New !!

Liste par auteurs & titres dans Kronik list

samedi 29 février 2020

407: 'Ravel, un imaginaire musical' de BEFFA Karol, METAYER Guillaume et CAVAILLEZ Aleksi - BD

Genre : BD portrait de Ravel
Histoire
1936. Ravel sentant la mort approcher entreprend de conter son histoire à son fidèle ami et disciple Alexis Roland-Manuel. On assiste à la création de Gaspard de la nuit, de Daphnis et Chloé, du Concerto pour la main gauche et du Boléro. Le musicien se lance dans une évocation bigarrée de sa vie, tissée d’amitiés indéfectibles et de fulgurances musicales, où l’on croise Debussy, Fauré, Ida Rubinstein,Stravinsky ou Colette.






Impressions
Cette BD a été créée par un trio formé du pianiste Karol Beffa, et de Guillaume Métayer pour le scénario, et de Aleksi Cavaillez au dessin. Ils composent le portrait d’un Ravel espiègle et passionné, et plantent le décor d’une modernité artistique qui s’invente.



Sous la forme d'entretiens au Belvédère à Montfort-l'Amaury, ce récit permet de découvrir jour après jour un compositeur complexe, sensible et très pudique.
Réminiscences musicales alternent avec les épisodes de vie, ce roman BD retrace l’extraordinaire destinée de ce musicien de génie.
Exploit en regard de la richesse de Maurice Ravel, une vie nourrie de très nombreuses rencontres, influences, amitiés -notamment ce groupe anticonformiste dit des "Apaches". 

Le dessin en noir et blanc est animé de lignes dynamiques, d'envolées musicales, de vibrations visuelles. Un graphique très musical, une réussite d'autant plus remarquable pour un dessinateur sourd depuis l'âge de 6 ans. Il dessine la musique.

Ce que je regrette par rapport à ce bel ouvrage est qu'il n'est pas accompagné d'un CD ou d'un lien Internet qui nous permette d'écouter toutes les compositions de Ravel en même temps que la lecture avance.
Je lui reproche aussi d'être ardu d'accès, multipliant les références musicales, poétiques, ou à de très nombreux autres artistes contemporains de Ravel. Je reconnais avoir été perdu par ce déluge d'érudition.

Un roman bio BD de Maurice Ravel qui invite à découvrir la discographie de ce compositeur majeur. Sans doute un peu trop difficile d'accès pour un public non initié.

A propos des auteurs:
Compositeur et pianiste, maître de conférences à l’École normale supérieure (Ulm), Karol Beffa a été titulaire de la Chaire annuelle de création artistique au Collège de France. Il a été élu en 2013 et en 2018 « meilleur compositeur de l’année » aux Victoires de la Musique et a obtenu, en 2016, le Grand Prix Lycéen des Compositeurs. Il a notamment publié Parler, Composer, Jouer (Seuil).

Guillaume Métayer, Chargé de recherche au CNRS, ses travaux portent sur l’écriture philosophique des Lumières (en particulier Voltaire) dans sa postérité (Nietzsche, Anatole France…). Il est aussi poète et traducteur littéraire, notamment de poésie allemande et hongroise. Il a notamment publié Nietzsche et Voltaire (Flammarion, 2011), Anatole France et le nationalisme littéraire (Le Félin, 2011).


Aleksi Cavaillez Aleksi est un illustrateur touche-à-tout et passionné de musique, malgré sa surdité (il a notamment suivi le groupe Fauve en tournée). Son travail est remarqué dans la presse (Vanity Fair,…) et la publicité (Prix CB News du meilleur illustrateur). Ravel, un imaginaire musical, est sa première bande dessinée.



A propos du Belvédère:
   En 1921, Maurice Ravel achète à Montfort-l’Amaury le Belvédère, petite maison où il réside jusqu’à sa mort en 1937. Le jardin, conservé à l’identique, a été dessiné par le compositeur lui-même. «Le Boléro», le «Concerto pour la main gauche», le Concerto en sol, «L’Enfant et les Sortilèges» sont quelques-unes des oeuvres écrites à Montfort l’Amaury.

