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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

lundi 21 juillet 2025

605: 'Voltiges' de Valérie Tong Cuong

Genre : patatra

Histoire
Eddie et Nora Bauer forment un jeune couple flamboyant. À la tête d’un grand cabinet de conseil, Eddie assure à sa famille un train de vie très confortable. Quant à Nora, elle se partage entre la création de bijoux et l’éducation de Leni, adolescente promise à une brillante carrière d’athlète depuis qu’elle a été repérée par le charismatique entraîneur Jonah Sow. 
Eddie apprend que son associé l’a trahi, conduisant le cabinet à la faillite. Ruiné, il fait le choix de ne rien dire à Nora, ni à Leni, et multiplie les mauvaises décisions.

Impressions
Dans ce roman, Valérie Tong Cuong interroge nos choix de vie et nos renoncements à l’heure où tout vacille.

J'ai vécu cette lecture comme tendue et inconfortable. La situation de cette famille se détériore inéluctablement, sans réactions fortes et franches, jusqu'à une fin qu'on devine bien noire.
Mais quelle message en tire-t-on ? Les turbulences vécues par le couple idyllique qui explose sont d'un commun affligeant et les personnages stéréotypés ne sont pas vraiment attachants, même Nora qui lasse par son aveuglement et son ingénuité. C'est excessivement caricatural, le père perdu, égoïste, menteur, la mère aimante, dévouée, l'entraineur gentil, dévoué, bref...

A cela s'ajoutent des phénomènes causés par le dérèglement climatique qui plonge le quotidien aux frontières du fantastique, comme par exemple avec ces animaux qui surgissent dans le quotidien citadin. Difficile d'apprécier l'arrivée de ce thème dans un récit plutôt psychologique... Quelle intention ?

Roman pesant à lire, très loin de voltiges légères dans l'air.

dimanche 6 juillet 2025

604: 'Ce que je sais de toi' d'Éric Chacour

Genre : histoire d'un amour impossible

Histoire
Dans le Caire des années 1980, Tarek suit le destin tracé par son père -il devient médecin comme lui- et par sa famille -il épouse Mira et doit avoir des enfants.
Mais la rencontre d’un être que tout semble éloigner de lui va ébranler ce chemin nominal...


Impressions
Premier roman de cet auteur. Et quel auteur !!

Je suis conquis, tant par le style, la construction, la sensibilité, et la richesse des thèmes.

Style - L'écriture est ciselée, habile, sensible.

La construction en 3 parties, 'Toi', 'Moi' et  'Nous' est remarquable. Le tutoiement de la première partie m'a fortement intrigué mais j'ai ensuite compris la logique.

Sensibilité - Le drame réside dans cet interdit que Tarek a transgressé, décrit avec pudeur et délicatesse. Cette liaison interdite va tout bouleverser, et engendrer l'exil, le renoncement, l'étouffement de la vérité, le vide pour un fils, la faillite d'un clan.
"Je détestai ma famille de m'avoir tu cette vérité que tout le monde savait. Comme s'il suffisait de dissimuler les miroirs pour préserver un être difforme de sa propre laideur."

L'auteur ciselle ses observation des gestes ou des regards les plus infimes qui traduisent les non-dits et le sentiments cachés. Il décrit les faiblesses de la nature humaine avec finesse.
"On s'étonne encore de déceler une réaction puérile chez un de nos semblables, mais c'est une grossière erreur : il n'y a pas d'adultes au comportement d'enfant, il n'y a que des enfants qui ont atteint l'âge où le doute est honteux. Des enfants qui finissent par se conformer à ce que l'on attend d'eux : qui renoncent à la moindre remise en question, affirment sans plus trembler, méprisent la différence. Des enfants aux voix rauques, aux cheveux blancs, à l'alcool facile."
Et ce sont les femmes qui incarnent vaillamment la ­dignité qui n’abdique pas, quitte à manigancer ou mentir pour sauver la façade et l'honneur. Mais à quel prix...

Découvertes -
Lévantins - L'auteur nous invite dans cette communauté lévantine chrétienne égyptienne installée au Caire. Ces chrétiens issus de divers rites orientaux, originaires du Liban, de Syrie, de Jordanie ou de Palestine, et qui, bien qu'en Egypte depuis plusieurs générations, continuaient à y manier le français mieux que l'arabe.
Zabbalines - L'auteur inscrit également ce récit - et même l'histoire d'amour- dans le bidonville du Mokattam au Caire. 100 000 zabbalines, les chiffonniers collecteurs de déchets ou le « peuple des ordures »ramassent chaque matin 10 000 tonnes d’ordures ménagères directement chez les familles, en contrepartie d’une maigre rétribution, puis les ramènent jusque dans les zones de tri des bidonvilles à l’aide de camions, de charrettes ou de tuk tuks.
Odeurs du Caire
"Le cumin, la poussière (déjà), la coriandre, la benzine, les ânes, leurs déjections, le sable, la poussière (encore), la sueur, la cardamome, les gaz de combustion, les oignons frits, les ordures brûlées, les fèves chaudes, le jasmin, la poussière (obstinément), l’asphalte redevenu visqueux sous le règne sans partage du soleil. Le Caire était une entêtante présence olfactive qu’une infinité d’éléments composaient."


Roman coup de cœur. Envoutant et sensible. Sans l'once d'une hésitation, je recommande chaudement. 

Lauréat du prix Femina des Lycéens, ainsi que du Prix Première plume 

dimanche 29 juin 2025

603: 'Chien 51' de Laurent Gaudé

Genre : polar politico-criminel dans un contexte d’anticipation tendance dystopique.

