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Liste par auteurs & titres dans Kronik list

dimanche 29 novembre 2009

10ième chronique: ''Sonate d'un assassin'' de Jean-Baptiste destremau

Un premier roman captivant et élégant

Le talent du pianiste Laszlo Dumas est révélé le jour où il assassine le spectateur du premier rang qui a repéré une erreur de jeu. Les critiques très vite plébiscitent Lazlo comme étant un virtuose de dimension internationale. Dès lors, pour se maintenir dans cet état de grâce musicale, Lazlo introduit en récital régulièrement d'infimes erreurs afin de repérer sa prochaine victime du premier rang de la salle. Les crimes se succèdent discrètement jusqu'au jour de sa rencontre avec Lorraine...

Découpé telle une sonate (4 chapitres), ce roman séduit par son écriture très fine et élégante (surtout les chapitres où Lazlo s'exprime), et par sa construction intelligente où le suspense croît en même temps que la folie gagne crescendo le virtuose.

On se régale des nombreuses références à des œuvres musicales, et en pensant au fait que l'auteur Jean-Baptiste Destremau est lui-même pianiste amateur, vient inévitablement à l'esprit la question: serait-ce autobiographique ? ;)

Quand ce cycle infernal de meurtres se trouve interrompu par l'amour, le roman s'oriente vers le thème de la compatibilité entre l'art et l'amour. Jusqu'à sa chute.


2ième ouvrage du concours que je lis, et à nouveau un grand moment de lecture. Ce besoin de tuer pour s'approcher du génie rappelle fortement 'Le Parfum' de Patrick Suskind. A la flagrance répond la mélodie. L'envie de relire 'Le Parfum' est forte.

samedi 14 novembre 2009

9ième chronique: trilogie 'Millénium' de Stieg Larsson

Un roman policier sous la forme d'un triptyque qui peut mettre en danger vos heures de sommeil...

Même si j'ai réussi à limiter les dégâts, un certain déficit d'heures de sommeil se sera accumulé au cours de ma lecture vorace des 3 tomes respectivement de 574, 652 et 710 pages, nombre de pages peu commun dans l'univers des polars.

Ces 3 tomes m'ont tenu en haleine, et à de nombreuses reprises, il m'a fallu prodiguer des réels efforts pour refermer le livre et tenter de trouver le sommeil hanté par Lisbeth et Mikael...

Mais quelle est la recette magique de cet auteur suédois énigmatique (décédé après avoir remis l'ouvrage à son éditeur ) ? Une potion magique qui fait prendre la mayonnaise, avec comme ingrédients principaux:
- Une écriture simple et vivante (certains internautes la jugent trop simple, mais personnellement cette simplicité permet une fluidité de lecture appréciable),
- L'enquête phare pleine de suspens, en parallèle d'intrigues multiples où petit à petit le lecteur découvre les imbrications complexes avec la trame principale,
- L'actualité du roman, qui aborde avec un foisonnement de détails les magouilles économiques dans un contexte de mondialisation des échanges, les corpuscules fascistes, les services secrets et leur flirt avec l'illégalité, le trafic des femmes de l'Est, la psychiatrie médicale et son opacité, Internet et les hackers...
- Et je dirai personnellement, surtout le réalisme des personnages apporté par des descriptions détaillées autant des personnages principaux que des nombreux acteurs secondaires qui possèdent alors une véritable épaisseur et une vie propre.

Ce dernier ingrédient constitue pour moi un point commun avec Harry Potter( eh oui, je suis ''pottermaniaque''), où le récit de très nombreux personnages secondaires est également suivi en parallèle de celui du héros. Cette richesse permet à Millénium de se différencier radicalement (et pour moi de largement surpasser) un thriller comme "The Da Vinci Code", en lui épargnant de devoir faire éclater un coup de théâtre à la fin de chaque chapitre pour tenir en haleine le lecteur.

Certains lecteurs seront dérangés pas les scènes de violence, qui -il faut le reconnaître- sont nombreuses. Elles peuvent cependant toutes être justifiées par l'intrigue. De plus elles apportent incontestablement une certaine noirceur qui installe une ambiance inquiétante et captivante.
Un roman réservé aux adultes en tout état de cause.

D'autres lecteurs (et lectrices ?...) seront agacés par la "beaugossitude" de Mikael Blomkvist, tombeur de la gente féminine sans efforts (James Bond sans les gadgets) ... Certes c'est l'archétype du héros, courageux, malin, honnête, travailleur, séduisant. Mais justement un des éléments captivant de cette trilogie est la relation entre Super Blomkvist et le deuxième personnage principal, Lisbeth Salander, atypique et plutôt anti-héros au premier abord: elle est jeune, malingre, tatouée, un brin gothique, officiellement psychopathe, et surtout handicapée dans ses relations humaines au point de ne pas savoir dire merci.