Dates clés de la vie de Maurice Ravel
7 mars 1875 : Naissance à Cibourne, dans les Basses Pyrénées
1 janvier 1889 : Il entre au Conservatoire de Paris à l'âge de quatorze ans
1 janvier 1893 : "Sérénade grotesque"
1 janvier 1895 : "Menuet antique" et "Habanera pour deux pianos"
1 janvier 1901 : Il obtient le second prix au Concours de Rome pour sa cantate "Myrrha" et il compose "Jeux d'eau"
1 janvier 1903 : "Quatuor en fa et Schéhérazade"
1 janvier 1909 : Rencontre avec Stravinsky, qui aura un impact sur ses "Trois poèmes de Stéphane Mallarmé"
1 janvier 1910 : Il co-fonde la Société musicale indépendante (S.M.I.). Il compose le ballet "Ma Mère l'Oye"
1 janvier 1912 : Ballet "Daphnis et Chloé"
1 janvier 1914 : "Le Tombeau de Couperin" et "Trio en la mineur pour piano, violon et violoncelle"
1 janvier 1922 : "Sonate pour violon et violoncelle" qui marque son renoncement aux harmonies
1 janvier 1928 : Création du "Boléro" et de "La Valse". Il fait deux tournées de concerts aux Etats-Unis
22 novembre 1928 : Le Boléro fait crier "au fou!"
Sur une commande de la danseuse Ida Rubinstein, Ravel compose un morceau symphonique simple, une musique répétitive de 17 minutes. Selon ses propres dires, il n’accorde pas une grande valeur à cette partition… L’histoire ne dit pourtant pas quel sera son degré d’étonnement face au succès de cette œuvre dès la première, succès qui ne s’essoufflera pas de sitôt. Le Boléro sera en effet le titre de musique le plus joué de l’histoire. Pourtant, la légende rapporte que le compositeur aurait été amusé par l’anecdote affirmant qu’une auditrice a crié au fou en entendant son œuvre, jusqu’à affirmer : "celle-là, vois-tu, elle a compris".

1 janvier 1932 : Il contracte la maladie de Pick, dont les symptômes sont agravés par un accident de taxi

28 décembre 1937 : Il décède dans une clinique parisienne des suites d'une intervention au cerveau

A partir de 1932, une maladie rare le ronge : la maladie de Pick. Cette affection cérébrale qui lui apporte des états d'excitation psychique s'aggrave après un accident en taxi survenu peu de temps après, et qui lui donne de nouvelles lésions cérébrales. Ravel se fait donc opérer dans une clinique parisienne en 1937. Malheureusement, il tombe onze jours dans le coma à la suite de l'intervention, avant de décéder le 28 décembre 1937. Le 30 décembre, son corps est conduit au cimetière de Levallois


vendredi 21 février 2020

406: 'L'abolition - Le combat de Robert Badinter', BD de Malo Kerfriden & Marie Gloris Bardiaux-Vaiente - BD

Genre : Roman graphique autour de l'abolition de la peine de mort en France

Histoire
1972. Dans la nuit du 27 au 28 novembre, Robert Badinter, avocat, assiste impuissant à l’exécution par guillotine de son client Roger Bontems. Incapable de se résoudre à l’idée qu’on ait pu mettre à mort celui qui n’a pas tué, il fait de l’abolition de la peine de mort ­- cette sanction qui rend chacun de nous complice d’un assassinat commis par l’État, le combat de sa vie.



Impressions

En 1981, la France abolit la peine de mort et devient le trente-sixième pays à entrer dans le groupe des abolitionnistes. Cette avancée légale doit beaucoup au combat acharné d’un homme : Robert Badinter. Organisé autour de deux procès majeurs, ce documentaire en BD narre comment la guillotine a été proscrite en France.

"Finalement, 

Le dessin est sobre, sans fioriture, coloré selon trois uniques tons et sert parfaitement le caractère documentaire de cette BD. Ne pas chercher de poésie, de graphisme qui fait vibrer.
Dans cette catégorie c'est extrêmement bien réalisé. Maintenant ce n'est pas le genre de BD qui m'emporte et où j'aurai envie de m'évader à l'avenir. Peut-être les auteurs auraient pu brosser un portrait plus humain de Robert Badinter, moins froid ?

