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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

vendredi 20 mai 2011

68ième: "La Ville des Prodiges" d'Eduardo Mendoza

Wikipédia, "picaresque": Un roman picaresque se compose d'un récit sur le mode autobiographique de l’histoire de héros miséreux [...]

Histoire
En 1888, Onofre Bouvila, jeune paysan de treize ans, quitte son village natal catalan et son père criblé de dettes: direction Barcelone avec l'intention de faire fortune.
« L'une te rendra heureuse. L'une te rendra riche, l'autre te portera au sommet, la dernière te rendra heureux. Celle qui te rendra heureux te rendra malheureux; celle qui te portera au sommet te fera esclave; celle qui te rendra riche te maudira. Des trois, cette dernière est la plus dangereuse, parce que c'est une sainte, une sainte fameuse. »


Genre : roman picaresque pittoresque à Barcelone

Mais dans une Barcelone en pleine effervescence de préparation de sa première Exposition universelle, il est difficile de gagner sa vie. Pour atteindre son objectif ambitieux, Onofre va enchaîner une multitude de métiers en recourant à son intelligence mais aussi à une absence totale de scrupules. S'accumulent fraudes, complots, trahisons et assassinats, le tribut à payer pour devenir l'homme le plus riche et le plus influent d'une société catalane décadente.

Impressions
Son ascension sociale connaît de multiples rebondissements souvent rocambolesques et drôles, qui apportent du mouvement à ce gros pavé (plus de 400 pages).

« Il y aura violence et mort. [...] Mais n'aie pas peur. Les dragons sont vantards, mais tout fout le camp en rugissements et flammes par la bouche. Crains la chèvre, qui est le symbole de la perfidie et de la tromperie. »

De nombreuses descriptions historiques de Barcelone et de l'Espagne entre 1888 et 1929 demandent parfois au lecteur de s'accrocher. Mais elles participent à la mise en situation des tribulations d'Onofre qui croise de nombreux personnages connus (Antonio Gaudi, le dictateur général Primo de Rivera,...) et permettent de mieux comprendre l'évolution urbanistique de cette ville (par exemple l'"Eixample', l'extension de Barcelone hors des remparts). Ayant débuté cette lecture lors d'un séjour touristique de 4 jours dans cette cité, cela explique sans doute pourquoi ces descriptions ne m'ont pas ennuyé (à la différence d'autres lecteurs blogueurs).

« Devant les yeux de sa conscience, comme s'il feuilletait un album de portraits, défilaient les visages accusateurs d'Odon Mostoza, de don Alexandre Canals i Formiga et de son fils, de [...] toutes ces personnes [...] ils les avaient sacrifiées à son ambition et à sa vésanie [...] »

Onofre héros ou anti-héros ? Certes pas une biographie qui prodigue de leçons de morale, au contraire. Mais c'est incontestablement un roman qui dénonce la dictature et les mouvements extrémistes ainsi qu'une haute société hypocrite et cruelle.

Repéré dans une liste de livres conseillés du Routard 'Barcelone', c'est en effet une excellente mise en bouche pour une visite dans cette ville sympathique.

Pour en savoir plus, une très intéressante analyse du sens de ce roman.
http://www.ecoles.cfwb.be/arizel/Robin/Biblizel/ville2.htm

"Fidèle à son habitude, Eduardo Mendoza réutilise la matière narrative de plusieurs genres romanesques."

"Si on n'y prend pas garde, on lit la première page du roman comme un simple résumé de l'Histoire de Barcelone de sa fondation à la fin du 19ème siècle. Cependant, en y regardant de plus près, on constate qu'il s'agit en réalité d'un pastiche du récit d'Histoire parce qu'il regroupe, dans de saisissants raccourcis, tous les dangers qui guettent l'historien (interprétations fallacieuses des sources, anachronismes, généralisations abusives, historicisme, subjectivisme, etc.)."

