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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mardi 26 décembre 2017

308: 'Article 353' de Tanguy Viel

Genre : appartement avec vue sur mer bretonne

Histoire
Martial Kermeur explique son geste devant un juge d'instruction. Il est accusé d'avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec.




Impressions
Plus qu'un face à face, c'est un roman confidence d'un accusé avec une écoute plutôt passive du juge, une séance de psy. Ce dernier prend la parole qu'à certains moments, la tension étant presque palpable.
"Peut-être même, la lumière, c'est vous, j'ai dit au juge, peut-être vous aimantez mes souvenirs et vous les faites tourner en moi comme des anneaux autour de Saturne."



Question fondamentale du doit-on se faire soi-même justice. Martial sali, volé, bafoué, ruiné, abandonné, une victime d'un homme malsain, immoral mais intouchable...

"Et quel cerveau......quel cerveau il nous faut, à nous autres les gens normaux, pour admettre qu’il existe sur terre une catégorie de personnes comme ça, dépourvues de cette chose que vous et moi, j’ai dit au juge, je suis sûr qu’on partage, quelque chose qui normalement nous empêche ou nous menace,quelque chose –une conscience peut-être, et qui naît assez vite pourvu qu’on ait dans la tête ce miroir mal fixé qui fait que même Adam s’est couvert d’une feuille de vigne, quelque chose qui nous entrave, oui, mais peut-être aussi, nous honore. Et le fait est que certains en sont dépourvus, de cette chose-là, comme d’autres naissent avec un bras en moins, certains naissent atrophiés de, je ne sais pas, de...
Et le juge a dit : D’humanité ? 
Oui, peut-être au fond c’est ça, d’humanité."

Les paroles sont justes, simples et elles peuvent peut-être changer le cours de l'avenir de l'inculpé...

Roman huit-clos récit-plaidoyer extrêmement bien construit. Histoire de vie bouleversante.

307: 'Marx et la poupée' de Maryam Madjidi

Genre : 3 naissances d'une iranienne en EXIL en France

Histoire
Maryam est dans le ventre de sa mère quand celle-ci participe aux mouvements communistes d'étudiants iraniens se battant contre les partisans de Khomeiny lors de la révolution de 1979. 

Impressions
Récit avec de tous les genres, découpé en 3 parties, 3 naissances:
- de la naissance à ses 6 ans en Iran, 
- l'exil en France pour rejoindre le père déjà parti,
- la réconciliation avec son pays d'accueil.

Du roman, de la fiction, du récit, de la poésie. C'est relevé comme un repas iranien.
Un témoignage fort auto-biographique. Qui m'a fait souvent penser à Persepolis, cette formidable bande dessinée de Marjane Satrapi.
Malgré la construction non linéaire et non chronologique du récit, l'auteure nous emporte dans ses inquiétudes, ses joies, dans le chemin de cette jeune femme exilée qui se construira progressivement.

" Je déterre les morts en écrivant. C'est donc ça mon écriture ? Le travail d'un fossoyeur à l'envers ? "

Très beau roman à la fois par la force de son témoignage mais aussi de son écriture. Un vrai talent de conteuse.

jeudi 21 décembre 2017

306: 'La Vie aux aguets' de William Boyd

Genre : ne faites confiance à personne ...

Histoire
La mère de Ruth Gilmartin annonce brutalement à sa fille qu'elle est une émigrée russe ex-espionne au compte ses Services Secrets Britanniques.

Impressions
Récit palpitant, par cette double intrigue qui se dénoue progressivement à la fois dans le passé de Eva Delectorskaya, et dans le présent de Ruth qui est sollicité par sa mère pour régler ses comptes avec un mystérieux Lucas. Alternance temporelle qui met beaucoup de piment dans l'intrigue. Les secrets d'Eva sont distillés au compte goutte, 
Cette histoire d'espionnage teintée d'amour et de trahison est tissée sur fond d'Histoire, celle où les Anglais derrière Churchill ont mis en oeuvre tous les moyens possibles de lobbying et manipulations pour faire entrer les Etats-Unis dans la guerre contre Hitler.

"- 'Ne faites confiance à personne', répliqua-t-il sans solennité mais avec une assurance et une sorte de certitude pratique, comme s'il déclarait : 'Aujourd'hui, c'est vendredi.' 'Ne faites confiance à personne, jamais', répéta-t-il en prenant une cigarette qu'il alluma, pensif, surpris lui-même de sa lucidité aurait-on dit. 'Peut-être est-ce la seule règle dont vous avez besoin. Peut-être que toutes les autres règles dont je vous parlerai ne sont-elles que les dérivés de celle-là. 'La seule et unique loi.' "

Roman d'espionnage, d'amour et de trahison. William Boyd est un excellent faiseur d'histoires.

