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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

mardi 28 novembre 2017

300: 'Les soldats de Salamine' de Javier Cercas

Genre : autour du fratricide complexe de la guerre civile d'Espagne


D'abord, petite parenthèse, je note que c'est la 300ième chronique, et que franchement je ne pensais pas que ce projet de blog allait durer et accumuler autant de chroniques !
Belle plateforme en tout cas d'échanges pour moi avec les autres lecteurs, ce pense-bête me permet d'aller dénicher des conseils ou de remémorer mes impressions d'anciennes lectures.

Histoire
Journaliste et écrivain ('bon écrivain mineur' selon Cercas), Rafael Sanchez Mazas fut le leader fondateur de la Phalange, un mouvement d'extrême droite créé en Espagne avant la guerre d'Espagne. La Phalange est déclarée hors-la-loi par le gouvernement républicain en mars 1936: Mazas est arrêté et emprisonné à plusieurs reprises, il est libéré ou s'enfuit, et après de multiples rebondissements est transféré en janvier 1939 au Monastère Santa Maria de Collel (près de Girone) pour y être exécuté. La légende veut qu'il réussit à échapper aux balles du peloton d'exécution et est épargné par un des soldats qui le poursuivent.
Suite à la rencontre avec le fils de cet homme, le narrateur, écrivain et journaliste lui aussi,  se met en tête de recueillir des témoignages et des indices pour transformer cette histoire confuse en une fiction.

Impressions
Livre en 3 parties aux titres sibyllins, que j'ai ressenti comme une sorte de montée en puissance, de message, de personnages, de narration:
1- Les amis de la forêt
2- Les soldats de Salamine
3- Rendez-vous à Stockton

La première partie m'a paru un peu laborieuse, longues explications pour comprendre le chemin intellectuel et physique (le narrateur se déplace beaucoup pour retrouver les témoins) qui l'amène à écrire une version 'fiction-réalité'. C'est la genèse de la deuxième partie.


Le chapitre central constitue une reconstruction par le journaliste de l'histoire vécue par Sanchez, depuis son enfance jusqu'à la fin de sa vie, avec pour axe central évidemment cette rencontre mystérieuse entre le soldat républicain et Mazas.
Pourquoi 'La bataille de Salamine' ? Un épisode des guerres médiques, 480 avant J.C., où la flotte grecque l'emporta sur les Perses pourtant en surnombre. 'cristallisation de la douleur des vaincus qui voient la gloire de leur patrie s’abîmer dans un désastre irrémédiable, tandis qu’émerge la puissance athénienne', peut-on lire dans un texte d'analyse du roman de Cercas.

La dernière partie est plus entraînante avec la découverte de Miralles, un personnage beaucoup plus attachant et fréquentable témoin et acteur de ces épisodes de guerres et de violence. Cette rencontre apporte de l'humanité, de la tendresse.

"Il n'y a pas une seule personne parmi ces gens qui connaisse ce vieux à moitié borgne et arrivé au terme de sa vie, qui fume des cigarettes en cachette et qui à ce moment précis est en train de manger sans sel à quelques kilomètres d'ici; pourtant il n'en est pas une seule qui n'ait une dette envers lui."


L'auteur cherche le sauveur de Mazas, rêverait de le trouver en Miralles un héros romanesque.
"- C’est possible. Mais toutes les guerres sont pleines d’histoires romanesques, n’est-ce pas ?
- Seulement pour celui qui ne les vit pas. Miralles exhala une bouffée de fumée et cracha ce qui devait être un brin de tabac. - Seulement pour celui qui les raconte. Pour celui qui va à la guerre pour la raconter, et non pour la faire."

Le thème de ce roman m'est personnellement inconfortable, nauséeux, malsain, tant d'efforts dévoués à ce personnage à l'idéologie exécrable... Je nourris une haine viscérale des mouvements fascistes et rejoins de prime abord la réaction de la compagne du narrateur. "- Merde ! dit Conchi. Je t'ai déjà dit de ne pas écrire sur un facho. Ces gens foutent en l'air tout ce qu'ils touchent. Ce que tu dois faire, c'est oublier ce livre et en commencer un autre. Pourquoi pas sur Garcia Lorca ?"