Histoire
Zem Sparkas est grec mais depuis longtemps son pays n’existe plus: L’entreprise privée GoldTex l'a racheté.
Expatrié, il n’est plus qu’un vulgaire “chien”, un policier déclassé fouillant la zone 3 de Magnapole sous les pluies acides et la chaleur écrasante.
Un matin, dans ce quartier abandonné à sa misère, un corps retrouvé ouvert le long du sternum va l'entraîner vers les souvenirs d'amour et trahisons et dans les arcanes des luttes de pouvoir de cet état despotique. 


Impressions

Seul échappatoire à ce présent oppressant, c’est dans une salle sombre et sale que Zem plonge dans la drogue technologique Okios; pilules et lunette de réalité virtuelle, il s'évade pour retrouver l’Athènes de sa jeunesse. Il y perd tout ses repères pour déambuler dans les rues de ce paradis perdu. Scènes vraiment frappantes par leur contraste avec le présent, Laurent Gaudé peint des images d'Epinal d'un temps passé avec son brio coutumier.

L'autre point fort du roman réside dans ce binôme de Zem et Sofia, l'inspectrice de la zone 2, compagnons 'forcés' pour une longue et violente investigation. Pas d'angélique histoire d'amour, un duo de fortes personnalités qui se reniflent, se mordent, s'aiment et sombrent dans une même destinée bien noire.

Dystopie, enquête, mais alors quel est le thème principal de ce roman ? Une société imaginaire, à la Orwell?

Clairement le thème de la dystopie n'est pas approfondi, mais sert de toile de fonds, d'arrière-plan. Ces 3 zones infranchissables sans accréditation et le jeu Destiny m'ont rappelé la série Hunger Games. De manière similaire, les élites ont privatisé le monde, ils exploitent les ouvriers et ignorent les démunis, une coupole protège les zones 1 et 2 des pluies acides et des intempéries. Evidemment cette lecture m'a rappelé des scènes de romans de Damazio.
En synthèse, rien de très nouveau.
Je reconnais cependant que la force de l'écriture de Laurent Gaudé saisit par son réalisme. Cette peinture nous ramène au présent, évoque un demain qui ne serait en fait que le visage de nos égarements d’aujourd’hui.

C'est surtout le thème de la trahison et de la mort associée qui prédominent.
Avant les émeutes de Magnapole, Zem a connu en Grèce l’urgence de la révolte et l’espérance d’un avenir sans compromis. Il fut militant de la liberté, il a aimé et trahi.
Depuis son expatriation, il exécute les ordres, bon chien obéissant qui tente d'enfouir ses démons et de ne pas réagir devant l'injustice et la corruption quotidienne.
Ce roman interroge sur les conséquences de nos choix et de nos compromis, mais aussi sur la possibilité de se racheter et de trouver la rédemption.

La plume de Laurent Gaudé est toujours fluide, subtile et maîtrisée, l'intrigue est haletante et pleine de rebondissements.

Ambiance poisseuse et violente. Un très bon polar plutôt noir dans une ambiance dystopique.

mercredi 25 juin 2025

602: ' Ne le dis à personne' d'Halan Corben

Genre : bouche cousue

Histoire
    Pédiatre, David Beck exerce dans une clinique pour le compte de Medicaid, structure sociale qui prend en charge les pauvres sans couverture sociale. 
Sa vie a été brisée lorsque son épouse, Elizabeth, qu'il connaissait depuis l'enfance, fut assassinée par un tueur sadique qui marquait ses victimes au fer rouge.
    Huit ans après ce drame, il reçoit un étrange e-mail codé dont la clé n'était connue que de lui-même et d'Elizabeth…

Impressions
Série de chapitres courts et intrigue découpée en plusieurs histoires parallèles qui se rejoignent, des méchants parfois effrayants et des gentils qui survivent, l'horlogerie est bien huilée. "Capillotracté" parfois, rocambolesque souvent, mais l'intrigue a réussi à me tenir en haleine.

Cette lecture a personnellement été motivée par le désir de lire le roman après avoir regardé l'adaptation cinématographique, alors que j'ai quasiment tout le temps d'abord lu le livre puis regardé l'adaptation sur grand écran. Ici l'adaptation a été réalisée par Guillaume Canet, sortie en 2006, dotée d'une brochette d'acteurs connus comme André Dussolier, François Cluzet, Kristin Scott Thomas, Jean Rochefort... Et j'ai apprécié ce film. En particulier je trouve particulièrement réussie la transposition du cadre des Etats-Unis à la région parisienne et intra-muros. Les 2 versions diffèrent sur certains points comme l'assassin du fils du notable, mais chut, je ne le dis à personne.
A la fermeture du thriller de M. Corben, je ressens un sentiment mitigé, une lecture fluide mais un scénario tellement incroyable, surtout cette course-poursuite sans fin d'un médecin qui réussit à chaque fois à s'en sortir, digne d'un James Bond mais sans l'humour.

Thriller bien construit, pas incontournable mais cette lecture permet de passer un bon moment.

Elle - Grand Prix des Lectrices - Policiers - 2003

lundi 16 juin 2025

601: "La nouvelle physique" de Yann Mambrini

Genre : 

Histoire
La Nouvelle Physique désigne ce qui devra succéder aux théories actuelles décrivant l’infiniment petit et l’infiniment grand, soit les deux modèles dits « standards », celui de la physique des particules, où règne la mécanique quantique, et celui de la cosmologie, domaine de la relativité générale.
L'auteur décrit les étapes franchies depuis un siècle vers cet objectif d’unification des deux théories.

Impressions
Le physicien vulgarisateur Yann Mambrini initie, de façon rafraîchissante, à des questions de physique non résolues.


