Histoire
« Une observation, à ce que j’ai compris, que j’aurais autrefois faite à mon laboratoire de physique, et qui trouverait aujourd’hui son terrain d’application, une partie de l’espèce humaine se voyant du coup par moi soulagée de l’un de ses maux. »
Un vieux chercheur à la retraite apprend en effet qu'il sera décoré d'un prix scientifique pour une découverte qu'il a totalement oubliée.
Journalistes, admirateurs, son frère, affluent dans son appartement parisien, rue St Lazare.
Voilà qui perturbe cet homme vieillissant dans le désordre de sa retraite, habitué à la seule compagnie de Mme Ambrunaz, sa femme de ménage – ange gardien.
Tandis qu’il faut se préparer à la cérémonie, les souvenirs refluent à la mémoire, la dernière invitation à un dîner, sa sœur Alice et son obsession du ménage, sa sœur Louise disparue depuis 40 ans, les reproche de son fils, sa femme et son ancienne maison de Picardie
Et force est de constater que les personnages décrits par l’auteure ne manquent pas de cocasseries.
« Ma sœur s’est entichée, un veuf, directeur dune entreprise spécialisée dans le curage d’égouts, de mares et de fosses septiques, et par ailleurs collectionneur d’objets en régule. »
Son autre sœur Louise qui s’est enfuie convoler avec un évêque...
Impressions
Un regard lucide, souvent amer, sur la recherche scientifique...
« l’une de ces impasses fantaisistes dans lesquelles nous autres chercheurs en recherche fondamentale nous fourvoyons constamment… »
« Avancer vers quoi, vers quel futur supposé meilleur, … un monde de circuits imprimés, … de légumes lustrés, distributeurs de croquettes et désodorisants d’ambiance, de touches ok et de grille-pain parlants, le tout peuplé d’effets secondaires dont chacun aurait ensuite, ainsi que de ses nostalgies, à se débrouiller. »
sur la vieillesse...
« vieillir, me disais-je, c’est chercher ses lunettes, s’irriter de les chercher, s’irriter de la nécessité des lunettes… »
sur la société moderne
« Car ce que j’entends aujourd’hui, en fait de modernité, c’est bien la rumeur des milliards qui s’échangent sans relâche d’un bout à l’autre de la planète, … et la nuit, la même insomnie pour tout le monde, car ce que l’on perçoit en prêtant l’oreille au silence de la nuit, c’est la vibration de l’argent qui ne dort jamais. »
A cette amertume se mêle de nombreux passages teintés d’humour
« Voilà qu’on m’invite en Chine. … Là-bas, vous rencontrerez un tas de Chinois, me dit mme Ambrunaz qui ne manque pas de clairvoyance. »
Joli texte, au style léger et fluide, souvent humoristique.
L'évocation de la vieillesse, âge de lucidité quant à l'absurdité de notre monde et à la solitude des êtres.
« Ce vieillard à sa fenêtre habité du sentiment que quelque chose est allé de travers. »
Savoureux. Peut-être mon roman préféré du concours Alice de cette année.
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