Mais ce roman n'est pas une apologie des phalangistes, et de Mazas, mais plus un témoignage sur ces épisodes douloureux où aucun des camps n'a finalement été gagnant (et certainement pas Mazas qui sera rejeté par les siens après son ministère fantoche auprès de Franco). C'est aussi un livre qui veut honorer tous ces anonymes qui se sont battus contre le fascisme.

Et enfin c'est un ouvrage souvent analysé quant à sa structure narrative élaborant une fiction à partir de l'histoire. 

Roman sur les relations complexes entre Histoire, roman, fiction, légendes et mémoire. Témoignage d'années sombres et de la complexité des histoires humaines.
Très belle analyse sur : http://journals.openedition.org/labyrinthe/226 

jeudi 16 novembre 2017

299: 'La Bénédiction inattendue' de Yoko Ogawa

Genre : 7 ballades imaginaires

Histoire
Des errances d'une romancière au destin malheureux d'un champion de natation.

Impressions
Je ne suis pas fan des nouvelles, mais j'ai apprécié le rythme et le style de cette écriture (traduite du japonais...). Une poésie mélancolique règne dans ces 7 petits récits.

Recueil de 7 nouvelles raffinées.

298: 'Insoupçonnable' de Tanguy Viel

Genre : faux frères

Histoire
Lise se marie avec Henri. Henri a un frère, Edouard, Lise un frère Sam. Les 3 hommes jouent au golf. Mais ce quatuor ne se voue pas uniquement de bons sentiments...


Impressions
Beaucoup de fans semblants, de faux enlèvements, c'est assez noir, oppressant.
Cette tension est servie par une écriture intelligemment construite, aux phrases assez longues et ponctuées. 
L'auteur nous plonge dans une intrigue dont le lecteur attend dès le début un dénouement tragique. Le scénario est relativement cousu de fil blanc.
Mais l'écrivain nous positionne en spectateur d'une simili pièce de théâtre avec peu de dialogues, où les rapports psychologiques s'expriment à livre ouvert.
On est dans la salle de cinéma, et le crime ne sera pas presque parfait...

Histoire courte (138p) d'une machination de deux amants envers un homme riche somme toute assez commune. Mais bien écrite et aux peintures psychologiques profondes.

jeudi 9 novembre 2017

Bd-blog: "Natures Mortes" de Zidrou-Oriol

Gros gros coup de coeur.


Barcelone
Mar est la muse et le modèle de Vidal Balaguer.
Son ami Joaquim Mor se confie à son propre modèle en lui narrant l'histoire énigmatique de Balaguer...


Très belle histoire, fiction inspirée de la vraie histoire ?
Très beau graphisme proche de la peinture, poétique, raffiné.


En réalité, ce peintre est inventé de toutes pièces. 
Les auteurs ont créé un site "Wikipedia" décrivant sa biographie.







mercredi 8 novembre 2017

297: "Le sommeil des poissons" de Véronique Ovaldé

Genre : conte chez les Madous aux motordus...

Histoire
Un Jo géant travaillait chez les "pétrolezommes" à l'extraction du pétrole
Il est recruté par le Bikiti, 'tout petit, sec et brun', "Un ragondin, un ragondin du fleuve", murmurait-on chez les enjuponnées.
'le grand sait qu'il sera la surprise des foires: L'HOMME LE PLUS FORT DU MONDE."
Le duo remonte le fleuve jusqu'au mont Tonnerre, le village des madous qui vivent sans les hommes une bonne partie de leur vie...



Impressions
Premier roman de l'écrivaine, qui nous livre un :
- Univers fantaisiste, centré sur une population de femmes qui ont réduit les hommes au rôle de la procréation.
- Univers doux et très noir à la fois. 
- Univers au phrasé poétique, fleuri de néologismes savoureux.

"Elle lui dit :
- Je suis toute petite et mouillée. "
Sa phrase grinça ; il regarda les seaux dans lesquels plicploquaient les gouttes qui traversaient le toit. Il vit le lit plus loin et la baignoire, toutes les petites choses parfumées posées sur le bord, il vit les murs suants et les foulards qui pendaient sans bouger aux dix coins de la pièce. Évidemment quand il la regarda au milieu de ce naufrage, il fut touché-charmé-ensorcelé.
Elle était toute petite et mouillée. "

Conte onirique truffé de néologismes. Derrière la douceur de l'univers des Madous, sommeillent de bien terrifiants maléfices.

samedi 4 novembre 2017

296: 'La disparition de Jim Sullivan' de Tanguy Viel

Genre : making-of d'un roman américain

Histoire
Un personnage principal: Dwayne Koster, enseignant en littérature.
Un lieu d'action: Detroit.
Une intrigue sentimentale: Dwayne, divorcé, est jaloux d'Alex Dennis, un collègue de l'université qui a les faveurs de Susan, son ex.