Belle 

Prix Art, Société, Science du meilleur essai français 2024

jeudi 29 mai 2025

600: 'L'Intelligence artificielle : vers une domination programmée ?' de Jean-Gabriel GANASCIA

 Genre : 

Histoire
[4ième de couverture]

Aujourd’hui, les ordinateurs sont présents dans toutes nos activités quotidiennes. Une machine a vaincu le champion du monde du jeu de go, on construit automatiquement des connaissances à partir d’immenses masses de données (Big Data), des automates reconnaissent la parole articulée et comprennent des textes écrits en langage naturel… Les machines seraient-elles vraiment devenues intelligentes, posséderaient-elles un esprit, voire une conscience ?
La complexité de l’intelligence artificielle dépasse notre entendement immédiat et suscite nombre d’idées reçues. Ainsi, l’intelligence artificielle reproduirait l’activité de notre cerveau, elle ferait que les ordinateurs ne se trompent jamais et… qu’à terme nous en devenions les esclaves.
Jean-Gabriel Ganascia, en distinguant la réalité du pur fantasme, nous permet de comprendre ce qui se joue avec l’intelligence artificielle, quelles sont ses potentialités et ce qu’elle ne sera jamais… sauf au cinéma.

Suite à des études de physique et de philosophie, Jean-Gabriel Ganascia s’est spécialisé en intelligence artificielle puis en modélisation cognitive. Professeur à l’université Pierre et Marie Curie, il dirige l’équipe ACASA (Agents cognitifs et apprentissage symbolique automatique) au sein du laboratoire d’informatique de Paris-VI.




Impressions
Voilà un essai bien construit, sans digressions comme en a pâti le livre de Luc Julia chroniqué récemment.




Instructif et agréable à lire

lundi 26 mai 2025

599: 'Tempête sur Kinlochleven' de Peter May

Genre : Ambiance 'Shining' écossais

Histoire
- 2051 -
La perturbation des phénomènes climatiques s'est traduite par la transformation de l'Ecosse en une zone polaire avec un niveau des eaux qui a englouti de très grandes surfaces terrestres.
- Glasgow -
Le chef de l'inspecteur de police Cameron Brodie lui demande de se rendre dans les Highlands où le corps d’un journaliste d’investigation a été retrouvé dans un névé de la région du Loch Leven.
 

Impressions
C'est un polar dystopique, noir et multiforme.
Je reste dans la tonalité de 'La route', un peu moins désespéré tout de même.
Ici en Ecosse, il reste un semblant de gouvernement avec des élections, l'énergie est encore produite pour se chauffer, se déplacer, s'éclairer, et les hommes ne sont pas (encore ?) devenus des survivants cannibales.

Pour le reste, le tableau est bien chargé en noirceur.
Le flic de Glasgow est veuf, taciturne, désabusé, condamné à court terme au niveau santé (oups, je n'en dis pas plus), sans nouvelles de sa fille depuis le suicide de sa fille... n'en rajoutez plus !
Et donc en parallèle de l'enquête relative au cadavre congelé du pauvre bougre de journaliste, se dénouent les confessions de Cameron à sa fille. 
Les différents rebondissements pêchent par un excès d'invraisemblable. Le flic survit à une avalanche, survit à une noyade, survit à un énorme coup... Il se regarde dans un miroir et constate le visage ravagé, c'est le moindre qu'on puisse attendre.
Finalement c'est la partie de l'intrigue la plus sensible et sensée, parce que du côté de l'enquête officielle cela tourne au complot politique et carnage systématique.

Ce récit aborde également les thématiques du dérèglement climatique (l'auteur s'est référencé aux études du GIEC) qui s'accompagne d'une modification profonde de la géographie des terres émergées et de migrations humaines terribles,  de l'intelligence artificielle mal utilisée pour générer des vidéos "deep fake", et de la problématique du stockage des déchets nucléaires.

Enfin, Peter May est écossais et il excelle à croquer les paysages des Highlands terriblement beaux et terrifiants.


Polar noir. Avis mitigé. A ne pas lire un soir de déprime alors que la tempête fait rage...

samedi 24 mai 2025

598: 'Le Colonel Chabert' de Honoré de Balzac

Genre : Histoire de revenant

Histoire
Paris, février 1817, trois ans après la chute de l'Empire, l'avoué Derville reçoit la visite d'un vieillard misérablement vêtu. Il assure être le colonel Chabert, laissé pour mort à la bataille d'Eylau en 1807. Il avait alors contribué à la victoire en conduisant une charge de cavalerie devenue célèbre. Le vieil homme raconte comment, se réveillant dans un fossé entre des cadavres, il a survécu à ses blessures. Il revient dix ans après et souhaite réclamer son titre, faire valoir ses droits et revivre avec sa femme.  

Impressions
Soyons clair, cette lecture d'un classique n'a pas été  motivée par l'adaptation filmographique où Gérard Depardieu incarne le colonel. Film tourné en 1994, avec Fanny Ardan
t dans le rôle de la comtesse de Ferraud, Fabrice Luchini dans celui de l'avoué Derville. Malgré l'excellence du jeu de Depardieu, je ne supporte plus ce personnage abjecte par ses propos et son comportement.
Non, ce qui m'a donné envie de lire cet ouvrage est le roman 'Comme les Amours' de Javier Marias qui cite à de nombreuses reprises cette nouvelle de Balzac.
Et quel bonheur.

C'est la tragédie d'un brave colonel héroïque combattant dans les rangs de Napoléon, déclaré mort lors de la bataille d'Eylau et qui revient enfin réclamer justice.
'J'ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre !"
En effet, pour gagner un procès il faut de l'argent que le Colonel n'a pas. Revenu vivant du pays des morts il se retrouve comme mort au pays des vivants et dépourvu.
Et Balzac ne nous sert pas un dénouement bien juste.
Bijou ciselé, grand densité dramatique pour si peu de pages. 

