Genre : essai sur un monde qui devient borgiaque et machiavélique
Histoire
« Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d’un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d’un monde, au moment où il sombre dans l’abîme, et l’emprise glacée d’un autre, qui prend sa place. »
Impressions
L’auteur du "Mage du Kremlin" livre une suite de récits de rencontres au sommet avec des plus hauts dirigeants de New York à Riyad, de l’ONU au Ritz-Carlton de MBS.
Portraits acérés, il donne l’alerte aux démocrates désormais "old style".
D’abord les nouveaux dirigeants politiques parmi lesquels Donald Trump bien sûr, mais aussi le salvadorien Bukele ou le saoudien MBS. Le parallèle entre l'action criminelle commise par César Borgia et des faits imputables au prince héritier d’Arabie, à six siècles de distance est sidérant. Violence extrême y compris physique, sidération née de l’imprévisibilité totale, absence de toute considération morale, culte de l’action et du résultat quels que soient les moyens employés.
Ensuite, la seconde catégorie de prédateurs est composée des patrons de la tech, qui depuis trente ans taillent leur chemin pour prendre le contrôle du monde sans que personne ne les ait vus venir. Ces hommes sont assimilés aux 250 conquistadors espagnols qui ont fait main basse sur l’immense empire aztèque aux 100.000 soldats dont le chef Moctezuma « fit ce que les politiques, de tout temps, font dans ce genre de situation : il décida de ne pas décider ».
Un essai qui ne laisse pas plus de perspectives optimistes que celles véhiculées par l'essai d'Attali.
Peut-on garder de l'espoir en constatant que César Borgia est mort piteusement dans une embuscade de troisième ordre à l’âge de 31 ans, sans que ses projets n’aient de postérité directe ? Que les historiens s’accordent aujourd’hui pour voir dans la prise de main de l'Amérique par les conquistadores le commencement du déclin de l’Espagne, incapable de créer une économie moderne tant elle était submergée par l’afflux de richesses obtenues sans effort ?
Court essai, pertinent, efficace, qui fait froid dans le dos. La démocratie est menacée, la gouvernance repose sur la brutalité et le rapport de force.
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