122: 'L'art français de la guerre' d'Alexis Jenni

Genre : L'art de craquer au bout de 200 pages

Histoire

Deux personnages, deux récits entrelacés. Le narrateur, un jeune homme qui se complait dans l'abandon de lui même, et un vieil homme qui a survécu à de terribles épisodes de guerre. Se noue entre eux une relation de transmission du savoir et du vécu.

Impressions

L'écriture est maîtrisée et érudite (quelques tours dans le Robert sont parfois nécessaires).
Frédéric Beigbeider dans le Figaro et le Magazine Littéraire, qualifient ce roman de chef d’œuvre, Le Monde et le Libération sont plus mesurés, Les Inrockuptibles et Télérama y voit une fresque pompière ou indigeste.

Mitigé comme la moyenne des critiques, j'ai aimé le récit du héros Victorien Salagnon mais ai fini par abandonner cette lecture, enlisé dans les chapitres du narrateur, pesants, aux digressions redondantes et nauséabondes. Ce personnage masochiste qui se complait dans une décadence sociale progressive m'a totalement déplu, voire écœuré.
J'ai tenu 200 pages sur 650 pages, prix Goncourt ou pas...
   
Conclusion : non.

121: 'Arab Jazz' de Karim Miské

Genre : Un polar réunissant une Juive pétillante, un Breton lunaire, un Arabe solitaire

Histoire

Laura, l'amie et voisine du dessus d'Ahmed Taroudant, est découverte assassinée.
Ahmed ferait figure de coupable idéal mais  les lieutenants Rachel Kupferstein et Jean Hamelot en charge de l'affaire sont convaincus du contraire. Une enquête complexe, multiculturelle et polythéiste est engagée.

Impressions

Le début du roman plante habilement un décor de quartier parisien multiculturel et des personnages épais. Communautarisme, extrémisme, trafics de drogues, tout s'entremêle dans cette intrigue complexe.
Le caractère humain et donc fragile des personnages est particulièrement bien rendu, avec des êtres plutôt torturés, faillibles voire en faillite.

J'ai moins apprécié le caractère fouillis du récit, la conduite plutôt inégale de l'intrigue policière. Le qualificatif "jazz" du titre laisse aussi sur sa faim.
   
Un polar cosmopolite et polyphonique de la société plutôt réussi.

120: ' Il ne se passe jamais rien autour de nous' de Marie Marais

Genre : 4 nouvelles sur le rapport aux autres et à soi

Histoire

Echappée complice entre une grand-mère et son petit-fils, répétition de théâtre en cambrousse africaine, mutation d'une femme rangée, et retraite écossaise à la recherche de l'inspiration artistique aux pinceaux.

Impressions

Les quatre nouvelles de cette auteure  diplômée en psychologie ont trait aux relations humaines, mais sans érudition ni termes techniques pour seuls initiés. La difficulté du rapport aux autres et envers soi, joue le fil conducteur de ces 4 nouvelles. Se ment-on, vit-on une double personnalité, étouffe-t-on nos vraies aspirations, s'illusionne-t-on, faut-il ouvrir la carapace qui nous protège ?

Je regrette que l'écriture m'a paru vraiment quelconque, sans relief, avec un langage de tous les jours qui porte préjudice au roman. Heureusement la ponctualité et la structuration variées du récit et de la narration - description d'une même scène par différents protagonistes, dialogues, actes théâtraux, intervention d'un double du narrateur- enrichissent littérairement cet ouvrage.

Ce qui m'aura plu dans ce roman réside dans les chutes habiles et surprenantes qui closent  chacune de ces nouvelles: un dénouement qui met en doute la vraisemblance du récit et nous fait s'interroger sur la vraie personnalité des personnages.
   
7ième roman du concours de lecture interCE de cette année.
Le chapeau de Mitterand reste incontestablement mon préféré, les autres ne constituent pas des lectures incontournables.




Le chapeau de Mitterrand – Antoine LAURAIN
Editions Flammarion - Parution : janvier 2012
Une fable pleine d'esprit et de malice qui possède comme le fameux chapeau un charme mystérieux - celui de ressusciter une époque et, surtout, de mettre au jour à travers une galerie de personnages notre rêve commun : voir s'accomplir par magie nos désirs les plus secrets.
 
L’embrasure – Donna LOUP
Editions Mercure de France – Parution : septembre 2010
À vingt-cinq ans, il mène une vie simple : des collègues d'usine avec qui faire la fête le samedi soir, des aventures amoureuses sans lendemain et surtout une passion : la chasse et l'amour de la nature. Son existence paisible bascule le jour où il trouve sous les arbres un homme mort avec à ses côtés un carnet aux écrits sibyllins. Premier roman
 
Il ne se passe jamais rien autour de nous – Marie MARAIS
Editions Kirographaires - Parution : juin 2011
Quatre nouvelles qui nous plongent au coeur de l’humain. La vie quotidienne de personnages ordinaires est décrite comme un chemin de vie qui amène chaque être humain à traverser de véritables étapes initiatiques.