Nouvelle courte et efficace. La densité du récit est impressionnante. Ah, les classiques !

dimanche 18 mai 2025

597: 'Terrasses ou Notre long baiser si longtemps retardé' de Laurent Gaudé

Genre : Requiem en hommage aux victime du 13 novembre 2015

Histoire
[4ième de couverture]
Vendredi 13 novembre 2015. Douceur automnale : ce soir pourrait avoir un air de fête. On rêve de ce que sera cette nuit qui s’ouvre. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles se sont demandé où célébrer leur anniversaire ; une infirmière se promet le repos mérité. Un mari s’agace de devoir garder seul « la petite » – sa femme part écouter de la musique. Partout dans Paris, on va bavarder, trinquer, rire, danser. Et du côté des forces de secours et de l’ordre, rien n’annonce l’horreur imminente.


Impressions
C'est un roman - témoignage pour ne pas oublier et pour ne pas rester terrassés !
A travers le ressenti des victimes, des proches, des forces de l'ordre, les chapitres égrènent la succession d'événements de ce vendredi 13 novembre 2015 où la barbarie terroriste a privé 130 êtres humains du droit de vivre, d'embrasser, de sourire, d'avoir des projets...

Il donne la parole aux victimes, aux proches de victimes, aux forces institutionnelles qui sont intervenus pour neutraliser les fanatiques obscurantistes. Il ne donne pas la parole aux terroristes, ils sont morts et c'est tant mieux.

C'est sobre, sans pathos, les 130 pages peuvent se lire d'une seule traite.
Un message de résistance aussi, ô combien important.

"Qu'avons-nous perdu ? Un peu de nous-mêmes. De notre sérénité. De notre insouciance. Mais quelque chose est né en nous. Nous avons envie de brandir fièrement ce que nous sommes. Pour défier ceux qui voulaient nous abattre. Nous ne sommes pas soumis. Blessés. Sonnés. Mais pas soumis. Ils voulaient nous châtier. Genou a terre. Mais nous ne savons pas être autrement que ce que nous sommes. Nous nous relevons. Les terrasses des cafés deviennent le symbole de notre mode de vie. Nous y retournons. Nous trinquons haut et fort."
Court hommage. Polyphonique et sobre. Pour ne pas oublier l'horreur et ne pas se soumettre à la barbarie.

596: 'Le bureau des affaires occultes' d'Eric Fouassier

Genre : 

Histoire
Un 


Impressions
C'est 


Belle découverte d'un polar sur fonds historique.

samedi 17 mai 2025

595: 'Sur la route' de Cormac Mc Carthy

Genre : cendré

Histoire
Dévasté par un cataclysme mystérieux, il ne reste du globe qu'un amas de cendres, de ruines et de cadavres.
Un père et son jeune fils marchent vers le Sud, vers la côte, sous la neige, poussant un caddie. Marche éprouvante où le danger est omniprésent.



Impressions
Récit minimaliste.
Pas d'intrigue. Aucun nom de personnages. Une écriture dépouillée. Très peu de dialogues.
Le lecteur ne sait pas quel cataclysme s'est abattu sur la terre. Ni les noms et prénoms du père et de son fils.

"En ce temps-là déjà tous les magasins d’alimentation avaient fermé et le meurtre régnait partout sur le pays. Le monde allait être bientôt peuplé de gens qui mangeraient vos enfants sous vos yeux et les villes elles-mêmes seraient entre les mains de hordes de pillards au visage noirci qui se terraient parmi les ruines et sortaient en rampant des décombres, les dents et les yeux blancs, emportant dans des filets en nylon des boîtes de conserve carbonisées et anonymes, tels des acheteurs revenant de leurs courses dans les économats de l’enfer."

Seuls quelques survivants errent dans un paysage noir, irrespirable. 
Il y a les 'gentils' et 'méchants', 
Les gentils survivent en mangeant ce qu'ils trouvent dans les ruines de maisons abandonnées. Les méchants sont cannibales.

Tous sont vêtus de haillons. Ils ont froid, ils ont faim, ils ont peur.
Leur seule occupation c'est trouver de quoi boire et manger.

Et tout est gris. Même la mer.
"Là-bas c'était la plage grise avec les lents rouleaux des vagues mornes couleur de plomb et leur lointaine rumeur. Telle la désolation d'une mer extraterrestre se brisant sur les grèves d'un monde inconnu. [...] Au-delà l'océan vaste et froid et si lourd dans ses mouvements comme une cuve de mâchefer lentement ballottée et plus loin le front froid de cendre grise. Il regardait le petit. Il voyait la déception sur son visage. Je te demande pardon, elle n'est pas bleue, dit-il. Tant pis, dit le petit."

A l'exception de certaines images 'éclair', on ne connait rien du passé, mais qu'en est-il de l'avenir ?
Le père dit à l'enfant qu'il doit « porter le feu ». Serait-il un prophète ? Doit-il  rejoindre une communauté d'autres survivants qui ont gardé comme eux leur part d'humanité ?
Je n'ai pas saisi le message.

Alors quel avis ?
Ce fut une lecture peu agréable, ce qui est tout à fait logique dans un univers désormais ravagé, sans vie autre que quelques survivants. -Ni faune ni flore ne subsistent.

Mais ce qui m'a gêné est que je n'ai pas trouvé de sens ou de message. J'ai ressenti une lassitude en écho à la monotonie du récit. En terme de construction se répète trois fois La séquence de 'on marche en crevant la dalle et en ayant froid la nuit sous la bâche battue par la pluie' - 'on trouve un abri avec de la nourriture'. A part quelques rencontres parfois très angoissantes, aucun autre élément n'apporte de relief. On ne sait pas ce qui s'est passé ni ce qu'ils cherchent.
C'est le vide sur terre et l'austérité règne chez les survivants, et aussi pour le lecteur.
On pourrait imaginer 'Sur la Route'  comme un épilogue de 'Malevil' de Robert Merle où tout finit mal. Les humains vont disparaître quand ils auront épuisé les dernières réserves issues de l'époque où la terre était encore nourricière.
L'Humain confronté à la mort de la Nature. 