Tous les ingrédients sont là pour que le cuisinier Tanguy Viel, écrivain français, concocte la recette d'un roman américain.


Impressions
Des références à des événements historiques -11 septembre, guerre en Irak- des vastes étendues américaines, un soupçon d'intrigue policière -avec le FBI aux trousses- des motels et des bars, un peu de sexe /amour / alcool, et la recette marmitton-roman.com est décryptée.
Sans oublier un titre décalé, une référence à ce chanteur disparu 40 ans plus tôt dans des conditions toujours inexpliquées.

"Les Américains ont un avantage troublant sur nous : même quand ils placent l'action dans le Kentucky, au milieu des élevages de poulet et des champs de maïs, ils parviennent à faire un roman international.
Même dans le Montana, même avec des auteurs du Montana qui s'occupent de chasse et de pêche et de provisions de bois pour l'hiver, ils arrivent à faire des romans qu'on achète aussi bien à Paris qu'à New York. Cela, c'est une chose qui m'échappe. Nous avons des hectares de forêts et de rivières, nous avons un pays qui est deux fois le Montana en matière de pêche et de chasse et nous ne parvenons pas à écrire des romans internationaux. "

"C'est vrai, disait Dwayne, notre histoire ressemble à un roman, on dirait du Jim Harrison, tu ne trouves pas ? Et elle lui répondait que non, que c'était une histoire pour une femme, une histoire pour Laura Kasischke ou Joyce Carol Oates. Ou bien du Richard Ford, songeait-il en regardant un papillon nocturne s'agacer sur le plafonnier. Peut-être Alice Munro pensait-elle. Non, je sais, reprenait-il, c'est du Philip Roth. Et il disait ça à cause des bruits d'orage que faisait son cerveau, que d'un côté il était l'homme de raison qui enseignait à l'université, de l'autre il était comme cette bête sauvage et concupiscente qui découvrait sur le tard la sexualité - ça oui , c'est du Philip Roth, disait Dwayne. Mais elle,comme elle n'aimait pas trop Philip Roth et qu'elle voulait absolument avoir le dernier mot,alors elle disait le seul nom qui était hors du jeu, le seul nom qui les laisserait forcément silencieux et rêveurs, elle disait William Faulkner."

Roman court et récréatif. Assez jubilatoire.

295: 'La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil' de Sébastien Japrisot

Genre : au bord de la crise de nerfs ou d'histérie

Histoire
La veille d'un long week-end du 14 juillet, M Caravaille, le patron de l'agence de publicité demande à Danny Longo de taper chez lui le texte d'un dossier urgent pour un contrat à Genève. Après une nuit d'éprouvante lutte avec la machine à écrire, Danny est à nouveau sollicitée pour emmener son patron et sa famille à l'aéroport d'Orly à bord de la Ford Thunderbird blanche...


Impressions
Pas réellement un polar, c'est plutôt un thriller-roadmovie où "accessoirement" un cadavre -et un fusil !- apparaissent de manière impromptue au cours du périple de l'héroïne.
Et d'ailleurs, cette belle femme qui cache sa myopie derrière ses lunettes teintées, cache-t-elle aussi une folie meurtrière, une psychologie de menteuse schizophrène ?
Histoire abracadabrante où les pièces d'un puzzle machiavéliques semblent s'assembler.
C'est rythmé, enlevé, agréable à lire. Et on se surprend à éprouver de l'empathie pour cette 'paumée pro-esclavagiste' qui continue à se battre face aux avalanches d’épreuves qui s'abattent.
"Je n'ai jamais vu la mer.
Le sol carrelé de noir et de blanc ondule comme l'eau à quelques centimètres de mes yeux.
J'ai mal à en mourir.
Je ne suis pas morte.
Quand on s'est jeté sur moi - je ne suis pas folle, quelqu'un, quelque chose s'est jeté sur moi - j'ai pensé : je n'ai jamais vu la mer. "

Thriller déroutant qui se dévore. A lire à bord d'une Thunderbird !

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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