Blogging-pot: 2016

dimanche 25 décembre 2016

Lily

vendredi 23 décembre 2016

255: 'Frère des astres' de Julien Delmaire

Genre : mystique hors norme, dans une France en crise

Histoire

Librement inspiré de St Benoît Labre, vagabond mystique du 18ième siècle.
Pèlerin, clochard, vagabond ?

Benoît ne parlait pas, il chantait. Il ne travaillait pas, il mendiait. Il ne se lavait pas, il se purifiait. Il cherchait une luciole à chaque carrefour, une promesse sur chaque visage.

Impressions

Quatrième lecture du concours InterCE, le ton n'est inévitablement pas à la comédie mais tout de même teinté d'un message d'espoir. L'auteur cisèle un destin illuminé par le dénuement, l'émerveillement et les louanges face à la nature.
Cette traversée d'une France en crise rend un hommage à la beat generation, cite le mouvement de sobriété bienheureuse prônée par Pierre Rabhi, le tout habillé d'une poésie profonde.

Très belle écriture pour un récit atypique.

mardi 20 décembre 2016

254: 'Les Enfants de Minuit' de Salman Rushdie

Genre : récit picaresque en Inde

Histoire

Saalem Sinai, dit Morve-au-Nez, est né à minuit le 15 août 1947, jour de l'indépendance de l'Inde. Comme pour 1001 autres enfants, cette date leur a conféré des pouvoirs extraordinaires. Saga familiale, magie, "Histoire", humour, sentiments, tous les ingrédients sont là pour une épopée fantastique.

Impressions

Paru en 1981, premier roman de cet auteur (son premier texte Grimus est paru dans les années 70).
816 pages en version Livre de Poche, 670 chez Roman Biblio de Poche et 645 dans la version édition Stock que j'ai lue (1ière édition en France, 1983), un vrai pavé.

Voilà un roman qui m'a continuellement évoqué celui de Gabriel Garcia Marquez, 'Cent ans de solitude' ou encore celui de Mendoza, 'La Ville des Prodiges'. Les noms se mélangent, les événements les plus improbables se succèdent, l'Histoire avec un grand 'H' se mêle avec celle du héros et de sa famille.
Mais différence majeure : c'est dans l'Inde que se dresse ce récit et pas en Amérique du Sud ni à Barcelone. Autre différence majeure, ce récit est une satire de l'histoire indienne, Salman dénonce les travers des politiques, des religieux, des traîtrises, du pouvoir de l'argent, à la manière d'un Voltaire.

C'est dense, chahuté, parfois burlesque, fantastique, magique, drôle, farfelu.
Difficile à résumer en quelques lignes, un voyage au long court.

Grand roman chaotique et complexe, où le lecteur doit accepter de se perdre. Un incontournable du genre.

253: 'Il reste la poussière' de Sandrine Collette

Genre : maltraitance en Patagonie

Histoire

Je reprends un extrait du résumé en 4ième de couverture:
'Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop.'

Impressions

Oh la la, c'est dur, dur et dur. Rafael prend plus de coups que les autres, mais il n'est pas l'unique victime de la violence physique et psychique. Ses frères, la mère, tous encaissent, sans échappatoire, sans espoir.
L'écriture est aride comme ces steppes patagonnes, parfaitement adaptée au sujet.

Parenthèse pas du tout humoristique. Noir, oppressant, au final beaucoup d'ennui à cette lecture aride.

252: 'Petit traité d'éducation lubrique' de Lydie Salvayre

Genre : parenthèse humoristique

Histoire

Petit fascicule d’éducation aux plaisir charnels autant adressé aux femmes qu'aux hommes.

Impressions

Très court traité.
Pas pornographique, mais coquin, l'auteure s'amuse, amoureuse des belles phrases, de l'art (des références à Fragornard, Oscar Wilde...), de l'humour, et de l'amour bien sûr.

Léger et sans prétention.
J'avoue que cette parenthèse a apporté un peu de légèreté par rapport aux romans du concours Alice...

**Cette auteure a reçu le prix Goncourt 2015. Elle est psychiatre et écrivaine.

mercredi 30 novembre 2016

251: 'Les échoués' de Pascal Manoukian

Genre : brut de décoffrage

Histoire

1992: avant les grandes vagues migratoires.
Trois origines géographiques: des pays où vivre est un enfer.
Pour une destination unique: un chantier de Villeneuve-le-Roi en région parisienne.

2 soudanais, un moldave et un bangladais, une rencontre improbable de désespérés, 4 clandestins désormais membres du quart monde de notre monde occidental.

Impressions

Troisième roman du Concours Inter CE 2016-2017, et ... on retrouve ce goût du jury de sélection pour les histoires de désespoirs humains aboutissant à des 'sad ends'...