Un roman qui donne envie de toucher des fleurs, de caresser un animal, de ressentir la chaleur d'un rayon de soleil sur notre peau, de croquer un fruit, de profiter d'un sourire, d'une main tendue. De profiter de cette planète bleue que notre société moderne néglige et ne respecte pas.

En particulier, j'ai été frappé par l'expression du bonheur immense ressenti pour des 'événements' très simples.
Comme par exemple, lorsque le père découvre une réserve d'eau pure
[...] il y avait une cuve remplie d'eau si douce qu'on pouvait en sentir l'odeur'
[...] 'et renifla et goûta et ensuite il but. Il resta allongé là un bon moment, puisant et portant l'eau à sa bouche une main à la fois. Rien dans son souvenir nulle part de n'importe quoi d'aussi bon.'
De quoi se sensibiliser à la chance et au luxe que nous avons d'accéder à l'eau pure et potable. De quoi comprendre que dans ce monde dévasté, même les besoins les plus basiques sont en danger.


Minimaliste et noir. L'Humain condamné à disparaître à la mort de la Nature. 

samedi 3 mai 2025

'Oleg' de Frederik Peeters - BD - relecture... (idem 513 :)

Genre : regard acéré d'un dessinateur myope sur notre société

Histoire
Oleg, c'est Frederik Peeters ou presque. Auteur de BD, il s'attelle à l'écriture d'un livre duquel il discute avec sa compagne Alix. On pénètre au quotidien dans l'envers du décor de la production d'une bande dessinée avec le travail de l'imaginaire, les affres de la création, les relations avec l'éditeur. Mais surtout on pénètre dans les pensées de l'auteur, ses doutes, ses malaises vis à vis de la société qui l'entoure, et ses sentiments forts pour Alix et sa fille.

Impressions

J'avais déjà chroniqué cette BD. Et comme c'est intéressant de comparer, je conserve cette chronique, et je confirme que j'ai beaucoup aimé cette BD :)

L'histoire est d'apparence anodine,
De par sa fenêtre de dessinateur qui vit en retrait du monde, l'auteur dépeint son quotidien dans une société où le racisme s'est décomplexé, où l'individualisme prime et où la consommation est devenue folle.

Ultra-modernité technologique et pensée réactionnaire, culte de la superficialité et quête d’authenticité, surabondance...
Autant de thèmes plutôt déprimants, mais au final c'est une BD qui ne donne pas envie de baisser les bras.

D'abord parce que l'auteur livre un témoignage touchant de l’amour qu’il porte à sa femme et à sa fille. C'est pour Oleg une fantastique raison de vivre qui lui permet de tenir debout, de faire front, de continuer à avancer. 
Son amour inconditionnel pour sa femme Alix ne s’est pas émoussé avec les années, depuis son album 'Les Pillules Bleues'.
Sa fille est aussi pour Oleg un véritable rayon de soleil sans son quotidien. J'ai particulièrement apprécié leurs conversations qui m'ont rappelé des scènes vécues personnellement...

Ce n'est également pas un récit sombre grâce à son regard désabusé et humoristique sur les scènes du quotidien. Comme, par exemple, lors de e voyage en TGV pour Paris où il 'tagge' chacun des voyageurs dans une bulle de fiction. 'Netflix', 'Instagram', ... Chacun dans sa bulle.

Son dessin noir et blanc très expressif sert à la perfection le récit.  Il insère sans prévenir des cases représentant des scènes ou des références tout à fait hors du quotidien d'Oleg. Ou d'autres fois, il transporte ses personnages dans des scènes futuristes, dans des tableaux de maîtres, dans des grottes et paysages de montagne tandis qu'ils poursuivent leur conversation. Cela surprend le lecteur, et apporte de l'imaginaire et du rythme.


Un regard myope plutôt désabusé. Un album touchant, pertinent et original. J'adôôre.

594: 'Comme les Amours' de Javier Marias

Genre : à pas feutrés

Histoire
Chaque matin, dans le café où elle prend son petit déjeuner, l'éditrice madrilène María Dolz observe un couple qui, par sa complicité et sa gaieté, irradie d'un tel bonheur qu'elle attend avec impatience, jour après jour, le moment d'assister en secret à ce spectacle rare et réconfortant.
Or, l'été passe et, à la rentrée suivante, le couple n'est plus là. María apprend alors qu'un malheur est arrivé.
Impressions
Par l'intermédiaire de la veuve Luisa, María rencontre Javier Díaz-Varela, le meilleur ami de Miguel, et elle comprend vite que les liens que cet homme tisse avec la jeune veuve ne sont pas sans ambiguïté. 
A travers de longues phrases sans point final, l'auteur nous plonge dans les doutes, les convictions, les déductions de Maria. La progression est lente et minutieuse dans les contorsions de l'âme de cette femme instinctive. 

En dépit de l'étirement de certaines réflexions ou de certains dialogues qui semblent infinis, le lecteur (en l'occurrence moi...) est envouté, fasciné par les intuitions et les observations de la narratrice qui petit à petit dénoue les mystères. Et quelles réflexions sur la place que les morts occupent auprès des vivants, ou sur l’engouement amoureux, l'"enamourement"  !
C'est sophistiqué, aux colorations presque surannées mais tout de même très modernes, une histoire sombre mais cependant un récit éblouissant.

