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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mardi 25 avril 2017

273: 'Septentrion' de Louis Calaferte

Genre : Luxe et luxure verbale

Histoire
Errances d'un ouvrier passionné de littérature et qui ambitionne de devenir écrivain. En attendant il fait le gigolo auprès de sa Hollandaise, Mlle Van Hoecke, qui l'accueille à c... ouvertes.

Impressions
"Au commencement était le sexe"
D'un côté un texte très cru, obscène, obsédé, irrévérencieux, blasphématoire... Un livre qualifié de pornographique, interdit pendant 20 ans jusqu'à être édité en 1984 par Denoël. (La version que j'ai lue était éditée chez Folio)

'Les livres me donnaient confiance. Sentiment assez indéfinissable. Ils représentaient une force sûre, un secours permanent. Toujours réceptif, un livre ! À la première lecture on a laissé une marque à telle ou telle page, le coin plié, c’est le passage qui répondait à une préoccupation, à un doute. Le dialogue est ininterrompu. D’autant plus vaste qu’on y ajoute tout ce qu’on veut. L’auteur n’a fait que poser les jalons indispensables. À vous de faire la tournée d’inspection'

'L’usine et ses contingences, son bruit, sa graisse, son atmosphère de prison déguisée, ses hommes crasseux, pauvres, disparaissaient alors dans un lointain imperceptible, et je rouvrais le livre à la page où je l’avais laissé pendant la précédente séance qui remontait parfois à moins d’une demi-heure.'

De l'autre une plume virtuose, qui peint une société peu reluisante, une vision noire et pessimiste, un monde où le sexe et l'argent règnent.

Une oeuvre autobiographique en 2 parties, sa période avec Nora la Hollandaise, puis ses errances aux crochets de la société, tapant du fric à toutes ses connaissances.
J'avoue avoir connu plusieurs phases de lassitude, peu d'événements se produisant et les digressions du héros se répétant dans un décor étouffant de stupre et de noirceur à l'image de celle qu'on se fait de l'appartement de Nora. Plus de 400 pages avec les pensées tordues d'un personnage fainéant (il ne commence jamais à écrire), obsédé, tordu, cynique, dépressif, mais lucide sur sa personnalité et décalage par rapport à la société qu'il rejette.

'En dépit des années, je n'avais pas changé, hein ? Pas d'un pouce. Toujours attiré par le lugubre, le macabre, l'insolite, les trucs plus ou moins agressifs, les cas, les idées, les gens extrêmes.'
'Me mettaient en transe, naguère, les oeuvres marquées par la label du mystère, de l'inconscient, ... (Et sexe, oubliait-il d'ajouter à son énumération.)

Un brûlot noir à lire à petites doses. Une expérience littéraire laborieuse. 'Zunck !"

mercredi 19 avril 2017

272: 'N'éteins pas la lumière' de Bernard Minier

Genre : lumière anxiogène à tendance suicidaire

Histoire
Christine Steinmeyer est animatrice vedette de Radio 5, une radio régionale toulousaine. Le soir du Réveillon de Noël, elle découvre dans sa boîte aux lettres une lettre d'appel au secours.
Le début d'une descente aux enfers pour cette jeune femme, comme d'autres ont pu le connaître...

Impressions
700 pages, le troisième épisode des aventures du lieutenant de police Martin Servaz. A nouveau notre (anti-) héros est mal en point, dépressif à la suite de ses 2 affaires précédentes, en soin dans un centre pour les flics au bout du rouleau.
L'habilité du récit est de créer deux fils conducteurs jusqu'à ce qu'ils se croisent (vous direz que c'est classique, par exemple 'La joueuse de go' que j'ai lu précédemment). L'autre attrait de cet opus est de côtoyer le milieu scientifique et technologique toulousain du spatial, et même de nous emmener à la Cité des Etoiles, une ville secrète située à l'est de Moscou et créée en 1960 pour l'entraînement des cosmonautes. Le premier astronaute non originaire de Russie fut Jean-Louis Chrétien en 1980. En 2008 son contrôle a été retiré de l'armée russe et confié à l'agence spatiale Roscosmos.



Un thriller oppressif, presque usant les nerfs tant la persécution acharnée dont Christine est victime est décrite avec une malsaine volonté de faire durer le supplice...

J'ai tourné les pages avec frénésie, et comme il faut reconnaître que l'écriture n'est pas empreinte d'une poésie qui justifierait de se délecter de chaque phrase, j'ai mis très peu de temps à parcourir ce polar. La fin est un peu bancale, avec à nouveau cet improbable moment -avec Marianne, avec Christine- où Servaz laisse la femme en danger seule et sans défense face aux méchants.


