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dimanche 16 avril 2017

270: 'Sombre Dimanche' de Alice Zeniter


Genre : saga sombre d'une famille de Budapest

Histoire
La famille Mandy habite depuis plus de 4 générations une maison de bois qui peu à peu s'est retrouvée encerclée par les voies ferrées de la gare principale de Budapest. Imre y vit avec sa sœur Agi, son père Pal et sa mère, sa tante et son grand-père acariâtre. Il raconte son quotidien et découvre peu à peu les non-dits, les secrets, la souffrance des femmes, les fantômes...


'Tout ce que je vois, c'est que les années ont passé et que les années passées sont des années mortes.'


Impressions
La récit de 3 décennies d'Imre, depuis l'enfance à sa vie de couple en passant par l'adolescence. Une saga plutôt sombre jalonnée par les grandes dates de l'histoire de la capitale de la Hongrie:





Décembre 1944 - Février 1945: bataille de Budapest, où les forces soviétiques et roumaines prennent la ville aux soldats allemandes SS et hongroises. Après le renvoi du régent Miklos Horthy, l'Allemagne avait imposé la nomination du chef du parti fasciste Ferenc Szalasi en tant que premier ministre. Les espoirs d'une sortie pacifique de la Hongrie des conflits avaient été balayés. Entre 100 000 et 300 000 tués à l'issue de l'un des sièges les plus sanglants de la deuxième guerre mondiale.

'La Seconde guerre mondiale avait été un chaos total durant lequel le pays avait servi de parc à thèmes aux Hongrois, aux Allemands et aux Russes. Chacun avait eu son temps de barbarie et chacun en avait usé.'

- Durant les années 1950-1960, la ville devient une vitrine de la politique pragmatique pratiquée par le gouvernement communiste de la Hongrie.



- En 1956, initiée par le soutien au premier ministre réformateur Imre Nagy, l'insurrection de Budapest commença par une manifestation rassemblant plusieurs milliers d'étudiants progressant vers le Parlement. Une délégation pénètre la maison de la radio nationale pour leur demander de diffuser leurs revendications. Leur arrêt déclenche des émeutes qui se répandirent rapidement dans toute la Hongrie et entraînèrent la chute du gouvernement. Le nouveau gouvernement promet des élections libres et déclare son intention de se retirer du Pacte de Varsovie. La normalité relative établie en octobre sera vite perdue avec le revirement du Politburo qui décide d'écraser la révolution. Le 4 novembre les chars russes envahissent Budapest. La résistance dure jusqu'au 10 novembre avec un bilan de 2500 hongrois et 700 soviétiques tués.


"Si Kadar acceptait les cœurs tièdes, les cœurs froids à la condition qu'ils conservent un silence poli, alors la maison au bord des rails acceptait Kadar. La peur se fit moins forte, les ventres se dénouèrent. Et Pal comprit que si l'année 1956 avait été si longue et si terrible, c'était parce qu'elle avait duré jusqu'en 1961."


- En 1968, Kadar ouvre l'économie administrée à un petit secteur privé, un modèle qualifié de 'socialisme du goulash'.

- En 1989 le gouvernement communiste tombe.
"Il avait été cruellement déçu par le premier gouvernement qui avait suivi la chute du régime. Comme beaucoup de Hongrois, il s'était imaginé que la sortie du communisme signifierait la liberté, l'abondance et la joie."






Alice Zeniter entrecroise le présent et le passé avec finesse, peignant avec délicatesse, mélancolie et même de l'humour la fragilité des destins.

La richesse des thèmes abordés servie par une plume raffinée qui multiplie les phrases fortes. Quelques citations:

"C'était une tare familiale chez eux, ils perdaient tout le temps les femmes, ils ne pouvaient pas les garder."

"Ce fut sa seule contribution pour lui venir en aide. Il pensait que le travail absorbe la tristesse, qu'il suffit de ne pas avoir le temps de pleurer pour que les choses s'arrangent."


'Imre pensait à l'expression du grand-père : le fils de sa mère et de la tristesse. Il se disait que ça avait dû prendre de la place dans le ventre de Sara. La tristesse à côté du bébé. Elle n'avait jamais pu s'en débarrasser. Le garçon était sorti mais la tristesse était restée pour de bon, avait construit une maison à l'intérieur.'

'Ceux qui ne sont pas satisfaits émigrent, disait le grand-père. C'est bien. C'est mieux. Avant ils se pendaient. C'était l'émigration à la hongroise.'


Découverte d'une auteure talentueuse. Un nouveau coup de cœur.
Prix Livre Inter 2013 pour ce roman écrit à 27 ans.

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