Genre : de l'absurdité des guerres
Histoire
Zurich.
Assem Graïeb, agent secret français de renseignements français, a rendez-vous à Bellevueplatz avec Auguste afin que celui-ci le présente à un homme des services américains. Sans doute pour une nouvelle mission. Avant ce rendez-vous, il rencontre Mariam, dans un bar. Mariam est une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées.
Ils termineront la nuit ensemble. Presque sûrs qu'ils ne se reverront pas. Assem s'en ira vers une nouvelle mission tandis que la jeune femme, archéologue irakienne, tentera de sauver les œuvres d'art volées à son pays par Daesh...
Impressions
J'avais à peine commencé cette lecture et deux sentiments ont immédiatement surgi.
D'abord quel bonheur de retrouver cette écriture puissante, lyrique et poétique, qu'il s'agisse de décrire des moments intimes ou des sujets plus universels comme les pages de l'histoire.
Ensuite, à regret, je retrouve cette obsession du thème de la mort. Un thème tellement présent dans les derniers romans que j'avais lus de cet auteur, que je m'en étais éloigné.
Certes le thème de la mort est très présent, mais finalement j'ai réellement été emporté par ce récit.
Trois grandes batailles s'entremêlent avec l'histoire d'Assam et Mariam.
Le 12 avril 1861, le général des conférés Beauregard donne l'ordre de tirer sur Fort Sumter dans lequel se sont retranchés les soldats de l'Union aux ordres de Robert Anderson. Ces combats déclenchèrent la guerre de Sécession.
Le 31 mars 1936 à Mai Ceu dans le sud du Tigré en Éthiopie, Haïlé Sélassié, le dernier Négus d’Éthiopie, s'apprêt à donner le signal de l'attaque à sa foule de guerriers contre le corps expéditionnaire italien commandé par le maréchal Badoglio. Une bataille perdue d'avance car complètement disproportionnée entre un camp équipé d'avions et d'armes chimiques et des Ethiopiens aux armes rudimentaires, à pied ou à dos de mules...
Bombes aériennes qui explosaient les corps, gaz moutarde qui brûlait à mort, après la défaite de Mai Ceu l’armée éthiopienne du Nord est anéantie.
A la tribune de la SDN à Genève le mardi 30 juin 1936, discours de Hailé Sélassié (1892-1975) en mai 1936, alors souverain déchu et en exil et déchu alors que son pays a été conquis et intégré dans l’Empire italien fasciste. Il dénonce l’emploi par l’armée italienne d’armes chimiques et ce, dès la fin de l’année 1935, au début de la guerre italo-éthiopienne.
En 218 avant JC, le siège mené par les forces d'Hannibal contre la ville de Sagonte s'achève au bout de huit mois. Ce siège déclenche la deuxième guerre punique. C'est le premier événement de cette guerre et il en constitue le véritable casus belli.
Des guerres que ces personnages historiques penseront avoir gagnées mais au final ils ressentiront une défaite écrasante. Même le général Grant, le vainqueur des Confédérés, fut surnommé le boucher à la fois en regard des pertes ennemies mais aussi au titre des hécatombes dans ses rangs. La "guerre" que mène Assem Graïeb contre le terrorisme, qu'apporte-t-elle, au final amène-t-elle des victoires ? Il a vu trop d'horreurs pour croire encore à une possible victoire.
Même les archéologues qui luttent contre l'oubli perdent face à la destruction par les hommes en noir du patrimoine culturel et religieux de Hatra, de Mossoul, de Palmyre, de Tombouctou, de Bâmiyân, ainsi que le vol d'objets d'art et les attentats internationaux revendiqués.
La victoire pleine, réelle, éternelle, n'existe pas.
Récit plutôt sombre mais aussi éblouissant. Un grand roman.
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