Cité des Etoiles: Fauteuil tournant 

Cité des Etoiles: piscine d'entraînement de 12 mètres de profondeur où est immergé un module spatial de 20 tonnes


Cité des Etoiles: centrifugeuse pouvant simuler des accélérations jusque 30g !

Moins d'éclats que les deux épisodes précédents, peu de cadavres suppliciés découverts par la police, c'est plus insidieux et plus pervers. Dérangeant au niveau de l'intellect. Mais la sauce prend et j'ai eu du mal à lâcher ce bouquin à partir des pages 500. Un bon moment de lecture détente après les 2 livres 'coup de coeur" précédents moins 'ludiques'.

lundi 17 avril 2017

271: 'La joueuse de go' de Shan Sa


Genre : 'quitter le jeu maintenant serait trahir le seul homme qui m'a été fidèle'

Histoire
1931, les japonais envahissent la Mandchourie où règne sans pouvoir le dernier empereur de Chine.
Place des Milles Vents, les joueurs de go s'assoient à une table et attendent qu'un adversaire se présente. L’héroïne, une jeune chinoise de 16 ans, fréquente avec passion cet univers. 
Un jeune soldat japonais d'origine aristocrate embarque pour rejoindre la Corée puis les terres mandchoues.
Le jeu de go les unira .. ou pas.






Impressions
L'auteure distille les intrigues de ces 2 destins comme elle pose ses pions sur les 361 croisements du go. Avec raffinement, elle pousse ses pions jusqu'à un dénouement sans issue.

- Comment sait-on si l'on est amoureux ? Que ressent-on ?
- D'abord, tu oublies le monde autour de toi. Ta famille, tes amis deviennent invisibles. Jour et nuit, tu ne penses qu'à un homme. Quand tu le vois, il emplit tes yeux de lumières. Quand tu ne le vois pas, son image te ronge le cœur. A chaque instant, tu te demandes ce qu'il fait, où il est. 




Un bijou de littérature. Une écriture poétique et tranchante, une page d'histoire dure, des portraits profonds, une construction intelligente... Gros coup de cœur.

Prix Goncourt des Lycéens
Les Japonais ont envahi la Mandchourie en septembre 1931, puis ont créé un état fantoche -Mandchoukouo- qu'ils ont occupé jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale.

dimanche 16 avril 2017

270: 'Sombre Dimanche' de Alice Zeniter


Genre : saga sombre d'une famille de Budapest

Histoire
La famille Mandy habite depuis plus de 4 générations une maison de bois qui peu à peu s'est retrouvée encerclée par les voies ferrées de la gare principale de Budapest. Imre y vit avec sa sœur Agi, son père Pal et sa mère, sa tante et son grand-père acariâtre. Il raconte son quotidien et découvre peu à peu les non-dits, les secrets, la souffrance des femmes, les fantômes...


'Tout ce que je vois, c'est que les années ont passé et que les années passées sont des années mortes.'


Impressions
La récit de 3 décennies d'Imre, depuis l'enfance à sa vie de couple en passant par l'adolescence. Une saga plutôt sombre jalonnée par les grandes dates de l'histoire de la capitale de la Hongrie:





Décembre 1944 - Février 1945: bataille de Budapest, où les forces soviétiques et roumaines prennent la ville aux soldats allemandes SS et hongroises. Après le renvoi du régent Miklos Horthy, l'Allemagne avait imposé la nomination du chef du parti fasciste Ferenc Szalasi en tant que premier ministre. Les espoirs d'une sortie pacifique de la Hongrie des conflits avaient été balayés. Entre 100 000 et 300 000 tués à l'issue de l'un des sièges les plus sanglants de la deuxième guerre mondiale.

'La Seconde guerre mondiale avait été un chaos total durant lequel le pays avait servi de parc à thèmes aux Hongrois, aux Allemands et aux Russes. Chacun avait eu son temps de barbarie et chacun en avait usé.'

- Durant les années 1950-1960, la ville devient une vitrine de la politique pragmatique pratiquée par le gouvernement communiste de la Hongrie.



- En 1956, initiée par le soutien au premier ministre réformateur Imre Nagy, l'insurrection de Budapest commença par une manifestation rassemblant plusieurs milliers d'étudiants progressant vers le Parlement. Une délégation pénètre la maison de la radio nationale pour leur demander de diffuser leurs revendications. Leur arrêt déclenche des émeutes qui se répandirent rapidement dans toute la Hongrie et entraînèrent la chute du gouvernement. Le nouveau gouvernement promet des élections libres et déclare son intention de se retirer du Pacte de Varsovie. La normalité relative établie en octobre sera vite perdue avec le revirement du Politburo qui décide d'écraser la révolution. Le 4 novembre les chars russes envahissent Budapest. La résistance dure jusqu'au 10 novembre avec un bilan de 2500 hongrois et 700 soviétiques tués.