67ième: "L'iguifou" de Scholastique Mukasonga

Genre : témoignage touchant d'une rescapée Tutsie

Histoire
    Cinq courtes nouvelles qui témoignent du drame des Tutsis, des fléaux que cette population a du et doit endurer pour survivre.
  1. La faim d'abord, l'iguifou, qui tenaille les enfants Tutsis d'un village pauvre du Rwanda avant l'exil.
  2. La peur des exilés ensuite, omniprésente, jusque dans les cours d'école.
  3. La nostalgie des anciennes coutumes et richesses, cristallisée à travers ce souvenir des vaches et de leur lait à déguster cérémonieusement.
  4. Le sort terrible des femmes tutsies à la beauté fatale qui les amènera à côtoyer les puissants avant de connaître la déchéance.
  5. Et enfin le deuil impossible à faire par les expatriés qui ont échappé au génocide...
Impressions
    Certes, à l'image du roman "Ru" (boat-people vietnamiens) le génocide ethnique du Rwanda en 1994 (selon l'ONU, de l'ordre de 800 000 victimes, majoritairement Tutsis) constitue un cadre pesant et douloureux pour ce recueil de nouvelles. Heureusement les mots simples, pudiques (pas d'effusion de sang) et sereins apportent un peu d'air à ces histoires empreintes de tristesse et de cruauté.

    Un roman pour faire le deuil des douleurs de son peuple ? Pour laisser uns trace écrite, une sépulture aux victimes de ces terribles événements ? L'auteure Scholastique MUKASONGA fait partie de ces rescapés puisqu'elle a elle-même perdu sa mère, son père et trente-sept membres de sa famille en 1994.

    Souvent peu enthousiasmé par le format "nouvelles", ce recueil m'a projeté des images d'une Afrique noire que je ne connais pas, un témoignage que j'imagine non déformé par les préjugés et les fantasmes des occidentaux. Mon plaisir de lecture est allé en croissant avec les nouvelles, et j'ai été ému par la dernière, "Le Deuil".
 
La tradition veut qu'on pleure sur les corps de ses morts...
« On laissait partir le défunt vers sa dernière demeure. On le transportait dans l’ingobyi, une grande civière oblongue faite de lattes de bambou. […] L'ingobyi servait aussi de palanquin pour la jeune épousée le jour de son mariage. […] L’ingobyi exigeait toujours son lot de larmes. »
Mais pour notre rescapée, les morts sont trop loin. Aussi la narratrice tente de faire son deuil en s'immisçant au sein des enterrements de son environnement Français. Cette quête et le dénouement de cette nouvelle m'ont particulièrement touché.

Court recueil de nouvelles apportant un témoignage touchant de la vie et de l'histoire des Tutsis.
Pour en savoir plus, le blog de l'auteure: http://www.scholastiquemukasonga.com/ Photographies prises par Christine au Bénin en 1995...

mercredi 4 mai 2011

66: "Numéro Six" de Véronique Olmi

Genre : monologue douloureux et silencieux d'un amour filial absolu


Histoire
6ième enfant d'un couple "catholique et riche", 'venue sur le tard', Fannny a 50 ans quand son père fête ses cent ans. Fanny reprend alors le cours de sa vie, une vie guidée par le besoin profond voire pathologique d'être reconnue par son père.

Impressions
Court roman très synthétique (103 pages chez Actes Sud) à l'écriture elliptique.
Les souvenirs se succèdent de manière plus ou moins chronologique, et la tristesse de Fanny nous contamine progressivement. Confession exutoire d'un manque de reconnaissance dans cette famille catholique bien-pensante.
Cet amour qui va au-delà de ses désaccords profonds avec de nombreuses opinions du père donne le vertige, voire fait peur.
"Je t'aime réactionnaire. Même antipathique. Je trouve une excuse à tout: le milieu, la génération, l'époque... Tout est bon pour que tu sois digne de mon amour."

Dépouillé, un roman sous la forme d'un monologue assez triste et touchant.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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