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lundi 23 août 2021

454: 'Amazon : la boutique à tout vendre' de Brad Stone

Genre : nausée amazonienne

Histoire
Histoire de l'entreprise Amazon et de son fondateur Jeff Bezos, depuis ses débuts modestes à sa présence tentaculaire d'aujourd'hui .
 


Impressions
Une enquête au long cours de Brad Stone, journaliste à Bloomberg Business­week.
Best-seller américain paru en 2014.

1- C'est un symbole des « compagnies prédatrices » du Net qui se jouent de la fiscalité, des fournisseurs et des acquis sociaux.

Tous les ingrédients de la stratégie de Bezos sont tournés vers un seul objectif, devenir une entreprise hégémonique du commerce sur Internet, quoiqu'il en coûte. 
Et donc tout est calculé pour obtenir les plus grosses marges, les moindres impositions,..

Du respect de la fiscalité 
Par ex, si il fonde sa société à Seattle c'est pour bénéficier d’une fiscalité avantageuse et d’une main d’œuvre qualifiée qu’il pourra aisément trouver grâce à la présence de l’université de Washington et de Microsoft dans les environs.

Du respect des employés
Son dogme est la satisfaction du client, au mépris des conditions de travail de ses employés. Bezos favorise même la lutte entre ses collaborateurs plus que la cohésion qu'il juge stérile.
Par exemple en 2022, il présenta sa nouvelle grande idée aux principaux cadres : toute l’entreprise allait se restructurer autour de ce qu’il appelait les « équipes à deux pizzas ». Les employés seraient organisés en groupes autonomes de moins de dix personnes – suffisamment petits pour que, lorsqu’ils travailleraient tard, les membres puissent être nourris avec deux pizzas... Corvéables...
ll traite ses employés comme des ressources jetables, sans prendre en compte leurs contributions à l’entreprise

2- C'est un exemple d'entreprise hyper risquée qui a mis 8 ans pour afficher un début de bénéfice...

Avec 10 000 dollars en poche et 100 000 dollars confiés par ses parents, Bezos lance son entreprise qu’il veut initialement appeler Cadabra. En 1994 Bezos choisit le nom Amazon, 
« Ce n’est pas seulement le plus grand fleuve du monde, il les surpasse tous de loin », déclara Bezos.

Annonce d'embauche des débuts:
"Start-up bien capitalisée cherche des programmeurs C/C++ et Unix extrêmement talentueux. Objectif : aider au développement d’un système pionnier de commerce sur Internet. Vous devez avoir acquis une expérience dans la conception et la mise en place de systèmes larges et complexes (mais aussi faciles à faire évoluer). Vous devez être capable d’agir trois fois plus vite que les gens les plus compétents. Attendez-vous à travailler avec des collègues talentueux, motivés, sérieux et intéressants. » "

L’Amazone est le fleuve le plus grand du monde : Amazon deviendrait la plus grande librairie du monde. L’adresse du site fut enregistrée le 1er novembre 1994

Portée par la bulle Internet, Amazon connaît une croissance effrénée entre 1998 et 2000. Dans cette période d’argent facile, Bezos multiplie les entrepôts, se lance dans le jouet et l’électronique, rachète des start-up impossibles à intégrer et débauche jusque dans les rangs de Walmart.

Le krach des valeurs Internet eut un impact gigantesque sur Amazon. Les employés avaient accepté de travailler sans relâche et de sacrifier leurs vacances en famille en échange de la perspective d’une belle fortune. L’effondrement du cours de l’action opéra un clivage. Les employés du tout début étaient encore fort riches (bien qu’épuisés) ; ceux qui avaient rejoint la société plus récemment disposaient d’actions qui ne valaient plus grand-chose.

En janvier 2002, soit 8 ans après sa création, Amazon annonça son premier trimestre positif, avec un bénéfice net de 5 millions de dollars, un centime symbolique par action. Les ventes provenant de tierces parties représentaient 15% des commandes. C’était la toute première fois qu’Amazon faisait état d’un profit et, même s’il était maigre, cela valait la peine de le souligner. La société avait enfin montré que son sort ne serait pas le même que celui des milliers de start-up englouties suite à l’éclatement de la bulle Internet.

Depuis ses débuts, Amazon investit des sommes pharaoniques dans des serveurs et accroît sans cesse ses capacités de calcul algorithmique afin d’améliorer l’efficacité de sa logistique et les potentialités de son site marchand. Lequel propose toujours plus de nouveaux produits à d’anciens clients, grâce à un recoupement complexe de leurs données personnelles et de leurs habitudes de consommation. Et, pour que rien ne se perde, les ressources informatiques excédentaires sont louées à des entreprises à travers un service spécifique, Amazon Web Services

3- Plus particulièrement, ce livre dévoile la personnalité de Bezos, un milliardaire plus discret que ses homologues comme Richard Brason, Bill Gates ou Elon Musk.

A la différence de Steve Jobs, Jeff Bezos a fait des études brillantes, et en particulier il excelle dans les mathématiques qu'il a commencé par appliquer dans le monde de la finance. Très loin des influences hippies de ma jeunesse de Steve.