Belle découverte pour moi, un écrivain qui sonde les profondeurs de l'âme humaine. Brillantissime

Deux chefs-d'œuvre de la littérature française sont cités au service de cette fiction à de nombreuses reprises : « le colonel Chabert » De Balzac et « les trois mousquetaires » de Dumas. A relire ?

vendredi 2 mai 2025

593: "L’heure des prédateurs" de Giuliano da Impoli

Genre : essai sur un monde qui devient borgiaque et machiavélique

Histoire
« Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d’un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d’un monde, au moment où il sombre dans l’abîme, et l’emprise glacée d’un autre, qui prend sa place. »

Impressions
L’auteur du "Mage du Kremlin" livre une suite de récits de rencontres au sommet avec des plus hauts dirigeants de New York à Riyad, de l’ONU au Ritz-Carlton de MBS.

Portraits acérés, il donne l’alerte aux démocrates désormais "old style".

D’abord les nouveaux dirigeants politiques parmi lesquels Donald Trump bien sûr, mais aussi le salvadorien Bukele ou le saoudien MBS. Le parallèle entre l'action criminelle commise par César Borgia  et des faits imputables au prince héritier d’Arabie, à six siècles de distance est sidérant. Violence extrême y compris physique, sidération née de l’imprévisibilité totale, absence de toute considération morale, culte de l’action et du résultat quels que soient les moyens employés.

Ensuite, la seconde catégorie de prédateurs est composée des patrons de la tech, qui depuis trente ans taillent leur chemin pour prendre le contrôle du monde sans que personne ne les ait vus venir. Ces hommes sont assimilés aux 250 conquistadors espagnols qui ont fait main basse sur l’immense empire aztèque aux 100.000 soldats dont le chef Moctezuma « fit ce que les politiques, de tout temps, font dans ce genre de situation : il décida de ne pas décider ».

Un essai qui ne laisse pas plus de perspectives optimistes que celles véhiculées par l'essai d'Attali.
Peut-on garder de l'espoir en constatant que César Borgia est mort piteusement dans une embuscade de troisième ordre à l’âge de 31 ans, sans que ses projets n’aient de postérité directe ? Que les historiens s’accordent aujourd’hui pour voir dans la prise de main de l'Amérique par les conquistadores le commencement du déclin de l’Espagne, incapable de créer une économie moderne tant elle était submergée par l’afflux de richesses obtenues sans effort ?

Court essai, pertinent, efficace, qui fait froid dans le dos. La démocratie est menacée, la gouvernance repose sur la brutalité et le rapport de force.

lundi 28 avril 2025

592: 'L'intelligence artificielle n'existe pas' de Luc Julia

Genre : Siri, dis-moi ce qu'est l'IA ?

Histoire
"Dans cet ouvrage, je vous invite à me suivre, de mon petit village près de Toulouse à la Silicon Valley, sur les traces de cette fameuse « intelligence artificielle », à propos de laquelle on entend dire tant de bêtises, pour comprendre de quoi il s’agit exactement et anticiper ce qu’elle peut nous réserver dans le futur.
Car aujourd’hui je l’affirme haut et fort : l’intelligence artificielle n’existe pas !"

Impressions
Derrière son titre un brin provocateur, cet ouvrage ne tient pas ses promesses.

1- D'abord parce que d'abord plus du tiers du livre est passé à décrire le parcours de l'auteur. Certes ces pages légitiment la prise de parole par M. Julia qui a au un parcours très riche dans la tech et l'entreprenariat. Mais c'est trop long.
Et personnellement, je ne suis pas adepte des outils de type Siri. Je ne suis pas emporté par les envolées lyriques sur le bonheur du réfrigérateur connecté qui communique avec ma voiture et ma montre pour signaler que je n'ai plus de lait et que je dois en racheter...

2- Ensuite, un tiers du livre expédie un résumé de l'histoire de la genèse de l'IA: expéditif.

J'ai découvert la notion d'hivers de l'IA, comme par exemple celui apparu dès les années 60.
"Après l'invention très prometteuse  du terme d'IA en 1956, les scientifiques se sont rendus compte que les modèles mathématiques qui avaient été créés n’avaient strictement aucune capacité d’imiter le cerveau humain à l’époque. l'IA a été remplacé dans les années soixante-dix par quelque chose qui est connu sous le terme de « systèmes experts ».

Un renouveau est arrivé avec la victoire aux échecs du PC
"Donc c’est des machines qui ont l’air intelligentes, mais si on réfléchit bien, on se rend compte qu’elle n’est pas si intelligente que ça, elle suit des règles par définition. Les échecs, c’est un jeu avec des règles et donc la machine est capable d’aller placer le pion au bon endroit en fonction de l’endroit où on est en ce moment sur l’échiquier, voilà. Donc, mais ça a donné quand même des résultats intéressants, impressionnants, qui grâce à la puissance de calcul et grâce aux mémoires des ordinateurs qui se sont améliorées d’année en année, on se retrouve avec des machines qui, pour des fonctions particulières, pour des tâches très particulières, sont devenues juste plus fortes que nous. "

Sont cités les grandes inventions et les inventeurs.
La Pascaline signée par  Blaise Pascal en 1652, calculatrice mécanique considérée comme la première machine à calculer.



La machine à différences de Charles Babbage présentée en 1822, considérée comme étant le premier ordinateur primitif au monde.

Alan Turing, ce génie Anglais qui finit par se suicider plutôt que de subir des châtiments chimiques pour le corriger de son homosexualité.


3- Puis un tout petit chapitre de 40 pages 'Mais alors c'est quoi l'intelligence artificielle' liste des applications en restant très superficiel quant à la question posée. Il digresse notamment sur des considérations sur l'IoT -l'Internet des Objets- le domaine d'expertise de l'auteur hors champ de la réponse à ce qu'est l'IA. Si le lecteur cherche à être éclairé techniquement sur l'IA, c'est raté.