Un très bon roman graphique-documentaire sur le combat acharné d'un grand homme de la 5ième république française. Didactique et sobre. Utile mais qui n'emporte pas les sentiments.




405: ' Dora Bruder' de Patrick Modiano

Genre : sur les pas de Dora broyée par l'histoire

Histoire
Au hasard d'une coupure de journal Paris-Soir du 31 décembre 1941, un 'avis de recherche d'une jeune juive disparue', l'auteur se lance sur les traces de cette femme mais aussi sur son propre passé dans les rues parisiennes.


"PARIS. On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41 boulevard Ornano, Paris."


Impressions
Déambulation dans Paris avec un souci presque maniaque du détail des noms de rues, des bâtiments présents et ceux disparus.
Cheminement lent, empreint de mélancolie et de nostalgie.
Une enquête tenace sur le passé de Dora: sur sa fugue renseignée par la Police, sur la pension catholique qui l'a hébergée et qui a aujourd'hui disparu, auprès des rares rescapé(e)s du génocide qui ont peut-être croisé la jeune fille...
Peu d'indices, nombreux sont les documents qui ont été brûlés, certains immeubles témoins de ces années troubles ont été rasés. C'est un travail de fourmi que réalise l'auteur.

"Après un passage au Dépôt, les hommes étaient envoyés au camp de Drancy, les femmes aux Tourelles. Il se peut que cette inconnue ait échappé, comme mon père, au sort commun qui leur était réservé. Je crois qu'elle demeurera toujours anonyme, elle et les autres ombres arrêtées cette nuit-là. Les policiers des Questions juives ont détruit leurs fichiers, tous les procès-verbaux d'interpellation pendant les rafles ou lors des arrestations individuelles dans les rues. Si je n'étais pas là pour l'écrire, il n'y aurait plus aucune trace de la présence de cette inconnue et de celle de mon père dans un panier à salade en février 1942, sur les Champs-Elysées. Rien que des personnes - mortes ou vivantes - que l'on range dans la catégorie des "individus non identifiés"."

Je ne connaissais pas la plume de cet écrivain, très épurée, très détaillée, avec souvent des retours sur le même thème. Animée d'un souffle puissant.
Est-ce que ce roman est représentatif de cet auteur Français nobélisé en 2014 ? Ecrit-il aussi des fictions, cet ouvrage relevant plus d'un essai ou d'un récit auto-biographique ?

Personnellement, sur le thème du témoignage pour se souvenir de ces victimes qui n'avaient commis pour seul délit que celui d'être juifs ou juives, j'ai largement préféré 'Charlotte' de Foenkinos. Ce livre était lui aussi très pudique mais m'a ému profondément jusqu'aux larmes; le récit de Patrick Modiano reste très distant. 

Un roman qui voudrait lutter contre l'oubli. Précieux dans notre monde du zapping et du superficiel qui se laisse séduire par les façades sans se soucier des fondements cachés.

mercredi 19 février 2020

Notes sur la relation symbiotique entre État et entreprises chinoises


En 2017, 73% des entreprises privées (et toutes les principales entreprises technologiques) du pays avaient établi une cellule du Parti en leur sein. Or, depuis le 18ème Congrès de 2012, le Parti conduit une part croissante de la politique économique du pays. Les cellules au sein des entreprises sont ainsi mobilisées de façon croissante pour vue d’assurer la transmission effective des orientations décidées au niveau central.
Depuis 2019, certains gouvernements locaux ont pris l’initiative d’envoyer des représentants en résidence au sein d’entreprises privées (Alibaba et Netease accueillent ainsi des « représentants du gouvernement » de Hangzhou).
Par ailleurs, depuis la théorie des « trois représentations » de 2002, les dirigeants des grandes entreprises sont eux-mêmes cooptés par le PCC. Les dirigeants de JD.com, Baidu, Netease ou encore Qihoo 360 siègent ainsi au sein de la Conférence consultative du Peuple chinois (CPPCC), tandis que les dirigeants de Tencent et Xiaomi siègent à l’Assemblée nationale populaire (ANP).