A l'issue du dernier tome, toutes les intrigues sont dénouées, et un vide s'abat sur le lecteur. J'ai quitté avec regret Lisbeth, Mikael, Erika, Armanski et les autres (certains noms suédois sont difficiles à retenir).

Certaines rumeurs parlent d'un hypothétique tome 4. Il me semblerait injustifié, puisqu'à l'issue de la trilogie les 2 héros principaux sont libérés de leurs carcans respectifs et qu'ils peuvent désormais vivre une relation amicale sans épée de la Sapo en menace...

Le premier tome vit sa vie tout seul, les 2 et 3 constituent un ensemble lié.
J'ai à chaque fois été happé frénétiquement par les tomes au bout de 300 pages où désormais le décor est richement campé et où les événements commencent à se bousculer.

En conclusion, certes le scénario est souvent tiré par les cheveux (et parfois caricatural), mais même si cette trilogie n'est pas un chef d'œuvre de la littérature, l'histoire est captivante et sa lecture m'aura procuré des heures de plaisir.

mercredi 4 novembre 2009

8ième chronique de lecture: "Dans les veines ce fleuve d'argent"
 de
 Dario Franceschini

Premier livre du concours Alice Inter CE 2010, choisi au hasard, et … surprise : 150 pages délicieuses, raffinées, un premier roman tranquille et profond…

Primo Bottardi, vieillissant, mène une vie paisible avec sa femme Maria dans leur village italien de Cantarana. Subitement, il ressent le besoin de partir retrouver un ami d’enfance, perdu de vue depuis longtemps, afin de lui apporter une réponse à sa question posée quarante deux ans plus tôt.
Débute alors une lente remontée du cours du fleuve de Pô en parallèle de la résurgence de ses souvenirs, le thème prédominant du roman.
« Primo se rappela… » « … assailli par des souvenirs dont il croyait ne plus se rappeler.. » « … emporté dans le souvenir » « … voyage plein de souvenirs et de présages »

Les anecdotes savoureuses, mélanges de scènes de la vie quotidienne et de légendes, se succèdent.
] L’ancien professeur, animiste des œuvres littéraires, qui vénère ses livres au point de ne pas supporter de les serrer sur les rayons des étagères de sa bibliothèque ;
] Le wagon de marchandise renversé avec ses milliers de paquets de cigarettes qui a mis à rude épreuve les locaux;
] La fable du brouillard « si épais qu’il semblait solide » et que seules les femmes percent de leur vue ;
] La femme de Lenticchia qui pleure et hurle chaque matin depuis 20 ans (énigme...);
] Le sauvetage du village par Artioli et sa vieille charrette ;
] L’incroyable village de Borello avec ses habitants frappés d’amnésie
Et d'autres encore...



L’écriture envoute par sa forte teneur poétique ciselée dans des mots simples et des phrases courtes.
« Son regard sentait toujours les draps mouillés ».
« La saveur de la nudité »
« Il [] se blottit dans la tiédeur sûre de cette respiration qui brisait le silence. »


A travers la pérégrination du vieil homme, l’auteur peint l’amour selon ses variantes déclinées par la vie.
« Le bonheur tranquille de la tendresse » de Primo et Maria, l’amour meurtri par l’infertilité du couple Capaccio et Nora, l’amour passionnel rendu impossible par l’amnésie touchant les hommes et les femmes d'un village de Borello, l’amour filial du médecin qui envoie des caisses remplies d’amour protégées par de la paille à sa mère, l’amour physique torride et fugace le temps d'un été entre Secondo Battardi et sa lavandière, l’amour éternel et fidèle d’un souvenir où le cœur du charretier est « resté là-bas sur la plage de cet été »

L’écoulement des pages m’a submergé de mélancolie « comme si le fleuve m’aspirait »…

vendredi 23 octobre 2009

7ième chronique: Un aller simple de Didier Van Cauwelaert

Très belle histoire de la rencontre improbable d'Aziz et de Jean-Pierre, 2 pommés dans notre société du 21ième siècle

Aziz, orphelin survivant d'un accident dans une Ami6 (d'où son nom...) et alors adopté par une famille de gitans, est selon ses faux papiers de nationalité marocaine mais ne parle pas un mot d'arabe. Sa spécialité: les auto-radios, à traduire par le trafic des auto-radios... Son seul refuge: son atlas historique

Jean-Pierre Schneider, "attaché mandataire", choisi par son chef pour raccompagner Aziz vers son hypothétique village marocain d'origine Irghiz. Ecrivain raté, il est à la dérive, déchiré par son divorce en cours de sa femme Clémentine, qui l'a quitté pour son supérieur hiérarchique...