4- Et enfin la conclusion sur le futur est un méli-mélo de visions utopiques, de considérations sur les Blockchains, cela part dans tous les sens...



Cet auteur fait partie des optimistes quant à l'IA, qu'il préfère nommer l'Intelligence Augmentée.
Il n'est pas angélique sur ses volets négatifs, et cite notamment les dangers quant à la vie privée, les vols d'identité, les possibilités de hacking.
En particulier il dénonce l'énorme voracité énergétique des mécanismes de stockage (le fameux "cloud") des quantités gigantesques d'informations dont se nourrit l'IA dans sa forme actuelle.

Ce qui a éveillé le plus d'intérêt est l'argumentaire quant aux limitations de l'IA exposées à l'aune de 
’IA statistique, qui est le machine learning, le deep learning on appelle ça, l’IA basée sur l’apprentissage, ces IA-là, elles sont basées sur des règles qui existent ou sur des données qui existent. Donc sur des choses qui se sont déjà passées, elles ne vont pas inventer quoi que ce soit contrairement à nous quand on se retrouve face une situation qu’on n’a jamais vue avant, on va pouvoir inventer. 

"Donc c’est pour ça que je dis que l’intelligence artificielle telle qu’on la décrit depuis le début, celle-ci elle n’existe pas, cette intelligence artificielle générique, générale elle n’existe pas. Par contre, l’intelligence artificielle qui est capable de résoudre des problèmes très particuliers, très pointus, elle existe, elle est bien meilleure que nous. Mais elle est bien meilleure que nous comme tous les outils qu’on fabrique depuis la nuit des temps mais ces outils ils sont effectivement très spécialisés comme par exemple un marteau qui va être capable de planter un clou correctement, mais bon, il ne va pas servir à grand-chose d’autre."

'[...] pour moi, l’humain innove. On va pouvoir se sortir de situations qu’on n’a jamais vues en s’adaptant. Une intelligence artificielle ne s’adapte pas. Elle suit soit les règles qu’on lui a données, soit les Data donc les données qui lui ont été données pour l’apprentissage et donc quand il ne va pas y avoir quelque chose qu’elle est capable de comprendre, elle va juste s’arrêter parce qu’il n’y a pas de chemin possible pour ça, et nous on ne va pas s’arrêter. Nous on va trouver une façon de se dépatouiller du machin
 
Un livre sur l'IA pas indispensable, si ce n'est pour la clarté de sa définition de ce qu'est l'intelligence humaine par rapport à l'IA.


En réserve pour une future chronique sur Bolloré
J'ai découvert qu'OCB, sigle de Odet-Cascadec-Bolloré, est une marque française de papier à rouler (ou papier à cigarette) fondée sous la direction de René Bolloré en 1918 à Ergué-Gabéric, près de Quimper en Bretagne


samedi 12 avril 2025

591: 'Racines' de Lou Lubie - BD

Genre : quête racinaire de soi-même

Histoire
Rose est tiraillée entre deux cultures : celle à laquelle elle voudrait appartenir, et celle que ses cheveux crépus trahissent. De coiffure en coiffure, elle sera prête à tout pour se conformer à une société qui rejette la différence.
Au fil de sa quête d’identité, Rose va devoir se confronter aux discriminations sexistes et racistes, à l’Histoire qui lui a donné ses racines métissées, et, finalement, à elle-même.
Impressions
C'est a priori un récit inspiré d'elle-même.
Pas de réel fil conducteur, elle égrène son apprentissage au fur et à mesure des années, d'abord obsédé par la maîtrise des boucles rebelles, mais finalement une trajectoire qui se dirige vers l’acceptation de soi, de ses origines créoles et de sa place de femme.
Mais cette BD est aussi une enquête extrêmement fouillée et riche d'enseignements sur l'histoire des coiffures. Une histoire corrélée à celle des discriminations sexistes et raciales, des humiliations et des contraintes fortes auxquelles les femmes aux cheveux crépues ont été et sont toujours confrontées.
Le dessin ne m'interpelle pas au premier abord, mais sa simplicité et fluidité est au service du récit, souvent drôle et bien rythmé.


De la dictature des cheveux, un roman -BD extrêmement intéressant et agréable à lire ! Yes :)


Lou Lubie est originaire de l’île de la Réunion. Elle y publie ses cinq premiers livres, avant de s’installer en France métropolitaine où elle se fait connaître avec "Goupil ou face". Elle est la fondatrice du Forum Dessiné, site communautaire où des dessinateurs de tous niveaux improvisent ensemble de la BD collective. Cette expérience de création partagée lui inspire "La Fille dans l’écran", une BD dessinée à quatre mains. Aujourd’hui, elle continue d’explorer de nouveaux genres, du thriller fantastique avec "L’Homme de la situation" aux contes de fées dans "Et à la fin, ils meurent".

jeudi 10 avril 2025

590: 'Le ciel ouvert' de Nicolas Mathieu

Genre : souvenir éparpillés

Histoire
Ce roman réunit es textes écrits par l'auteur sur les réseaux sociaux depuis 2018 et en particulier ceux qu'il adressait publiquement sur Facebook et Instagram à une femme désirée, mais qui n'était pas libre. Une histoire d'amour clandestine qui n'est plus, mais dont il se rappelle chaque instant…



Impressions
Le thème principal est celui d'un amour clandestin, celui du narrateur avec une femme qui n'est pas libre.
C'est assez décousu, tant sur les sujets -cet amour clandestin mais aussi l'amour paternel, les parents qui vieillissent, la COVID, les saisons, les luttes sociales ...- que sur le registre - déclaration d'amour, quotidien banal, ..
Certains passages m'ont plu et d'autres m'ont ennuyé, mais surtout, au final, cette succession de souvenirs éparpillés m'a lassé et ce roman m'a déçu.