Cette relation symbiotique est renforcée dans les entreprises du numérique, qui fournissent un nombre croissant de services publics :
- cartes d’identité (Tencent, à Shenzhen),
- santé (Tencent), sécurité publique (Huawei, SenseTime, Megvii),
- impôts et gestion urbaine (Alibaba, Tencent) – 

Mais aussi un nombre croissant de projets stratégiques est mis en place:
- Alibaba dispose ainsi d’une co-entreprise avec Norinco pour de la géolocalisation par le système satellitaire Beidou ;
- Baidu collabore avec CETC pour la construction d’un « centre de commande » intelligent à Nankin ;
- JD.com avec l’armée de l’air pour la livraison en zone complexe, etc.

dimanche 16 février 2020

404: "La zone du dehors" d'Alain Damasio

Genre : Résistance

Histoire
2084, un siècle s'est écoulé depuis le chef d'oeuvre de George Orwell.
Un satellite de Saturne abrite Cerclon, une ville de 7 millions d'humains. Loin de la Terre ravagée par une guerre mondiale.
D'apparence, c'est une démocratie vertueuse qui gouverne ce monde, un havre de paix et de sécurité. C'est en réalité un totalitarisme qui a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Tout est lisse, pensé pour le plaisir, mais nul ne doit sortir du cadre, s'aventurer aux limites du Dehors.
Ce n'est pas l'avis des Voltés...


Impressions
Entre un roman de SF catégorie "dystopie" et une dissertation philosophique.
Mon impression est mitigée.

Qu'est-ce qui m'a dérangé ?

Le rythme est inégal. Par exemple, les 150 premières pages mettent lentement en place le décor et les personnages, sur fond de rendez-vous entre les Voltés et ceux de l'histoire d'amour-cul naissante entre CAPTP et Boule. Quand le rythme accélère, c'est finalement assez brouillon, en particulier l'assaut de la tour de la Télévision où il est très difficile de suivre les différentes actions qui se chevauchent.

Le style d'Alain Damasio n'est pas extraordinaire. Certains blogueurs parlent d’une incroyable poésie, de mots qui vous emportent dans un ouragan palpitant, qui vous coupe le souffle, qui vous ballote. Pour moi c'est réellement excessif. L'écriture est vivante et efficace, mais je n'ai pas été emporté par la poésie. Alain Damasio n'est pas un écrivain à l'histoire d'amour qui emporte.

Beaucoup de spécificités de cette dystopie s'inspirent de "1984" et 'Le Meilleur des Mondes". Caméras omniprésentes, tours de surveillance, contrôles à tous les niveaux, sa hiérarchie sociale...

"Une société de contrôle, de flicage de tous par tous, aussi splendidement démocratique serait-elle, je la vomis. Et je la vomis pour des valeurs qui sont autrement vitales que ce triomphe à la régulière du conformisme, de la docilité et de la peur, que vous cautionnez parce qu’issu d’une majorité. Je la vomis pour la liberté. Pour que la vie siffle dans nos viscères, comme un ruisseau ardent. Je la vomis pour un espoir : que l’homme vaut mieux que ce qu’il est aujourd’hui." 

Qu'est-ce qui m'a plu ?

Cette dystopie, c'est une société possible que décrit l'auteur, une pseudo-démocratie de contrôle, lisse, où chacun est « invité » à bien se comporter, chacun est géré, pour son plus grand confort. Une démocratie au pouvoir diffus, où chaque individu surveille les autres. Une démocratie où la position de chacun n’est plus susceptible d’être injuste : chacun est clastré. Un monde normé, statisticien, conformiste.
Et force est de constater que de nombreux traits de Cerclon s'installent progressivement dans nos sociétés, de l'Europe, l'Asie au continent Américain. Le système de notation établi en Chine par exemple...

A ce simili de ville démocratique s'oppose le Dehors, ce no-man's land, un espace démesuré (90% de la surface) qui n’appartient à personne. Dehors est à l'image des Voltés, qui luttent pour préserver la vie, la liberté inconditionnelle de créer, penser, toucher.
Privation des libertés, de penser, de toucher.

