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dimanche 10 août 2025

607: 'Veiller sur Elle' de Jean-Baptiste Andrea

Genre : qui ne laisse pas de marbre...

Histoire
Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, n'est pas né en 1904 sous les auspices d'une belle étoile, ni avec une cuillère d'argent dans la bouche. Au contraire, son père meurt durant la première guerre mondiale, sa mère s'en débarrasse en l'envoyant à Pietra d'Alba chez un pseudo cousin sculpteur qui l'exploite et le maltraite.
Mais parfois des destins se croisent, comme celui de Mimo avec Violla, cousine cosmique de Mimo car née  le même jour que Mimo (en trichant un peu sur les jours...) au sein d'une famille puissante des Orsini.
Tous les deux souffrent, l'une d'anticonformisme et d'ouverture d'esprit dans un milieu conventionnel, l'autre de sa pauvreté et d'achondroplasie qui le réduit à l'image d'un nabot aux yeux de ses pairs. 
Leur rencontre donnera naissance à une amitié forte, un amour platonique qui résistera aux troubles de l'Histoire et aux trajectoires de vie divergentes.
« - Nous sommes deux aimants. Plus nous nous rapprochons, plus nous nous repoussons. 
- Nous ne sommes pas des aimants. Nous sommes une symphonie. Et même la musique a besoin de silences. »


Impressions
Belle lecture. 581 pages (édition L'Iconoclaste) lue avec délectation.
Le rythme est effréné sur toute la longueur du récit, pas d'essoufflement, belle prouesse narrative ! 

Ce qui m'a plu:

L'amitié passionnelle qui fleurte avec l'amour (platonique) entre Mimo et Violla.
« Il m'a fallu quatre-vingt-deux ans, huit décennies de mauvaise foi, et une longue agonie, avant de reconnaitre ce que je savais déjà. Il n'y a pas de Mimo Vitaliani sans Viola Orsini. Mais il y a Viola Orsini, sans besoin de personne. »
Destins parallèles qui se croisent 

Cette fresque romanesque s'inscrit dans une la Grande Histoire de l'Italie. Meurtrie par la première guerre mondiale, le Fascisme s'y installe petit à petit jusqu'à l'instauration du régime totalitaire mussolinien, et bientôt démarre une deuxième guerre mondiale qui s'achèvera par la défaite italienne.
Dans la description de la Marche sur Rome d'octobre 1922, l'auteur n'élude pas le manque de courage de Benito qui se joint au cortège qu'une fois assuré que le gouvernement n'enverra pas l'armée pour les arrêter.




L'assassinat de Matteoti est plusieurs fois cité.
Le 10 juin 1924, le député socialiste Giacomo Matteotti, qui, au fil de ses discours au Parlement, pourfendait le gouvernement de Mussolini, fut jeté à bord d'une voiture par des inconnus qui le poignardèrent. On l'apprendra plus tard, les assassins appartenaient à une sorte de police parallèle et secrète du fascisme, la Tcheka, menée par un chef de bande du nom d'Amerigo Dumini. La Tcheka avait son siège au palais du Viminal, résidence du ministre de l'Intérieur dont le titulaire était Benito Mussolini...

La passion de l'art est omniprésente. Sont abondamment cités Michel-Ange, Fra Angelico ou encore le Caravage. 
Etonnamment, aucune image de sculpture de Vitaliani n'apparaît lors de recherches sur le Web, et toujours, la Pietà de Michelangelo Buonarroti prédomine.
J'ai appris qu'un illuminé du nom de Laszlo Toth a vandalisé à coups de marteau la Pietà de Michel-Ange en mai 1972. Durant son interrogatoire, il a affirmé que les mains du sculpteur avaient été guidées par lui, qu'il est Jésus de Nazareth, et souhaite faire disparaître tous les simulacres du Christ.

Seul petit bémol: l'écriture certes fluide et dynamique pèche un peu par un caractère trop lisse et polissé (influence du marbre ?), esquivant ne nous plonger dans la cruauté et la brutalité de ces destins et de l'histoire italienne qui défilent.

Coup de cœur ! Un roman sculpté dans l'Histoire et la fiction.

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  • 'La joueuse de go" de Shan Sa
  • 'Le quatrième mur' 'Profession du père' de Sorj Chalandon
  • 'Les enfants de Minuit' de Salman Rushdie
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  • "Fanrenheit 451" de Bradbury
  • "L'écume des jours" de Boris Vian
  • "L'insoutenable légéreté de l'être", de Milan Kundera
  • "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
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  • "Les Cavaliers" de Joseph Kessel
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