L’angle mort – Véronique MERLIER
Editions Arléa - Parution : mars 2012
Un jeune couple à priori ordinaire et heureux. Tout bascule lorsque François avoue à Cécile son homosexualité. Premier roman
 
Arab Jazz – Karim MISKE
Editions Viviane Hamy – Parution : mars 2012
Dans le 19e arrondissement de Paris toutes les communautés, religieuses et ethniques se côtoient au quotidien. Ahmed, dépressif, reste à l’écart jusqu’à ce qu’il découvre le corps affreusement mutilé de sa voisine et amie, Laura. Comprenant qu’il fait un coupable idéal, il sort de sa léthargie pour collaborer à l’enquête. Premier roman
 
Le meilleur des jours – Yassaman MONTAZANI
Editions Sabine Wespieser - Parution : août 2012
Plus qu'un touchant hommage d'une jeune femme à son père fantasque, idéaliste, épris de justice mais incapable de prendre la vie au sérieux, ce récit brosse le portrait d’une multitude de personnages qui se croisent dans un appartement parisien à l’heure où l’Iran bascule de la monarchie à la république islamique. Premier roman
 
Accabadora – Michela MURGIA
Editions Seuil - Parution : août 2011
Dans un village sarde, dans les années cinquante, la jeune Maria, délaissée par sa mère, a été recueillie et élevée par une vieille couturière. Mais pourquoi cette mère adoptive sort-elle à des heures avancées de la nuit, enveloppée dans son long châle noir ? Qui est l’accabadora ?
 
Rouge Argile – Virginie OLLAGNIER
Editions Liana Levi - Parution : septembre 2011
Rosa, venue à Meknès régler la succession de son père adoptif, est assaillie par des souvenirs encombrants et par la découverte de pans ignorés de l’histoire familiale.
 
Unité de vie – Fabienne SWIATLY
Editions La Fosse aux Ours - Parution : août 2011
Un face à face entre deux femmes. La plus âgée vient d’entrer dans un établissement médical et n’en sortira plus. Sa belle-fille, d’origine bosniaque, se débat entre une vie de couple qui s’étiole et un passé ravagé par la guerre. Entre la femme qui perd la mémoire et celle qui veut la conserver à travers la photographie se noue une très forte relation.
 
Un territoire – Angélique VILLENEUVE
Editions Phébus - Parution : janvier 2012
« Elle » n’a pas de prénom, pas d’identité reconnue. « Elle » loge dans un cagibi sous l’escalier. Ce ne fut pas toujours ainsi… Les souvenirs remontent. Ceux d’un temps où l’amour et la tendresse avaient leur place.

119: 'Le front russe' de Jean-Claude LaLumière

Genre : Gaston Lagaffe au ministère des affaires étrangères

Histoire

Comment la lecture des Géo peut faire naître des vocations à notre héros, dont les ambitions seront très vite mises à mal par la collision entre un attaché-case trop volumineux et un haut-fonctionnaire courroucé.

Impressions

Roman qui se lit vite, le lecteur étant emporté par le rythme soutenu de scènes très drôles et souvent cyniques. 

Supérieur à interner, collègue fabulant, procédures administratives kafkaïennes, l'auteur réussit à peindre des scènes caricaturales sans excès, aidé par une belle écriture.

Fable douce-amère, très humoristique: un bon moment de lecture.

Merci aux Jourdain de m'avoir fait découvrir cet ouvrage !

118: 'Accabadora' de Michela Murgia

Genre : noir, blanc, gris en Sardaigne

Histoire

Les années 50, la Sardaigne.
Maria, quatrième fille d’une mère désargentée, est vendue à Tzia Bonnaria Urrai, la couturière du village, une veuve sans enfant.
Des relations filiales au-delà du sang s'établissent, mais le secret de l''Accabadora' viendra parasiter cette bulle...

(Je ne veux surtout pas déflorer l'intrigue du roman en donnant la signification du titre sibyllin).

Impressions

Ciselé, dans l'économie et la finesse, tant au niveau du texte que du développement du récit. L'art d'une grande conteuse.
Le portrait de Tzia, la femme en noir, est fouillé et captivant.
Et derrière cette peinture d'une époque campagnarde révolue, le roman évoque un thème sociétal qui fait l'actualité,  avec des mots simples et empreints d'amour (là encore, je n'en dis pas plus).

En nuances, un très beau livre.