Pas de pathos, on est dans le dur, sans concession, que ce soit pour décrire les parcours périlleux, effroyables et douloureux que pour peindre la cruauté de notre monde occidental qui fait son beurre de ces soumis.
C'est presque journalistique, marqué par l'empreinte de l'auteur qui connait bien les mécanismes géopolitiques. Les parcours de vie de ces 3 familles de clandestins sont sûrement calqués sur des vécus réels.
Guerre sauvage, dictature communiste, misère écologico-économique, tous ont fuit la mort certaine ou la sous-vie, ce no-man's land où le corps doit être sacrifié à la prostitution ou au trafic d'organes...
Le scénario est peu crédible mais on a envie d'y croire pour se donner un peu d'espoir à travers l'humanité et la solidarité exprimée. Et aussi éclairer ce récit plutôt noir.

Histoires d'hommes et femmes auxquels l'auteur offre un porte-voix. En espérant changer les visions et la situation ?....
Un roman fort mais à ne lire qu'en ayant la patate et le moral ;)

**Pascal Manoukian est journaliste grand reporter, il a couvert la plupart des grands conflits qui ont secoué la planète entre 1975 et 1995.
Il est directeur éditorial de l'agence de presse Capa et auteur.

Il a obtenu en février 2016, à la Foire du Livre de Bruxelles, le prix Première pour son roman Les échoués.

samedi 19 novembre 2016

250: 'Marabunta' de Corinne Faure

Genre : un thriller qui prend aux tripes...

Histoire

Le commissaire Marsac échange sur la vie et Nietsche avec un SDF dans le Square du Vert Galant à Paris tandis que des cadavres sont retrouvés dans des poubelles...

Impressions

Deuxième roman du Concours Inter CE 2016-2017, et depuis que j'y participe, un thriller sélectionné, une première !
L'auteure est psychologue et cela se ressent dans ce roman. La peinture d'un flic héros désabusé et plutôt dépressif existe certes dans d'autres polars, mais il est entouré de nombreux autres personnages dont les phobies, les faiblesses sont décrites avec justesse et humanité: Stéphane son ami journaliste, Raimbauld un flic et pas un poète, ... Sur ce fond de toiles de l'âme humaine, l'intrigue est bien construite et soutenue, je n'avais plus envie de lâcher ce livre.

Une belle découverte. A quand un opus suite ?

Corinne Faure est iséroise, et la maison d'édition Guinet basée à St Martin-Le-Vinoux a été créée il y a un an.

BD globbing: 'Come prima' d'Alfred, prix fauve d'Angoulême 2014

Coup de cœur pour cet "road-bd-y" (à l'image d'un road-movie) de deux frères à bord d'une Fiat 500.

Disputes, silences, accolades, flash-backs, nostalgie, rancune, joies,..

L'auteur excelle à la fois dans l'écriture et dans le dessin.

Alternances entre couleurs ensoleillées et palette tricolore, entre planches avec et sans dialogue, le trait présente un juste équilibre entre trop travaillé et minimaliste.

Bravo !

samedi 12 novembre 2016

249: 'La Saison des Mangues' de Cécile Huguenin

Genre : multiculturalité

Histoire

3 générations de femme à la recherche de leur identité et de leur propre histoire dans 3 continents chamboulés par l'Histoire.

Impressions

Ça y est, voici le premier roman du Concours Inter CE 2016-2017.
C'est aussi le premier roman de l'auteure, et fait non anodin, Cécile Huguenin l'a écrit à l'âge de 74 ans.

C'est un roman centré sur le bilan sur la vie, avec en personnage cœur Anita qui se concentre sur sa préparation du petit-déjeuner pour ne pas se perdre, pour "récolter les morceaux d'elle-même que la nuit a dispersés [...]".

"Le major la voulait anglaise Sa mère et ses tantes l'avaient déguisée en Indienne. François l'avait emmenée en France. Son amour pour lui était le sens de sa vie, sa direction, son but ultime. [...]
Anita se répète : "Je suis moi, je suis moi, je suis moi." Son nouveau mantra."

A travers ce périple en Inde, Angleterre, France et Afrique, chacun apprend la tolérance, la lutte contre les préjugés, et à se reconstruire dans un nouvel univers culturel.
Les thèmes abordés sont forts et la construction de ce roman est très habile.

C'est peut-être de la trop grande richesse de thèmes abordés que souffre cet ouvrage très court (170 pages). Inde coloniale, Angleterre, la France et l'immigration -le personnage de Fatou est séduisant- les actions humanitaires dans une Afrique instable, la folie, les rites vaudou, la place de la femme dans la société...
Je n'ai pas été happé dès le début par l'écriture et l'articulation du récit. C'est sans doute à partir de la rencontre entre Mira et l'élève ingénieur en Afrique que la magie a plus opéré et que les fils de l'histoire se sont noués jusqu'à une fin subtile.

