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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

samedi 21 septembre 2013

133: "Neige" de Orhan Pamuk



Genre : Ka et Ipek à Kars sous la Kar

Histoire
Ka est turque, un poète moderne, triste et mélancolique et vit seul à Francfort.
Il revient dans son village d'enfance, Kars, perdu dans la campagne à la frontière arménienne.
La neige ('Kar' en turque, titre original du roman) tombe incessamment au point de bloquer les accès routiers.
Le décor blanc d'un drame théâtral est planté.

Impressions  

Une écriture précise, souvent poétique, entre en résonance avec la mélancolie de Ka et les quartiers de ce village isolé peints avec un réalisme saisissant. On pourrait parfois se surprendre à vouloir balayer d'un revers de main des flocons de neige illusoirement tombés sur nos épaules.

L'auteur nous plonge dans le quotidien des turcs qui échangent sur les grandes questions politiques et religieuses, l'athéisme, la condition de la femme... Le port du voile cristallise les tensions entre pouvoirs et religions. Chaque mouvement s'exprime par la voie de personnages secondaires importants, depuis les intégristes aux plus modérés.

Dans un contexte de guerre civile, Ka vit des sensations d'inspiration presque mystiques où il doit très vite coucher sur le papier le poème qui le submerge. Ka est un anti-héros attachant; il subit son destin en dépit de ses efforts pour retrouver l'amour, allant jusqu'à jouer le porte-parole entre les militaires et Lazuli. Il déambule dans l'histoire, même pendant les couvre-feux imposés par le coup d'état d'opérette, il erre à travers les rues enneigées comme son cœur se perd entre Ipek et sa sœur Kadife.

Un roman complexe et riche. Incontestablement un écrivain majeur.
Citation de Orhan Pamuk:
"Tout le livre est un mélange de tragédie et de farce, d’ironie et de drame, de sourire et de larmes."


Orhan Pamuk s'est vu attribuer le prix Nobel de littérature en octobre 2006.
Les femmes turques ont exprimé leur désaccord, jugeant que l'auteur avait accordé trop d’attention, de compréhension aux motivations de ses personnages islamistes, et ont vu cela comme une sorte de trahison. 

samedi 7 septembre 2013

132: " Sur la plage de Chesil" d'Ian McEwan


Genre : lune de (f?)miel en huis clos so British

Histoire
1962: le jeune historien Edward Mayhew et la violoniste virtuose Florence Ponting sont venus passer leur lune de miel dans la vielle auberge du Dorset.
L'inhibition et l'héritage social vont jouer le grain de sable de cette soirée attendue (ou redoutée ?)...

Impressions  
Roman dense (une pause après les plus de 600 pages de la chronique précédente).
Unité de lieu, drame théâtrale ou très peu d'actions se produisent et pourtant tout bascule.
Drame de ces petits détails qui différencient Edward et Florence: leur origine sociale, leurs goûts personnels (musique, loisirs...) et leur rapport au sexe. Ce dernier sujet, au cœur du récit, est traité avec délicatesse.

Écriture ciselée où par touches délicates, ellipses, l'auteur raconte l'histoire de ces 2 êtres venant d'horizons différents, leur enfance, leur rencontre, tandis que dans cette chambre d'hôtel, les non-dits se bousculent en vain aux portes de la parole et la tension monte crescendo jusqu'à la cassure.

Chef d’œuvre littéraire.

131: "La physique des catastrophes" de Marisha Pessl

Genre : thriller-peinture sociale des US-des sentiments

Histoire
Bleue Van Meer, vit avec son père, un professeur de littérature, intellectuel, séducteur et excentrique. 
Depuis la mort de sa mère, Bleue et son père migrent continûment d'une ville universitaire à l'autre, centrés sur leur relation fusionnelle animée de défis intellectuels et savants.
Mais dans la petite ville de Stockton (Californie), l'adolescente renfermée va rejoindre un cercle fermé et élitiste de lycéens animé par Hannah Schneider, un professeur. Jusqu'au jour de la découverte par Bleue du corps pendu d'Hannah...


Impressions  
Pas d'exposés de physiques quantiques, que les non scientifiques se rassurent !

C'est une histoire à géométries multiples. Plusieurs niveaux de lecture se présentent.