Décevant.

dimanche 30 mars 2025

589: 'Écoutez nos défaites' de Laurent Gaudé

 Genre : de l'absurdité des guerres

Histoire
Zurich.
Assem Graïeb, agent secret français de renseignements français, a rendez-vous à Bellevueplatz avec Auguste afin que celui-ci le présente à un homme des services américains. Sans doute pour une nouvelle mission.  Avant ce rendez-vous, il rencontre Mariam, dans un bar. Mariam est une  archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées.
Ils termineront la nuit ensemble. Presque sûrs qu'ils ne se reverront pas. Assem s'en ira vers une nouvelle mission tandis que la jeune femme, archéologue irakienne, tentera de sauver les œuvres d'art volées à son pays par Daesh...


Impressions
J'avais à peine commencé cette lecture et deux sentiments ont immédiatement surgi.

D'abord quel bonheur de retrouver cette écriture puissante, lyrique et poétique, qu'il s'agisse de décrire des moments intimes ou des sujets plus universels comme les pages de l'histoire.
Ensuite, à regret, je retrouve cette obsession du thème de la mort. Un thème tellement présent dans les derniers romans que j'avais lus de cet auteur, que je m'en étais éloigné.

Certes le thème de la mort est très présent, mais finalement j'ai réellement été emporté par ce récit.

Trois grandes batailles s'entremêlent avec l'histoire d'Assam et Mariam.

Le 12 avril 1861, le général des conférés Beauregard donne l'ordre de tirer sur Fort Sumter dans lequel se sont retranchés les soldats de l'Union aux ordres de Robert Anderson. Ces combats déclenchèrent la guerre de Sécession.  




Le 31 mars 1936 à Mai Ceu dans le sud du Tigré en Éthiopie, Haïlé Sélassié, le dernier Négus d’Éthiopie, s'apprêt à donner le signal de l'attaque à sa foule de guerriers contre le corps expéditionnaire italien commandé par le maréchal Badoglio. Une bataille perdue d'avance car complètement disproportionnée entre un camp équipé d'avions et d'armes chimiques et des Ethiopiens aux armes rudimentaires, à pied ou à dos de mules...
Bombes aériennes qui explosaient les corps, gaz moutarde qui brûlait à mort, après la défaite de Mai Ceu l’armée éthiopienne du Nord est anéantie. 
A la tribune de la SDN à Genève le mardi 30 juin 1936, discours de Hailé Sélassié (1892-1975) en mai 1936, alors souverain déchu et en exil et déchu alors que son pays a été conquis et intégré  dans l’Empire italien fasciste. Il dénonce l’emploi par l’armée italienne d’armes chimiques et ce, dès la fin de l’année 1935, au début de la guerre italo-éthiopienne.

En 218 avant JC, le siège mené par les forces d'Hannibal contre la ville de Sagonte s'achève au bout de huit mois. Ce siège déclenche la deuxième guerre punique. C'est le premier événement de cette guerre et il en constitue le véritable casus belli. 


Des guerres que ces personnages historiques penseront avoir gagnées mais au final ils ressentiront une défaite écrasante. Même le général Grant, le vainqueur des Confédérés, fut surnommé le boucher à la fois en regard des pertes ennemies mais aussi au titre des hécatombes dans ses rangs. La "guerre" que mène Assem Graïeb contre le terrorisme, qu'apporte-t-elle, au final amène-t-elle des victoires ? Il a vu trop d'horreurs pour croire encore à une possible victoire.
Même les archéologues qui luttent contre l'oubli perdent face à la destruction  par les hommes en noir du patrimoine culturel et religieux de Hatra, de Mossoul, de Palmyre, de Tombouctou, de Bâmiyân, ainsi que le vol d'objets d'art et les attentats internationaux revendiqués.
Saccage du musée de Mossoul en 2015
 La victoire pleine, réelle, éternelle, n'existe pas. 

Récit plutôt sombre mais aussi éblouissant. Un grand roman.

588: 'Bibliomule de Cordoue' de Wilfrid Lupano, Léonard Chemineau et Christophe Bouchard - BD

Genre : une fable sur la lutte contre l'obscurantisme, l'importance des livres et de la culture.

Histoire
Califat d'Al Andalus, Espagne. Année 976
Voilà près de soixante ans que le califat est placé sous le signe de la paix, de la culture et de la science. Le calife Abd el-Rahman III et son fils al-Hakam II ont fait de Cordoue la capitale occidentale du savoir.
Mais al-Hakam II meurt jeune, et son fils n'a que dix ans.
L'un de ses vizirs, Amir, saisit l'occasion qui lui est donnée de prendre le pouvoir. Il n'a aucune légitimité, mais il a des alliés. Parmi eux, les religieux radicaux, humiliés par le règne de deux califes épris de culture grecque, indienne, ou perse, de philosophie et de mathématiques. Le prix de leur soutien est élevé : ils veulent voir brûler les 400 000 livres de la bibliothèque de Cordoue.
La soif de pouvoir d'Amir n'ayant pas de limites, il y consent.
La veille du plus grand autodafé du monde, Tarid, eunuque grassouillet en charge de la bibliothèque, réunit dans l'urgence autant de livres qu'il le peut, les charge sur le dos d'une mule qui passait par là et s'enfuit par les collines au nord de Cordoue, dans l'espoir de sauver ce qui peut l'être du savoir universel.



Impressions
A mi-chemin entre fable philosophique et récit historique, cette bande dessinée rend un bel hommage à la culture scientifique arabe.





Voilà un récit qui rappelle de tristes épisodes historiques, et même des évènements très récents comme en 2023 au Missouri, lorsque des élus du parti Les Républicains brûlent des livres jugés trop 'wokes'.



Un bel hommage à la littérature




Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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