Récit humain.

mardi 25 octobre 2016

248: 'Le Totem du Loup' de Rong Jian

Genre : Chen Zhen au pays des tribus mongoles

Histoire

Les hordes de loups règnent dans ces contrées mongoles que Chen Zhen, jeune étudiant de Pékin, a rejointes. Cette rencontre avec le monde sauvage se traduit pour ce citadin par un apprentissage de la vie rude des Mongols aux côtés des loups.

Impressions

La Chine est alors en pleine révolution culturelle et pour lutter contre les vieilles traditions, des étudiants sont envoyés dans les campagnes pour évangéliser les populations aux doctrines maoïstes.
Livre sur la dualité entre Orient et Occident, entre sédentarisme et nomadisme.
Cette histoire de loups est prétexte à des messages politiques sur des sujets comme la destruction de l'éco-système ou du mode de vie traditionnel des Mongols.
MAIS, j'avoue, j'ai abandonné la lecture au bout d'environ 300 pages, sans doute pas dans le "mood" d'un récit long et délayé.

Intéressant pour découvrir la culture mongole.

Vendu en Chine à plus de 20 millions d'exemplaires, un carton.

247: 'Vers la sobriété heureuse' de Pierre Rabhi

Genre : Invitation à une nouvelle forme de société

Histoire

Témoignage de Pierre Rhabi, agriculteur philosophe, qui a choisi une vie à l'opposé de la société de consommation aliénante pour l'homme.

Impressions

Un livre finalement très décevant. Beaucoup trop de redites et pas assez de développements. C'est dommage car c'est un penseur engagé majeur et attachant.
Sûrement ses autres ouvrages apportent plus d'enseignements.

Résolution personnelle: lire ses autres ouvrages.

lundi 24 octobre 2016

246: 'Le Philosophe Nu' d'Alexandre Jollien

Genre : journal de combat

Histoire

Alexandre Jollien se met à nu à travers son journal de bord. Quête d'un détachement par rapport au regard des autres, à ses passions, à ses colères, aux jalousies qu'un handicapé comme lui ressent vis à vis des beaux jeunes hommes.
Parcours inspiré du bouddhisme pour s'approcher de la joie.

Impressions

Alexandre a une femme aimante et 2 enfants, est reconnu en tant que philosophe et pourtant... Jour après jour il relate ses efforts. Confidences données sans fard, mises en relation avec la pensée de philosophes comme Spinoza ou Montaigne.
Je me suis un peu forcé à en achever la lecture, lassé par des redites et un style très familier. Un témoignage qui aurait gagné à être plus court.

"J'ai longtemps cru qu'il n'y avait pas de salut en dehors de la philosophie. La raison souveraine devait tout dominer ! En fait, j'étais un ayatollah de la philosophie. J'ai commencé à comprendre que cette maîtrise totale est un piège. La pleine maîtrise est une illusion."

Un autre regard, une leçon de vie.
Une lecture enrichissante en dépit des faiblesses de construction et du style.

vendredi 30 septembre 2016

245: 'Mille six cents ventres' de Luc Lang

Genre : Histoire d'un 'maestro de tous les trous du cul de ma petite ville !'

Histoire

Henry Blain, chef cuisinier de la prison de Strangeways à Manchester, est en chômage technique: les prisonniers se sont mutinés.

Impressions

Le héros est un anti-héros, détestable au possible, malsain et on peut même dire complètement fou. Et c'est sans doute là un des tours de main de ce roman que celui de dépeindre ce détraqué à travers un premier abord bonhomme d'un passionné de jardinage et de Shakespeare.

"…à l’échelle de ma petite ville de damnés le pouvoir que j’ai sur leurs boyaux me donne tout pouvoir sur l’air ambiant, l’état des tissus et des chairs, la disposition des esprits et des caractères, et enfin sur le fonctionnement de la plomberie, de toute la plomberie, que ce soit celle des ventres ou celle des bâtiments. … je peux provoquer des émeutes en changeant brusquement le goût des nourritures, je peux engorger les tuyauteries jusqu’à transformer la prison en une souille à plusieurs étages, personne ne mesure combien je suis tout-puissant en ma ville. "

C'est surtout un crescendo vers le sordide qui marque le ton de ce roman. Au fur et à mesure que le voile se lève, la véritable personnalité de Henry prend le dessus. A lire les chroniques de lecteurs, beaucoup n'ont pas aimé ce récit.
Personnellement j'ai passé un bon moment de lecture et en particulier j'ai apprécié le ton humoristique servi par une écriture efficace. Certaines des scènes décrivant par exemple le système digestif (en relation avec son poste de tyran des ventres) sont assez truculentes.

Roman décalé et assez sordide. A lire au second degré.
Prix Goncourt des Lycéens 1998