Belle fable douce-amère, au langage fleuri et direct, récit émouvant d'une amitié improbable, où c'est l'expulsé assisté qui apporte son soutien au brillant fonctionnaire...

mercredi 21 octobre 2009

6ième chronique: Mathilda de Roald Dahl

A lire à tout âge

Mathilda est une petite fille de 5 ans surdouée, qui apprend toute seule à lire et à calculer. Tout irait pour le mieux si ses parents en plus d'être d'une bêtise crasse et revendiquée, sont malhonnêtes et méchants. Cette méchanceté gratuite s'illustre par exemple par l'accès de colère de son père qui met en pièces un livre de la bibliothèque emprunté par sa fille.
La rencontre de Mathilda avec une institutrice très attentionnée et sa découverte d'un pouvoir étrange lui permettront de vaincre la crétinerie et l'inculture de son entourage familial.

Encore un merveilleux récit de Roald Dahl, dont la magie opère même à la quarantaine.
Et puis dans un blog versé vers la littérature, comment ne pas vous inviter à savourer une telle apologie de la lecture !...

5ième chronique de lecture: Aller Simple de Carlos Salem

Un récit déjanté et décalé, qui cache un conte initiatique de la vie

A ne pas confondre avec "Un aller simple" de Didier Van Cauwelaert.
Ecrit par un argentin vivant à Madrid depuis 1998.

Suite à la mort brutale de sa femme tyrannique dans leur chambre d'hôtel au Maroc, le timide fonctionnaire espagnol Octavio est libéré de 20 ans de prostration. Commence alors le récit d'un périple chaotique qui l'emmène sur les routes de l'Atlas, dans des soirées de retraités ou des hôtels de passe, entraîné par Soldati, un escroc révolutionnaire argentin qui veut vendre des glaces aux bédouins dans le désert...
Cette fuite en avant s'accompagne de rencontres pittoresques, comme celles de Mowles, un prix Nobel de littérature idolâtré qui n'a en réalité jamais écrit une seule ligne, de Charlie, un hippie qui cache sa véritable identité (suspense...), ou d'un nuage noir qui suit obstinément Octavio…

Derrière cette déambulation assez loufoque au rythme soutenu, se cache une quête initiatique d'Octavio qui enfin trouve sa vraie personnalité, sa sexualité jusque là refoulée, son rêve d'enfant d'être pianiste, le sens qu'il voudrait donner à sa vie en allant de l'avant.
C'est un roman qui se lit vite et légèrement, mais qui à la digestion invite à s'interroger sur le décalage possible entre la vie que nous menons et celle à laquelle on aspire.

dimanche 4 octobre 2009

4ième chronique de lecture: L'espion qui venait du froid

Un chef d'œuvre du roman d'espionnage


Publié en 1964, récompensé par le prix Somerset-Maugham un an plus tard, "L'espion qui venait du froid" de John Le Carré est un bijou du roman d'espionnage. A l'opposé des exubérances d'un James Bond, cet ouvrage peint l'univers froid des agents secrets dans le contexte de la guerre froide. Monde de tromperies, de manipulations, de désillusions.
Le lecteur perd vite ses repères, se retrouve manipulé comme le héros dont sa désillusion devient presque contagieuse. La narration est sobre, présente une mécanique méthodique, froide comme la guerre et l'espion...
C'est le roman qui a apporté à John Le Carré sa notoriété, et je comprends pourquoi. En regard de cette notoriété, c'est étonnement le premier ouvrage de cet auteur que je lis, et sûrement j'en glisserai un autre dans mon cartable prochainement.

Les livres qui m'ont marqué... (pas tous chroniqués)

  • 'Beloved' & 'Jazz' de Toni Morrison
  • 'Charlotte' de David Foenkinos
  • 'Crime et châtiment' de Dostoievski
  • 'Kite runner' de Khaled Hosseini
  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
  • 'Sombre dimanche' & "L'art de perdre" d'Alice Zeniter
  • 'Sous le soleil des Scorta' et 'Eldorado' de Laurent Gaudé
  • "1984" de George Orwell
  • "Au Zénith" de Dong Thuong Huong
  • "Candide" de Voltaire
  • "En attendant Godot" de Samuel Beckett
  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
  • "L'ombre du vent" de Carlos Ruis Zafon
  • "La métamorphose" de Kafka
  • "La vie devant soi" de Romain Gary
  • "Le Hussard sur le toit" et "Les âmes fortes" de Jean Giono
  • "Le parfum" de Patrick Suskind
  • "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde
  • "Le rouge et le noir" de Stendhal
  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
  • "Les Déferlantes" de Claudie Gallay
  • "Les Raisins de la Colère" de John Steinbeck
  • "Malevil" de Robert Merle
  • "Mr Vertigo" de Paul Auster
  • "Sur la route" de Jack Kerouac
  • à suivre
  • L'univers de Haruki Murakami
  • Les contes d'Alessandra Barrico
  • Les polars de Fréd Vargas
  • Les romans de Sepulveda
  • Les romans de Yasunari Kawabata

Grand Canyon

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