D'abord, petite parenthèse, je note que c'est la 300ième chronique, et que franchement je ne pensais pas que ce projet de blog allait durer et accumuler autant de chroniques !
Belle plateforme en tout cas d'échanges pour moi avec les autres lecteurs, ce pense-bête me permet d'aller dénicher des conseils ou de remémorer mes impressions d'anciennes lectures.
Histoire
Journaliste et écrivain ('bon écrivain mineur' selon Cercas), Rafael Sanchez Mazas fut le leader fondateur de la Phalange, un mouvement d'extrême droite créé en Espagne avant la guerre d'Espagne. La Phalange est déclarée hors-la-loi par le gouvernement républicain en mars 1936: Mazas est arrêté et emprisonné à plusieurs reprises, il est libéré ou s'enfuit, et après de multiples rebondissements est transféré en janvier 1939 au Monastère Santa Maria de Collel (près de Girone) pour y être exécuté. La légende veut qu'il réussit à échapper aux balles du peloton d'exécution et est épargné par un des soldats qui le poursuivent.
Suite à la rencontre avec le fils de cet homme, le narrateur, écrivain et journaliste lui aussi, se met en tête de recueillir des témoignages et des indices pour transformer cette histoire confuse en une fiction.
Impressions
Livre en 3 parties aux titres sibyllins, que j'ai ressenti comme une sorte de montée en puissance, de message, de personnages, de narration:
1- Les amis de la forêt
2- Les soldats de Salamine
3- Rendez-vous à Stockton
La première partie m'a paru un peu laborieuse, longues explications pour comprendre le chemin intellectuel et physique (le narrateur se déplace beaucoup pour retrouver les témoins) qui l'amène à écrire une version 'fiction-réalité'. C'est la genèse de la deuxième partie.
Le chapitre central constitue une reconstruction par le journaliste de l'histoire vécue par Sanchez, depuis son enfance jusqu'à la fin de sa vie, avec pour axe central évidemment cette rencontre mystérieuse entre le soldat républicain et Mazas.
Pourquoi 'La bataille de Salamine' ? Un épisode des guerres médiques, 480 avant J.C., où la flotte grecque l'emporta sur les Perses pourtant en surnombre. 'cristallisation de la douleur des vaincus qui voient la gloire de leur patrie s’abîmer dans un désastre irrémédiable, tandis qu’émerge la puissance athénienne', peut-on lire dans un texte d'analyse du roman de Cercas.
La dernière partie est plus entraînante avec la découverte de Miralles, un personnage beaucoup plus attachant et fréquentable témoin et acteur de ces épisodes de guerres et de violence. Cette rencontre apporte de l'humanité, de la tendresse.
"Il n'y a pas une seule personne parmi ces gens qui connaisse ce vieux à moitié borgne et arrivé au terme de sa vie, qui fume des cigarettes en cachette et qui à ce moment précis est en train de manger sans sel à quelques kilomètres d'ici; pourtant il n'en est pas une seule qui n'ait une dette envers lui."
L'auteur cherche le sauveur de Mazas, rêverait de le trouver en Miralles un héros romanesque.
"- C’est possible. Mais toutes les guerres sont pleines d’histoires romanesques, n’est-ce pas ?
- Seulement pour celui qui ne les vit pas. Miralles exhala une bouffée de fumée et cracha ce qui devait être un brin de tabac. - Seulement pour celui qui les raconte. Pour celui qui va à la guerre pour la raconter, et non pour la faire."Livre en 3 parties aux titres sibyllins, que j'ai ressenti comme une sorte de montée en puissance, de message, de personnages, de narration:
1- Les amis de la forêt
2- Les soldats de Salamine
3- Rendez-vous à Stockton
La première partie m'a paru un peu laborieuse, longues explications pour comprendre le chemin intellectuel et physique (le narrateur se déplace beaucoup pour retrouver les témoins) qui l'amène à écrire une version 'fiction-réalité'. C'est la genèse de la deuxième partie.
Le chapitre central constitue une reconstruction par le journaliste de l'histoire vécue par Sanchez, depuis son enfance jusqu'à la fin de sa vie, avec pour axe central évidemment cette rencontre mystérieuse entre le soldat républicain et Mazas.
Pourquoi 'La bataille de Salamine' ? Un épisode des guerres médiques, 480 avant J.C., où la flotte grecque l'emporta sur les Perses pourtant en surnombre. 'cristallisation de la douleur des vaincus qui voient la gloire de leur patrie s’abîmer dans un désastre irrémédiable, tandis qu’émerge la puissance athénienne', peut-on lire dans un texte d'analyse du roman de Cercas.
La dernière partie est plus entraînante avec la découverte de Miralles, un personnage beaucoup plus attachant et fréquentable témoin et acteur de ces épisodes de guerres et de violence. Cette rencontre apporte de l'humanité, de la tendresse.
"Il n'y a pas une seule personne parmi ces gens qui connaisse ce vieux à moitié borgne et arrivé au terme de sa vie, qui fume des cigarettes en cachette et qui à ce moment précis est en train de manger sans sel à quelques kilomètres d'ici; pourtant il n'en est pas une seule qui n'ait une dette envers lui."
L'auteur cherche le sauveur de Mazas, rêverait de le trouver en Miralles un héros romanesque.
"- C’est possible. Mais toutes les guerres sont pleines d’histoires romanesques, n’est-ce pas ?
Le thème de ce roman m'est personnellement inconfortable, nauséeux, malsain, tant d'efforts dévoués à ce personnage à l'idéologie exécrable... Je nourris une haine viscérale des mouvements fascistes et rejoins de prime abord la réaction de la compagne du narrateur. "- Merde ! dit Conchi. Je t'ai déjà dit de ne pas écrire sur un facho. Ces gens foutent en l'air tout ce qu'ils touchent. Ce que tu dois faire, c'est oublier ce livre et en commencer un autre. Pourquoi pas sur Garcia Lorca ?"
Mais ce roman n'est pas une apologie des phalangistes, et de Mazas, mais plus un témoignage sur ces épisodes douloureux où aucun des camps n'a finalement été gagnant (et certainement pas Mazas qui sera rejeté par les siens après son ministère fantoche auprès de Franco). C'est aussi un livre qui veut honorer tous ces anonymes qui se sont battus contre le fascisme.
Et enfin c'est un ouvrage souvent analysé quant à sa structure narrative élaborant une fiction à partir de l'histoire.
Et enfin c'est un ouvrage souvent analysé quant à sa structure narrative élaborant une fiction à partir de l'histoire.
Roman sur les relations complexes entre Histoire, roman, fiction, légendes et mémoire. Témoignage d'années sombres et de la complexité des histoires humaines.
Très belle analyse sur : http://journals.openedition.org/labyrinthe/226
Très belle analyse sur : http://journals.openedition.org/labyrinthe/226
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