains des très nombreux protagonistes de cette histoire mais finalement les abandonne un peu en cours de route. Dommage. En revanche les personnalités de Marek et de Yasmina sont particulièrement captivantes par leur richesse et ambiguïté. Le premier, de par son passé sale et la seconde du fait de ses origines dans les quartiers défavorisés d'Aulnay-sous-Bois.
Enfin, autant le dire sans la 'spoiler', la fin explosive de ce thriller est décevante. Alors régalez-vous pendant le déroulement de l'enquête.

Un polar efficace qui captive et qui se lit vite. Quelques maladresses et une fin décalée un peu décevante. Un polar - témoignage de la souffrance au travail dans nos entreprises modernes.

mercredi 3 avril 2019

364: 'Les ombres de Montelupo' de Valerio Varesi

Genre : polar d'atmosphère


Histoire
Le commissaire Soneri part se ressourcer -et se reposer ?- dans son village d'enfance des montagnes des Apennins. Au menu de sa retraite, petits plats mitonnés à l'auberge et randonnées dans les sous-bois de Montelupo. A la recherche de champignons comme il le faisait jadis avec son père. Mais il ne ramasse que des trompettes de la mort. Prémonitoire ?...


Impressions
Ombres et brouillards.
Les premiers chapitres m'ont remémoré 'Le château' de Kafka, ce village enfoui dans la brume où les étrangers sont froidement accueillis et écartés des secrets pesants.
L'atmosphère est remarquablement rendue: pesante, les contours des maisons et des gens sont brouillés, la résolution des énigmes qui point promet d'être ardue...
Une enquête à l'air libre des montagnes qui s'avère pourtant être une sorte de huis clos, un lieu d'où on ne peut s'échapper comme pour l'arpenteur de Kafka. Vite il faut fuir avant que la neige ne couvre les preuves et rende impraticables les routes.



Peinture des mentalités
L'auteur peint avec justesse les mentalités des villages reculés de montagne. Même si Soneri est dans ses terres, même si il sait parler le dialecte local, les langues se taisent, la méfiance règne vis à vis de ce policier désormais citadin. 
 "Il scruta les visages qu’il reconnaissait, mais sur lesquels le temps avait déposé une couche d’hostilité craintive."

Une enquête en arrière-plan
Autre particularité de ce polar, qui constitue un habile tour de force, ce personnage héros récurrent de Varesi ne mène pas l'enquête. Si Soneri investigue en mode 'off' et aide les carabiniers, c'est pour se plonger dans les fantômes de son enfance, et en particulier pour faire la lumière sur le passé paternel pendant les années fascistes.

Passé fasciste de l'Italie
Epoque peu reluisante, les rancunes sourdent et menacent de se déverser quand les maîtres charcutiers tombent de leurs piédestaux ...

"Mais même l'animal le plus beau de ces bois, si tu lui ouvres le ventre, il n'a dans les entrailles que de la merde et des choses dégoûtantes, ne l'oublie pas."

Le rythme est tranquille, sans éclats, mais profond, humain.

Un régal. Découverte d'un auteur italien que je retrouverai avec plaisir.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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