305: 'Eloge des femmes mûres' de Stefan Wizinczey

Genre : simili de déclinaison Hongroise de Kundera ?

Histoire
Andras Vajda, professeur de philosophie dans le Michigan, retrace son initiation aux plaisirs charnels depuis ses expériences dans sa Hongrie natale, à ses séjours en Autriche  et Italie avant de rejoindre le continent américain. Avide de découvrir le corps féminin dès sa préadolescence, il témoigne de son attirance pour les femmes plus matures.

Impressions
Récit initiatique sur fond de chamboulements historiques.
Ce fut un grand succès public semble-t-il. 
Stephen Vizinczey s'inspire sans doute de sa propre vie, étant lui même un poète et philosophe hongrois émigré au Canada.

"Les jeunes garçons gâchent souvent leurs meilleures années-et leur personnalité-en croyant à tort qu'il faut être un dur dans sa prime jeunesse pour devenir un homme. Ils font partie d'une équipe de foot pour devenir adulte alors qu'en fait, une route de campagne déserte, le vide les aideraient davantage à appréhender le monde et leur propre personne."

Le ton est assez neutre, factuel, voire empreint d'auto-dérision que j'ai appréciée. Cette initiation érotico-sexuelle est décrite avec sensualité et souvent humour. Pas de vulgarité, un respect mutuel est de rigueur.
Certains épisodes du début enfreignent la moralité, son rôle de proxénète dans un camp américain jouxtant un camp de réfugié(e)s est discutable. La suite apporte à Andras plus de culture et de la maturité dans ses rapports aux femmes. Le récit tourne cependant à une sérialisation d'expériences sans liens évidents qui au bout d'une centaine de pages ont failli me lasser.

C'est le décor historique qui évite au roman de se transformer en un catalogue, nous transportant de l'arrivée en Hongrie des américains pendant la deuxième guerre mondiale à son exil de sa Hongrie natale pour fuir la dictature russe. Cette dimension politique donne de la profondeur à l'histoire et au personnage.
Et puis comme Milan Kundera, Stefan Wizinczey émaille son roman de réflexions d'ordre philosophique.

"Les citoyens des grandes nations ont tendance à croire que les victoires sont éternelles ; les Hongrois, eux, s'intéressent surtout au déclin du pouvoir, à la chute inévitable des vainqueurs et à la renaissance des vaincus. C'est pourquoi peu d'entre nous ont jamais imaginé que les Russes resteraient pour de bon ; on se demandait seulement quand ils partiraient et comment."

"La dictature est une leçon ininterrompue qui vous enseigne que vos sentiments,vos pensées et vos désirs n'ont pas le moindre poids,que vous n'avez pas d'existence propre,et que vous devez vivre comme d'autres en ont décidé à votre place."

Récit non édifiant mais un agréable moment de lecture, surtout pour cette fresque de la Hongrie que je connais très mal.

vendredi 15 décembre 2017

304: 'Jusqu'au dernier' de Deon Meyer

Genre : flic dans l'Afrique du Sud post-apartheid

Histoire
Mat Joubert, capitaine à la Brigade des Vols et des Homicides au Cap, doit composer avec sa reconstruction psychologique douloureuse suite au décès de sa femme il y a deux ans, et avec l'arrivée d'un nouveau chef, très directif... Sur 'fond' de 2 enquêtes criminelles d'envergure à résoudre sous la pression des dirigeants politiques.

Impressions
Profondeur du portrait psychologique de Mat, c'est le premier roman d'une longue série par cet auteur afrikaner. Et cette première expérience m'a donné envie de retrouver dans d'autres épisodes ce flic et son univers sud-africain.

Et pourtant au début le portrait de plus en plus classique d'un héros policier en détresse, dépressif, suite à une mort brutale de son entourage, m'avait un peu rebuté. Sans compter que son meilleur ami a plongé dans l'alcoolisme et qu'arrive un méchant supérieur qui leur donne un tour de vis en les menaçant de sanctions... N'en rajoutez plus !
Et puis on s'installe dans son fauteuil et dans le roman, car, après tout, des lueurs d'espoir se dessinent et les personnages sont attachants, humains, dans cette Afrique du Sud que l'auteur nous invite à découvrir au quotidien.
Et puis c'est le premier polar que je lis où le flic est sommé de faire un régime (15 kg à perdre !!), de faire du sport et de suivre une psychothérapie par son supérieur.
Et une fois le décors planté, le rythme s'accélère et j'ai bien eu du mal à lâcher ce bouquin qui finit par un dénouement inattendu.