"Une société de contrôle, de flicage de tous par tous, aussi splendidement démocratique serait-elle, je la vomis. Et je la vomis pour des valeurs qui sont autrement vitales que ce triomphe à la régulière du conformisme, de la docilité et de la peur, que vous cautionnez parce qu’issu d’une majorité. Je la vomis pour la liberté. Pour que la vie siffle dans nos viscères, comme un ruisseau ardent. Je la vomis pour un espoir : que l’homme vaut mieux que ce qu’il est aujourd’hui." 

Ce cri de révolte est porté par une polyphonie, où les différents personnages principaux s'expriment alternativement. Droit de ne pas penser comme les autres, comme Kamio qui rejette les actions violentes.
Ces voix tissent une réflexion politique sur le devenir de nos sociétés démocratiques modernes, et évoquent notamment l'anarchie comme une possible alternative. Damasio est un révolutionnaire, un anarchiste sans doute.



Un très bon roman de SF.

Sorti en 1998, puis retravaillé.



dimanche 9 février 2020

403: 'Une bête au Paradis' de Cécile Coulon

Genre : Tragédie en campagne faite de désirs et de larmes

Histoire
Le Paradis, une ferme isolée au bout d'un chemin sinueux. C'est là que vit Blanche, là où elle a été élevée avec son frère par leur grand-mère Émilienne. Un huis clos paradisiaque ou maudit ?...


Impressions
Encore un roman de la sélection du prix inter-bibliothèque organisé au taf.
Et une belle découverte cette fois-ci.
C'est un roman sur la vie, les désirs, les trahisons, les souffrances, l'amour.

"Finalement, Blanche et Alexandre pouvaient bien s'entortiller pendant des heures, des jours au Paradis, ils amenaient dans les soupirs, la salive, les rires et le sperme, ils amenaient la vie, enfin, la vie, toute simple."

Chaque chapitre porte le nom d'un verbe."Partir", "Savoir", "Sécher"...
Ces verbes traduisent la vie sous la forme d'une succession d'actions qui tracent les destins des cinq personnages principaux, tous empreints de profondeur humaine:

- Blanche, l'héroïne absolue, droite, guerrière, amoureuse.
"Entendre le prénom d’Alexandre avait réveillé chez elle une bête, créature de désir et de larmes. Blanche se préparait: elle patrouillait au Paradis sans relâche. Lorsqu’elle s’arrêtait, épuisée, il lui fallait s’endormir vite; la figure si belle, si douce d’Alexandre la hantait. Ce visage n’en finissait pas d’agiter en elle des flammes vacillantes." 

- Alexandre, l'Apollon ambitieux qui refuse un destin modeste dans cette campagne reculée.

Émilienne, la grand-mère, la maîtresse du Paradis, généreuse et rude.
"Le corps d'Emilienne était celui d'une ogresse affamée, d'une rudesse et d'une solidité à toute épreuve, capable de douceur comme de violence, capable de caresses comme de gifles, et tous autour d'elles s'appuyaient sur ce corps pour rester debout."

- Louis, le commis amoureux transi qui doit se contenter d'une place d'" animal domestique, intelligent et docile."

- Gabriel, le frère de Blanche, condamné à être triste 
"Maintenant qu'elle y passait ses nuits, Aurore comprenait qu'elle ne soignerait pas Gabriel, qu'il y avait en lui un arbre noir depuis l'enfance, que la mort de ses parents avait arrosé de colère ; elle ne pouvait pas le tomber, cet arbre, seulement couper quelques branches quand elles devenaient trop encombrantes. Elle le rafraîchissait, le frictionnait de ses mots et de son sourire, elle le secouait pour que tombent de son âme des feuilles mortes et des fruits empoisonnés."

C'est un texte organique, tellurique, charnel, poétique. Servie par une écriture sobre et directe.
"L'odeur du sang dans la cour rivalisait avec celles de la peau d'Alexandre, du sexe de Blanche, ils ne sentaient plus rien qu'eux-mêmes, n'entendaient que leurs souffles mêlés, tout à la fois apeurés et soulagés de se retrouver ensemble, enfin."

Un roman noir et puissant sur l'animalité des humains. Riche de poésie, sensualité, rudesse, brutalité et amour.


Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

Grand Canyon