C'est d'abord présenté comme une autobiographie: Bleue dit:
« Papa disait toujours qu'il faut une sublime excuse pour écrire l'histoire de sa vie avec l'espoir d'être lu. »
La sublime excuse prétextée pour écrire cette autobiographie, c'est évidemment la mort d'Hannah et toute l'enquête mystérieuse déclenchée par ce drame.
L'humour et l'ironie colorent aussi avec verve cette histoire au moyen d'un style brillant.
Mais cette légèreté est souvent là pour adoucir la noirceur du roman, vecteur d'une critique extrêmement riche de la société américaine: consumérisme, élitisme, politique....
Enfin c'est aussi évidemment un roman sur les relations parents-enfants et sur l'adolescence. L'héroïne, Bleue, 15 ans, se pose toutes les questions dans cette période troublée de passage à l'âge adulte.


Le début est un peu fastidieux. L'avalanche de citations (livres, films, pièces de théâtre..) lasse et semble assez indigeste, la trame de l'histoire tarde à se mettre en place. Heureusement, au bout d'une centaine de pages de ce pavé qui en contient 600, le rythme s'instaure et la lecture devient captivante. Au même titre que les supports visuels qui émaillent le récit, les références multiples apparaissent comme des éléments documentaires de la narration, rappelant le format d'une thèse.

Le roman finit en apothéose, décoiffant mais je ne veux surtout pas en dire plus !!
Au final un sentiment partagé. Ce roman aurait gagné à être plus court et plus vite entrer dans l'intrigue. Mais je pense que la virtuosité du style, la profondeur de cette peinture de l'Amérique, et cette intrigue prenante surpassent les défauts de l'ouvrage. C'est un roman très original (ah l'épilogue !) et très attachant.

Encore un roman excellent.
Armez-vous de patience pour les au moins cent premières pages (voire plus pour certains bloggueurs), et d'un peigne pour tenir le suspens du dénouement !

(Il me faut lire 'Le maître des illusions' de Bonna Tartt, souvent cité dans les blogs comme source d'inspiration de "La physique des catastrophes")

vendredi 6 septembre 2013

130: "La vérité sur l'Affaire Harry Québert" de Joël Dicker


Genre : best seller de l'été 2013 sur une histoire d'écrivains de best seller(s?)


Histoire
Écrivain célèbre et professeur d'université, Harry Québert est accusé d'avoir assassiné une jeune fille de 15 ans. 
Marcus Goldman, le narrateur, lui aussi écrivain, est en panne d'inspiration après le succès retentissant de son premier roman.
Bien que menacé d'être ruiné si il ne livre pas à temps son deuxième ouvrage, il se rend à Hampshire, lieu de l'intrigue: il se lance dans une enquête afin de prouver l'innocence d'Harry.

Impressions  

Une quête de la vérité, certes, mais pas seulement celle de Harry, celles aussi des habitants de Hampshire, avec leurs excès, leurs jalousies, leurs faiblesses. Une ville microcosme à la Agatha Christie, peinture très colorée de la province américaine.
La construction de cette histoire est extrêmement habile, rythmée par des rebondissements qui dynamisent la narration, et (ouf !) sans formatage systématique comme dans 'Da Vinci Code' ou 'Les piliers de la Terre' de Ken Follet. Une construction à l'américaine par un écrivain suisse roman...
Et ce roman ne se résume pas à une cette enquête criminelle, mais au contraire sert d'alibi à des réflexions sur l'écriture, sur la société américaine (les médias, la justice, la police...), sur les mœurs humaines.
S'ajoute aussi la dimension d'une quête de Marcus sur sa vraie nature. Le 'Fantastique' aurait-il des failles ? Est-il un imposteur ?

Maintenant, une fois le soufflé de l'enthousiasme retombé -cela fait un mois et demi que je l'ai fini- des lacunes et imperfections transparaissent. Sur l'écriture, il peut y avoir débat: qu'est-ce qu'un bon livre, un best-seller comme semble le dire ce roman ? L'écriture elle-même de l'auteur est très commune. De plus l'histoire d'amour entre un homme de 34 ans et une fillette de 15 ans ne m'a pas fait frémir, on est très loin de 'Lolita'. Et les personnages sont souvent caricaturaux.

Mais ne boudons pas notre plaisir.
Roman remarquablement construite et prenant. Une lecture qui procure énormément de plaisir. Il ne deviendra pas cependant un incontournable pour moi mais je surveillerai avec attention les prochaines publications de cet auteur suisse de 27 ans !

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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