Cinq courtes nouvelles qui témoignent du drame des Tutsis, des fléaux que cette population a du et doit endurer pour survivre.
- La faim d'abord, l'iguifou, qui tenaille les enfants Tutsis d'un village pauvre du Rwanda avant l'exil.
- La peur des exilés ensuite, omniprésente, jusque dans les cours d'école.
- La nostalgie des anciennes coutumes et richesses, cristallisée à travers ce souvenir des vaches et de leur lait à déguster cérémonieusement.
- Le sort terrible des femmes tutsies à la beauté fatale qui les amènera à côtoyer les puissants avant de connaître la déchéance.
- Et enfin le deuil impossible à faire par les expatriés qui ont échappé au génocide...
Impressions
Certes, à l'image du roman "Ru" (boat-people vietnamiens) le génocide ethnique du Rwanda en 1994 (selon l'ONU, de l'ordre de 800 000 victimes, majoritairement Tutsis) constitue un cadre pesant et douloureux pour ce recueil de nouvelles. Heureusement les mots simples, pudiques (pas d'effusion de sang) et sereins apportent un peu d'air à ces histoires empreintes de tristesse et de cruauté.
Un roman pour faire le deuil des douleurs de son peuple ? Pour laisser uns trace écrite, une sépulture aux victimes de ces terribles événements ? L'auteure Scholastique MUKASONGA fait partie de ces rescapés puisqu'elle a elle-même perdu sa mère, son père et trente-sept membres de sa famille en 1994.
Souvent peu enthousiasmé par le format "nouvelles", ce recueil m'a projeté des images d'une Afrique noire que je ne connais pas, un témoignage que j'imagine non déformé par les préjugés et les fantasmes des occidentaux. Mon plaisir de lecture est allé en croissant avec les nouvelles, et j'ai été ému par la dernière, "Le Deuil".
La tradition veut qu'on pleure sur les corps de ses morts...
« On laissait partir le défunt vers sa dernière demeure. On le transportait dans l’ingobyi, une grande civière oblongue faite de lattes de bambou. […]
L'ingobyi servait aussi de palanquin pour la jeune épousée le jour de son mariage. […]
L’ingobyi exigeait toujours son lot de larmes. »
Mais pour notre rescapée, les morts sont trop loin. Aussi la narratrice tente de faire son deuil en s'immisçant au sein des enterrements de son environnement Français. Cette quête et le dénouement de cette nouvelle m'ont particulièrement touché.
Pour en savoir plus, le blog de l'auteure:
http://www.scholastiquemukasonga.com/
Photographies prises par Christine au Bénin en 1995...
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