"Bezos, alors âgé de 29 ans, commençait déjà à se dégarnir. Son visage un peu pâle et creusé était typique d’un « accro » au travail. Durant les sept années qu’il avait passées à Wall Street, il en avait impressionné plus d’un par sa vive intelligence et sa détermination sans faille. Après avoir décroché un diplôme à l’université de Princeton en 1986, il avait, en 1988, rejoint la firme financière Bankers Trust, mais ne s’y était pas plu. A la fin de l’année 1990, il se préparait à quitter Wall Street lorsqu’un chasseur de têtes le convainquit de venir voir les dirigeants d’une firme financière « pas comme les autres "

Il est très organisé, il est calculateur.
"Discipliné, précis, il notait constamment des idées sur un carnet qu’il transportait en permanence, de peur qu’elles ne s’envolent. (…) Quelle que soit la situation, Bezos procédait « analytiquement ». Célibataire à cette époque, il entreprit de suivre des cours de danse de salon, ayant calculé que cela améliorerait ses chances de rencontrer ce qu’il appelait des femmes « n + ».

Il n'est pas généreux comme employeur.
Bezos était déterminé à insuffler dans sa société une culture particulière : celle des économies à tout crin. Les bureaux construits à partir de portes et les contributions minimales aux frais de parking en faisaient partie. Au premier étage du nouveau bâtiment, un stand de café distribuait des cartes de fidélité permettant aux clients d’obtenir une boisson gratuite au dixième achat. Jeff Bezos, qui était alors multi-millionnaire, insistait pourtant pour se faire poinçonner sa carte de fidélité. Parfois quand même, il offrait la boisson gratuite qu’il avait récoltée à un collègue.

Parfois charmant voire charmeur en public, il est colérique et sans empathie, comme Steve Jobs
Bezos était capable en interne de descendre en flammes un subalterne. Il était enclin à des colères mémorables. Un collègue qui échouait à satisfaire les standards qu’il avait fixés était en mesure d’en déclencher une. Il était alors capable d’hyperboles et d’une rare cruauté. Il pouvait décocher des phrases appelées à demeurer dans les annales internes : (…) « Je suis désolé, ai-je pris mes pilules pour la stupidité aujourd’hui ? » « Est-ce qu’il faut que j’aille chercher le certificat qui spécifie que je suis le PDG afin que vous cessiez de me défier là-dessus ? » « Êtes-vous paresseux ou juste incompétent ? »



Livre documentaire très fouillé.

Lundi 5 juillet 2021, le PDG du géant du e-commerce et des services passe la main à son fidèle lieutenant Andy Jassy. Malgré cet éloignement de la figure tutélaire, la stratégie du groupe ne devrait pas changer.
 En 2020, la pandémie de Covid-19 n’a pas freiné Amazon. Son chiffre d’affaires a bondi de 38 %, à 386 milliards de dollars (325 milliards d’euros), et son bénéfice a presque doublé, à 21,3 milliards. Au chapitre des records, l’entreprise est valorisée 1 770 milliards de dollars. Avec 1,3 million d’employés, elle est en passe de devenir le premier employeur privé du monde, après avoir recruté 500 000 personnes en 2020, soit 1 369 par jour.

Prix 2013 du meilleur livre d'économie / Business, décerné par le Financial Times.

mardi 3 août 2021

454: ' Nature humaine' de Serge Joncour

Genre : peinture du rapport à la nature de la société française


Histoire
La famille Fabrier cultive la terre et élève des animaux depuis des générations dans leur ferme du Lot, paumée au milieu des coteaux aux Bertranges. Mais les mœurs et la société évolue.
 
Impressions
C'est d'abord un roman dont qui s'inscrit dans le temps à travers une fresque historique de la France de 1976 à 1999, avec des événements clés relatifs à la nature et l'homme comme:
1- Sécheresse de 76 comme une annonce du dérèglement climatique à venir, et la tempête de 99
2- Emeutes entre forces de l'ordre et manifestants opposés à la centrale nucléaire de Golfech
3- 1981, élection de Mitterrand
4- 1986, catastrophe nucléaire de Tchernobyl
5- Marée de l'Erika

Sur la base de cette trame temporelle, l'auteur décrit le rapport entre l'homme et la nature, qui évolue. C'est surtout le thème de la fracture entre le monde rural et citadin qui est porté par Alexandre, l'héritier du métier de fermier des Fabrier, 
Il se retrouve confronté à la course à la productivité agricole face à un mouvement de prise de conscience d'une agriculture plus respectueuse de la nature, du besoin de circuits courts. L'agonie de la vie paysanne est sous-jacente.
C'est aussi la "modernisation", avec les supermarchés qui poussent frénétiquement, qui pousse à la consommation de l'inutile et du beau sans être nécessairement savoureux ni bon pour la santé. J'ai aimé la séance surréaliste de photographies de jambon roses sous plastique dans la nature !
Enfin est omniprésente la question de la réaction à avoir pour changer de monde, pour préserver l'environnement et notre santé, pour prévenir les catastrophes écologiques annoncées, La violence ou la résignation ? 

Serge Joncour émaille aussi ce récit d'anecdotes des nouveaux objets de notre quotidien, illustration de l'évolution de notre culture. Evocation des téléphones en bakélite et découverte des supermarchés Mammouth par exemple.

Un roman humain et naturaliste. Qui témoigne du passé et fait réfléchir sur notre avenir.

Prix Femina 2020 

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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