Bon polar, le premier d'un série où on suit autant l'intrigue policière que le régime alimentaire que Mat doit respecter ! 

jeudi 14 décembre 2017

303: 'La conversation amoureuse' d'Alice Ferney


Genre : ambiguïté des rapports amoureux

Histoire
Les hommes se réunissent au club pour regarder un match de boxe tandis que les femmes se réunissent de leur côté pour discuter. Manquent Pauline et Gilles qui ont rendez-vous au restaurant...

Impressions
Autour de cette histoire de séduction entre Gilles et Pauline, gravitent les autres couples en écho.

Plume et peinture des sentiments extrêmement subtiles.

dimanche 10 décembre 2017

302: 'Le crime du comte Neville' d'Amélie NOTHOMB

Genre : tragico-burlesque, mythologie grecque chez les nobles belges

Histoire
La famille Neville est une famille des Ardennes belges, noble, respectable mais ruinée. Henri organise pour la dernière fois la grande réception dans le château familiale qui sera ensuite vendu. Une voyante lui prédit qu'il assassinera un(e) de ses invités...

Impressions
Plume efficace et agréable, la patte de Mme Nothomb.

Apparemment Amélie Nothomb s'inspire d'une nouvelle d'Oscar Wilde, rien que cela. Je ne connais pas l'"original" mais il y a fort à parier que cette version plus récente pâlira devant la comparaison... Et j'en suis déçu, je trouvais justement l'intrigue originale, plus que son développement assez superficiel.

Début original pour planter le décor et attraper le lecteur.
Un développement avec des situations assez déjantées et des dialogues parfois drôles et savoureux.
Une fin un peu télescopée et bâclée.

Recueil distrayant, vite lu, (vite oublié ??). Du Amélie Nothomb pur jus, millésime 2015.

301: 'Giboulées de soleil' de Lenka HORŇÁKOVÁ-CIVADE

Genre : lignée de femmes bâtardes qui assument et revendiquent leur liberté

Histoire
Trois générations de femmes de 1930 à 1980 en Tchécoslovaquie.
Magdalena, Libuse et Eva, mères en fille n'ayant pas de père reconnu.
On pourrait ajouter Marie, la mère de la première de ces femmes.
Face aux pages de l'Histoire qui se tournent, du nazisme, communisme à la chute du Mur, ces femmes font face au destin chacune avec leur personnalité.

"Il faut le préciser, on est des bâtardes de mère en fille, comme certains sont boulangers ou rois. Aujourd'hui, il n'existe plus de boulangers. Ils ont été remplacés par des boulangeries industrielles qui crachent du pain sans âme (...). Les rois n'existent plus non plus et ont été remplacés, eux, par le Parti communiste. Il faut maintenant être communiste de père en fils. L'avantage avec le communisme, c'est que chacun peut l'adopter, alors que normalement il n'y a qu'un seul roi par pays."

Impressions
Belle histoire sur un canevas que j'ai déjà trouvé dans de nombreux romans du concours InterCE...
Par exemple La Saison des Mangues, Les Déchaînés
Les hommes y ont le mauvais rôle, sans doute sûrement souvent mérité. Les seuls 'habilités' se pendent à un chêne ou sont massacrés par un Boiteux violent et détestable.
Et ces femmes que le destin sur fond d'Histoire agitée en Tchécoslovaquie malmène sont belles, déterminées et courageuses.

Le rêve les métamorphose.
"Rêver transforme une femme de presque soixante ans avec un derrière et un foulard sur la tête en une jeune femme belle, les yeux pleins d'étoiles qui s'illuminent plus fort que celles accrochées dans le ciel d'une nuit sans lune."

Elles savent capter les instants de grâce.
"Les moments de grâce sont de cette nature, furtifs, insaisissables. Il faut avoir foi en eux, et en leur existence, si brève qu'elle laisse une trace amère dans tout le corps. Cette sensation, cette nostalgie est bien la preuve de leur existence."

Ecrit en Français par une écrivaine d'origine tchèque (elle vit en France depuis 1991). L'écriture est poétique, fluide et agréable à lire mais est parfois trop simpliste. Cependant on ne peut qu'apprécier cette démarche très volontaire d'écrire son premier roman dans une langue non maternelle.

Un beau roman sur la filiation portée par de magnifiques voix de femmes. 

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

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