"Si Kadar acceptait les cœurs tièdes, les cœurs froids à la condition qu'ils conservent un silence poli, alors la maison au bord des rails acceptait Kadar. La peur se fit moins forte, les ventres se dénouèrent. Et Pal comprit que si l'année 1956 avait été si longue et si terrible, c'était parce qu'elle avait duré jusqu'en 1961."


- En 1968, Kadar ouvre l'économie administrée à un petit secteur privé, un modèle qualifié de 'socialisme du goulash'.

- En 1989 le gouvernement communiste tombe.
"Il avait été cruellement déçu par le premier gouvernement qui avait suivi la chute du régime. Comme beaucoup de Hongrois, il s'était imaginé que la sortie du communisme signifierait la liberté, l'abondance et la joie."






Alice Zeniter entrecroise le présent et le passé avec finesse, peignant avec délicatesse, mélancolie et même de l'humour la fragilité des destins.

La richesse des thèmes abordés servie par une plume raffinée qui multiplie les phrases fortes. Quelques citations:

"C'était une tare familiale chez eux, ils perdaient tout le temps les femmes, ils ne pouvaient pas les garder."

"Ce fut sa seule contribution pour lui venir en aide. Il pensait que le travail absorbe la tristesse, qu'il suffit de ne pas avoir le temps de pleurer pour que les choses s'arrangent."


'Imre pensait à l'expression du grand-père : le fils de sa mère et de la tristesse. Il se disait que ça avait dû prendre de la place dans le ventre de Sara. La tristesse à côté du bébé. Elle n'avait jamais pu s'en débarrasser. Le garçon était sorti mais la tristesse était restée pour de bon, avait construit une maison à l'intérieur.'

'Ceux qui ne sont pas satisfaits émigrent, disait le grand-père. C'est bien. C'est mieux. Avant ils se pendaient. C'était l'émigration à la hongroise.'


Découverte d'une auteure talentueuse. Un nouveau coup de cœur.
Prix Livre Inter 2013 pour ce roman écrit à 27 ans.

jeudi 6 avril 2017

269: 'La maladroite' d'Alexandre Seurat

Genre : martyre et impuissance des témoins

Histoire
La grand-mère, la tante, les instituteurs, les directeurs d'école, les gendarmes, les médecins, ... témoignent de ce drame qui se joue devant eux et qu'ils ne parviennent pas à  stopper.

Impressions
Un roman inspiré d'un fait réel, celui de Marina Sabatier qui aura connu, en 2009, à 8 ans, la même fin EFFROYABLE...
Le sujet est certes bouleversant mais son traitement est fait avec la froideur d'un procès verbal, les faits juste les faits et pas d'émotions (ou si peu). 

Un livre qui dénonce  de manière factuelle la maltraitance et l'impuissance de l'entourage. Mais pour moi ni plaisir littéraire, ni émotion malgré la violence du calvaire vécu par cet enfant.
Quitte à se "délecter" de récits noirs de maltraitance (une constante dans le choix du jury du Concours Inter-CE Alice), se rabattre sur 'Il reste la poussière' de Sandrine Colette dont l'écriture et la construction sont autrement plus intéressantes.

268: 'Le livre des Baltimore' de Joël Dicker

Genre : une histoire de gang

Histoire
Marcus Goldman, héros de 'La Vérité du l'Affaire Québert',  raconte les chassés croisés de l'histoire des Goldman de Montclair -du  nom de la banlieue de New York où résident ses parents - et des Goldman de Baltimore -où vivent dans l'opulence son oncle Saul et sa tante Anita. Deux pôles entre lesquels Marcus et ses cousins oscilleront jusqu'au Drame...


Impressions
Un roman après un énorme succès commercial accompagné de prix littéraires dont le Goncourt des Lycéens, j'imagine un instant la pression subie par ce jeune auteur suisse à succès ...
C'est fluide, agréable à lire -j'ai été happé par ce roman-, habilement rythmé avec des aller-retours temporels qui permettent de dévoiler peu à peu les dessous des apparences. Car il s'agit bien là du thème de ce roman, où, comme dans les films policiers, on rejoue les scènes avec plus détails ou selon un angle de vue qui éclaire la vérité des sentiments, des coupables, des faits réels.

Certes le récit pêche par des clichés (avec des riches, beaux, intelligents...) et les ingrédients classiques de 'rivalités amoureuses, 'argent', 'ambition, 'mensonges et malentendus'. Mais j'ai éprouvé du plaisir à lire ce roman dont l'auteur vise sans doute à être un best-seller mais avec un talent de conteur.


 Yes ! Un bon moment de lecture, pas grandiose mais fluide et prenant.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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